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2.4 Analyse et interprétation des entretiens

2.4.2 Analyses spécifiques de chaque entretien

2.4.2.3 Analyse de l’entretien de G

2.4.2.3.1 Descriptif succinct de l’interviewé, de son parcours

G. est arrivée dans cet établissement il y a moins d’une année scolaire au moment de cet entretien, avec une solide expérience dans l’enseignement aux élèves dont le français n’est

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pas la langue maternelle, à la fois en France et à l’étranger. Le contexte anglophone lui est également familier, et elle affirme elle-même avoir très vite trouvé ses marques.

Elle enseigne au moment de l’entretien en classe de CE1. 2.4.2.3.2 Objectifs de l’entretien

Voir point 2.1.2.2.4 Entretiens semi-directifs avec des enseignants. 2.4.2.3.3 Exposé des thèmes les plus mobilisés

Au cours de l’entretien, G. mobilise particulièrement le domaine technique qui concentre 16 occurrences, soit autant que les domaines pédagogiques et socio-affectifs combinés. Les aspects techniques et la problématique de la mise en œuvre semblent donc être des préoccupations majeures de cette enseignante qui indique au cours de l’entretien que, selon elle, les moyens précédent les usages en matière de numérique :

“J. Donc ce sont les moyens qui conditionnent beaucoup les usages en fait / G. Je crois oui parce que si si tu as les moyens tu vas te sentir relativement culpabiliser d’avoir 10 iPads à disposition dans ta classe et de ne rien en faire donc donc tu vas essayer de réfléchir pour savoir comment utiliser ces iPad”

Pour compléter cette déclaration et donner des éléments de contexte, notons que G. est arrivée dans une classe déjà pourvue de ressources numériques (iPads et TBI), avec des outils bien équipés et clairement assignés, et qu’elle n’a donc pas participé à la réflexion préalable aux équipements. La problématique pour elle a donc été d’apprendre à utiliser ces technologies et, dans un certain sens, se “fondre” dans les pratiques collégiales.

Les trois autres domaines sont moins représentés et présentent chacun entre 5 et 9 occurrences.

Figure 32 : Entretien G. : répartition par domaines

Les thèmes revenant le plus dans le discours de G. sont les suivants :

la prise en main par les élèves revient souvent dans le discours de G. qui souligne à plusieurs reprises la nécessité d’accompagner les élèves dans la découverte et le maniement un objet numérique (la plupart du temps ici une application sur iPad) : “pour que ce soit une bonne application et qu’elle soit utile je pense qu’il faut que ce soit quelque chose vraiment de très simple qui a été vu”

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“les élèves doivent d’abord connaître l’application avec l’enseignant c’est-à-dire qu’il faut d’abord que pour être autonome il faut d’abord qu’ils puissent savoir qu’il puissent connaître les différentes applications”

“il faut des applications relativement simples”

Une fois l’interface explicitée, G. pense que ses élèves sont plus efficaces et aptes à utiliser ces outils en autonomie :

“ça c’est des choses comme on les a déjà vu ils connaissent le fonctionnement on a fait des exercices ensemble ils peuvent donc voilà donc ça ça favorise l’autonomie”

G. admet néanmoins la capacité de son groupe d’élève à appréhender certaines technologies (les QR codes par exemple) ou certaines interfaces (applications ludo-éducatives de type exerciseurs) sans difficulté et avec une certaine autonomie :

“ils savent très bien manipuler les QR codes des choses comme ça donc ça pour eux tu leur mets le QR code ils savent les utiliser on va dire que c’est peut-être plus facile ils sont plus autonomes”

Toujours au regard de l’interface utilisateur, G. pointe les caractéristiques de certaines applications jugées trop ludiques et qu’elle considère néfaste à la concentration des élèves et aux objectifs pédagogiques poursuivis :

“des applications qui sont très attrayantes qui ont plein de couleurs où ils peuvent choisir leurs avatars etc. alors c’est très bien le problème c’est qu’ils perdent beaucoup de temps là-dessus”

comme nous l’avons noté plus haut, les considérations techniques occupent une place centrale dans cet entretien, et notamment la question des types d’appareils utilisés. Ainsi, G. mentionne au cours de cette discussion pas moins de 4 technologies différentes qu’elle a pu tester durant ses dernières années d’exercice : le tableau blanc interactif (TBI), la tablette tactile (iPad), la lampe Elmo, et les ordinateurs portables : “notre tableau notre TBI à une utilisation centrale forcément”

“les iPads également qu’on utilise tous les jours dans les ateliers qui permettent une certaine autonomie aussi à ce moment-là et voir un réinvestissement de ce qu’on a fait en collectif sur le TBI”

“on avait par exemple la lampe Elmo qui est cette espèce de lampe qui qui qui filme ce que tu fais”

“on avait une salle informatique mais c’était des ordinateurs Apple et au niveau bon c’était un peu compliqué on va dire vraiment l’utilisation”

