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L'analyse sémantique de l'existence

Résumons le parcours opéré jusqu'ici : avec le rasoir d'Occam, nous avons été amené à dire qu'une pensée métaphysique postulant une multiplicité de catégories fondamen- tales d'entités ne pouvait prétendre être justiée a priori. Autrement dit, une explication supplémentaire est exigée. Nous avons alors mentionné une esquisse de réponse liée à la notion d'asymétrie ontologique. An d'approfondir la question de savoir si, de droit, il peut exister plusieurs catégories ontologiques, et suivant les indications de Lowe, nous nous engageons maintenant dans une analyse sémantique de la notion d'existence. Cette analyse entend répondre à la question suivante : que signie, pour une entité,  exis- ter  ? Nous considérons dans cette section plusieurs réponses possibles, an de voir

40. Et encore, Perhaps we should regard them as theoretical entities, by analogy with the the- oretical entities invoked by explanatory scientic hypotheses - entities such as electrons and genes - belief in the existence of which is justied by the explanatory success or utility of the theories which postulates them (Lowe, 1998, p. 55)

si nous pouvons rendre compte de manière cohérente de la multiplicité de catégories d'entités. Une première réponse serait la suivante :

Sens univoque : Pour toutes les entités, qu'il s'agisse des substances ou des caracté- ristiques, il y a un seul mode d'existence.

Cette première réponse peut être appelée  la théorie de l'univocité de l'existence . Se- lon cette théorie sémantique, lorsque nous disons qu'un objet existe ( Socrate existe ), qu'une propriété existe ( il y a trois couleurs primaires ), qu'une condition existe ( la condition humaine existe ), ou bien encore qu'un phénomène existe ( il y eut le big bang ), le verbe  exister  ou la tournure de phrase  il y a  signient rigoureusement la même chose, et ceci, quelque soit la catégorie ontologique considérée. Ou encore, dira- t-on, l'existence de nos sensations a le même sens que notre existence tout court41. Lowe

arme que cette réponse est la position sémantique par défaut. A propos de la réalité des évènements et des caractéristiques, il dit en eet ceci :

Consequently, I shall assume in what follows that, contrary to this pro- posal42 , a perfectly proper way to acknowledge the reality of events is

to say that they exist, and indeed, that all real beings or entities `exist' in precisely the same sense of the verb, which I shall henceforth take to be perfectly univocal. (I acknowledge that the proposal which I am now dis- missing merits more discussion than I can aord to give it here, but I would also urge that the position which I favor is, as it were, the `default' position, which should be presumed correct unless it can be shown to be mistaken) (Lowe, 2002, p. 216, nous soulignons).

Pourquoi Lowe adopte-il cette théorie sémantique ? A lire Lowe, il semble qu'il y ait là, pour lui, une nécessité et que cette nécessité soit liée au débat sur l'ontological commit- ment de Quine. Pour Quine, de même qu'il n'existerait qu'un quanticateur existentiel, ∃, et que ce quanticateur aurait toujours le même sens, de même, il n'existerait qu'un seul mode d'existence dépourvue d'ambiguïté. Ainsi, quoiqu'il en dise, Lowe semble accepter cette phrase de Quine :

To insist on the correctness of the criterion [...] is indeed merely to say that

41. On ne confondra pas cette thèse de l'univocité que l'on retrouve de façon diuse dans la littérature métaphysique contemporaine avec la thèse médiévale de Duns Scot. En eet, pour Scot, l'être est univoque : ce qui, pour lui, signie, non pas que les diérentes catégories ontologiques ont un même mode d'existence, mais que des substances aussi disproportionnées que Dieu et les créatures peuvent entrer dans une même catégorie ontologique, à savoir celle de l'ens communis.

no distinction is being drawn between the `there are' of `there are universals', `there are unicorns', `there are hippopotami' and the `there are' of `(∃x)', `there are entities x such that' (Quine, 1961, p. 105) .

