Commençons l’analyse des résultats de la diffraction des rayons X par les triades DAD2,
représentées par les 3 fractions n = 8, n = 11 et n = 16 (DAD2-Si8, DAD2-Si11 et DAD2-Si16)
ainsi que l’échantillon de DAD2 « brut » (non fractionné).
Les clichés de diffraction des 4 échantillons de DAD2 sont caractéristiques d’une phase
cristal liquide de type smectique désordonnée (type SmA), comme le démontrent les
diffractogrammes (à T = 180°C) sur la Figure III-5. L’ensemble des clichés présentent la
même signature, quels que soient l’échantillon et la température (entre 25°C et 180°C). Les
échantillons de DAD2 présentent donc le même type de mésophase sur toute la gamme de
température explorée. Un recuit à température élevé (180°C) n’a simplement pour effet que
d’améliorer l’organisation des molécules. Aux petits angles de diffraction, on distingue des
pics de réflexions fines allant jusqu’au 4
èmeordre de diffraction (cas du DAD2-Si16)
correspondant à l’indexation (hkl) = (001), (002), (003) et (004). Comme en témoignent les
valeurs reportées sur le Tableau III-1, la distance interlamellaire augmente avec la taille de la
chaîne siloxane (d = 59,61 à 73,44 Å pour DAD2-Si8 à DAD2-Si16) et l’échantillon non
fractionné présente une distance inter-couche intermédiaire (d = 68,6 Å pour DAD2 « brut »).
Aux grands angles de diffraction, l’ensemble des clichés présentent deux bandes diffuses,
notées A et B. La bande A est caractéristique de la présence de faibles interactions π-π (~3,9
Å) liées à la superposition des cœurs aromatiques
[4-6]. L’autre bande diffuse B (~7,2 Å)
correspond à la distance latérale moyenne entre les chaînes siloxanes
[7].
- 90 -
Figure III-5 : Diffractogrammes obtenus pour la triade DAD2 brute (non fractionnée) et les trois fractions de
triades DAD2 (n = 8, n = 11 et n = 16)
Lors de l’analyse enthalpique différentielle (chapitre III-2), nous avons trouvé que la taille des
chaînes siloxanes n’avait pas d’influence significative sur les propriétés thermiques des 3
fractions de DAD2. Néanmoins, nous pouvons constater par l’observation des
diffractogrammes de la Figure III-5, que la taille des chaînes siloxanes se répercute sur
l’organisation à longue distance, comme en témoignent le nombre et l’intensité des réflexions
fines. Ainsi, nous pouvons voir qu’entre la fraction DAD2-Si
8et DAD2-Si
11, le deuxième pic
correspondant à l’harmonique (002) est plus intense et beaucoup mieux défini dans ce dernier
cas. Pour la fraction DAD2-Si16, il est même possible d’observer le pic de 4
èmeordre, ce qui
indique que les couches smectiques sont bien définies et présentent un ordre à très longue
portée. L’amélioration de l’organisation moléculaire avec la taille des chaînes siloxanes est
également mise en évidence par la valeur de la distance de corrélation , mesurée à partir de
la largeur du 1
erpic de diffraction (001) à mi-hauteur (à température ambiante après un recuit
à 180°C). La valeur de augmente ainsi de 180, 300 à 600 Å pour des tailles de chaîne
croissantes de n=8, 11 à 16 (cf. Tableau III-1). Il est également intéressant de noter que la
polymolécularité (supposée plus forte pour DAD2 « brute » que pour la fraction DAD2-Si
11)
ne doit pas avoir une influence primordiale, puisque ces deux composés présentent des
valeurs de analogues ( = 240 et 300 Å, respectivement).
- 91 -
Tableau III-1 : Valeurs des distances caractéristiques des triades DAD obtenues par diffraction des rayons X.
