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CHAPITRE II : LES TROUBLES LEXICO-SEMANTIQUES DU

2. ANALYSE DES RESULTATS 66

2.1 Résultats de l’analyse des performances des patients

Les scores bruts ont montré les compétences des patients aux épreuves lexico- sémantiques, s’établissant comme suit : APPvs < APPlog = MA.

L’analyse du type d’erreur met en évidence une atteinte préférentielle des items de basse fréquence et des items biologiques chez le patient KG présentant une atteinte du système sémantique. Ces résultats concordent avec les données retrouvées dans la littérature (Capitani et al., 2003; Jefferies et Lambon Ralph, 2006). D’autre part, on retrouve chez le patient RMA (MA) une atteinte préférentielle des items naturels. Cette donnée est en concordance avec les études de Whatmough et al. (2003).

Une différence significative des performances à la BECS-GRECO a été trouvée entre le patient KG (APPvs) et les patients QA (APPlog) et DA (MA).

Le patient KG (APPvs) présente des difficultés dans toutes les tâches impliquant le système sémantique. Une différence significative aux épreuves de la BETL est également retrouvée entre KG et les autres patients et confirme l’atteinte sémantique plus importante présentée par KG (entre KG et FJ : p<.05 ; entre KG et QA p<.05 ; entre KG et DA p<.05, les scores étant en défaveur de KG).

Le profil linguistique des patients a été établi en croisant le score obtenu en dénomination et le nombre de réponses correctes obtenu au questionnaire sémantique. Plus le score en dénomination est élevé, plus le nombre de réponses correctes au questionnaire sémantique est élevé.

Les scores des patients à la BETL ont été appariés aux scores des sujets contrôles. Une différence significative a été retrouvée entre le patient KG (APPvs) et ses SC.

2.2 Résultats de l’analyse du statut sémantique

Nous avons montré que pour les items échoués en dénomination, le statut sémantique résiduel pouvait être observé en examinant les scores obtenus aux épreuves de désignation, d’appariement sémantique et au questionnaire sémantique. Nous avons

recensé les items préservés dans toutes les modalités (statut sémantique préservé) mais aussi les items ayant un statut sémantique questionnable (la connaissance sémantique n’est observée qu’à travers deux épreuves) et les items échoués dans toutes les modalités (statut sémantique non préservé). Cette analyse, item par item, pour chaque patient et dans chaque modalité a permis d’établir un profil sémantique résiduel en lien avec les atteintes sémantique et lexico-phonologique des patients APP et les atteintes moins spécifiques des MA.

L’établissement de ce statut sémantique nous a ensuite permis de faire le lien avec les comportements dénominatifs des patients. La richesse sémantique résiduelle sous- jacente est globalement préservée chez FJ et QA (patients APPlog), moyennement préservée chez DA et RMA (patients MA) et non préservée chez KG (patient APPvs).

L’hypothèse opérationnelle n°1 d’une analyse des compétences sémantiques résiduelles dans les différentes modalités permettant de déterminer un statut sémantique est vérifiée.

2.3 Résultats de l’analyse des comportements dénominatifs

L’analyse quantitative des comportements montre que les items non dénommés induisent de nombreux comportements dénominatifs. Un test de corrélation entre le nombre d’items échoués et le nombre de comportements a montré une corrélation positive entre ces deux variables.

La grille originale que nous avons élaborée à partir des observations de Tran et al. (2000) et des comportements présentés par les patients de notre étude a permis de recenser 17 comportements dénominatifs différents, regroupés dans 3 sous-domaines : les comportements sémantiques, les comportements linguistiques et/ou formels, et les autres comportements dénominatifs.

Pour l’ensemble des patients, il existe une corrélation élevée entre le nombre de comportements dénominatifs et le statut sémantique de l’item non dénommé, qu’il soit préservé, questionnable ou non préservé.

Une analyse a ensuite été menée pour chaque patient. Ainsi, pour un même patient, le nombre de comportements dénominatifs est dépendant du statut sémantique des items.

En effet, pour les patients FJ et QA (APPlog), une différence significative du nombre de comportements entre les items présentant un statut sémantique préservé et ceux présentant un statut sémantique questionnable, est retrouvée en faveur des items ayant un statut sémantique préservé.

Pour le patient KG (APPvs), une différence significative du nombre de comportements entre les items présentant un statut préservé et ceux présentant un statut questionnable a été trouvée, mais en faveur du statut sémantique questionnable.

En conséquence, les patients APPlog (FJ et QA) produisent plus de comportements dénominatifs sur les items préservés, alors que le patient APPvs (KG) en produit davantage sur les items questionnables. Rappelons ici que le patient KG présente clairement le plus d’items ayant un statut sémantique non préservé et le plus de comportements dénominatifs induits par ces items.

Concernant le type de comportements, l’ensemble des patients produit des comportements dénominatifs liés sémantiquement à l’item cible (périphrases portant sur le référent du mot à dénommer, des paraphasies lexico-sémantiques et des hyperonymes). Cependant, aucune différence significative entre les comportements de nature sémantique n’a été retrouvée entre les patients.

De manière générale, les approches linguistiques formelles sont les approches les moins utilisées par les patients. En effet, les sujets produisent très peu de paraphasies lexicales formelles et d’amorçage phonétique. On note néanmoins que tous les patients utilisent l’amorçage grammatical (indiçage par le déterminant de l’item-cible recherché). Nous n'avons pas trouvé de différence significative concernant les comportements de type linguistiques formels entre les patients.

En ce qui concerne les « autres types de comportements dénominatifs », l’ensemble des patients s’appuie sur des éléments de description, visibles sur l’image, et produit des périphrases en rapport avec l’acte de dénomination. Le patient KG, ayant obtenu le score le plus déficitaire en dénomination, se différencie significativement des autres patients par l’utilisation de ces différents types de stratégies dénominatives. Cependant, nous n’avons pas retrouvé de différence significative lorsque nous ne tenons compte que des éléments de description et des éléments d’autobiographie En effet, ce patient produit des périphrases portant sur l’épreuve elle-même (exemple : « ça a un nom ça ? ») ; ce qui semble être à l’origine de la différence significative observée pour les

« autres types de comportements ». Ces données sont concordantes avec la littérature, et notamment avec la notion « d’égocentrisme cognitif » formulé par Belliard et al. (2008).

L’hypothèse opérationnelle n°2 selon laquelle, en cas d’atteinte du système sémantique, les patients s’appuient davantage sur des éléments de description ou des éléments autobiographiques est donc cliniquement et qualitativement observable mais est infirmée par les analyses statistiques inférentielles.

Par ailleurs, l’analyse plus précise des comportements présentant des traits sémantiques pertinents (circonlocutions référentielles, hyperonyme, geste référentiel) montre une différence significative entre KG (APPvs) et QA (APPlog), en défaveur de KG.

L’hypothèse n°3 selon laquelle les patients présentant un trouble d’accès au lexique phonologique de sortie produiraient plus de traits sémantiques pertinents en regard de leur statut sémantique mieux préservé est donc partiellement validée, puisqu’elle n’a pu être vérifiée qu’avec un seul patient APPlog sur deux.

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