• Aucun résultat trouvé

Analyse logique de Vargument de la connaissance

12 Loar (1990) désigne cet argument sous les termes de « Prémisse sémantique » et bien qu’il nie la prémisse sémantique, il ne propose aucune réfutation directe de celle-ci Selon Loar, les concepts

2.6 Analyse logique de Vargument de la connaissance

Churchland (1997) a fournit une analyse logique détaillée de l’argument de la connaissance qui démontre clairement que si l’on accepte que la connaissance que Mary acquiert en sortant de sa chambre n ’est pas une connaissance discursive et qu’elle ne peut

donc pas être transmise à Mary lorsqu’elle est dans sa chambre, alors l’argument de la connaissance doit être rejeté. Pour élaborer son analyse, Churchland a utilisé la version simplifiée de l ’argument de la connaissance et par souci de simplicité, c ’est également cette version qui sera utilisée pour présenter l ’analyse de Churchland. La version simplifiée de l’argument de la connaissance est la suivante:

(1 )’ Mary (before her release) knows everything physical there is to know about other people. (2 )’ Mary (before her release) does not know everything there is to know about other people (because she leams something about them on her release).

Therefore

(3 )’ There are truths about other people (and herself) which escape the physicalist story.

Comme cela a déjà été présenté précédemment, si l ’on formalise cette version simplifiée de l ’argument de la connaissance, celle-ci devient:

(1) V (x )[(tf (*) a P(x)) -> K(mx)]

( 2 ) 3 ( x ) [ H ( x ) A - X ( m x ) ]

(3) 3( x) [ H( x) a - i F ( x ) ]

V oici donc une première analyse possible de l ’argument (Churchland, 20 0 4 ,1 7 3 ): 1. V(x)(f)[(H (x) A P(x)) K(f)(mx)] Faux 2 .3(x)3(f)[H (x) a -iK (f)(m x)] 3 .3(f)[H(r) a -iK(f)(mr)] 3 E - 2 4. H(r) a -iK(i)(mr) 3 E - 3 5- V(f)[(H(r) a P(r)) -> (K(f)(mr)] V E - 1 6. (H(r) a P(r)) -> K(i)mr V E - 5

7.-iK (i)(m r)A H (r) commutativité - 4

8.-iK(i)(m r) aE - 7 9. -i(H(r) a P(r)) M .T o lle n s-6 ,8 10. -,H (r) v —iP(r) DeMorgan - 9 ll.H (r ) a E —4 12.-i-iH (r) —il — 11 13.-iP(r) v E - 10,12 14. H(r) a —iP(r) A I — 11,13 15.3(x)[H(x) a -iP (x)] 3 1 - 1 4

Selon cette formalisation, x est de l ’information connaissable, / est un mode de connaissance, H(x) - x est de l’information concernant les êtres humains, P(x) = x est de l ’information physique et K(f)(mx) - m connaît x selon un mode de connaissance f La stratégie de Churchland et de Lewis pour réfuter l’argument de la connaissance consiste à affirmer qu’il existe plusieurs modes de connaissance (au moins deux), irréductibles les uns aux autres, et que Mary, dans sa chambre, connaît toutes les informations selon un mode de connaissance discursif, bien qu’il y ait certaines informations qu’elle ne connaisse pas selon tous les modes de connaissance. Le reproche que font Churchland et Lewis à Jackson est d’avoir confondu et considéré tous les modes de connaissance sans distinctions entre eux. Dans la première analyse de l ’argument de la connaissance proposée par Churchland, la première prémisse de l ’argument de la connaissance quantifie sur tous les modes possibles de connaissance, qu’ils soient discursifs ou non discursifs (K(f)(mx) = pour tout x, pour tout / , Mary connaît x selon le mode f de connaissance). Cette première analyse démontre que lorsque l’argument de la connaissance quantifie sur tous les modes possibles de connaissance, lorsque, comme Jackson, l’on établit aucune distinction entre les différents modes de connaissance, l’argument de la connaissance apparait comme valide. Or, d ’après ce qui a été écrit dans les paragraphes précédents, il est clair que la première prémisse est fausse, puisqu’il existe au moins un mode de connaissance que Mary ne possède pas concernant ses propres états neuronaux, notamment, une connaissance non discursive.

