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C. Discussion des résultats

2. Analyse du profil des femmes

54 les caractéristiques de ces femmes. La moyenne d’âge était de 26,6 ans. Parmi elles, 30,7 % avaient un antécédent d’IVG et 46,6% avaient déjà eu au moins un enfant avant cette IVG. Les résultats de notre étude semblaient davantage se rapprocher de ces données.

Le travail d’Opatowski et al. mené entre 2013 et 2014 dans 11 centres français réalisant des IVG médicamenteuses a analysé les caractéristiques de 453 femmes majeures ayant eu recours à l’IVG (22) : 29,6% des femmes participant à l’étude avaient au moins un antécédent d’IVG. Elles étaient légèrement plus âgées que les autres femmes sans antécédent d’IVG avec une moyenne d’âge de 32,4 ans pour celles avec 2 IVG antérieures ou plus ; 31,3 ans pour celles avec une seule IVG antérieure et 30 ans pour celles sans antécédent d’IVG. Ces moyennes d’âge étaient donc légèrement plus élevées que dans notre étude.

A l’inverse des résultats cités précédemment, une étude menée en Finlande entre 2000 et 2002 portant sur 1269 femmes en demande d’IVG médicamenteuse a montré que celles avec des antécédents d’IVG répétées étaient plus jeunes que celles sans antécédent d’IVG (25,8 ans contre 28,6 ans, p<0.001) (41).

Dans notre étude, 39.2% des femmes en demande d’IVG étaient fumeuses. Ce résultat était plus faible que celui retrouvé dans le travail du Docteur Gallet-Chanu où 48,7% des femmes étaient fumeuses.

Nous avons étudié la répartition des méthodes contraceptives utilisées par les femmes avant l’IVG. D’après l’intitulé des items concernant la contraception pré-IVG de l’ancienne ou de la nouvelle de fiche de liaison, nous avons supposé qu’il s’agissait de la contraception utilisée lors de la survenue de la grossesse, soit dans le mois précédent l’IVG. Les deux moyens contraceptifs les plus utilisés étaient la pilule (17,5%, n=237/1356) et le préservatif (13,6%, n=185/1356). Ces résultats semblaient légèrement différents de ceux retrouvés dans la littérature. Dans l’enquête de la DREES en 2007, la pilule représentait 26,7% de la contraception utilisée par les femmes dans le mois où la grossesse a débuté, les méthodes barrières ou naturelles représentaient 18% et le préservatif 15,9%. Ces proportions étaient légèrement plus élevées dans l’étude du Docteur Gallet-Chanu pour les utilisatrices de pilule 30% et de préservatif 22,9% lors de la survenue de la grossesse.

La proportion de femmes sans contraception en pré-IVG était de 57% dont 1,4% ont eu recours à la CU. Ce résultat était beaucoup moins élevé dans l’étude du Docteur Gallet-Chanu,

55 environ 35%. De même dans l’étude de la DREES où 36% des femmes ayant recours à l’IVG en 2007 n’utilisaient pas de méthode contraceptive, avec seulement 2% d’utilisation de la CU. Notre résultat était donc largement plus élevé que ceux de la littérature. Il semblerait alors que le recours à l’IVG, pour les femmes issues de notre étude, était plutôt lié à l’absence de contraception qu’à des échecs contraceptifs à la différence de ce que soulignent plusieurs auteurs dont Moreau et al. (4). Parmi ces femmes, certaines avaient récemment arrêté leur contraception pour intolérances/effets secondaires ou souhaitaient changer de contraception. Ce constat, retrouvé dans la littérature (4) (30), explique que la plupart des femmes sans contraception au moment de la survenue de la grossesse non désirée étaient dans une situation jugée « à risque » puisqu’elles utilisaient une contraception dans un passé proche. La moitié des femmes ayant eu une grossesse non désirée avaient changé de méthode contraceptive au cours des 6 mois précédent l’IVG, le plus souvent pour une méthode moins efficace ou pour aucune méthode (30). D’autre part, l’étude de Bajos et al. menée en 2002 a montré que certaines femmes sans plan contraceptif n’avaient pas nécessairement une attitude négligente. Leurs problèmes sociaux, familiaux, professionnels et affectifs pouvaient parfois reléguer la question de la contraception, voire l’occulter si ces problèmes étaient plus graves (42).

