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Chapitre II Influence du recrutement sur le maintien des populations de

II.2. Méthodes

II.3.1. Analyse pluri-annuelle à l’échelle insulaire 44

II.3.1.1. Variabilité spatio-temporelle du peuplement de recrues autour de Moorea

En moyenne sur l’ensemble des 1687 plaques analysées, 1,24 recrues ont été échantillonnées par plaque et par trimestre, soit 43,46 recrues par m² et par trimestre. La majorité des recrues appartient à la famille des Pocilloporidae (0,79 recrues par plaque et par trimestre, soit 63,4 % du peuplement). La famille des Poritidae représente 18,1 % du peuplement avec une abondance de 0,22 recrues par plaque et par trimestre. Les Acroporidae comptent pour 12,8 % du peuplement, avec une abondance de 0,16 recrues par plaque et par trimestre. Les « autres familles » ne représentent que 1,6 % des recrues (0,02 recrues par plaque et par trimestre), et 4,2 % des recrues étaient cassées et non identifiables.

L’abondance moyenne des recrues varie significativement dans le temps, en fonction de l’année considérée (2001-2002, 2002-2003, 2003-2004, 2004-2005, 2005-2006) et de la saison (septembre-décembre vs. décembre-mars ; Figure 15). Toutes les années présentent des abondances différentes (SNK, p<0,05), variant de 0,80 recrues par plaque et par trimestre en 2004-2005 à 1,68 recrues par plaque et par trimestre en 2001-2002. L’abondance moyenne par plaque et par trimestre des recrues varie ainsi d’un facteur 2 selon l’année considérée.

Figure 15 : abondance moyenne par plaque des recrues à Moorea (toutes familles et stations confondues) en septembre-décembre (SD) et décembre-mars (DM) de chacune des cinq années d'étude. Les barres d'erreur représentent les écarts-types.

Toutes les familles ne présentent pas les plus forts taux de recrutement au cours des mêmes années. L’abondance des recrues de la famille des Pocilloporidae est maximale en 2003-2004. 44

Suivent les années 2001-2002 et 2002-2003 qui ne diffèrent pas l’une de l’autre (SNK, p>0,05), puis 2005-2006 et enfin 2004-2005 (SNK, p<0,05 ; Figure 16). L’abondance des Acroporidae et des Poritidae est maximale en 2001-2002 (SNK, p<0,05), et pour ces deux familles l’abondance ne varie pas significativement en fonction des années entre 2002-2003 et 2005-2006.

Figure 16 : abondance moyenne par plaque des recrues des familles Pocilloporidae, Acroporidae, Poritidae et des « autres familles » à Moorea pour les saisons septembre-décembre (SD) et décembre-mars (DM) et pour les cinq années d'étude. Les barres d’erreur représentent les écarts-types.

Sur les cinq années et pour l’ensemble des familles, l’abondance des recrues varie d’un facteur 5 entre les deux saisons étudiées : en moyenne sur les 5 ans, 0,40 recrues ont été échantillonnées par plaque entre septembre et décembre contre 2,09 entre décembre et mars (Figure 15). Cependant, l’effet de la saison varie d’une année sur l’autre. Dix pourcent des recrues de l’année 2002-2003 ont été échantillonnées en septembre-décembre contre 24 % des recrues de l’année 2005-2006. Cela explique la significativité de l’interaction année x saison (ANOVA, p<0,0001 ; Annexe 3).

Pour les familles des Pocilloporidae et des Poritidae, l’abondance est moindre en septembre-décembre qu’en décembre-mars, quelle que soit l’année considérée. Cependant, la proportion de recrues échantillonnées en septembre-décembre varie selon les années, expliquant

la significativité de l’interaction année x saison (ANOVA ; Annexe 3 ; Figure 16). En moyenne sur les cinq années, l’abondance des Acroporidae ne varie pas entre les deux saisons (0,16 recrues par plaque en septembre-décembre, contre 0,15 en décembre-mars ; ANOVA, p>0,05 ; Annexe 3). Cependant, selon les années, le pic de recrutement de cette famille a lieu tantôt en septembre-décembre (années 2001-2002, 2003-2004 et 2005-2006), tantôt en septembre-décembre-mars (années 2002-2003 et 2004-2005 ; Figure 16). La proportion de recrues échantillonnées en septembre-décembre varie ainsi de 9 % en 2002-2003 à 92 % en 2005-2006, expliquant la significativité de l’interaction saison x année (ANOVA ; Annexe 3 ; Figure 16).

