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7. Discussion

7.1. L’analyse des résultats

Les onze thèmes issus des résultats vont être mis en lien avec les cadres de référence choisis (la motivation, le comportement, l’observance, l’effet de Hawthorne, la promotion et la prévention de la santé et le stress).

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7.1.1. L’observation, la surveillance, la rétroaction et le renforcement positif

Nous avons pu remarquer à l’aide du tableau récapitulatif des résultats (annexe D), que ce premier facteur est présent au sein des dix recherches analysées. Cela montre sa grande part d’importance envers la motivation infirmière en ce qui concerne le respect des mesures d’hygiène hospitalière.

La surveillance des comportements d’observance par une personne définie est l’un des facteurs-clés de la motivation infirmière (Manougi, Marchant & Bygbjerg, 2006 ; Luoa, He, Zhou & Luoc, 2010 ; Moody & Pesut, 2006 ; Sax, Uckay, Richet, Allegranzi & Pittet, 2007 ; Erasmus et al., 2009 ; Akyol, 2005). Nous établissons le lien avec l’effet de Hawthorne. En psychologie, lorsque les participants ont conscience de contribuer à une expérience dans laquelle ils sont analysés, la tendance générale est une augmentation de la motivation. Il est évident que cette dernière n’est pas due aux facteurs expérimentaux, mais au fait d’être surveillé (psychologie du travail, 2009). Si nous revenons au contexte des comportements d’observance, si ceux-ci sont observés et surveillés, alors il y aura une augmentation de la motivation infirmière. Avec le temps, l’effet d’Hawthorne a tendance à s’estomper pour laisser place au fonctionnement habituel (Kantowitz, Roediger & Elmes, 2004). D’où l’intérêt de mettre en place plusieurs sécessions de surveillances durant l’année. Nous constatons que l’effet de Hawthorne est à double tranchant, car la plupart du temps il biaise les résultats d’études, par contre, dans notre situation, il provoque une conséquence motivationnelle positive sur le comportement des infirmières (Loiselle & Profetto-McGrath, 2007).

La surveillance est accompagnée de la rétroaction positive ou négative des observations faites. Au travers de plusieurs études, il est ressorti que le reportage positif soutient la motivation infirmière à avoir un comportement d’observance (Kudo, Kido, Taruzuka Shahzad, Saegusa, Satoh & Aizawa, 2008 ; Luoa, He, Zhou & Luoc, 2010 ; Akyol, 2005 ; Di Martino, Ban, Bartoloni, Fowler, Saint & Manneli, 2011). Ceci peut être dû au fait que le comportement est soit inné ou acquis, conscient ou inconscient, volontaire ou involontaire ainsi

47 qu’automatique ou contrôlé. Le comportement d’observance va donc être contrôlé par les infirmières grâce à la surveillance ainsi qu’à la rétroaction positive. De plus, nous établissons que le reportage induit une prise de conscience de notre comportement ce qui va permettre une mise en question de ses caractéristiques (Formarier & Jovic, 2009).

Les rétroactions positives augmentent le moral des soignants ce qui renforce leur motivation (Manougi, Marchant & Bygbjerg, 2006). Au contraire, le fait de ne jamais recevoir de reportage positif mais, en revanche que le moindre oubli soit relevé avec insistance, génère un stress qui nous épuise au travail (Légeron, 2001). L’épuisement n’appuie pas la motivation infirmière (Mooser, 2009).

O’Boyle, Henly et Duckett (2001) ont trouvé lors de leur étude que la peur de recevoir un reportage négatif pousse les infirmières à adopter un comportement d’observance. Selon Légeron (2001), la surveillance déclenche un stress qui mène à la peur de ne pas bien faire. De plus, Moody et Pesut (2006) soulève qu’une rétroaction non punitive appuie l’adhérence. Il est évident qu’en cas de retombée négative sur notre vie professionnelle notre motivation va être réduite (Légeron, 2001).

