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3.4.1 Préservation de la morphologie des cours d’eau, continuités écologiques et articulation avec la prévention des inondations

Plusieurs mesures concernent la restauration de la continuité écologique, par la régularisation des pêcheries de bichiques, l’aménagement des ouvrages et l’effacement des obstacles. Il est également prévu d’actualiser les débits réservés. L’Ae observe également que le PGRI comporte des dispositions en matière de gestion des eaux pluviales, d’infiltration à la parcelle, d’artificialisation des sols, de ralentissement dynamique des crues et de maintien des zones d’expansion qui visent, de façon partagée avec le Sdage, à prévenir le ruissellement et les apports de sédiments en aval, notamment au sein des espaces coralliens particulièrement vulnérables à ces apports.

L’Ae recommande de réaliser systématiquement une évaluation des incidences environnementales des travaux de création et d’entretien d’ouvrages de protection, en veillant au respect des disposi-tions du PGRI et du Sdage.

3.4.2 Réduction des risques sanitaires liées aux défauts des systèmes d’eau potable et d’assainis-sement

Les dispositions du Sdage mettent clairement cet objectif en priorité. L’Ae n’a pas d’observation particulière sur cette priorité du Sdage si ce n’est de rappeler de soumettre les dispositifs de captage et collecte d’eau potable et d’assainissement collectifs et individuels existants, à renouveler, étendre ou à créer, à une évaluation des incidences environnementales, quel que soit le régime de la de-mande à laquelle ils sont soumis. L’Ae souligne particulièrement l’importance de la mise en œuvre de ces dispositions et mesures correspondantes au regard de l’ampleur des dysfonctionnements constatés sur l’approvisionnement en eau potable et sur l’assainissement non collectif.

3.4.3 Lutte contre les pollutions diffuses

Le Sdage identifie la pollution d’origine agricole, y compris les apports terrigènes liés au ruisselle-ment sur les terres nues, comme cause de dégradation de l’état des masses d’eau. Le programme de mesures comporte plusieurs actions visant à améliorer les pratiques agricoles dans un sens fa-vorable aux masses d’eau. Il manque néanmoins une vision intégrée qui prendrait en compte à la fois les besoins alimentaires de la population, les besoins en eau des cultures et la disponibilité de la ressource, les risques d’entrainement de polluants selon le type de culture et les progrès de l’agroécologie, les possibilités d’utilisation de la biomasse et de l’agrophotovoltaïsme24 pour la fourniture d’énergie de l’île, afin de coupler développement territorial et protection de l’environne-ment. Le Sdage, en lien avec les autres plans concernés, pourrait fonder une nouvelle orientation, soit en termes d’écoconditionnalité des aides, soit en matière d’aides spécifiques.

L’Ae recommande de développer une vision intégrée des besoins alimentaires de la population et des impératifs de préservation de l’état des masses d’eau pour renforcer les leviers d’actions vis-à-vis de l’agriculture.

24 Il s’agit de la production d’électricité par effet photovoltaïque au-dessus de terres cultivées

Avis délibéré n°2020-83 du 27 janvier 2021 Sdage du bassin de La Réunion (cycle 2022-2027)

Page 24 sur 26 L’examen du portefeuille de mesures montre qu’il n’est pas prévu de mesure concernant les déchets.

Or les rapporteurs ont été informés oralement de la pollution des récifs coralliens par de nombreux déchets plastiques lors des épisodes cycloniques. Ces déchets compromettent la survie des com-munautés naturelles inféodées à ces récifs. Le guide pour l’élaboration du programme de mesures25 de la direction de l’eau et de la biodiversité prévoit la possibilité de réaliser un schéma directeur dans ce domaine.

L’Ae recommande de réaliser une étude globale ou un schéma directeur portant sur la réduction des pollutions associées aux déchets.

3.4.4 Adaptation au changement climatique pour tenir compte de ses effets sur le cycle de l’eau et sur la stratégie énergétique.

Le changement climatique est pris en compte par le Sdage en ce qu’il est susceptible d’accroître la variabilité des phénomènes météorologiques extrêmes, comme les sécheresses ou les cyclones, ainsi que les effets du fait notamment de la montée du niveau de la mer alors que la population se trouve majoritairement sur le littoral. Les projections sont cependant encore très incertaines. Les questions d’adaptation au changement climatique ont fait l’objet d’un atelier spécifique et sont au cœur de l’orientation fondamentale transversale du Sdage.

Le changement climatique renforce l’opportunité de toutes les mesures qui visent la préservation et l’économie des ressources en eau et la protection des milieux aquatiques. Le Sdage peut être perçu comme un « garde-fou » qui met en avant les logiques de préservation de l’environnement face à la volonté légitime d’aménager le territoire. L’orientation 3.1 considère le changement climatique comme un catalyseur d’effets et prévoit d’accroître les connaissances pour anticiper ses effets et de minimiser ses conséquences sur les milieux et la ressource.

La mise en place de schémas de gestion du ruissellement pluvial à l’échelle des bassins versants devrait également permettre de faire face aux précipitations extrêmes et à leurs conséquences sur les milieux aquatiques et sur les risques d’inondation. Le prise en compte du changement climatique dans tous les aménagements et plans locaux procède également d’une volonté d’anticiper ses effets et de donner de la cohérence aux politiques publiques à l’aune de la préservation de la ressource en eau et des milieux aquatiques.

Si le diagnostic est pertinent et la nature des orientations satisfaisante, il reste que l’île apparaît comme très vulnérable aux effets du changement climatique. Les leviers pour renforcer sa résilience sont encore faibles. L’économie de la consommation de l’eau et la maîtrise de l’urbanisme doivent absolument compléter les mesures de protection des populations contre les événements extrêmes inscrites au PGRI. La sensibilisation des élus et des habitants devra faire l’objet d’une attention toute particulière pour éviter l’émergence de situations catastrophiques faute de comportement éclairé de la population.

L’Ae recommande de renforcer la prise en compte du changement climatique dans l’ensemble des dispositions et mesures afin d’augmenter significativement la résilience du territoire face aux risques induits par les conséquences du réchauffement planétaire.

25 Direction de l’eau et de la biodiversité, 2020 : Guide pour l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi du programme de mesures en application de la directive cadre sur l’eau

Avis délibéré n°2020-83 du 27 janvier 2021 Sdage du bassin de La Réunion (cycle 2022-2027)

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3.5 Conclusion

Le Sdage de La Réunion témoigne d’une ambition forte du comité de l’eau et de la biodiversité de préserver les écosystèmes aquatiques et les ressources en eau et de restaurer le bon état écologique.

Il hérite cependant d’une situation dégradée que les deux cycles précédents n’ont pas permis d’améliorer ni d’infléchir et qui laisser penser que les objectifs de la directive cadre sur l’eau ne seront pas atteints à La Réunion. Il est à craindre que l’urgence de mettre en place un assainissement conforme à la réglementation ne laisse pas assez de moyens disponibles pour la restauration des milieux. L’Ae propose plusieurs pistes d’amélioration.

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