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Chapitre 1 : Étude de cartels des œuvres contemporaines de la collection permanente

2.2.1 Analyse sémiotique du site web du musée

Afin de comprendre la portée des textes de médiation publiés sur le site web, nous allons dans un premier temps examiner le contexte dans lesquels ces textes s'inscrivent : le site web. Il semblerait en effet que ces textes s'inscrivent au sein d'enjeux spécifiques au site web, et qu'une analyse du site pourrait permettre d'appréhender. Une analyse de ces textes viendra dans un second temps.

84DAVALLON J., DESPRES-LONNET M., JEANNERET Y., LE MAREC J., SOUCHIER E., « Introduction ». In : SOUCHIER, JEANNERET, LE MAREC Joëlle (Dir.), Lire, écrire, récrire : objets,

signes et pratiques des médias informatisés. 2003. p.25

85JEANNERET et al., « Formes observables, représentations et appropriation du texte de réseau ». In : SOUCHIER E. JEANNERET Y. LE MAREC J. 2003, p.96

86Nous emploieront le terme « icône » tel qu'il est défini par Eco : « L'icône est un signe qui renvoie à son

objet en vertu d'une ressemblance, du fait que ses propriétés intrinsèques correspondent d'une certaine façon aux propriétés de cet objet. » Le signe. 1988. p.75

87 BONACCORSI Julia, « Approches sémiologiques du web ». In : BARATS Christine, Manuel d'analyse du

web en sciences humaines et sociales. 2013 et E. SOUCHIER J.DAVALLON, J..LEMAREC (20003)

Figure 1 : Page d'accueil du site du musée.

Le site web tel qu'il est visible aujourd'hui a été créé en 2012, à l'occasion de l'exposition Die Brücke, qui a eu lieu du 31 mars au 17 juin 2012. En 2014, on y dénombre 1607288

visites en moyenne par mois ; les trois rubriques les plus visitées sur le site sont celles intitulées « infos pratiques », « les expositions » ainsi que « les collections ». Les trois villes les plus touchées par le site sont respectivement Grenoble, Paris et Lyon. De manière générale, et c'est un phénomène que l'on retrouve dans le cas du site web du musée de Grenoble, il semblerait que l'on assiste à « archétype du site institutionnel de musée89 »,

comme l'ont montré Gauchet-Lopez et Poli. En effet, comme l'indiquent leurs recherches, de nombreux sites de musée s'organisent autour de grands thèmes qu'il est fréquent de trouver d'un site à l'autre : des rubriques sur les jours et les horaires d'ouverture, sur les événements actuels et à venir, des archives...

On distingue, à gauche, sous le titre « musée de Grenoble », un menu fixe sous forme de volet, divisé en sept intitulés se succédant verticalement :

• Le musée • Les collections • Les expositions • Les activités • Les ressources • Nous soutenir

88Moyenne établie à partir des chiffres mensuels fournis par le musée.

89POLI, GAUCHET-LOPEZ, 2004. « A un point tel qu'on peut parler d'un archétype du site institutionnel de musée ou d'exposition temporaire élaboré pour : informer les visiteurs virtuels sur les modalités pratiques d'accès au musée réel, montrer tout ou partie des œuvres exposées, rendre visibles certaines pièces des collections, donner les thèmes et les dates d'expositions temporaires, décliner les divers types de médiations organisées par l'institution pour les scolaires, les publics cibles comme les comités d'entreprise, les visites guidées, etc. » (p.98)

• Venir au musée

Le visiteur est invité à cliquer sur un des thèmes en passant sa souris : écrits en blanc sur fond noir, le fond devient rouge au passage de la souris. Nous nous intéresserons aux onglets « Les ressources » et « Les collections », puisqu'ils contiennent les données qu'il s'agit d'analyser dans le cadre du corpus.

À droite, d'autres rubriques sont disposées à l'horizontale : elles concernent des informations qui sont plutôt d'ordre pratique : les « actualités » du musée (programmes et événements relatifs au musée en général), un « agenda » (présentant les prochaines visites guidées, thématiques ou liées à l'exposition temporaire en cours, mais aussi les « 1er dimanche du mois » où l'entrée au musée est gratuite) ; « venir au musée », qui redirige vers une page « Infos pratiques » présentant quatre rubriques : « Accès », « Horaires », « Tarifs et abonnement », et « confort de visite et plan du musée ».