Les événements de fort recrutement n’étant pas synchrones entre les différentes familles, la contribution relative des différentes familles dans le peuplement total varie d’année en année. La contribution relative de recrues de la famille des Pocilloporidae varie ainsi de 49,7 % en 2001-2002 à 74,9 % en 2003-2004. A l’inverse, celle des Acroporidae est maximale en 2001-2001-2002 (23,3 %) et minimale en 2003-2004 (7,3 %). La contribution relative des Poritidae varie entre 11,0 % en 2003-2004 et 25,0 % en 2005-2006. Celle des recrues des « autres familles » est nulle en 2005-2006 et atteint 2,8 % en 2002-2003.

L’abondance des recrues varie également spatialement. Si l’on considère l’ensemble des familles (Figure 17), l’abondance des recrues est moindre à Haapiti qu’aux deux autres sites, quelle que soit l’année considérée (SNK, p<0,05). Cette différence est conservée aux deux saisons pour chacune des années, sauf en décembre-mars de l’année 2001-2002. L’abondance des recrues varie également en fonction de la profondeur, mais de façon différente selon les sites et les années (Figure 17). Cela est confirmé par la significativité des interactions site x profondeur et site x profondeur x année sur l’abondance (ANOVA, Annexe 3). A Haapiti, l’abondance des recrues tend à augmenter avec la profondeur, sauf en 2001-2002, alors qu’à Tiahura et Vaipahu, elle est moindre à 18 m qu’à 6 et 12 m, sauf à Tiahura en 2001-2002 et 2002-2003. Ainsi, la structure bathymétrique de l’abondance des recrues est radicalement différente entre les deux côtes étudiées. Les patrons de variabilité spatiale des recrues sont également modifiés par la saison, sans que ne se dégage de tendance claire, conservée entre les années (Figure 17).

Figure 17 : abondance moyenne par plaque des recrues aux neuf stations d’étude autour de Moorea en septembre-décembre (SD) et septembre-décembre-mars (DM) pour chacune des cinq années d'étude. Les barres d'erreur représentent les écarts-types.

L’abondance des recrues de la famille des Pocilloporidae (Figure 18) est moindre à Haapiti qu’aux autres sites, sauf en 2001-2002 où elle est maximale à ce site. Comme pour l’ensemble des taxons, l’abondance des Pocilloporidae varie en fonction de la profondeur, mais les patrons de variation bathymétrique ne sont pas identiques entre les sites et les années (ANOVA, interaction année x site x profondeur, p<0,01 ; Annexe 3). A Haapiti, l’abondance est plus importante à 18 m qu’à 6 et 12 m, sauf en 2001-2002. A Tiahura, l’abondance a tendance à diminuer avec la profondeur sauf en 2002-2003 (où l’abondance est minimale à 12 m). A Vaipahu, l’abondance est maximale à 6 m en 2001-2002 et 2002-2003, elle diminue avec la profondeur en 2003-2004 et 2004-2005, et elle est moindre à 18 m qu’aux autres profondeurs en 2005-2006. Les patrons de 47

distribution bathymétrique des recrues de la famille des Pocilloporidae diffèrent donc radicalement entre le site de la côte ouest et ceux de la côte nord. L’abondance des recrues de Pocilloporidae étant très faible en septembre-décembre, il n’y a pas de différence majeure entre la structure spatiale observée en décembre-mars et celle observée pour l’ensemble des saisons.

Figure 18 : abondance moyenne par plaque des recrues de la famille Pocilloporidae aux neuf stations d’étude autour de Moorea en septembre-décembre (SD) et en décembre-mars (DM) pour chacune des cinq années d’étude. Les barres d'erreur représentent les écarts-types.

L’abondance des recrues de la famille des Acroporidae (Figure 19) est minimale à Haapiti et maximale à Vaipahu au cours de toutes les années sauf 2003-2004. Cette structure spatiale est généralement conservée aux deux saisons, sauf en septembre-décembre 2002-2003 et au cours des deux saisons de l’année 2003-2004 (ANOVA, interaction année x saison x site, p<0,0001). A Haapiti et Tiahura, l’abondance des recrues de cette famille varie en fonction de la profondeur, sans qu’il n’y ait de tendance conservée entre les années. A Vaipahu l’abondance a tendance à diminuer avec la profondeur quelle que soit l’année considérée. Les patrons de variabilité spatiale diffèrent entre les saisons, sans qu’il n’y ait là encore de tendance conservée entre les années (ANOVA, interaction année x saison x site x profondeur p<0,0001).