Les renforcements positifs offrent un soutien continuel aux infirmières dans leur pratique professionnelle (Di Martino, Ban, Bartoloni, Fowler, Saint & Manneli, 2011 ; Raskind, Worley, Vinski & Goldfarb, 2007). Selon Formarier et Jovic (2009), la motivation se compose de plusieurs attributs dont la persistance ou la persévérance, qui explique la durée d’un comportement. Nous constatons que ces renforcements positifs continus contribuent à pérenniser l’observance car la persuasion verbale fait partie d’un des quatre moyens pour développer l’auto-efficacité d’un individu. Celle-ci signifie « la croyance de la personne en sa capacité d’exécuter avec succès un comportement donné pour parvenir aux résultats escomptés » (Bandura, 2003, cité par Filiatrault & Richard, 2005, p.50).

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7.1.2. Les conditions de travail

La satisfaction au travail est présentée comme facteur de motivation infirmière. Un sentiment d’accomplissement, de la reconnaissance et un besoin de considération appuient l’observance. Patrick Légeron (2001) soutient le besoin de reconnaissance, car il permet d’éviter une certaine frustration. De plus, un environnement professionnel où règnent de bonnes conditions de travail comme : le temps d’effectuer son travail, une dotation correcte, la confiance entre les collègues et employeurs, un grand choix d’activités ainsi qu’une certaine complexité dans les tâches journalières vont permettre la satisfaction des infirmières (Kudo, Kido, Taruzuka Shahzad, Saegusa, Satoh & Aizawa, 2008 ; Moody & Pesut, 2006 ; O’Boyle, Henly & Duckett, 2001 ; Akyol, 2005). Selon Wheeler (1997) et McGowan (2001) (cité par Testa-Mader, 2004, p.36), « le travail de l’infirmier/ère est considéré comme une occupation stressante ». Une grande charge de travail, un manque de personnel ainsi que le dépassement des compétences freinent la motivation infirmière (Kudo, Kido, Taruzuka Shahzad, Saegusa, Satoh & Aizawa, 2008 ; Manougi, Marchant & Bygbjerg, 2006 ; Akyol, 2005 ; Di Martino, Ban, Bartoloni, Fowler, Saint & Manneli, 2011 ; Erasmus et al., 2009). Selon Moody et Pesut (2006), la surcharge de travail a comme effet direct une diminution de la pensée et de la prise de décision cognitive ce qui entravent les comportements d’observance. Cette dernière accable et frustre les infirmières (O’Boyle, Henly & Duckett, 2001). Selon Patrick Légeron (2001), la surcharge est la principale source de stress au travail. Les infirmières sont débordées par le volume ou la quantité des tâches, d’où leurs comportements de non-observance (Légeron, ibid.). Le manque d’augmentation de salaire va créer un mécontentement qui peut avoir un effet négatif sur la motivation (Manougi, Marchant & Bygbjerg, 2006). Par contre, un salaire acceptable ainsi qu’un emploi fixe font tous deux partie d’un confort qui laisse place à la motivation (Moody & Pesut, 2006). D’après Patrick Légeron (2001), le premier type de renforcements matériel est le salaire. On nous demande de plus en plus de qualifications, mais au niveau salarial rien

49 ne change. Il y a donc une diminution de la motivation infirmière due à un manque de renforcement matériel (Légeron, 2001).

Un travail d’équipe positif crée une dynamique de soutien entre les infirmières ainsi qu’une haute estime de soi (Moody & Pesut, 2006). Selon Mucchielli (2006), l’estime de soi est la composante principale de la motivation. Elle crée une grande confiance en soi et amène à une certitude existentielle en la valeur des choses que l’on fait (Mucchielli, ibid.).

