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ETUDE DE CAS

ETUDE DE CAS INTRODUCTION

6.1. Analyses quantitatives préliminaires

6.2 Analyses qualitatives

6.3 Hypothèse généralisante de /ka1/ en tant que PEN

6.1. Analyses quantitatives préliminaires

Dans nos analyses quantitatives, nous commençons par considérer la fréquence totale de /ka1/, dans le corpus total ainsi que dans les deux sous-catégories (i.e. discours spontané et non-spontané), afin de voir si la présence de /ka1/ est associée particulièrement avec le discours spontané ou le discours non-spontané. Nous examinons ensuite si /ka1/ apparaît plus fréquemment dans un type de discours spécifique (par exemple dans les narrations, les conversations informelles, etc.). Pour cette première particule potentiellement PEN, notre démarche d’analyses est explicitée en détail, du comptage des fréquences (qui servent de pistes pour trouver les emplois typiques dans la syntaxe) jusqu’à des interprétations.

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%!Nous ne nions en aucun cas l’importance de la méthode d’enquête par les sondages. Nous utilisons tout simplement une approche différente dans cette étude. Par ailleurs, nous envisageons de tester nos résultats avec d’aures méthodes d’enquête pour nos futures recherches.

! #&#!

Dans notre corpus, /ka1/ apparaît 7 559 fois, soit un peu plus de 3% du corpus total% : c’est-à-dire que pour chaque 100 syllabes dans le corpus, 3 d’entre elles sont /ka1/. A première vue sans aller plus loin, nous constatons que /ka1/ se manifeste parmi les trois lexèmes les plus fréquents dans les trois catégories de corpus (total, discours spontané comme non-spontané), [cf. Tableau 55, Ch. 5]. Le nombre d’occurrences de /ka1/ dans chaque catégorie suggère que /ka1/ est employé avec une fréquence plus importante dans le discours spontané (3,48% du corpus de 155 614 syllabes) que dans le discours non-spontané (2,23% du corpus de 95 730 syllabes) [cf.

Tableau 58], ce qui correspond à notre intuition.

Sous-catégorie de corpus

Lorsqu’on considère le nombre de /ka1/ dans chaque sous-catégorie (cf. Tableau 59), c’est dans celle des narrations que le /ka1/ se manifeste le plus souvent (soit 3,90% du corpus de 36 014 syllabes).

Tableau 59 : nombre de /KA/ dans chaque sous-catégorie de corpus

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i de 251 331 syllables

ii CC (Casual Conversation) – conversation informelle FICT (Fiction) – nouvelles avec beaucoup de dialogues FL (Film) – dialogues de film

INT (Interview) – entretien personnel NAR (Narrative) – narration (des films)

RIT (Radio Interview) – entretien par téléphone pour les émissions de radio RP (Radio Play) – feuilletons à la radio!

CHAPITRE 6 :ANALYSES DE KA/ka1/

! #&$!

Ces premières statistiques nous mènent à poser les questions suivantes auxquelles nous chercherons à répondre avec des analyses qualitatives :

! Si /ka1/ est employé plus souvent dans le discours spontané que dans les discours non-spontané, est-ce que cela suggère qu’il s’agisse probablement d’un phénomène discursif (marque de thème) plutôt que grammatical (marque de sujet) ?

! La fréquence élevée de /ka1/ dans les narrations suggère-t-elle par ailleurs le besoin fréquent (chez le locuteur) de rappeler ou de mettre en relief le thème (i.e.

signaler à son interlocuteur de quoi il parle) au cours de son récit ?

N.B. Toutes les occurrences de /ka1/,

k

en écriture birmane, apparaissent comme ‘ka’

ou ‘kA’ dans notre transcription de corpus [cf. 3.2.2 : Système de transcription].

