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Tableau 7 : Principales missions des Bibliothèques

4.4.4 Appartenance : réseaux

Aucune des bibliothèques ne reste isolée, grâce à la Commission mais aussi à de nombreux liens avec d’autres bibliothèques genevoises, suisses ou étrangères. Certains sont informels comme le souligne Noëlle Corboz : « La bibliothèque est toujours en lien avec d’autres bibliothèques même celles qui ne font par partie du DCS. Il y a souvent des invitations ou visites. » (NC).

Plusieurs structures sont membres d’associations professionnelles suisses comme BIS16 (Bibliothèque Information Suisse) ou internationales comme l’IFLA (International Federation of Library associations and institutions)17. Ces affiliations sont encouragées par le projet n°20 du plan directeur (DCS et Commission 2016, p. 32).

Des conventions tissent des liens entre les bibliothèques de la Ville et leurs homologues, parfois héritière d’une longue tradition, comme la Convention avec l’Université qui suit « une tradition séculaire de collaboration » (Convention 2010). Toutes les structures, sauf les BMU, ont signalé lors des entretiens l’importance et la pertinence de la cette convention qui vise à « Identifier les complémentarités dans les missions des institutions afin de les coordonner et d’éviter les redondances » (ibid.). Ce partenariat touche de nombreux domaines : politique d’acquisition, entraide en cas de sinistre, politique de conservation, numérisation des collections, ressources électroniques documentaires, services aux publics… (ibid.). Cette convention statue

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http://www.bis.ch/fr.html

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L’identité des bibliothèques dans la cité :

sur la contribution financière de l’Université pour compenser certaines acquisitions des bibliothèques scientifiques. Et, surtout, elle stipule le rôle de l’Université en tant que coordinateur du Réseau des bibliothèques de Suisse occidentale, communément appelé Réseau romand (Rero). Comme le précise Marie-Aude Python « il existe un vrai dialogue entre l’Université et la Ville autour de Rero. » (MAP). Toutefois, ce réseau exclut les BMU et par conséquent, Véronique Pürro et Olivier Goy constatent : « avec les autres bibliothèques, les rencontres sont régulières mais il n’y a pas de projet. Cela serait différent si les BMU étaient sur Rero » (OG et VP).

De leur côté, celles-ci gèrent un autre réseau de moindre dimension mais aussi porteur de sens :

« Le Bibliobus permet aussi de créer du lien avec des communes proches. Sinon, il n’y a pas d’autres liens avec les bibliothèques du territoire comme les bibliothèques d’écoles ou les bibliothèques communales, hormis quelques initiatives locales. Cela est une question politique entre canton et ville. La collaboration la plus réussie reste le Bibliobus. » (MAP)

La construction des réseaux répond à une logique géographique mais elle est aussi liée aux missions respectives des différentes bibliothèques, ce qui explique le manque de coordination dans ce domaine entre les bibliothèques de la Ville.

La « Convention de coopération culturelle » (Convention 1997) avec les villes frontalières existe depuis 1997 et est citée dans dix entretiens sur onze. Cet accord regroupe 14 bibliothèques (11 en Haute-Savoie, deux dans l’Ain et une dans le canton de Vaud). Les bibliothèques ne connaissent pas réellement les résultats concrets de cette convention. Jean-Philippe Schmitt évoque le fonds de la BGE sur l’histoire de la Savoie, unique dans la région. Christelle Mougin explique qu’elle « sait qu’il existe une convention (…) mais, en réalité, il n’y a pas de collaboration » (CM), ce qui me semble assez représentatif de ce partenariat. Toutefois, Marie-Aude Python rappelle :

« La convention transfrontalière existe depuis plusieurs années et sa légitimité n’est pas remise en cause. C’est avant tout un partenariat administratif mais qui permet à de nombreux lecteurs frontaliers de bénéficier des bibliothèques de

Genève. » (MAP)