Une bonne communication entre les différents acteurs de la santé permet de travailler en interdisciplinarité. Le fait de mettre en commun leurs compétences les aide à résoudre des situations complexes en mettant le patient au centre de leurs préoccupations dans le but de lui offrir un haut niveau de sécurité. (Moody & Pesut, 2006 ; Manougi, Marchant & Bygbjerg, 2006). Par contre, la motivation des infirmières envers l’observance peut être diminuée en cas de problèmes de communications au sein du système de santé. Ceux-ci sont source de frustrations et mènent à des procédures inappropriées (Moody & Pesut, ibid. ; Kudo, Kido, Taruzuka Shahzad, Saegusa, Satoh & Aizawa, 2008). D’après Patrick Légeron (2001), la frustration est générée par des relations difficiles et représente un facteur de stress supplémentaire. Les conflits interpersonnels créent une mauvaise dynamique de groupe ce qui mine l’ambiance au travail (Légeron, ibid.). Une des conséquences directes du stress est le manque d’énergie ce qui diminue la motivation infirmière (Mooser, 2009).

Le manque considérable de matériaux nécessaires aux respects des mesures d’hygiène va empêcher la mise en œuvre d’une attitude satisfaisant (Akyol, 2005 ; Luoa, He, Zhou & Luoc, 2010 ; Di Martino, Ban, Bartoloni, Fowler, Saint & Manneli, 2011 ; Erasmus et al., 2009). Dans le cas présent, l’aspect structurel et fonctionnel va contraindre le comportement d’observance (Formarier & Jovic, 2009).

7.1.3. La promotion et la prévention de la santé

La promotion de la santé occupe une grande place dans le processus de pérennisation d’un comportement d’observance de la part des infirmières

50 (Manougi, Marchant & Bygbjerg, 2006). Cela permet de sensibiliser les soignants à l’importance des mesures d’hygiène afin de renforcer et de promouvoir la santé ainsi que le bien-être de leurs patients (Jeanneret & Gutzwiller, 1996). Les programmes de promotion éducatifs sur les recommandations pour l’hygiène des mains, les campagnes sur l’hygiène ainsi qu’un soutien continu font partie des facteurs de motivation infirmière afin de pérenniser la conformité (Akyol, 2005 ; Raskind, Worley, Vinski & Goldfarb, 2007 ; Sax, Uckay, Richet, Allegranzi & Pittet, 2007). Ces derniers font tous partie du renforcement comportemental positif qui consolide la motivation infirmière (Jeanneret & Gutzwiller, 1996). Par contre, le manque d’infrastructures et l’absence de département spécialisé dans le domaine des infections nosocomiales n’offrent pas la possibilité de mettre en place des programmes de promotion de la santé (Luoa, He, Zhou & Luoc, 2010).

La prévention de la santé est omniprésente au sein de toutes les recherches sélectionnées. Ceci, car il est évident que le but visé en augmentant la motivation infirmière vers l’observance est de prévenir les infections associées aux soins. En d’autres mots, l’objectif final est d’empêcher les infections associées aux soins (Jeanneret & Gutzwiller, 1996).

La peau sèche et endolorie est un problème de santé au travail qui est souvent présent et qui n’appuie pas l’adhérence infirmière à long terme (O’Boyle, Henly & Duckett, 2001 ; Di Martino, Ban, Bartoloni, Fowler, Saint & Manneli, 2011 ; Erasmus et al., 2009). Selon Formarier et Jovic (2009), notre comportement varie en fonction de notre aspect biologique, culturel, social, structurel et fonctionnel. S’il crée des désagréments physiques, le comportement va être évité.

7.1.4. Les caractéristiques personnelles et les normes de contrôles

Comme relevé à plusieurs reprises ci-dessus, l’auto-efficacité induit une attitude positive vis-à-vis des mesures d’hygiène hospitalière afin d’éviter les infections nosocomiales. Elle renforce l’assurance que ressent la personne, son amour propre ainsi que sa volonté de bien faire (Luoa, He, Zhou & Luoc, 2010 ; Moody

51 & Pesut, 2006 ; Sax, Uckay, Richet, Allegranzi & Pittet, 2007). Selon Bandura (2003, cité par Filiatrault & Richard, 2005), l’auto-efficacité est « la croyance de la personne en sa capacité d’exécuter avec succès un comportement donné pour parvenir aux résultats escomptés » (p.50).