Voici une seconde analyse possible de l’argument (Churchland, 2004, p.174): 1. V(x)3(f)[(H (x) a P(x)) -> K(f)(mx)] 2. .3(x)3(f)[H(x) a -iK(f)(m x)] 3- 3(f)[H(r) a -iK(f)(mr>] 3 E - 2 4. H(r) a -iK(i)(mr) 3 E - 3 5--3(f)[(H(r) a P(r)) -> (K(f)(mr)] V E - 1 6. (H(r) a P(r)) —» K(i)mr 3E - 5, Invalide 7. -iK(i)(mr) a H(r) commutativité - 4 8.-iK(i)(m r) E - 7 9* ~'(H(r) a P(r)) M.Tollens - 6,8

10.—iH(r) v —iP(r) DeMorgan - 9

l l . H (r ) a E - 4

12.-i-iH (r) - , 1 - 1 1

13.-iP(r) v E - 1 0 , 1 2

14. H(r) a -iP(r) A 1 - 1 1 , 1 3 15.3(x)[H(x) a —iP(x)] 3 1 - 1 4

Dans cette seconde analyse, la première prémisse est plus faible et quantifie uniquement sur un mode de connaissance possible. Cela rend la première prémisse plausible, puisqu’en théorie, il est possible que Mary, dans sa chambre, connaisse toutes les informations physiques concernant les humains selon un mode de connaissance discursif. Or, le fait que la première prémisse quantifie uniquement sur un mode de connaissance possible rend invalide le passage de la cinquième à la sixièm e ligne, puisqu’on introduit existentiellement à la ligne 6 la constante i qui avait déjà été introduite existentiellement à la ligne 4. Or, si on ne peut introduire la constante i à la ligne 6, il ne peut y avoir de modus tollens à la ligne 9 et l ’argument ne peut être complété. En d ’autres mots, si les deux premières prémisses de l’argument quantifient chacune sur un seul mode de connaissance et que l’on suppose à la quatrième ligne qu’il y a de l ’information concernant les humains que Mary ne connaît pas selon un mode de

connaissance non discursif, alors on doit également supposer à la sixième ligne que Mary connaît, dans sa chambre, toutes les informations concernant les humains selon un mode de connaissance non discursif. Or, lorsqu’elle quantifie sur un seul mode de connaissance, la première prémisse de l’argument de la connaissance n ’affirme rien de tel. Cette seconde analyse de Churchland démontre donc que si l ’on ne spécifie pas dans la première prémisse le mode de connaissance selon lequel Mary connaît toutes les informations physiques dans sa chambre et que l’on ne spécifie pas davantage dans la seconde prémisse le mode de comiaissance selon lequel elle apprend à connaître le qualia rouge en sortant de sa chambre, l’argument de la connaissance est invalide.

V oici une troisième analyse possible de l ’argument (Churchland, 2004,175): 1, V (x)3(f)[(H (x) a P(x)) - » K(f)(mx)]

2 .3(x)V (f)[Ii(x) a -iK(f)(mx)] Pétition de principe

3 ■ V (f)[H(r) A -iK(f)(mr)] 3 E - 2 4. H(r) a -iK(i)(mr) V E - 3

5 -3(f)[(H(r) a P(r)) -> (K(f)(mr)] VE — 1

6. (H(r) a P(r)) -» K(i)mr 3 E - 5

7.-iK(i)(m r) AH(r) commutativité - 4

8.-iK(i)(m r) aE - 7

9.~i(H(r) AP(r)) M.Tollens - 6,8

10.~iH(r) v -iP (r ) DeMorgan - 9

l l . H ( r ) aE - 4

12.—i-iH(r) - . 1 - 1 1

13.-iP(r) v E — 10,12

14. H(r) a -iP(r) AI —11,13

15.3(x)[H(x) a —iP(x)] 3 1 - 1 4

Dans cette troisième analyse, la seconde prémisse a été renforcée et quantifie désormais sur tous les modes de connaissances possibles. Cette formulation est formellement valide, mais la seconde prémisse est douteuse, puisqu’elle exclut, sans

argument pour le justifier, la possibilité que les qualias associés à la perception des couleurs soient des propriétés physiques des neurones dont Mary, dans sa chambre, a une connaissance discursive bien que ce ne soit qu’en sortant de sa chambre qu’elle en acquiert une connaissance non discursive. Or, cette conception des qualias est précisément celle que certains physicalistes comme Churchland et Lewis défendent. Comme l ’indique Churchland (2004, 176), renforcer ainsi la seconde prémisse revient à ceci: « ...to assume a t the outset that materialism is false, rather than to show that it must be false. »

La quatrième et dernière analyse possible de l’argument de la connaissance consiste à renforcer à la fois la prémisse 1 et la prémisse 2, de telle façon que chacune d ’entre elles quantifie sur tous les modes de connaissance possible. Or, cela a déjà été démontré, lorsque la prémisse 1 est renforcée, elle devient fausse et lorsque la prémisse 2 est renforcée elle devient douteuse, puisqu’elle suppose ce que l’argument doit démontrer. Ainsi, si on accepte que la connaissance non discursive qu’acquiert Mary hors de sa chambre est irréductible à toute connaissance discursive que Mary pourrait acquérir dans sa chambre (et ce, quel que soit le langage qu’elle utilise), alors l’analyse détaillée qu’a proposée Churchland démontre clairement que l ’argument de la connaissance doit être rejeté.

Dans la suite de ce mémoire, nous accepterons la conclusion de l ’analyse de Churchland, soit que l’argument de la connaissance doit être rejeté.