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CHAPITRE IV : DEPISTAGE, DIAGNOSTIC, PRISE EN CHARGE

A. Anamnèse

Généralement, c‟est l‟enseignant qui alerte les parents, l‟enfant en difficultés va alors être amené à consulter le médecin ou l‟infirmière scolaire, le pédiatre ou le médecin généraliste qui va tout d‟abord recueillir les données anamnestiques à travers l‟interrogatoire, le carnet de santé ou le dossier médical du patient.

Seront alors demandés102 : la situation socio-familiale, les antécédents familiaux de dyslexie ou de troubles des apprentissages, les antécédents personnels et médicaux (grossesse, accouchement, maladies pendant la petite enfance…), le développement psychomoteur (marche, propreté, communication, latéralisation, langage…), l‟histoire scolaire (entrée à l‟école, relations sociales, difficultés…), la personnalité, le comportement et les symptômes (dépression, anxiété, agressivité…).

Facteurs de risque

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Des études ont montré que des facteurs de complications pré- et périnataux engendreraient des troubles de la lecture (Silva et coll., 1983 ; Stanton-Chapman et coll., 2002). Ces études sont controversées, en effet, Esser et Smidt (1993) eux, n‟ont pas trouvé de relation entres ces facteurs et le retard d‟apprentissage en lecture.

De même, la prévalence d‟un sexe sur l‟autre dans les troubles de la lecture s‟est révélée contradictoire selon les études. En 1990, Shaywitz et coll. soutenaient qu‟il y avait autant de garçons que de filles dyslexiques mais que les garçons étaient plus souvent diagnostiqués car ils présentaient des troubles comportementaux associés. Plus récemment, Rutter et coll. (2004) ont mis en évidence, à travers leurs données épidémiologiques, que la dyslexie est 1,5 à 3 fois plus fréquente chez des sujets masculins, ainsi, ces auteurs supposent que la recherche des différences entre les deux sexes permettrait d‟exprimer les processus sous-jacents aux troubles de la lecture.

L‟influence du milieu socioculturel et socioéconomique est exclu de la classification de la CIM-10 et de la DSM-IV mais fait le sujet de nombreux questionnements car les recherches ont montré un effet négatif d‟un milieu défavorisé sur le langage écrit (Chevie-Müller, 1987-1994 ; Plaza et coll ., 2002).

Enfin, l‟influence du langage oral sur le langage écrit est aujourd‟hui admise. Dans une étude longitudinale, Catts et coll. (2002) relatent que, parmi des enfants ayant des troubles de lecture en CM1, 63,3% présentaient des difficultés de langage oral à 5,6ans, alors que seulement 8,5% n‟avaient pas eu de trouble de langage oral à cet âge.

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M.BONNELLE p.95-96 103 INSERM 2007 p.184-186

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Ainsi, selon l‟OMS, pour « Prévenir les troubles du langage des enfants » 104, une rééducation orthophonique du langage oral peut prévenir des troubles du langage écrit qui ne sont pas encore avérés. En effet, elle permet de modifier, le rapport au langage de l‟enfant et de son entourage ce qui permettra, à l‟âge de l‟acquisition de l‟écrit, une meilleure appréhension du code linguistique.

En agissant, en amont, sur les troubles langage oral, tels que les déficits de la conscience phonologique (capacité à percevoir, à découper et à manipuler les unités sonores du langage telles que la syllabe, la rime…) et de la compréhension, l‟enfant ayant des prédispositions dyslexiques, sera, en aval de cet entraînement oral, moins en difficulté à l‟écrit. D‟où la nécessité de dépister les troubles du langage oral le plus tôt possible.

b. Examen clinique

Il permet d‟écarter une cause organique qui diminuerait les capacités scolaires de l‟enfant, mais ce diagnostic est rare. Le médecin réalise l‟examen neurologique et complète avec l‟évaluation de la motricité globale fine, de la coordination, des praxies, des poursuites et fixation visuelles, il y associe des tests de dépistage auditif et visuel105. Toute pathologie associée (déficit sensoriel, intellectuel ou psychopathologique) ainsi qu‟une carence éducative ou pédagogique devra être écartée pour pouvoir suspecter un trouble spécifique du langage écrit.

Un test de lecture en fonction de l‟âge ainsi que des tests de lecture et d‟écriture des batteries de la BREV, EDA ou de l‟Odédys (étalonnés dès la fin du CP) permettent de dépister les enfants susceptibles d‟avoir un trouble spécifique du langage écrit (la pathologie se situant à au moins 2 écarts-types en dessous de la moyenne des enfants de leur classe d‟âge).