Sans rentrer plus avant dans les motivations de cette thèse43, nous distinguons deux

variantes de cette théorie de l'univocité, à savoir, une variante forte et une variante faible. Nous commencerons par la variante forte avant d'étudier sa variante faible : Sens univoque fort : Il y a un seul mode d'existence pour toutes les entités, et,

quelque soit la catégorie ontologique considérée, ce mode d'existence est un mode d'existence plein et entier.

Par  mode d'existence plein et entier , entendons  le fait de posséder, en propre, son existence  ou encore ceci :  le fait de posséder, en raison de soi, l'existence . Ainsi, selon cette interprétation forte de l'univocité existentielle, Socrate en tant que substance particulière, la camusité de son nez en tant que caractéristique, et la condition humaine qu'il instancie sont trois entités qui posséderaient toutes les trois leur propre existence, et ceci en raison d'elles-mêmes.

Nous pouvons maintenant nous poser la question suivante : cette théorie sémantique de l'univocité forte est-elle compatible avec la notion d'asymétrie ontologique (que cette asymétrie soit faible ou forte) ? A cette question, il semble qu'il nous faille répondre de manière négative. La notion d'asymétrie ontologique s'énonce en eet ainsi : une caractéristique n'existe que parce que la substance qu'elle caractérise existe et une entité universelle n'existe que si au moins une entité particulière l'instanciant existe. Or, si l'existence d'une caractéristique découle de manière nécessaire de l'existence d'une substance et si l'existence d'une entité particulière sut à l'existence de l'universel correspondant, l'existence de ces entités ontologiquement dépendantes doit être, d'une manière ou d'une autre,  sensible  à l'existence de cette autre entité de laquelle elle dépend.

Pour le dire autrement, et pour ne considérer que la relation entre phénomène et objet, l'inhérence d'un phénomène dans tel ou tel objet doit être inscrite au coeur même de l'existence de ce phénomène. Comme le dit Lowe :

This is because modes plausibly depend for their very existence and identity upon the objects which possess or bear them. If a ball possesses a partic- ular yellowness, then, that very yellowness could not be possessed by any

43. En particulier, Lowe refuse que la distinction logique entre objectual quantiers et substitutionnal quantiers puisse être d'une quelconque importance métaphysique. Pour une position diérente, voir Haack (1978, p. 50), Geach (1968), Miller (2002a).

other object and could not exist unpossessed by any object, free-oating and unattached (Lowe, 2006a, p. 167, nous soulignons) .

Or, d'après la théorie de l'univocité forte, une entité caractéristique possède l'existence en raison d'elle-même. Elle acquiert par là une indépendance existentielle qui ne permet plus de penser son inhérence autrement que comme une condition imposée de l'extérieur, et non pas quelque chose qui plonge au plus profond de l'acte d'existence de cette entité. Le fait que les caractéristiques dépendent fortement des substances est alors appréhendé comme, au mieux, une coïncidence ontologique que le métaphysicien se borne à constater mais qu'il ne peut expliquer (comment le pourrait-il en eet si les caractéristiques possèdent en elle la raison de leur existence ?).

Mutatis mutandis, le même constat vaut pour une entité universelle : quand bien même celle-ci ne dépendrait que faiblement d'une entité particulière, il s'ensuit déjà qu'une entité universelle ne saurait, à elle seule, être la cause susante de son existence, puisque son existence dépend d'un particulier. De ce point de vue, l'interprétation forte de la thèse de l'univocité doit être rejetée au prot d'une théorie plus faible. Avant de développer cette théorie de l'univocité faible, nous voudrions toutefois nous arrêter un instant sur une théorie sémantique intermédiaire, à savoir  théorie de l'existence dérivée 44. Cette théorie peut être formulée dans la proposition suivante :

Sens dérivé : Il y a parmi les catégories d'entités, une catégorie dite  principielle , c'est-à-dire une catégorie dont les entités sont dites exister dans le plein sens du terme. Les autres catégories n'existent que par rapport à cette catégorie existen- tielle : elles sont dites exister dans un sens dérivé.

