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5. Propositions de développement pour l’optimisation

5.5 Anticiper les menaces

5.5.1. Résistance de plusieurs syndicats

En 2012, trois syndicats ont signé la Convention : l’USPO, la FSPF et l’UNPF. Cependant, en 2017 seul l’USPO a signé l’avenant n°11. Même si la signature d’un seul syndicat permet la parution au Journal Officiel, cela montre des divergences au sein de la corporation qui pourraient être, à terme, une menace pour la pérennité de la pratique des entretiens pharmaceutiques.

Philippe Gaertner, Président de la FSPF accuse des « erreurs de calcul dans les sommes

annoncées pour les nouvelles missions (…) chronophages et rémunérées avec au moins un an de retard » (77).

UNPF, quant à elle, refuse de s’associer à tout accord qui « conduirait la profession dans

une impasse économique » (78). De plus, ce syndicat regrette que l’entretien pharmaceutique

soit la seule prestation possible qui « sorte le pharmacien de son rôle de distributeur de

boîtes » (79).

Dans ce contexte, il est difficile d’imaginer quel sera l’avenir des entretiens pharmaceutiques si la majorité des syndicats ne s’accordent pas. À ce stade, le ministère de la santé n’aurait-il pas une nouvelle impulsion à donner pour pallier cette menace ?

Par ailleurs, il faut noter que l’avenant n°11 a été rédigé en 133 pages. L’établissement d’avenants plus légers, comme le n°12 qui vient justement d’être signé le 21 novembre 2017 en 6 pages, ne permettrait-il pas de favoriser le dialogue pour une construction consensuelle ?

5.5.2. Nouveaux réseaux type « Pharmacie Lafayette »

Le réseau de pharmacies Lafayette dit « low cost » est né à Toulouse en 1995 et il a commencé à s’étendre dans toute la France en 2005. Ce réseau affirme s’appuyer sur trois engagements (80) :

- « des prix bas sur tous les produits et toute l’année » grâce à une politique d’achats groupés et de fortes négociations avec les laboratoires (plus de 200 contrats) ;

- « une large gamme de produits et de marques » grâce aux volumes de vente importants ;

107 - « une équipe de pharmaciens et préparateurs compétents et disponibles pour

prodiguer les meilleurs conseils aux patients ».

En 2016, le réseau a été racheté par un fonds d’investissement « Five Arrows

Managers » qui est une filiale du groupe Rothschild (81). Le réseau est en pleine expansion

avec un objectif de 200 pharmacies en 2018 (82) contre 130 en 2016 ; cela représente une croissance de plus de 50% en 2 ans, de plus « Lafayette Conseil prévoit de presque tripler le

nombre de ses points de vente en quatre ans » (83).

Le nombre moyen journalier de passages dans une pharmacie française s’estime à 4 millions de personnes (84). Aujourd’hui, environ 54 000 personnes franchissent quotidiennement les portes d'une pharmacie Lafayette®(85), ce qui représente pour le moment, 1.4% des passages quotidiens. On peut donc supposer qu’il y a encore effectivement une marge importante de progression et un potentiel de développement certain pour ce type de structure.

Le développement et l’expansion de ce réseau va nécessairement entrainer une pression concurrentielle qui pourrait pousser les pharmaciens à focaliser leurs efforts sur la rentabilité au détriment de l’accompagnement personnalisé du patient. C’est une menace évidente pour la pratique des entretiens pharmaceutiques.

Cependant il a été montré, notamment à Toulouse, que ce type de pharmacie pouvait coexister avec des pharmacies plus traditionnelles. À l’installation d’une pharmacie Lafayette en 2015 en face de chez elle, Madame Roulland, titulaire de la pharmacie du palais des sports a témoigné avoir « eu peur que ce soit fini et que l’on n’allait jamais s’en sortir » (vidéo « Vaincre les pirates discounts » du groupement Astéra).

Pour faire face à cette menace, plusieurs stratégies ont été mises en place par la pharmacie en développant le conseil, la qualité de l’accueil et la relation interpersonnelle en aménageant un local spécialement dédié aux EP. Dans un échange de courriels, Madame Roulland m’a indiqué que des fiches pathologie - conseils étaient en élaboration, et qu’elle envisageait d’autant plus la pratique des entretiens pharmaceutiques. Les patients auront toujours besoin d’un conseil approfondi et d’accompagnement.

En définitive, les pharmacies discounts ne seraient-elles pas une opportunité pour permettre aux pharmacies traditionnelles de se différencier en renforçant le conseil et l’accompagnement du patient ?

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5.5.3. Des dossiers rejetés par la Sécurité Sociale

L’augmentation du nombre de rejets des dossiers envoyés à la Sécurité Sociale (+ de 60% en 2015 dans le Calvados) pourrait influencer la motivation des pharmaciens, ce qui représenterait une réelle menace pour la pratique des entretiens pharmaceutiques.

Les causes des rejets ont déjà été évoquées par M. Philippe Gaertner, président de la FSPF dans un article de la revue « Le Quotidien du pharmacien » le 6 novembre 2017 :

1. Un nombre insuffisant d’entretien à l’année 2. Des numéros de Sécurité Sociale invalides

3. Une incohérence entre le traitement délivré au patient et le type d’entretien suivi 4. Un accompagnement pour un patient traité pour une durée de moins de 6 mois (ainsi

considéré comme non chronique) 5. Un bug informatique

Si les points 1, 2 et 3 relèvent de la responsabilité du pharmacien. Comme proposé dans le paragraphe 5.3.1, ne pourrait-on pas appliquer la facturation automatique pour remédier à ces trois causes de rejets ?

Concernant le point 4, ne pourrait-on pas proposer dans une prochaine convention, le principe d’une rémunération pour un entretien pharmaceutique de toute évidence nécessaire dans le cas d’un patient qui serait traité ponctuellement sous anticoagulant ?

Et concernant le point 5, serait-ce une fatalité ?

Une étude plus approfondie permettrait certainement d’identifier d’autres causes qu’il conviendrait de mettre en évidence pour pallier la menace.

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