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II. Cadre théorique

II.1. Politique linguistique de la France, pays multilingue et multiculturel

II.1.2. Dans les années 2000, la France se tourne timidement vers le plurilinguisme

Dans les années 2000, cette revendication d'être un pays monolingue a cependant été remise en question par le Conseil de l'Europe. Cette organisation intergouvernementale siégeant à Strasbourg et regroupant aujourd’hui quarante-sept États membres dont les vingt-huit États membres de l’Union européenne a été fondée en 1949. Elle apparaît comme l’organisation des États attachés à la démocratie libérale et au pluralisme politique. Elle a pour objectifs la défense des droits de l’Homme, et la démocratie parlementaire, la défense de la prééminence du droit, la recherche de solutions aux problèmes de société et la stabilité démocratique en Europe. Elle vise également à mettre en valeur l'identité culturelle de l'Europe et sa diversité en favorisant « la prise de conscience de l'identité européenne fondée sur des valeurs partagées et transcendant les différences de culture ». Dans ce contexte, en respectant le multilinguisme des sociétés et le plurilinguisme des individus, dans les années 1970, le Conseil de l'Europe engage une réflexion sur l’enseignement - apprentissage des langues. Elle aboutira à la publication en 2001 du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL) qui vise à promouvoir l'apprentissage des langues tout en développant le plurilinguisme.

Du contexte monolingue dans lequel elle s'efforçait de se maintenir, la France s'est alors tournée, mais timidement, vers le plurilinguisme qui devait être reconnu, accepté et même développé. Une réforme des politiques éducatives a été engagée, le CECRL servant de cadre idéologique et juridique à la refonte des apprentissages

linguistiques en France. Cette réforme intègre « entre autres, les réalités du plurilinguisme et de l'interculturalité » (Escudé, 2013, p. 47). En effet, du fait de son histoire (colonisations, migrations anciennes et actuelles), la France est un pays multilingue où une part non négligeable de la population dispose de compétences plurilingues et pluriculturelles. D'un passé très ancien jusqu'à nos jours, la France a connu différentes vagues migratoires (italienne, espagnole, portugaise, africaine, balkanique...) conduisant à l'implantation sur le territoire français des langues de l'immigration. Aujourd'hui, en France, de nombreux individus utilisent quotidiennement une langue voire même plusieurs langues autres que le français pour communiquer. En 2003, dans une publication de l'INSEE, Burricand et Filhon rapportent les résultats d'une étude menée en 1999.

Les langues étrangères utilisées en famille résultent principalement des mouvements migratoires des personnes elles-mêmes ou de leurs proches. La proportion d’adultes étrangers a évolué tout au long du siècle, et depuis la seconde guerre mondiale, la part d’étrangers résidant en Île-de- France a crû continûment. Ainsi, en 1999, la région regroupe près de 19 % de la population métropolitaine et près de 40 % des étrangers. Les divers courants migratoires ont apporté de nouvelles langues : espagnol et italien pour les courants anciens, portugais et arabe plus récemment. De fait, la part d’adultes ayant reçu de leurs parents une langue étrangère dans leur enfance a progressé en Île-de-France avec l’essor des migrations […]

Parmi les résidents en Île-de-France en 1999, trois adultes sur dix déclarent que leurs parents leur parlaient, dans leur petite enfance, une autre langue que le français, qu’elle soit étrangère ou régionale. Plus d’un sur dix n’a pas du tout été élevé en français. Parmi les adultes ayant entendu de leurs parents une langue étrangère dans leur enfance, 32 % ne parlent que le français à leurs enfants et 55 % plusieurs langues. A cause de son usage professionnel, l’anglais devance le portugais et l’arabe comme langue étrangère la plus pratiquée en Île-de-France.

A l'échelle de la planète, cette situation n'a rien d'exceptionnel. « Plus de la moitié de l’humanité est plurilingue. Le plurilinguisme n’est pas une exception, il n’a rien d’exotique, d’énigmatique, il représente simplement une possibilité de normalité » (Lüdi et Py, 2003, p. 1).

En 2014, du fait du déterminisme du Conseil de l'Europe et de militants d'une politique linguistique globale pour l'éducation, nous notons la volonté « d’œuvrer à la reconnaissance de la diversité des langues du territoire et de promouvoir les habiletés plurilingues des élèves français, notamment par l'introduction des langues dès le plus jeune âge » (Goï, 2014, p. 34). Dans ce sens, une avancée fondamentale en matière de politique linguistique est l'adoption à l'Assemblée nationale de la Charte des langues régionales en 2014. D'un point de vue collectif et individuel,

l'enseignement de ces langues présente plusieurs intérêts : il permet l’ouverture à l'altérité, la reconnaissance, la transmission et la vitalité des langues régionales. Cependant, nous pointons un paradoxe : les langues étrangères et les langues régionales actuellement enseignées dans les écoles françaises sont peu parlées par les enfants et par leur environnement contrairement aux langues de la migration qui elles sont très employées, or ces dernières ne sont pas enseignées ou elles le sont extrêmement peu.

Dans le cadre de notre étude, la politique linguistique menée en France, pays multilingue et multiculturel, tient une place particulièrement importante parce qu'elle explique pourquoi le français est survalorisé, comme s'il s'agissait de la seule et unique langue utilisée par la population, or il n'en est rien.

II.2.

Monolinguisme,

bilinguisme,

plurilinguisme,

compétence plurilingue et pluriculturelle

La problématique de ce mémoire touchant à la prise en compte de la diversité linguistique des élèves et de leur famille, il nous paraît pertinent de définir les notions de monolinguisme, bilinguisme et plurilinguisme et de les mettre en lien avec la notion de compétence plurilingue et pluriculturelle.

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