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1. La prescription en médecine bucco-dentaire

1.3. Liste des principaux médicaments utilisés en médecine bucco-dentaire

1.3.2. Anesthésiques locaux

Les anesthésiques locaux sont des substances chimiques capables d’abolir

temporairement le fonctionnement des terminaisons et des fibres nerveuses au

voisinage ou au contact desquels ils sont amenés.

Classification

Il existe 2 types d’anesthésiques :

- ceux possédant une fonction amide (lidocaïne, articaïne et mépivacaïne),

- ceux possédant une fonction ester (procaïne) : ils ne sont utilisés que pour les

patients souffrant de porphyrie.

Leur utilisation peut se faire par contact, par infiltration ou en locorégional :

- l’anesthésie de contact consiste à masser doucement la zone, dans le cas de

traitement symptomatique de courte durée des lésions douloureuses de la

cavité buccale. On peut aussi y avoir recours avant une exploration

instrumentale (drainage d’un abcès).

- l’anesthésie par infiltration consiste à déposer à proximité du nerf à endormir,

grâce à une aiguille, la molécule d’anesthésie.

- l’anesthésie locorégionale (tronculaire) consiste à infiltrer un tronc nerveux

pour obtenir l’anesthésie de son territoire.

Ils peuvent être associer ou non à des vasoconstricteurs :

- épinéphrine (adrénaline),

- norépinéphrine (noradrénaline).

Ces deux molécules sont semblables aux hormones sécrétées physiologiquement

par l’organisme. Le dosage de ces substances au sein des carpules d’anesthésiques

locaux est exprimé sous forme d’un ratio (1/25000, 1/80000, 1/10000 et 1/200000),

correspondant à une quantité de vasoconstricteur en microgramme pour un millilitre

de solution d’anesthésique (Descroix, 2006).

Ils permettent de ralentir le passage de la molécule d’anesthésique dans la

circulation générale et assure ainsi le maintien prolongé d'une concentration

tissulaire active. Ils permettent également d'obtenir un champ opératoire peu

hémorragique.

Posologie

DCI Utilisation Noms commerciaux Posologie

Lidocaïne Contact Dynexan 1%, 2%

Xylocaïne visqueuse

2%

Application de 0,5 g de crème, 4 fois

par jour maximum, soit 40 mg de

lidocaïne.

1 cuillère à café (soit 10 ml ou

200 mg) ou 1 cuillère à soupe (soit

15 ml ou 300 mg) au moment des

douleurs, sans dépasser 3 prises par

jour.

Infiltration

Locorégionale Xylocaïne 5, 10, 20 mg/mL En anesthésie locale par infiltration : La dose maximale est de 200 mg.

En anesthésie régionale

(tronculaire) :

La dose maximale est de 400 mg.

Articaïne Infiltration

Locorégionale Deltazine 40 mg/mLSeptanest 40 mg/mL

Alphacaïne

Articadent

Artinibsa

Primacaïne

Ubistesin

A adapter en fonction de

l'importance de l'intervention.

En règle générale, une à trois

cartouches par séance sont

nécessaires.

La dose de 7 mg/kg de poids ne doit

pas être dépassée.

Mépivacaïne Infiltration

Locorégionale Carbocaïne 10, 20 mg/mL

Scandonest 30 mg/mL

A adapter en fonction de

l'importance de l'intervention.

La dose maximale est de 400 mg.

Procaïne Infiltration

Locorégionale Procaïne Lavoisier 10, 20 mg/mL En anesthésie locale par infiltration : La dose maximale est de 600 mg.

En anesthésie régionale

(tronculaire) :

La dose maximale est de 400 mg.

Tableau 34 : Posologie des anesthésiques locaux utilisés en odontologie (d'après vidal.fr, 2015)

Interactions médicamenteuses

Les interactions connues des anesthésiques de contact ne concernent pas

l'utilisation par voie locale sur la muqueuse de la cavité buccale.

Les tableaux suivants ne concernent donc que les anesthésies par infiltration ou

locorégionales.

La lidocaïne possède des interactions médicamenteuses résumées dans le tableau

ci dessous. Les autres molécules anesthésiques (articaïne, mépivacaïne, procaïne),

lorsqu’elles sont utilisées seules (sans adrénaline ni noradrénaline), ne présentent

pas d’interaction médicamenteuse.