L’appui accru de conscience de soi ainsi que l’autoréflexion ont tous deux comme effet principal, l’intégration et l’autorégulation des comportements et des traits de motivations au travail. Au contraire, une infirmière dépourvue d’intention et qui possède un sentiment d’incompétence au travail va adopter un comportement de non-observance à long terme (Moody & Pesut, 2006 ; Akyol, 2005). Le manque d’intention ainsi qu’un sentiment d’incompétence peuvent être ressentis en cas d’absence de reconnaissance. Cette dernière signifie « un besoin de se sentir apprécié, valorisé, reconnu par les autres, que ce soient ses collègues, ses supérieurs, ses clients ses prestataires, mais aussi sa famille, ses amis, ses proches » (Légeron, 2001, p.73). Si ce besoin n’est pas rempli alors l’infirmière peut se sentir frustrée et cela va avoir des conséquences négatives sur sa motivation (Légeron, ibid.).

Le contrôle perçu de la tâche à effectuer permet d’appliquer un comportement d’observance (Moody & Pesut, 2006 ; Sax, Uckay, Richet, Allegranzi & Pittet, 2007 ; O’Boyle, Henly & Duckett, 2001). La perception de contrôle signifie la maîtrise que la personne a sur le déroulement et les conséquences de ses actions. En cas de haut niveau de contrôle, une meilleure motivation sera observée (Université Laval, 2002). Ce contrôle est dépendant des ressources et obstacles internes (habilités, connaissances,…) ou externes (ressources économiques, soutien social,…) de l’individu (Ajzen 1985, cité par Filiatrault & Richard, 2005).

Dans le cas d’un épuisement émotionnel, l’énergie mise à disposition dans la motivation afin de garantir la pérennisation des mesures d’hygiène va être affaiblie (Moody & Pesut, 2006). Il s’agit ici du processus biologique du stress. Comme nous pouvons constater lors de la phase d’épuisement, l’organisme devient vulnérable et la personne ressent un manque crucial d’énergie (Mooser, 2009). Ensuite, l’oubli peut jouer un rôle négatif sur l’observance (Di Martino,

52 Ban, Bartoloni, Fowler, Saint & Manneli, 2011 ; Erasmus et al., 2009). L’omission d’un geste de sécurité est grave, mais il faut être conscient que chaque être humain n’est pas parfait et a le droit à l’erreur.

Si l’activité professionnelle n’est pas conforme au but de la vie d’une personne ainsi qu’à son système de valeur, alors il y aura une répercussion négative sur sa motivation à long terme (Moody et Pesut, 2006). Selon Alex Mucchielli (2006), l’absence de signification donnée à l’action est une des causes principales de la démotivation. Le choix de réaliser une activité doit permettre de satisfaire un but (Venturini, 2007). Pour qu’une infirmière soit motivée, il faut qu’elle trouve l’action entreprise utile et accompagnée d’un but fixé (Université Laval, 2002).