Triade
(1)<Si>
(2)Indexation (h,k,l)
des pics aux petits
angles
d (épaisseur
des couches)
à T=25°C
(en Å)
(3)Distance de
corrélation
à T=25°C
(en Å)
(3)Distances d’interaction
liées aux bandes
diffuses à T=25°C
(en Å)
(3)DAD1 10 001 65,4 80 7,34 ; ---
DAD2 11 001, 002 68,60 240 7,28 ; 3,75
DAD2-Si
88 001, 002 59,61 180 7,11 ; 3,94
DAD2-Si
1111 001, 002 60,97 300 7,18 ; 3,90
DAD2-Si
1616 001, 002, 003, 004 73,44 600 7,32 ; 3,94
DAD3 12 001 70,07 220 7,62
(4); 3.88
(4) (1)triades « brutes », ou fractionnées (cas des DAD2-Si
n) ;
(2)nombre moyen d’unités siloxane dans la chaîne ;
(3)après recuit
à 180°C ;
(4)mesuré à 180°C.
Examinons maintenant les diffractogrammes correspondants aux composés DAD1 et DAD3,
présentés respectivement sur les Figures III-6 et III-7. La première analyse nous montre des
clichés analogues aux précédents qui indiquent que l’ensemble des triades présentent
qualitativement les mêmes caractéristiques structurales d’une mésophase smectique (type
SmA).
Le cliché de diffraction du DAD3, donné en exemple sur la Figure III-6, présente une seule
réflexion fine aux petits angles, attribuée à l’indexation (hkl) = (001) d’une phase lamellaire
et correspondant à une distance interlamellaire d = 70,1 Å. Le cliché met également en
évidence la présence des deux bandes diffuses A et B mentionnées précédemment et
correspondant aux mêmes distances caractéristiques (cf. Tableau III-1). La comparaison des
résultats du DAD3 avec ceux du DAD2, nous montre donc que l’allongement de la partie
aromatique du donneur, n’a pas d’influence sur la structure de la phase, ni même sur la portée
de l’organisation (même longueur de corrélation ). Il semble donc que l’organisation
structurale des triades soit régie essentiellement par la présence des chaînes siloxanes.
- 92 -
Figure III-6 : Diffractogramme obtenu pour le composé DAD3.
L’analyse des clichés de diffraction du composé DAD1 a permis de mettre en évidence une
organisation lamellaire des molécules similaire aux précédentes, mais uniquement à une
échelle locale. Lors d’une première étude, la première réflexion fine (001) aux petits angles
est peu intense et se trouve nettement parasitée par la diffusion de l’air (Figure III-7a). Une
seconde mesure a donc été effectuée sous vide, et en utilisant une autre ligne de diffraction
permettant des mesures à très petits angles. Le second cliché de diffraction (Figure III-7b),
montre ainsi une bande de diffraction (001) large, témoignant d’une organisation lamellaire à
courte portée avec une longueur de corrélation de l’ordre de 80 Å. La position de la bande de
diffraction (001) correspond à une distance moyenne de couche, d = 65,4 Å.
Figure III-7 : Diffractogramme obtenus pour le composé DAD1.
La comparaison des résultats du DAD1 avec ceux du DAD2, nous montre donc que l’absence
d’espaceur entre les blocs D et A, ne modifie pas la structure de la phase, mais limite
sérieusement la portée de l’organisation puisque un ordre très local est obtenu dans le cas du
DAD1. Ce résultat semble indiquer que l’apport d’une certaine flexibilité dans les parties
aromatiques (par la présence d’un court espaceur entre D et A) est favorable pour
l’organisation moléculaire des parties D et A à longue distance.
- 93 -
Nous verrons plus en détail dans la partie suivante l’importance de l’espaceur dans
l’organisation moléculaire des triades dans les couches smectiques.
Dans le document
CRISTAUX LIQUIDES DE TYPE DONNEUR-ACCEPTEUR-DONNEUR POUR LA CONVERSION PHOTOVOLTAÏQUE
(Page 90-94)