Autrement dit, selon cette théorie sémantique, le verbe exister possède deux sens : un sens premier et un sens second. D'un point de vue métaphysique, cette théorie suggère alors l'existence de diérents modes d'être : un mode plénier d'existence d'où tout dé- coule et duquel toutes les autres catégories participent ; et un mode second qui ne fait qu'exprimer un rapport de dépendance existentielle. Dans la littérature métaphysique contemporaine, on parle parfois de théorie des deux sens (Miller, 2002a). Dans la lit- térature métaphysique médiévale, cette théorie était désignée sous le vocable de théorie de l'analogie. Il semble toutefois que ce soit à Aristote qu'il faille attribuer la paternité de cette thèse. On parle alors de la théorie  pros hen . Aristote dit en eet ceci :

De même aussi, l'être se prend en de multiples acceptions, mais, en chaque acception, toute dénomination se fait par rapport à un principe unique [pros

hen]. Telles choses, en eet, sont dites des êtres parce qu'elles sont des sub- stances [ousia], telles autres parce qu'elles sont des déterminations de la substance, telles autres parce qu'elles sont un acheminement vers la sub- stance [..] (Aristote, [1953]b, 1003 b 5)45.

L'exemple que donne Aristote pour illustrer cette théorie est la notion de  santé  : de même que l'air n'est dit sain que par rapport à la santé qu'il engendre dans le corps qui le respire et de même que l'urine n'est dite saine que par rapport à la santé du corps qu'elle indique, de même, une caractéristique n'est dite exister que par rapport à l'existence de la substance qu'elle aecte. Autrement dit, pour Aristote, x est une entité si x entretient un rapport avec un principe  ici, la substance. C'est de ce rapport que dérive l'appellation d'entité. Par exemple, la couleur est qualiée d'entité parce qu'elle se rapporte à la substance comme ce qui l'aecte ; le devenir est qualié d'entité car il se rapporte à la substance comme étant le terme vers lequel il tend. De même, la condition sera qualiée d'entité car elle se rapporte à la substance dont elle donne les conditions de persistance et d'identité.

Pour préciser cette théorie sémantique avec toute la rigueur souhaitée, peut-être convient-il de noter les deux remarques suivantes : (1) dire qu'une caractéristique x ou qu'un universel y ne sont appelés entités qu'à raison du rapport qu'ils entretiennent avec une substance particulière z, c'est dire que cette substance z est la raison de l'existence de cette caractéristique x et de cet universel y. (2) Une substance particulière semble être qualiée d'entité dans un sens premier, car, le rapport qu'elle entretient avec la catégorie ontologique principielle est un rapport d'identité : pour elle, exister, ce n'est rien d'autre qu'être identique avec elle-même. On dit alors qu'elle est à elle-même sa propre raison d'existence. Au vu de ces deux remarques, nous proposons en conséquence de reformuler la théorie du sens dérivé ainsi :

Sens dérivé : Parmi les catégories fondamentales d'entités, il faut distinguer,

 La catégorie ontologique principielle (en l'occurrence, les objets), laquelle com- prend ces entités qui possèdent et exercent en propre l'existence. Ces entités sont dites exister dans un sens fort.

 Les catégories ontologiques dérivées (en l'occurrence les universels et les carac- téristiques), lesquelles comprennent les entités qui exercent un acte d'existence, non pas en propre, mais en raison d'un rapport qu'elles entretiennent avec une

45. Plus précisément, le sens  pros hen  dont il est question ici semble avoir des anités avec la  paronymie  des Catégories 1b, laquelle n'est ni  la synonymie  (univocité) ni  l'homonymie  (équivocité). Voir à ce sujet Happ (1971, p. 331-332)

entité appartenant à la catégorie ontologique principielle. Ces entités sont dites exister dans un sens dérivé.