Il est évident que les chiffres seuls ne sont guère significatifs, et il faut interpréter l’emploi de /ka1/ en contexte. Avant de passer aux analyses qualitatives, nous éliminons des /ka1/, qui ne sont pas pertinents pour notre étude des PEN. Nous éliminons ainsi les /ka1/ dans les cas suivants :

! en premier lieu les lexèmes /ka1/ en tant que verbe monosyllabique, signifiant

‘danser ;

! ceux qui sont de simples constituants des mots polysyllabiques tels que /$#.ka1/

Ak

‘la danse’ ; /l"3.ka1/

elak

‘le monde’ ; /k#.sa3/

ksa;

‘jouer’%, et des noms propres.

! /ka1/, avec un autre lexème, notamment dans les constructions négatives, qui signifie ‘non seulement, en plus de’ [cf. (6.2) et (6.3)].

[Le locuteur (mari dominant et possessif) « accorde la permission » à sa femme qui souhaite rendre visite à ses parents. Pour se montrer compréhensif, il dit qu’elle peut s’absenter non seulement une nuit mais plusieurs :]

(6.2)

q!a; q!a : ts\ v m k k B¨;"

%wa3 %wa3 t# (a1 m# ka1 bu3

aller aller 1 nuit NEG non seulement MFV

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%!Les KA qui servent de constituant dans un mot polysyllabique se prononcent /k!/ et nous l’avons transcrit avec A majuscule – ‘kA’ - dans notre corpus, car le logiciel Wordsmith ne fait pas de distinction entre les /ka1/ et /k#/ quand il génère une liste de fréquences. Par la suite, nous devrons passer par une étape supplémentaire de tri « à la main » pour éliminer les KA qui ne sont pas pertinents pour notre présente étude.

! #&&!

Vas-y, (tu peux aller) non seulement une nuit (mais plus).

[FL. MinLouq]

[La locutrice répond à la question de son interlocutrice, à propos d’une protagoniste d’un film, dont elles discutent :]

[Début du récit où la locutrice raconte la veille de la mort de son mari qui lui confie ses secrets (rembourser toutes ses dettes la veille) avant de mourir :]

(6.4)

men> v k k t´. …

m#.ne1 (a1 ka1 t!1

hier%%% nuit MSN CIT Hier soir, (dit-il)…

[INT. AT]

[La locutrice, au sujet des critiques du cinéma dans les magazines, raconte qu’autrefois, il y avait les gens qui critiquaient plus :]

(6.5)

Arc\k k piu ewPn\ ty\"

Nous éliminons ainsi toute occurrence de /ka1/ qui suit les expressions de lieu telles que /$"$/

eAak\

‘sous’ ; /$#.p"2/

AepÅ

‘sur’ ; /be3/

eB :

‘à côté, /na3/

na ;

‘près de’, /n"$/

enak\

‘derrière’, /$#.sa1/

As

‘début’, /&e1/

eR˙>

‘devant’, /th!3/

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i N.B. L’expression mN˙s\k/m#.nhi$.ka1/ ‘l’année dernière’ est présentée chez Bernot et al. (2001), dans la définition de /ka1/ comme « point de départ ou l’origine, à la fois dans l’espace et dans le temps » (p.81-82). Nous séparons les expressions temporelles et celles dans l’espace dans notre présentation des analyses.

ii Verbe rc\;k "– pourrait être intéressant, à voir plus tard

iii L’équivalent de ‘hier’ est /m#.ne1.ka1/ men>k, dont /ka1/ est intégré dans l’expression adverbiale, et on ne peut pas supprimer /ka1/. De même pour l’année dernière /m#.nhi$.ka1/ mN˙s\k.

CHAPITRE 6 :ANALYSES DE KA/ka1/

! #&'!

dans, /thei$/

Tip\

‘sommet, extrêmité’, /$#.we3/

Aew :

‘loin’, etc. Ces lexèmes indiquent l’emploi de /ka1/ dans une fonction strictement grammaticale.

[La locutrice répond à la question de son interlocuteur s’il s’agissait de l’oncle du côté maternel ou paternel :]

(6.6)

AeP Bk\ k k "

$#.phe2 b!$ ka1

père côté MSN du côté de (mon) père.