Selon la sévérité des difficultés sur le plan quantitatif (niveau de lecture) et qualitatif (stratégies mises en place et troubles cognitifs), une attention pédagogique à l‟école en première intention (au CP) serait bénéfique aux enfants en difficultés.

c. L’examen ORL

Un bilan auditif 106est indispensable notamment lorsque le patient a des antécédents d‟otites séro- muqueuses, des antécédents familiaux de surdité et/ou présente un trouble phonologique, des confusions de sons persistantes, un déficit de la compréhension orale. Ce bilan doit être fait en amont du bilan de langage oral pour pouvoir exclure une surdité en cause dans le développement du langage oral. Dans le cas d‟otites séro-muqueuses chroniques, l‟enfant présentera une surdité de transmission pouvant être traitée par la pose de drains ou par une adénoïdectomie.

104 KREMER J-M., DENNI-KRICHEL N. Prévenir les troubles du langage chez l‟enfant. 105 M. BONNELLE p.96

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BILLARD C., DE VILLELE A., SALLEE A-S., DELTEIL-PINTON F. centre référent des troubles des apprentissages, hôpital Bicêtre

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Il permet de vérifier si l‟oreille (système auditif périphérique) saisit correctement les informations auditives avant leur traitement cérébral. Il se constitue d‟un examen otoscopique, d‟un audiogramme tonal et éventuellement d‟un examen des potentiels évoqués auditifs chez les plus jeunes. L‟audiogramme tonal donne la courbe auditive de chaque oreille à plusieurs fréquences allant des plus graves vers les plus aigües et mesure le degré de perte auditive (en décibels) s‟il y en a une. En cas de surdité, un appareillage précoce ainsi qu‟une prise en charge intense amélioreront le pronostic d‟évolution du langage oral de l‟enfant. Plus spécifiquement, un bilan d‟audition centrale (B.A.C) permettra peut-être d‟orienter la rééducation orthophonique (cf.III.A.).

d.

L’examen ophtalmologique

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Le bilan de la vision, tout comme le bilan auditif, permet de vérifier l‟intégrité du système visuel périphérique, c‟est-à-dire si l‟œil (de la cornée aux voies optiques jusqu‟au chiasma) saisit correctement les informations visuelles avant leur traitement cérébral (des voies rétrochiasmatiques aux aires cérébrales associatives).

Les généralistes et les pédiatres ont pour rôle de sensibiliser les parents d‟enfants dits à risques (prématurés, problèmes néonataux). Un dépistage précoce obligatoire se fait chez l‟enfant de 9 mois et de 3 ans afin de contrôler le niveau de maturation de la vision.

Il faut savoir que 15% des enfants présentent des problèmes visuels : pour les 3/4 il s‟agit d‟un trouble de la réfraction (hypermétropie, myopie, astigmatisme) nécessitant le port de lunettes, tandis que pour le quart restant il s'agit de strabisme ou de pathologies ophtalmologiques diverses (cataracte, atteinte du nerf optique, glaucome, lésions, tumeurs, nystagmus, allergies…), pouvant alors se répercuter sur la scolarité de l‟enfant.

L‟ophtalmologiste examine donc l‟anatomie de l‟œil ainsi que la réfraction sous « skiacol » afin de dépister une maladie oculaire ou bien un trouble de la réfraction à corriger.

Cependant, S. Chokron explique qu‟une bonne acuité visuelle n‟est pas le reflet d‟un bon fonctionnement visuel. C‟est pourquoi il est important de diagnostiquer précocément les troubles neurovisuels afin de limiter les répercussions sur les apprentissages.

Un bilan neurovisuel pourra donc compléter le bilan ophtalmologique afin d‟évaluer les capacités visuo-attentionnelles (cf.III.B).

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BILLARD C., DE VILLELE A., SALLEE A.-S., DELTEIL-PINTON F., Centre référent des troubles des apprentissages, hôpital Bicêtre

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II. Bilan orthophonique

« On me dit de l’emmener chez l’orthophoniste : est-ce vraiment nécessaire ? »108

A. Anamnèse

Quel que soit le type de bilan, l‟orthophoniste débute par le recueil les informations administratives (âge, sexe…) et établit l‟anamnèse du patient à partir des données familiales (niveau socio-culturel, fratrie, mode de vie, vécu, antécédents pathologiques…), médicales (antécédents néonataux, interventions, maladies, pathologies de la sphère ORL…), développementales (psychomotricité, langage, habiletés…), scolaires (garderie, relation avec les enseignants…) et extra-scolaires (hobbies, activités familiales…) retraçant le développement de l‟enfant dans lequel s‟inscrivent les troubles.

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