A première vue, cette théorie semble très exactement correspondre à la notion d'asy- métrie ontologique. Après tout, en eet, dire que les universels dépendent faiblement des particuliers et que les caractéristiques dépendent fortement des substances, c'est dire que l'acte d'être des uns expriment un rapport avec l'acte d'être des autres. Si cette théorie semble justier la notion de dépendance ontologique, notion qui permet de répondre au rasoir d'Occam, il y aurait donc avantage à l'accepter. Mais est-elle pour autant acceptable ? Salva reverentia, il semble qu'à cette question, il nous faille encore répondre de manière négative. En eet, rééchissant sur l'exemple de la santé que donne Aristote pour illustrer la thèse sémantique de l'existence dérivée, un com- mentateur d'Aristote note le problème suivant :

On comprend, en eet, par les exemples même que donne Aristote, que cette notion  une, à raison du rapport à un  (pros hen) ne se vérie pas intrinsèquement dans tout ce à quoi on l'applique. Ainsi la santé est intrinsèque à l'être vivant, mais reste extrinsèque au climat, à la nourriture, et même au teint et à l'urine. Dire que l'être se vérie dans l'accident à raison de son rapport à l'être de la substance, c'est donc suggérer qu'il n'y a pas plus d'être dans l'accident que de santé dans le climat (Grenet, 1959, p. 141, italiques dans le texte).

Explicitons l'objection. Le problème est le suivant : de ce que les entités relevant des catégories ontologiques dérivées n'exercent pas en propre et en raison d'elles-mêmes un acte d'être, mais ne l'exercent qu'à raison d'une autre entité, à savoir à raison d'une entité substantielle particulière, il semble qu'elles n'exercent pas d'acte d'être du tout. Certes, nous pourrions répondre à cette objection la chose suivante : de ce que les entités relevant des catégories ontologiques dérivées ne possèdent pas en propre leur existence, il ne s'ensuit pas qu'elles ne possèdent pas du tout l'existence. On dira alors que les caractéristiques existent bel et bien (ce sont bien des entités qui exercent un acte d'être) mais que cette existence leur est comme donnée. Toutefois, à bien considérer cette réponse, il semble bien que le problème demeure inchangé : donner l'existence à quelque chose, c'est donner l'existence à quelque chose qui, par conséquent, n'existe pas. Or, comment donner quoi que ce soit à ce qui n'existe pas encore ?

Peut-être pourra-t-on encore répondre la chose suivante : de soi, une entité dérivée n'existe que potentiellement. Ce qui lui est donné n'est donc pas, à strictement parler,

l'existence en tant que telle  elle existe déjà, quoique d'une façon purement potentielle , mais seulement l'existence eective. Selon la terminologie classique, on parlera d'un passage de la puissance à l'acte. L'entité principielle serait alors assimilée à cette cause ontologique eciente expliquant ce passage à l'acte d'existence des entités relevant des catégories ontologiques dérivées.

Mais cette réponse est-elle satisfaisante ? Il ne semble pas. D'une certaine manière, elle consiste à identier existence dérivée et existence contingente. En eet, une entité contingente est, nous l'avons vu,  ce qui existe ou peut exister . Or, d'une certaine manière, la contingence devient ici expliquée de la façon suivante : c'est ce qui, de soi, n'a qu'une existence potentielle, mais qui, en raison d'un rapport à une substance, peut posséder une existence eective. Une entité contingente  existe , sous-entendu  existe de fait , mais  aurait pu ne pas exister , sous-entendu  aurait pu n'avoir qu'une existence potentielle . Le problème suivant apparaît alors : si la contingence s'explique en raison d'un rapport aux substances particulières, comment expliquera-t-on la contingence de ces mêmes substances particulières ? Pour le dire d'une autre façon, à supposer que les entités relevant des catégories ontologiques dérivées soient des entités contingentes, c'est-à-dire des entités qui peuvent passer d'une existence potentielle à une existence eective, que deviennent les substances ? Probablement ceci : des entités non- contingentes, à savoir des entités dans lesquelles il n'y a aucun passage de la puissance à l'acte, des actes purs d'existence, des entités qui existent ipso facto dans le sens plein et entier. Bref, des entités qui sont à elles-mêmes la cause de leur existence eective.