[INT. AT]

[La locutrice dit à son fils qu’elle est vite venue de Bago à Rangoun dès qu’elle a entendu la nouvelle qu’il était malade :]

(6.7)

…p´K¨; k k liuk\ la Âk ta"

…B#.go3 ka1 lai$ la2 ca1 ta2

…TOP MSN suivre venir PLV MFV

… (parce qu’on nous a dit que tu étais malade) nous sommes vite venus de Bago (pour te voir).

[RP. Ka.Gyi]

En revanche, quant aux /ka1/ qui indiquent le point de départ ou l’origine dans le temps tels que (6.8), cela pourrait être intéressant car contrairement aux exemples dans (6.6) et (6.7), le /ka1/ n’est pas obligatoire dans l’expression temporelle /m#.taiN2.khiN2/ ‘avant’, comme le montre (6.9). Nous les retenons donc pour les analyses qualitatives (éventuelles).

[En parlant d’un jeune homme qui est allé en Birmanie pour faire un tour « caritatif » à bicyclette:]

(6.8) … safran

mtiuc\Kc\ k k

…safran m#.taiN2.khiN2 ka1

…safran avant MSN … avant (la révolution) Safran.

[CC. TOSS]

[La locutrice explique son parcours professionnel en tant que journaliste :]

(6.9)

d^ Alup\ mmt tiiuucc\\KKcc\\

pop journalist

Aenn´>

di2 $#.lo$ m".taiN2.khiN2 pop journalist $#.ne2.n!1

ce travail avant journaliste de pop comme

k¥ena\ Arc\SuM; s lup\ ta"

c#.n"2 $#.yiN2.shoN3 sa1 lo$ ta2

je le premier commencer faire MFV

! #&(!

Avant ce travail, j’ai d’abord travaillé comme journaliste de musique pop.

[INT. KLM]

Dans le processus de tri, il faut en outre faire attention à ne pas éliminer les expressions de lieu suivies d’un /ka1/, qui ne signifient pas l’origine, mais qui marque le thème, telles que (6.10).

(6.10) campus

k k Arm\; hiu sit\K¥m\;qaPiu>ekac\; ty\"

campus ka1 $#.yaN3 ho2 se$ caN3.)a2 pho1.k"N3 t!2

campus MSN beaucoup euh agréable MFV

Le campus, euh, est vraiment agréable (ça fait vraiment plaisir à l’esprit).

[CC. ZHC]

Nous gardons également les occurrences de /ka1/après /di2/ ou /$!3-di2/ ‘ce…-ci/ là’ : alors qu’il est vrai que /di2/ ou /$!3-di2/ suivi de /ka1/exprime le point de départ (équivalent de ‘d’ici’ ou ‘de là-bas’) (6.11), nous trouvons aussi des cas où cela fonctionne comme pronom personnel pour la première personne (6.12) (6.13)%.

[Parlant d’un vieil homme du village qui s’occupe de la blessure du protagoniste citadin qui a été frappé par les bandits :]

(6.11)

A´d^ k k eS;ku t´. l¨Âk^; k … …

$!3.di2 ka1 she3.ku1 t!1 lu2 ci3 ka1

ce MSN guérir SUBN vieux monsieur MSN

Ce vieux guérisseur de là-bas (du village) …

[NAR. Alice]

[La locutrice à son interlocuteur (dont elle est secrètement amoureuse) qui est tombé malade l’informant qu’elle est venue avec des plantes médicinales pour s’occuper de lui :]

(6.12)

k´på d^ k k lv\; Aqc\. lup\ K´. ®p^; på ®p^"

k!3 pa2 di2 ka1 l!3 $#.%iN1 lo$ kh!1 pyi3 pa2 pyi2 Bon ce MSN aussi pret faire REVOL finir POL MFV

Bon, j’ai tout préparé pour toi.

[RP.KaGyi]

[La même locutrice au même interlocuteur fait quelques déclarations de ses sentiments… ]

(6.13)

d^ k k Kc\mc\ mi rc\ q¨m¥a; n´> kiu m t¨ B¨;"