7.1.5. La connaissance des risques infectieux et des précautions standard

Les croyances personnelles au sujet de l’efficacité des mesures d’hygiène hospitalière vont fortement influencer la motivation des infirmières. Si ces dernières ont reçu une formation exemplaire sur la prévention et le contrôle des infections nosocomiales, alors elles adopterons un comportement d’observance à long terme (Erasmus et al., 2009 ; Manougi, Marchant & Bygbjerg, 2006 ; Akyol, 2005 ; Sax, Uckay, Richet, Allegranzi & Pittet, 2007 ; O’Boyle, Henly & Duckett, 2001 ; Luoa, He, Zhou & Luoc, 2010). Le modèle des croyances relatives à la santé « s’intéresse au rôle des perceptions (ou croyances) des personnes dans leur processus de décision quant à l’adoption ou la cessation de certains comportements » (Filiatrault & Richard, 2005, p.48). La perception des bénéfices ainsi que des obstacles, quant aux stratégies proposées afin de limiter les infections associées aux soins, fait partie des composantes cognitives de l’individu. Nous relevons parfaitement l’importance d’un apprentissage adéquat afin de pérenniser la motivation infirmière vers l’adhérence (Filiatrault & Richard, ibid.).

L’ignorance des directives par rapport aux infections nosocomiales est une preuve irréfutable d’un manque de formation. Les conséquences vont être une

53 diminution de la motivation infirmière vers un comportement d’observance d’où une possibilité de complications auprès des prestataires de soins (Di Martino, Ban, Bartoloni, Fowler, Saint & Manneli, 2011). Pour pouvoir obtenir un changement de comportement de la part d’un individu, celui-ci doit être convaincu de son bon sens et avoir la volonté de s’engager. D’où l’importance d’explications claires et complètes sur la problématique des infections nosocomiales afin de parvenir à un comportement d’observance (Formarier & Jovic, 2009).

7.1.6. La pression des pairs et de la société

En général, il est ressorti que le comportement d’observance en groupe exerce une certaine pression qui pérennise l’adhérence (Akyol, 2005). Nous mettons en lien la pression des pairs avec « la théorie de l’action raisonnée qui suggère que le déterminant le plus important du comportement est l’intention comportementale » (Filiatrault & Richard, 2005, p.52). Selon Sax, Uckay, Richet, Allegranzi et Pittet (2007) ansi que O’Boyle, Henly et Duckett (2001), il existe plusieurs normes subjectives qui entraînent cet effet : la pression sociale perçue, la pression des supérieurs, la pression des collègues et la pression de la personne perçue pour être la plus influente de l’équipe. Un des facteurs cognitifs de la théorie raisonnée, est la perception que l’individu a des attentes des autres. Celle-ci va jouer un rôle pertinent en favorisant l’adoption du comportement d’observance (Filiatrault & Richard, 2005).

7.1.7. L’intérêt pour la qualité de vie des patients

L’intérêt et le dévouement pour la vie des autres appuient un comportement d’observance. La perception de l’impact de notre pratique sur la qualité de vie des patients, fait partie d’un des facteurs de motivation infirmière (Moody & Pesut, 2006 ; Akyol, 2005). L’effort déployé ainsi que la finalité du comportement déclenché par les soignants font partie des attributs qui composent la motivation (Formarier & Jovic, 2009).

Par contre, le port de gants procure une sensation d’auto-protection à l’infirmière avec pour conséquence une diminution de l’hygiène des mains

54 (Akyol, 2005 ; Luoa, He, Zhou & Luoc, 2010). De plus, après un contact avec des liquides corporels ou des objets souillés, les infirmières effectuent plus facilement le lavage des mains. Cette réaction est présente afin de répondre à un besoin de protection personnelle qui semble être plus important, pour elles-mêmes, que pour la sécurité des patients. (O’Boyle, Henly, & Duckett, 2001 ; Erasmus et al., 2009). C’est une forme d’observance à but narcissique. Les psychologues relèvent qu’il existe une multitude de personnalités, comme par exemple les narcissiques qui se soucient beaucoup de leur apparence physique et qui éprouvent peu d’empathie (Légeron, 2001).