Toujours dans la même perspective, on pourra se référer à Spinoza qui, ayant déni la substance comme ce qui existe en soi et est cause de soi ( ce dont l'essence implique l'existence ), en conclut que toute substance ne peut qu'être innie, c'est-à-dire une entité dont l'existence n'est limitée par rien. Or, Spinoza démontre que, d'une telle compréhension de la substance, il ne peut y avoir au plus qu'une substance qu'il appelle Dieu (Spinoza, [1993], Livre I, prop. 11)46. Or, dans la mesure où le sens commun nous

amène à dire qu'il existe une pluralité de substances particulières et que ces substances particulières sont, elles aussi, contingentes, une telle théorie de l'existence doit être rejetée. Socrate, Fido et un électron sont en eet autant d'entités qui auraient pu ne pas exister de façon eective et dont l'existence est nie et déterminée.

Mentionnons encore, par souci d'exhaustivité, une dernière réponse, celle de Grenet. En distinguant, à la suite de Cajetan, analogie de proportion (proportio) et analogie

46. Cette position est dite  position moniste . Cf. infra page 110, pour une critique plus approfondie de cette position, qui amène à nier l'existence des relations.

d'attribution (proportionalitas, ici le sens dérivé), Grenet utilise l'analogie de proportion entre Dieu et les créatures pour sauver l'analogie d'attribution entre les substances et les caractéristiques :

Ce que l'acte pur et inni de l'existence par soi est à Dieu, cela, l'existence nie, par réception dans une essence faite pour exister en soi, l'est à la substance créée, cela [aussi], l'existence nie par réception dans une essence faite pour exister en un autre l'est à l'accident, et c'est ce rapport partout semblable que désigne l'être en tant qu'être (Grenet, 1959, p. 164, nous soulignons).

Il n'est toutefois pas évident que la solution proposée ne soit pas autre chose qu'une simple reformulation du problème à expliquer.  L'essence , c'est-à-dire le  quod qui erat esse , c'est le  ce que signie exister pour x 47. Dire que x a  une essence faite

pour exister dans un autre , c'est donc dire que  ce que signie exister pour x, c'est exister dans un autre , mais ceci est précisément ce qu'il faut expliquer.

Pour toutes ces raisons, il semble donc qu'il faille rejeter la théorie de l'existence dérivée puisque la compréhension de la notion de dépendance et d'indépendance on- tologique qu'elle entraîne devient trop forte. Nous passons donc à cette autre théorie sémantique de l'acte d'être, à savoir la théorie de l'univocité faible. Cette théorie se laisse dénir ainsi :

Sens univoque faible : Il y a un seul mode d'existence pour les entités (thèse de l'uni- vocité), qu'il s'agisse des substances ou des caractéristiques, et ce mode d'existence est un mode incomplet (existence faible).

Par  mode d'être incomplet , entendons ceci :  ce qui possède en propre seulement certaines marques de l'existence . On dira alors que, de ce point de vue, cette théorie stipule qu'aucune entité ne possède à elle seule toutes les marques d'existence : sub- stances, caractéristiques, universels et particuliers possèdent l'existence, en partie en vertu d'eux-mêmes et en partie en vertu d'autre chose qu'eux-mêmes. Pour reprendre la terminologie de Frege, on dira que ces entités abstraites ont un mode  insaturé  d'existence et qu'elles n'existent de façon pleine et entière qu'en se complétant mutuel-