Figure 19 : abondance moyenne par plaque des recrues de la famille des Acroporidae aux neuf stations d’étude autour de Moorea en septembre-décembre (SD) et en décembre-mars (DM) pour chacune des cinq années d’étude. Les barres d'erreur représentent les écarts-types.

L’abondance des recrues de la famille des Poritidae (Figure 20) est moindre à Haapiti qu’aux autres sites, quelles que soient la saison et l’année considérées. Cependant, selon les saisons et les années elle est maximale tantôt à Tiahura, tantôt à Vaipahu (ANOVA, interaction année x saison x site, p<0,05). L’abondance de ces recrues varie également en fonction de la profondeur, et est maximale à 12 m sauf à Vaipahu en 2001-2002, à Haapiti en 2002-2003, et à Tiahura en 2004-2005 (Figure 20 ; ANOVA, interaction site x profondeur, p<0,05 ; Annexe 3). Cette plus forte abondance à 12 m est généralement conservée pour les deux saisons étudiées (Figure 20).

Figure 20 : abondance moyenne par plaque des recrues de la famille Poritidae aux neuf stations d’étude autour de Moorea en septembre-décembre (SD) et en décembre-mars (DM) pour chacune des cinq années d’étude. Les barres d'erreur représentent les écarts-types.

En résumé, autour de Moorea, les recrues sont largement dominées par les familles Pocilloporidae (plus de 60 %), Poritidae et Acroporidae, les « autres familles » étant très faiblement représentées. L’abondance des recrues fluctue de façon significative dans l’espace et le temps :

- selon les années, elle varie d’un facteur 2 si l’on considère tous les taxons, et d’un facteur supérieur à 5 pour la famille des Acroporidae. De plus, les années de fort recrutement ne sont pas les mêmes pour toutes les familles, ce qui entraîne une variabilité inter-annuelle de la contribution relative des différentes familles dans le peuplement total ;

- le recrutement varie également considérablement en fonction de la saison (septembre-décembre ou (septembre-décembre-mars). Seulement 4 % des Pocilloporidae ont été échantillonnés en septembre-décembre, contre 1/3 des Poritidae et la moitié des Acroporidae. Pour cette famille, le pic de recrutement a lieu tantôt en septembre-décembre, tantôt en décembre-mars ;

- l’abondance des recrues de l’ensemble des familles et de chacune des trois principales familles est moindre à Haapiti, situé sur la côte ouest, qu’a Tiahura et Vaipahu, situés sur la côte nord, bien qu’il y ait des exceptions certaines saisons et/ou années ;

- l’abondance des recrues de Pocilloporidae a généralement tendance à augmenter avec la profondeur à Haapiti, et à l’inverse, à diminuer avec la profondeur à Vaipahu. L’abondance des recrues de Poritidae est pratiquement toujours maximale à 12 m, et les recrues d’Acroporidae ne présentent pas de patron de variabilité bathymétrique stable dans le temps.

II.3.1.2. Variabilité spatio-temporelle du peuplement de juvéniles autour de Moorea

En moyenne sur les quatre années d’étude, 59,7 juvéniles ont été comptabilisés par transect-couloir de 10 m², soit 5,97 par m². Le peuplement est dominé par les genres Pocillopora (30,0 %),

Acropora (23,6 %) et Porites (13,1 %), qui représentent à eux trois plus de 2/3 du peuplement.

Suivent les genres Montastrea (8,1 %, famille Faviidae), Pavona (6,5 %, famille Agaricidae),

Psammocora (6,47 %, famille Siderastreidae), Fungia (6,02 %, famille Fungiidae) et Montipora (3,3 %,

famille Acroporidae). Les genres Leptastrea (famille Faviidae), Leptoseris (famille Agaricidae),

Acanthastrea (famille Mussidae), Cyphastrea (famille Faviidae), Herpolitha (famille Fungiidae), Favia

(famille Faviidae), Sandalolitha (famille Fungiidae), et Pachyseris (famille Agaricidae) représentent chacun moins de 1 % du peuplement total, leur somme ne dépassant pas 3 %.

Entre 2003 et 2006, l’abondance des juvéniles a continuellement diminué, passant de 78,6 à 43,7 juvéniles par transect-couloir. Si l’on considère l’ensemble du peuplement, les variations inter-annuelles sont toutes significatives (test t pour échantillons appariés, p<0,01), sauf entre 2004 et 2005 (test t échantillons appariés, p=0,3835 ; Figure 21).