Les interactions médicamenteuses concernant l’adrénaline et la noradrénaline sont

résumées dans le tableau ci dessous également (Madrid et coll., 2003).

Pour la lidocaïne :

DCI Effet de l’interaction

Associations déconseillées

AUTRES ANTIARYTHMIQUES L'association de deux antiarythmiques est déconseillée.

Précautions d’emploi

AMIODARONE

Risque d’augmentation des concentrations plasmatiques de lidocaïne.

BÊTA-BLOQUANTS (SAUF ESMOLOL) CIMETIDINE

FLUVOXAMINE

A prendre en compte

BÊTA-BLOQUANTS DANS

L'INSUFFISANCE CARDIAQUE Effet inotrope négatif avec risque de décompensation cardiaque.

Tableau 35 : Interactions médicamenteuses de la lidocaïne (d'après ANSM, 2015)

Pour l’adrénaline :

DCI Effet de l’interaction

Précautions d’emploi

ANESTHÉSIQUES VOLATILS HALOGÉNÉS

Troubles du rythme ventriculaire graves par augmentation de l'excitabilité cardiaque.

ANTIDÉPRESSEURS IMIPRAMINIQUES IMAO NON SÉLECTIFS

MÉDICAMENTS MIXTES ADRÉNERGIQUES-SÉROTONINERGIQUES

Pour la noradrénaline :

DCI Effet de l’interaction

Associations déconseillées

ANESTHÉSIQUES

VOLATILS HALOGÉNÉS Troubles du rythme ventriculaire graves par augmentation de l'excitabilité cardiaque.

ANTIDÉPRESSEURS IMIPRAMINIQUES

Hypertension paroxystique avec possibilité de troubles du rythme.

MÉDICAMENTS MIXTES ADRÉNERGIQUES-SÉROTONINERGIQUES

Précautions d’emploi

IMAO IRREVERSIBLES

IMAO-A REVERSIBLES Augmentation de l'action pressive du sympathomimétique, le plus souvent modérée. Tableau 37 : Interactions médicamenteuses de la noradrénaline (d'après ANSM, 2015)

Contre-indications et précautions d’emploi :

DCI Contre-indications

Lidocaïne Hypersensibilité à la lidocaïne ou aux anesthésiques à liaison amide

Porphyrie

A noter :

A utiliser avec précautions chez les patients épileptiques non traités, ou

souffrant de troubles du rythme cardiaque graves.

Articaïne

Mépivacaïne Hypersensibilité à la molécule ou aux anesthésiques à liaison amide Porphyrie

Troubles de la conduction cardiaque sévères et non appareillés

Epilepsie non contrôlée

Procaïne Hypersensibilité à la procaïne ou aux anesthésiques à liaison ester

Troubles de la conduction cardiaque sévères et non appareillés

Epilepsie non contrôlée

Terrain allergique (asthme, urticaire, rhume des foins)

Déficit en cholinestérase, traitement par anticholinestérasiques

Adrénaline

Noradrénaline Phéochromocytome Consommation de cocaïne dans les dernières 24 heures

Patients sous Digoxine

Os irradié au-delà de 40 Gy

Diabète

Hypertension artérielle

Troubles du rythme cardiaque

Fibrillation auriculaire

Tableau 38 : Contre-indications des anesthésiques locaux et des vasoconstricteurs utilisés en infiltration en odontologie (d'après vidal.fr, 2015)

CE QU’IL FAUT RETENIR : ANESTHESIQUES & VASOCONSTRICTEURS

 Pas d’anesthésie en cas d’épilepsie non traitée

Fonction amide :

- Articaïne : molécule la plus utilisée

- Mépivacaïne : à utiliser lorsque les vasoconstricteurs sont contre indiqués

- Lidocaïne : association déconseillée avec un autre antiarythmique

Fonction ester :

- Procaïne : à utiliser pour les patients souffrant de porphyrie

 Préférer l’adrénaline en tant que vasoconstricteur

Pas de vasoconstricteurs dans les cas suivants :

- consommation de cocaïne récente (24 heures)

- diabète non équilibré

- trouble du rythme cardiaque, fibrillation auriculaire, hypertension artérielle non

équilibrés

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