Les autres moyens de contraception (implant, DIU, patch, anneau, macroprogestatif, méthodes naturelles et barrières autres que préservatif) étaient faiblement représentés dans notre population. Ces résultats peuvent s’expliquer indirectement soit par la faible utilisation de la méthode comme nous pouvons l’observer dans la population générale (10), soit par l’efficacité de celle-ci (notamment concernant le DIU et l’implant), amenant donc moins souvent à la survenue d’une grossesse non désirée et donc à l’IVG (13).

Nous n’avons pas retrouvé d’utilisation conjointe de plusieurs méthodes contraceptives (par exemple pilule et préservatif), ce qui peut expliquer la moindre efficacité des méthodes contraceptives utilisées et donc la survenue plus fréquente de GNP menant à l’IVG. Selon les statistiques de 2016, 3,3% des femmes de 15 à 49 ans issues de la population générale utilisaient conjointement la pilule et le préservatif (10).

Dans notre étude, il n’y avait pas de différence entre les femmes avec ou sans antécédent d’IVG concernant la prise d’une contraception lors de la demande d’IVG (p=0,526). D’après l’étude de Haddad et al (23), les femmes dites vulnérables avec un recours plus fréquent à l’IVG avaient le même profil contraceptif en pré-IVG que les autres. Cependant, d’autres études ont plutôt montré

56 que les femmes avec un antécédent d’IVG utilisaient plus souvent une méthode de contraception médicale que celles sans antécédent d’IVG (4) (6) (22).

Changement de moyen contraceptif à l’occasion de l’IVG:

Nous avons pu observer un changement du profil contraceptif des femmes après l’IVG, comme le montre plusieurs travaux (4) (31):

- Augmentation des méthodes les plus efficaces : plus de la moitié des femmes (55,5%) ont reçu la prescription d’une pilule pour le post-IVG contre 17,4% qui l’utilisaient en pré-IVG : 43,3% de pilules combinées oestroprogestatives et 12,2% de pilules microprogestatives ont été prescrites. La prescription de LARC était également plus importante en post-IVG : 12,2% de LARC prescrites pour le post-abortum immédiat et 17,8% prévues à distance de l’IVG, contre 2,9% des femmes qui les utilisaient avant l’IVG.

- Diminution des méthodes les moins efficaces : seulement 4,5% des femmes ont reçu la prescription de préservatif pour le post-IVG contre 13,6% qui l’utilisaient en pré-IVG.

- Nette amélioration de la proportion de femmes sans méthode contraceptive: parmi les femmes sans contraception en pré-IVG, 568 d’entre elles, soit 73,5%, ont bénéficié de la prescription d’une contraception pour le post-IVG. Au final, seulement 3,8% (n=52/1356) des femmes sont ressorties sans contraception après l’IVG. Nos résultats sont très satisfaisants sachant que dans l’étude de Moreau et al. près d’une femme sur quatre (22,9%) ressortait sans prescription contraceptive après l’IVG (4).

Les praticiens du réseau semblaient donc avoir prescrit des méthodes contraceptives plus efficaces au décours de l’IVG par rapport à celles utilisées par les femmes juste avant l’IVG.

La pilule restait le moyen contraceptif le plus prescrit, comme l’attestent aussi les résultats du baromètre santé 2016 en population générale (10), bien que ce ne soit pas la méthode la plus efficace pour prévenir les GNP. Lorsqu’elle était prescrite, plus de la moitié des femmes recevant cette