Le centre de la page est occupé par une photographie de fond présentant l'exposition en cours voire à venir, ou , comme c'est le cas sur la figure 1, une photographie du lieu. Dans le cas présenté ici, l'espace est occupé par un groupe de personnes : il s'agit d'une visite scolaire au sein de la collection moderne du musée (début du XXè siècle). D'autres images sont incluses dans la page d'accueil : un bandeau horizontal prenant la longueur de la page est inséré en bas de page. Il s'agit d'une image donnant à voir neuf photographies prises dans le musée ; chacune d'entre elles présente une des collections du musée (classique, contemporaine , etc .) mais aussi des publics variés : ainsi, une photographie prise pendant une visite de groupe, des adultes, des enfants, des personnes âgées mais aussi des visiteurs solitaires dans différentes salles du musée. Nous remarquons que dans aucun des cas, le musée est photographié vide : il y est présenté à travers le prisme de différents publics, dont la posture n'est jamais totalement figée ; mais aussi différentes collection. Nous pouvons supposer que ces images permettent au visiteur du site une première immersion dans l'espace muséal : tout d'abord en présentant le lieu comme « vivant », où chaque public peut trouver sa place ; mais aussi comme un lieu aux collections riches et variées. Mais il semblerait, du moins du point de vue des acteurs du musée, que ces éléments contribuent à l'élaboration d'un « site-vitrine » du musée ; avec notamment pour objectifs de représenter l'institution au mieux, mais surtout, pour reprendre les termes de Marianne Taillibert, qui a contribué à la construction du site tel qu'il est observable aujourd'hui, de « désacraliser » le musée :

« le site est une vitrine qui permet de faire connaître et de donner une image de

la réalité de ce musée, de sa richesse. Et ensuite, c'est un outil évidemment très réactif qui permet de suivre le rythme du musée et de renouveler l'attention du public. »

En dessous de ce bandeau sont affichées plusieurs icônes et rubriques renvoyant à différents publics : « Mobilité réduite », « handicap mental ou physique », « mal et non- voyants », « devenus sourds et malentendants », « familles », « professionnels », « étudiants », « scolaires », « groupes ». On remarque également la présence de trois icônes redirigeant sur les pages internet des réseaux sociaux du musée (Youtube, Twitter, Facebook). La page d'accueil du site présente d'autres icônes. Dans la partie supérieure droite de la page, une première ligne d'icônes est disposée horizontalement. Ces icônes visent à faciliter la navigation sur le site : elles permettent au visiteur d'agrandir, de rétrécir les lettres , de changer le contraste de la page ; mais aussi de « supprimer l'ensemble de la

personnalisation » qu'aura pu entreprendre le lecteur lors de sa visite (choix du contraste,

de la taille de police du texte) comme l'indique le texte apparaissant au passage de la souris sur l'icône. Une icône représentant une imprimante indique à l'utilisateur qu'il peut imprimer des documents présents sur le site (« lancer l'impression du document » s'affiche

au passage de la souris sur l'icône). Enfin, un champ de recherche matérialisé par un carré blanc permet à l'utilisateur de rechercher sur le site des informations par mot-clé. A sa gauche, un lien renvoyant au site de la ville de Grenoble est matérialisé par le logo de la ville de Grenoble ; le pointeur se transforme au passage de la souris. Une seconde ligne de thèmes est disposée horizontalement en dessous des icônes : elle donne accès aux rubriques suivantes : « Presse », « Contact », « Réseaux Sociaux », « Ressources », « Téléchargement », ainsi qu'une icône donnant accès à un onglet « Langue des signes française » et une rubrique « English. », permettant une lecture du site anglais.

Onglet « Les collections »

On retrouve la même structure que l'accueil principal. L'image de fond change ; le volet de gauche, qui correspond au menu, (musée, collections etc) subsiste mais un volet un volet vertical se développe juste en face de celui-ci. Il est composé de quatre intitulés :

• Les incontournables90

• Acquisitions (les œuvres acquises par le musée), • Restaurations (les restaurations en cours)

Figure 2 : Rubrique « Les collections »

• Œuvres en mouvement (carte permettant de voir les œuvres prêtées par le musée et leur localisation dans le monde actuellement).