7.1.8. Le milieu médical

Les situations de crise et d’urgence causent du stress et diminuent la motivation infirmière (O’Boyle, Henly & Duckett, 2001 ; Erasmus et al., 2009). Le stress est amplifié par une grande charge de travail et par de nombreux gestes invasifs qui augmentent les risques d’infections nosocomiales (Di Martino, Ban, Bartoloni, Fowler, Saint & Manneli, 2011). Selon Légeron (2001), l’adaptation d’une infirmière à une situation d’urgence n’est autre que la réponse au stress elle-même. Au sein d’un service d’urgence, celle-ci, au lieu d’être sollicitée quelquefois, l’est en permanence (Légeron, ibid.). Mooser (2009) a relevé le fait que le stress peut mener à l’épuisement puis à une diminution de la motivation. D’après Gottlieb, Kelloway et Matin-Matthews (1996, cité par Testa-Mader, 2004), « de nombreuses études montrent que les infirmiers/ères présentent un niveau de stress plus élevé que d’autres professionnel/les de la santé » (p.36). La chronicité entraîne une banalisation des précautions standard d’où une diminution de la motivation infirmière envers l’observance (Di Martino, Ban, Bartoloni, Fowler, Saint & Manneli, 2011 ; Luoa, He, Zhou & Luoc, 2010). Selon Diel (1991), la banalisation peut être comparée à un état d’inhibition spirituelle relâché dans lequel le désir principal disparaît.

7.1.9. Les modèles positifs et les normes comportementales

Une étude a mis en évidence l’importance de modèles positifs (Akyol, 2005). Selon Mucchielli (2006), les individus socialisés s’inspirent de façon

55 inconsciente des normes et des valeurs sociales. Ces dernières font partie des facteurs de motivation transmis par imitation et pression de conformisation. De plus, la croyance d’être une norme comportementale va engendrer une attitude d’adhérence envers les mesures d’hygiène hospitalière (Akyol, 2005). Ceci, est dû à une auto-efficacité développée par ses réalisations personnelles (Bandura, 2003, cité par Filiatrault & Richard, 2005). Comme nous l’avons cité ci-dessus, l’auto-efficacité favorise la motivation infirmière.

Un mauvais exemple, de la part des supérieurs de la santé et des professionnels plus expérimentés, va avoir des conséquences négatives sur les jeunes professionnels qui vont tout naturellement s’inspirer du comportement de non-observance. Donc, les normes fournies par le personnel hospitalier supérieur ou expérimenté sont d’importances majeures pour garantir la conformité à long terme (Di Martino, Ban, Bartoloni, Fowler, Saint & Manneli, 2011 ; Erasmus et al., 2009). « Les habitudes collectives deviennent des références de conduite c’est-à-dire des règles et des normes non écrites assimilées comme des choses allant de soi par les individus qui les suivent sans les remettre en question » (Mucchielli, 2006, pp.74-75). L’observance des expériences vécues par d’autres fait entièrement partie des moyens afin de développer une bonne auto-efficacité (Bandura, 2003, cité par Filitrault & Richard, 2005).

7.1.10. L’autonomie et l’expérience professionnelle

Selon O’Boyle, Henly et Duckett (2001), l’implication infirmière envers l’observance est importante si ces dernières possèdent un haut niveau de responsabilité. De plus, une grande autonomie donne un sentiment de puissance ce qui va permettre d’augmenter les compétences personnelles car cela soutient la motivation intrinsèque (Moody & Pesut, 2006). D’après Patrice Venturini (2007), la capacité à réussir fait partie de la perception individuelle de la compétence. C’est le sentiment d’avoir assez de compétences pour atteindre un niveau de performances. Nous pouvons en déduire qu’une grande autonomie ainsi qu’un haut niveau de responsabilité jouent un rôle positif sur l’auto-efficacité (Venturini, ibid.).

56 Au contraire, un comportement adaptatif qui regroupe les instructions précises, la diminution de la complexité et le fait d’effectuer une seule tâche à la fois va lui restreindre l’autonomie de l’infirmière ainsi que sa motivation. (Moody & Pesut, 2006). Nous avons tous tendance à suivre la majorité du groupe ce qui a pour conséquence une diminution de notre autonomie de pensée. Pour pallier à

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