Figure 21 : abondance moyenne par transect-couloir (10 m²) des juvéniles (tous taxons confondus) de 2003 à 2006 à Moorea. Les barres d'erreur représentent les écarts-types.

L’abondance des Pocillopora, des Acropora et des Porites diminue d’année en année entre 2003 et 2006, mais les différences ne sont pas toutes significatives (Figure 22). Pour le genre Pocillopora, seule l’année 2006 présente une abondance significativement inférieure à celle des années précédentes (test t échantillons appariés, p<0,01). Pour le genre Acropora, les abondances relevées en 2003 et 2004 sont significativement supérieures à celles relevées en 2005 et 2006 mais ne diffèrent pas entre elles (test t échantillons appariés). Pour le genre Porites, seule l’année 2003 présente significativement plus de juvéniles que les années suivantes (test t échantillons appariés, p<0,01).

Figure 22 : abondance moyenne par transect-couloir (10 m²) des juvéniles des genres Pocillopora, Acropora et Porites au cours des quatre années d'étude à Moorea. Les barres d'erreur représentent les écarts-types.

Sur l’ensemble du peuplement de juvéniles, l’abondance est significativement moindre à Haapiti qu’aux autres sites, quelle que soit l’année considérée (ANOVA, facteur site, SNK, p<0,05 ; Annexe 4). L’abondance des juvéniles a généralement tendance à augmenter avec la profondeur, sauf à Haapiti en 2005 et 2006 (Figure 23). Pour les années 2004, 2005 et 2006, la structure bathymétrique de l’abondance des juvéniles n’est pas la même aux trois sites d’étude (ANOVA, interaction site x profondeur, p<0,05 ; Annexe 4). En 2004, l’abondance ne varie pas 52

entre les profondeurs à Haapiti (SNK, p>0,05), mais est plus importante à 18 m qu’à 6 et 12 m à Tiahura, et moindre à 6 m qu’à 12 et 18 m à Vaipahu (SNK, p<0,05 ; Figure 23). En 2005 et 2006, elle ne varie pas significativement entre les profondeurs à Haapiti et Vaipahu (SNK, p>0,05) mais est plus importante à 18 m qu’à 6 et 12 m à Tiahura (SNK, p<0,05 ; Figure 23). En ce qui concerne le site de Haapiti, même si l’abondance n’est pas significativement différente entre les profondeurs pour les années 2004, 2005 et 2006, elle tend à augmenter avec la profondeur en 2004, et tend à diminuer avec la profondeur en 2005 et 2006.

Figure 23 : abondance moyenne par transect-couloir (10 m²) des juvéniles (tous taxons confondus) aux neuf stations d’étude autour de Moorea et pour les quatre années d'étude. Les stations du site de Haapiti sont figurées en bleu, celles de Tiahura en violet et celles de Vaipahu en vert. Les barres d'erreur représentent les écarts-types.

De même que pour l’ensemble des taxons, la variabilité spatiale des juvéniles du genre

Pocillopora présente des patrons de variation différents entre les années (Figure 24). En 2003, on

observe significativement plus de juvéniles à Tiahura qu’à Vaipahu et Haapiti (SNK, p<0,05) alors que l’abondance ne varie pas significativement entre les sites en 2004, 2005 et 2006 (ANOVA, p<0,05 ; Annexe 5). L’abondance varie avec la profondeur pour certains sites et certaines années, mais l’on n’observe pas de patron de variation stable entre les sites et/ou les années. A Haapiti, l’abondance ne varie pas significativement entre les profondeurs, quelle que soit l’année considérée (SNK, p>0,05). A Tiahura, l’abondance tend à être moins importante à 12 m qu’aux autres profondeurs pour les quatre années, mais seules les différences entre 6 et 12 m en 2003 et entre 12 et 18 m en 2004 sont significatives (SNK, p<0,05). A Vaipahu, l’abondance est moindre à 12 m qu’à 18 m en 2003 et ne varie pas significativement avec la profondeur les autres années.

Figure 24 : abondance moyenne par transect-couloir (10 m²) des juvéniles des genres Pocillopora, Acropora et Porites aux neuf stations d'étude autour de Moorea pour chacune des quatre années. Les stations du site de Haapiti sont représentées en bleu, celles de Tiahura en violet et celles de Vaipahu en vert. Les barres d'erreur représentent les écarts-types.