L'image de fond donne à voir une photographie, deux enfants devant une œuvre contemporaine. A droite, une mosaïque est composée de 36 images : elle présente des détails d’œuvres, contemporaines et anciennes, ainsi que des images sur fond uni (fond

90Lors de notre première analyse du site, en Mars 2015, la rubrique s'intitulait « Oeuvres ». Une visite récente sur le site (capture effectuée le 6 Juin 2015) nous a permis de constater que le nom de la rubrique avait changé pour s'intituler « les incontournables ». Il s'agit ici d'une démarche apparente visant à mettre en avant les œuvres « incontournables » du musée, les « chefs-d’œuvre », pour reprendre les termes de Madame Dany Philippe-Devaux, responsable des publics du Musée.

jaune, orange, bleu, gris foncé, clair, rouge et vert) sur lesquelles est inscrit le nom d'une période correspondant à celles présentées par le musée : « Antiquités > XVIe », « XVIIe », « ART CONTEMPORAIN », etc. En passant le curseur de sa souris sur chacune de ces images (œuvres et noms des collections), le visiteur a accès à différentes informations :

• l'ouverture d'une fenêtre composée de l’œuvre (en entier) en dessous de laquelle se trouvent des informations correspondant à celles des cartels informatifs : prénom et nom de l' artiste en gras, éléments biographiques en dessous, titre de l’œuvre en italique ; la datation y est ajoutée et, lorsqu'elle est connue, la technique (huile sur toile par exemple) ainsi que les dimensions de l’œuvre. Un lien hypertexte91 est

présent dans chacun de ces encadrés descriptifs ; il est intitulé « En savoir plus », en rouge souligné et donne accès à un texte plus long présentant l’œuvre et l'artiste : les notices, que nous analyserons dans un second temps.

• En cliquant sur les images-titres des collections, le visiteur arrive sur un nouvel onglet relatif à la période « cliquée » , illustrée par la photographie d'une œuvre de la collection rattachée à la période choisie (une œuvre contemporaine si le visiteur a cliqué sur l'image « ART CONTEMPORAIN » par exemple). Chaque période est introduite par un texte mettant en valeur la richesse de la collection. Ils sont accompagnés d'une photographie prise dans le musée, correspondant également à la période artistique choisie. En bas de page s'affichent douze photographies d’œuvres, qui étaient présentes dans la mosaïque de la page précédente. En passant la souris sur ces œuvres, le curseur se transforme et « pointe » les œuvres ; le titre de l’œuvre choisie apparaît en gris en dessous de celui-ci, une fois le curseur immobilisé. En cliquant sur une des œuvres, le visiteur a accès au même volet que celui s'ouvrant lorsqu'il clique sur les images de la mosaïque (une présentation de l’œuvre accompagnée d'un lien hypertexte « En savoir plus »).

Que pouvons-nous retenir de ces différents éléments ? Il semblerait que chacun des choix mis en œuvre dans la présentation du site, de la page d'accueil aux onglets spécialisés, contribue à cette continuité de la valorisation d'un « site-vitrine » : en mettant en avant différents types de publics, en accompagnant et illustrant chaque rubrique d'une image prise dans le musée, dont l'espace est rempli de visiteurs observant une ou plusieurs œuvres ; en introduisant chaque période du musée par des textes soulignant la diversité et la richesse des collections ; en sélectionnant les œuvres « incontournables » (pour reprendre l'intitulé de la rubrique) du musée. Mais il est également en constante activité : en témoignent les rubriques relatives aux expositions, aux visites, l'« agenda » du musée, etc. Le site web du musée est donc un support complexe : derrière les rubriques très caractéristiques des sites web de musée, se déroulent des enjeux communicationnels, et institutionnels. Pour Marianne Taillibert, responsable du service communication du musée, ces enjeux communicationnels s'articulent autour de deux objectifs :

« Un premier objectif de rayonnement du musée : on travaille sur la notoriété , la

visibilité du musée à l'échelle régionale, mais aussi nationale et internationale » ;

ainsi qu'un deuxième objectif visant à « faciliter la rencontre avec le public. […]

Tout cela vise à interpeller le public, à l'informer et à lui donner envie évidemment de venir ici et de rencontrer l’œuvre, l'exposition, le lieu ».

91DAVALLON, DESPRES-LONNET, JEANNERET, LE MAREC, SOUCHIER, « Introduction, » . In : JEANNERET et al., 2003. Définissent le lien hypertexte de la manière suivante : « Il se repère parce qu'il est souligné, mis en reliefr ou qu'il change d'apparence au passage du pointeur. Enfin, il donne une représentation, plus ou moins adéquate, des textes auxquels il permet d'accéder . » (p.23)

Les textes de médiation présents sur le web, les notices, semblent contribuer à ces enjeux. Ce sont ces textes qu'il s'agit d'analyser maintenant.

2.2.2 a . Analyse des contenus textuels de médiation : notices et ressources « Paroles

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