De son côté, Sami Kanaan est persuadé de l’intérêt de cette convention, conscient qu’elle reste encore sous-utilisée :

« Il y a un réel potentiel pour faire plus. (…) Les bibliothécaires de terrain sont demandeurs de ce type d’initiative. La culture est importante particulièrement dans le cadre transfrontalier ou elle permet de créer d’autres liens que ceux du

Si cette convention n’est pas vraiment exploitée, les bibliothèques restent pour autant avides de dépasser les frontières. Les bibliothèques scientifiques et la BGE ont toutes évoqué des partenariats internationaux et leur implication dans divers projets autour de leur domaine d’expertise. Cela est d’ailleurs souligné dans la Convention avec l’Université :

« Dans leurs domaines, les bibliothèques scientifiques de la Ville de Genève sont devenues des centre documentaires d’importances internationales et, par leur valeur patrimoniale, des sources pour la recherche largement utilisées par le public universitaire. » (Convention 2010) L’implication des bibliothèques du DCS dans différents réseaux est un réel atout pour le rayonnement de la Ville. Cependant, ces appartenances multiples n’aident pas à la constitution d’une identité commune, qui se cristallise mieux au sein de la Commission.

4.4.5 La Commission au cœur de l’identité commune

La Commission des bibliothèques du DCS reste le lieu d’échanges privilégié entre structures. Maria Hugo précise que les personnes de la Commission « se rendent service dès qu’elles peuvent ». Des exemples de collaboration issues de la commission sont citées comme l’informatisation, le rétrocatalogage ou InterroGE. Christelle Mougin note que « cette collaboration est intéressante, ne serait-ce que pour permettre de décrocher des budgets ». Véronique Goncerut-Estèbe et Noëlle Corboz citent en exemple le travail « d’harmonisation des tarifs comme ceux liés aux photocopies » :

« Malgré des enjeux différents, il a été possible d’accorder tout le monde. C’est une « grande réussite » car cela permet aux bibliothèques de s’affirmer par rapport à leurs directions, qui peuvent plus difficilement discuter les décisions

communes. » (NC et VGE)

Ainsi, la Commission a à la fois un rôle concret mais également un rôle de soutien pour la défense de certains choix professionnels. Gaëlle Saïd souligne le rôle de la Commission pour le service de référence :

« La Commission a un rôle très important pour InterroGE. C’est d’ailleurs un groupe de travail issu de cette commission qui a monté ce projet. C’est également elle qui définit les missions et chapeaute ce service. » (GS)

Pourtant, ce service est concrètement géré par les BMU. En effet, la Commission a plus un rôle de « conseils » et n’a pour l’instant aucune réelle existence administrative :

« Aucun cahier des charges n’a été rédigé. La Commission n’a pas de mission décisionnelle. Comme récemment défini par le magistrat et la directrice du département, c’est une « commission d’experts du métier » qui donne des préavis et des conseils sur les dossiers concernant les bibliothèques. » (MAP)

L’identité des bibliothèques dans la cité :

Si la Commission est un lieu de dialogue avec le DCS, qui permet à l’ensemble des structures d’affirmer être « intégrées » aux politiques culturelles, pour l’instant, elle n’a pas de légitimité administrative. De plus, sa composition visible sur le Plan directeur (DCS et Commission 2016, p.39) n’est pas réellement représentative de la réalité des bibliothèques : deux personnes représentent respectivement la BGE et les BMU alors que six représentent les quatre bibliothèques scientifiques ; une membre du DCS complète l'équipe. Les deux directeurs de la BGE et de la BMU ne font partie de cette Commission. On peut noter également la présence d’un membre des « Archives de la Ville », service non rattaché au DCS. Cette composition sans réelle logique est problématique surtout si on considère que la Commission est le point d’ancrage de l’identité commune des structures et surtout le lieu privilégié du dialogue entre le DCS et les bibliothécaires pour la réflexion commune sur la place des bibliothèques au sein des politiques culturelles.