Pour le genre Acropora, l’abondance des juvéniles est moindre à Haapiti qu’aux deux autres sites, quelle que soit l’année considérée (ANOVA, p<0,05 ; Annexe 6). Elle est plus importante à 18 m qu’aux autres profondeurs à tous les sites et pour toutes les années (SNK, p<0,05), sauf à Tiahura en 2006, où elle est minimale à 12 m (SNK, p<0,05) et à Vaipahu en 2006, où aucune 54

différence significative n’a pu être mise en évidence entre les profondeurs (SNK, p>0,05). La significativité de l’interaction site x profondeur en 2003 et 2004 est due aux différences d’abondance relevées entre 6 et 12 m à Haapiti en 2003 et à Vaipahu en 2004 (SNK, p<0,05).

Pour le genre Porites, l’abondance des juvéniles ne diffère pas significativement entre les sites, quelle que soit l’année considérée (ANOVA, p>0,05 ; Annexe 7). Les différences entre les profondeurs d’un même site ne sont généralement pas non plus significatives, malgré un effet significatif de la profondeur en 2004 et des interactions site x profondeur pour les années 2003 et 2006 (ANOVA, p<0,05, Annexe 7). L’abondance est le plus souvent maximale à 12 m à Haapiti et Vaipahu, même si cette différence n’est significative qu’en 2005 à Vaipahu. A Tiahura, l’abondance a tendance à augmenter avec la profondeur, mais les différences ne sont significatives que pour l’année 2005.

En résumé, autour de Moorea, l’abondance des juvéniles :

- diminue d’année en année depuis 2003, pour l’ensemble du peuplement (45 % en 4 ans) et pour chacun des trois principaux genres ;

- est moindre à Haapiti qu’aux deux autres sites pour l’ensemble des genres et pour le genre Acropora, mais ne varie pas entre les sites pour les genres Pocillopora et Porites ;

- a tendance à augmenter avec la profondeur pour l’ensemble des genres (sauf à Haapiti en 2005 et 2006) et pour le genre Acropora, mais ne présente pas de patron de variation bathymétrique stable entre les sites et les années pour les genres Pocillopora et Porites.

II.3.1.3. Variabilité spatio-temporelle du peuplement d’adultes autour de Moorea

En moyenne sur les quatre années d’étude, 235,6 colonies adultes ont été comptabilisées par transect-couloir, soit 23,56 m-2. Le peuplement adulte est dominé, comme celui des juvéniles, par les genres Pocillopora (30,6 %), Acropora (18,0 %), et Porites (14,2 %), qui représentent à eux trois 62,8 % des colonies adultes comptabilisées. Suivent les genres Pavona (8,7 %), Montipora (7,1 %), Fungia (6,2 %), Montastrea (5,0 %), Leptastrea (4,0 %), Psammocora (2,1 %) et Leptoseris (1,5 %). Les genres Herpolitha, Cyphastrea, Acanthastrea, Favia, Sandalolitha, Astreopora, Lobophyllia et

Gardineroseris représentent chacun moins de 1 % des adultes. L’abondance des adultes diminue

d’année en année de 2003 à 2006, et ces différences sont toutes significatives (test t pour échantillons appariés, p<0,01 ; Figure 25).

Figure 25 : abondance moyenne par transect-couloir (10 m²) des adultes au cours des quatre années d'étude à Moorea. Les barres d'erreur représentent les écarts-types.

L’abondance des genres Pocillopora, Acropora et Porites diminue également d’année en année (Figure 26). Pour Pocillopora, des différences significatives ont été détectées entre toutes les années sauf entre 2003 et 2004 (test t pour échantillons appariés). Pour les genres Acropora et Porites, seule l’abondance relevée en 2003 diffère de celles des autres années (test t pour échantillons appariés).

Figure 26 : abondance moyenne par transect-couloir (10 m²) des adultes des genres Pocillopora, Acropora et Porites au cours des quatre années d'étude à Moorea. Les barres d'erreur représentent les écarts-types.

On observe moins d’adultes à Haapiti qu’aux autres sites, quelle que soit l’année considérée (ANOVA, p<0,001 ; Annexe 8 ; Figure 27), et l’abondance varie entre les profondeurs, mais de façon différente en fonction des sites et des années. A Haapiti, l’abondance est maximale à 12 m pour toutes les années, mais les différences entre les profondeurs ne sont pas significatives en 2006 (SNK, p>0,05). A Tiahura, elle a tendance à augmenter avec la profondeur en 2003 et 2004 et est maximale à 12 m en 2005 et 2006. Les différences entre les profondeurs ne sont cependant pas significatives en 2006 (SNK, p>0,05). A Vaipahu, l’abondance a tendance à augmenter avec la profondeur les trois premières années (différences significatives entre 6 m et 12 m et entre 6 m et 18 m, SNK, p<0,05), alors que, comme pour les autres sites, les différences entre profondeurs en 2006 ne sont pas significatives (SNK, p>0,05).