De ces divers appareils, la tablette tactile lui semble le plus approprié dans le contexte qui est le sien : enseigner à des élèves de CE1 dans un contexte de double curriculum et bilingue :

“c’est à toi effectivement donc de plus créer ce que tu veux et je pense que les iPads peuvent te permettre ça effectivement”

G. poursuit sa réflexion sur les aspects techniques avec le type d’application à utiliser avec ses élèves, et décrit ainsi plusieurs applications utilisées régulièrement sur les tablettes :

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“avec les calculs on a Math kid qui est très bien”

“on fait Scratch par exemple alors Scratch bon ben c’est ils sont toujours très très contents de me montrer alors là pour le coup ils ont envie de me montrer ce qu’ils ont réalisé”

“sur clique ma classe qui est un site Internet”

Au-delà des aspects purement techniques, G., et nous l’avons déjà vu plus haut, s’interroge sur la pertinence de certaines applications, de certains usages. Dans la catégorie Expression d’une émotion positive ou négative, elle questionne l’attitude et les attentes des parents, ainsi que les “produits” utilisés en classe et leur efficacité en terme d’acquisition de nouvelles compétences ou connaissances :

“je ne suis pas sûre que beaucoup de parents aient vraiment conscience en fait vraiment des travers parfois en classe”

“à un moment je me suis aperçu que des applications ne leur servaient pas forcément donc voilà c’est plus parce que au bout d’un moment tu te dis bah voilà très joli son avatar oui c’est bien tu as sauté dans le cerceau très bien”

Arrivée récemment au sein de l’équipe, G. souligne l’importance des échanges entre pairs dans la construction d’une nouvelle identité professionnelle :

“je dirais le matériel et la formation en fait c’est vraiment quand même deux choses qui se et les échanges aussi avec les autres enseignants etc. voilà c’est surtout autour de ça donc”

“au niveau des collègues je pense que c’est plutôt positif on est quand même tous intéressés on a tous envie de savoir les applications qui fonctionnent bien on a envie de savoir je pense que là on a une vraie vraie envie on sent que c’est vraiment quelque chose qui peut aider les élèves on sent qu’on peut aller aussi on va vers la différenciation”

Enfin, la question du suivi des apprentissages intéresse particulièrement cette enseignante qui place la possibilité de suivre l’évolution d’un élève, son parcours, parmi les critères de premier plan dans le choix d’une application éducative :

“j’ai un peu arrêté quelques applications que je ne pouvais vraiment pas suivre du tout du type Targeting Math etc.”

“dans Clique ma classe on le voit plus facilement mais mais voilà et sinon bah après après ça peut être effectivement difficile de vraiment voir donc après je pense que c’est peut-être un travail d’évaluation que je ne fais peut-être pas suffisamment non plus”

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Figure 33 : Entretien G. : répartition par catégories

2.4.2.3.4 Interprétation des données

G. se présente au cours de cet entretien comme une enseignante qui s’interroge, qui questionne ses pratiques, qui place au cœur de son épanouissement professionnel les échanges avec ses collègues. Elle se positionne en praticienne qui expérimente et remet perpétuellement en question les outils choisis. Ainsi, cette réflexion l’amène à s’interroger sur la pertinence de certaines applications, jugées parfois trop distractives, sur le temps d’exposition aux écrans, sur les attentes des parents et les éventuelles contradictions entre utilisation plébiscitée du numérique et vacuité des dispositifs… Ainsi, G. souligne l’écueil de la pseudo-autonomie des élèves face aux nouvelles technologies : il ne suffit pas de placer une tablette entre les mains d’un élève pour que les apprentissages aient lieu :

“je ne suis pas forcément fixée sur un atelier alors je vais m’en rendre compte mais ça fait peut-être 10 minutes que le petit est en train de faire 3 + 1 donc là c’est plus difficile”

“je trouve qu’il faut quand même être présent pour pour donner des consignes donc du coup ils ne sont pas forcément autonomes”

Ces réflexions apportent un éclairage interessant sur certains “mythes” relatifs à l’utilisation des TICE en classe et sont à rapprocher notamment des travaux déjà évoqués de Tricot et Amadieu (Amadieu et Tricot, 2014).

Au cours de cet entretien, G. décrit plusieurs dispositifs pouvant être qualifiés de DNAA, tous pouvant être qualifiés d’exerciseurs, sous formes d’applications sur tablette tactile, notamment en mathématiques :

“avec les calculs on a Math kid qui est très bien”

Nous voyons que les usages des TICE sont certainement moins variés que ceux exposés par d’autres enseignants. Ils s’accompagnent néanmoins d’une réflexion fructueuse et bienvenue sur l’intérêt de la mise en place d’un dispositif et sur la plus-value apportée par les technologies. Sur ce dernier point, et au regard de ce qu’elle a pu mettre en place dans sa classe, G. semble encore douter, même si elle projette d’amplifier le déploiement d’un

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dispositif numérique dans sa classe et de s’aventurer vers d’autres utilisations plus collaboratives.