Figure 27 : abondance moyenne par transect-couloir (10 m²) des adultes (tous taxons confondus) aux neuf stations d'étude autour de Moorea pour chacune des quatre années d'étude. Les stations du site de Haapiti sont représentées en bleu, celles de Tiahura en violet et celles de Vaipahu en vert. Les barres d'erreur représentent les écarts-types.

Pour le genre Pocillopora, l’abondance ne varie pas significativement entre les trois sites (ANOVA, p>0,05 ; Annexe 11 ; Figure 28), mais varie avec la profondeur, de façon différente selon les sites et les années. Ainsi, à Haapiti, l’abondance est maximale à 12 m quelle que soit l’année considérée, mais les différences entre l’abondance relevée à 12 m et celle relevée à 6 m ne sont pas significatives (SNK, p>0,05), sauf en 2004 (SNK, p<0,05 ; Figure 28). A Tiahura, l’abondance est plus importante à 6 m qu’à 12 et 18 m (SNK, p<0,05 sauf entre 6 et 12 m en 2006). A Vaipahu, elle est moindre à 18 m qu’aux autres profondeurs pour les quatre années, mais les différences ne sont pas toutes significatives (SNK, p>0,05).

L’abondance des adultes du genre Acropora est moindre à Haapiti qu’aux autres sites, quelle que soit l’année (ANOVA, p<0,0001 ; Annexe 10 ; Figure 28). Elle est également moindre à 6 m qu’à 12 et 18 m à tous les sites et pour toutes les années (SNK, p<0,05) sauf à Tiahura en 2005 et à Tiahura et Vaipahu en 2006. L’abondance à 12 m ne diffère pas de celle relevée à 18 m (SNK, p<0,05) sauf à Tiahura en 2005 (SNK, p>0,05).

L’abondance des adultes du genre Porites est moindre à Haapiti qu’aux autres sites, mais ces différences ne sont significatives qu’en 2003 et 2006 (ANOVA, p<0,05 ; Annexe 11 ; SNK, p<0,05 ; Figure 28). L’abondance des adultes de ce genre est maximale à 12 m à tous les sites et pour chacune des quatre années d’étude (Figure 28), et ces différences sont toutes significatives sauf entre 6 et 12 m à Tiahura et Vaipahu en 2006. L’abondance relevée à 6 m n’est pas différente de celle relevée à 12 m (SNK, p>0,05), sauf à Tiahura et Vaipahu en 2006 (SNK, p<0,05).

Figure 28 : abondance moyenne par transect-couloir (10 m²) des adultes des genres Pocillopora, Acropora et Porites aux neuf stations d’étude autour de Moorea pour les quatre années étudiées. Les stations du site de Haapiti sont représentées en bleu, celles de Tiahura en violet et celles de Vaipahu en vert. Les barres d'erreur représentent les écarts-types.

En résumé, autour de Moorea, l’abondance des adultes :

- a tendance à diminuer d’année en année depuis 2003, pour l’ensemble du peuplement (34 % sur 4 ans) et pour chacun des trois principaux genres ;

- est moindre à Haapiti qu’aux deux autres sites pour l’ensemble des genres et pour les genres Acropora et Porites, mais ne varie pas entre les sites pour le genre Pocillopora ;

- est maximale à 12 m à Haapiti et tend à diminuer avec la profondeur à Tiahura et Vaipahu pour le genre Pocillopora, a tendance à augmenter avec la profondeur pour le genre Acropora, et est maximale à 12 m pour le genre Porites. Pour l’ensemble du peuplement, l’abondance varie en fonction de la profondeur, mais de façon différente selon les sites et les années considérés.

II.3.1.4. Contributions relatives des juvéniles et des adultes dans les assemblages locaux

La contribution relative des juvéniles par rapport à l’ensemble des colonies (juvéniles + adultes) est peu variable entre les années et les sites. Elle varie de 18,1 % à Vaipahu en 2006 à 22,1 % à Tiahura en 2003 (Figure 29). La contribution relative des juvéniles varie davantage entre les profondeurs, et est supérieure à 18 m qu’aux deux autres profondeurs, quelle que soit l’année

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