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PARTIE 2. PROFILS DE LA NUMÉRISATION EN EUROPE : ACTEURS ET RÉSEAUX

2. T YPOLOGIE DES ACTEURS DE LA NUMÉRISATION

2.1. Analyse globale : les acteurs de la numérisation en Europe

Les acteurs intervenant dans le champ de la numérisation culturelle et patrimoniale

en Europe peuvent être classés en trois grandes catégories :

- les détenteurs des fonds numérisés qui sont chargés de leur

préservation, de leur diffusion et de leur valorisation

- Les institutions politiques et administratives qui définissent le cadre

politique et les priorités des actions entreprises

- Les concepteurs qui organisent le processus concret de numérisation

2.1.1

Les détenteurs des fonds

Ce sont les institutions chargées de conserver et de faire vivre les ressources

culturelles et patrimoniales dont ils ont la garde. Les bibliothèques, les musées et

les archives ont été les premières institutions à se lancer dans de tels projets. Dans

un second temps, d’autres institutions se sont investies dans cette voie avec une

problématique différente : les cinémathèques pour les films, les établissements

s'occupant du son tels l'IRCAM en France voire des institutions plus originales

telles des orchestres ou des compagnies de théâtre.

2.1.2

Un acteur politique majeur : l’Union Européenne

L’Union européenne est aujourd’hui un acteur majeur dans le champ de la

numérisation. Elle n’a certes pas de missions en terme de politique culturelle,

Partie 2 : profils de la numérisation en Europe : acteurs et réseaux

celle-ci relevant des Etats, mais elle peut, d’après le traité d’Amsterdam, déployer

des actions qui ont des répercussions très fortes dans le domaine de la culture. Les

plans tels Culture 2000 (167 millions d’euros) et Media+ (450 millions d’euros)

qui visent à encourager la promotion des œuvres audiovisuelles en Europe,

notamment par la numérisation, en sont de bons exemples. Les programmes cadres

de recherche et développement (PCRD) sont également de formidables leviers pour

encourager la numérisation. Le cinquième programme cadre (3,6 milliards d’euros)

s’efforce de favoriser les thèmes transversaux et le travail entre les bibliothèques,

les archives et les musées. Le sixième programme cadre, lancé en 2002, s’efforce

de déployer des réseaux d’excellence (ESCHER) à grande échelle. Un autre

programme Information Society Technologies, dépendant également du 6

ème

PCRD

vise, lui, à accroître la compétitivité et le déploiement technologique en Europe et

créer une société de l’Information pour tous.

De nombreux programmes européens interviennent donc dans le champ de la

numérisation. Toutefois, l’Union Européenne ne finance pas directement les

actions de numérisation elles-mêmes. Elle a pour but d’inciter au partage

d’expériences et au développement de la recherche et développement, par le biais

de ses programmes et recommandations. Le programme e-Europe, lancé en 1999

vise ainsi à promouvoir la création de contenus culturels européens en ligne et la

société de l’Information. En 2001, en continuité avec e-Europe, les Etats membres

ont édicté une série de recommandations, les principes de Lund, en vue de

coordonner les programmes de numérisation, valoriser le patrimoine européen dans

sa diversité et son impact sur l’enseignement, le tourisme, les médias. Il s’agit

précisément de résoudre certaines carences européennes : fragmentation des

projets de numérisation, obsolescence technologique et standards inadéquats,

complexité d’accès au web, négligence des questions juridiques, clivage entre

programmes culturels et programmes impliquant les nouvelles technologies,

manque d’engagement institutionnel. Afin de remédier à ce sombre tableau, les

pays projettent d’améliorer et de soutenir les politiques et programmes de

numérisation par la coopération, l’évaluation comparative (benchmarking), la

coordination des Etats et le déploiement d’études sur les projets de numérisation.

Partie 2 : profils de la numérisation en Europe : acteurs et réseaux

Près de quinze Etats se sont déjà engagés à appliquer les principes de Lund,

réalisant des guides techniques nationaux en matière de numérisation, et apportant

ainsi une valeur ajoutée à leurs projets de numérisation. Chaque gouvernement

(incité par la Commission Européenne) a nommé un représentant (NRG, National

Representatives Group) afin de garantir l’étroite collaboration entre les ministères,

les institutions gouvernementales et la Commission Européenne en matière de

numérisation. Les ministères se sont également coordonnés au sein d’un réseau : le

réseau ministériel pour les activités de valorisation en matière de numérisation ou

MINERVA (MInisterial NEtwoRk for Valorising Activising in digitisation). Ce

réseau entend discuter, comparer et harmoniser les activités de numérisation de

contenus scientifiques et culturels, créer une plate-forme commune et déployer des

recommandations sur la numérisation, les métadonnées, la préservation et

l’accessibilité des contenus sur la durée. Il s’agit aussi de coordonner les

programmes nationaux et de favoriser les coopérations entre pays européens, les

réseaux et projets, en repérant les centres de compétences. MINERVA se préoccupe

également de l’accessibilité des contenus et de la création de services

technologiques : c’est un pont vers le sixième programme cadre pour la création de

réseaux thématiques et l’élaboration de projets intégrés européens. Ce sixième

programme, inclut Universités, centres de recherche et sociétés privées et travaille

sur la conservation à long terme des documents numérisés, la qualité,

l’accessibilité de la culture, la gestion des droits et les partenariats privé-public.

Minerva implique aujourd’hui Italie, France, Espagne (Ministères de la Culture),

la Belgique (Ministères de la Communauté Française et de la Communauté

Flamande), la Finlande (Université d’Helsinki), Suède (les archives nationales), le

Royaume-Uni (Conseil pour les Musées, Archives, Bibliothèques) ainsi que

l’Irlande, le Portugal, la Grèce et l’Allemagne. Le programme se concrétise par

divers groupes de travail (avec représentants des ministères, des régions et

Universités) sur l’application de e-Europe et des principes de Lund, la

construction d’un forum international, la visibilité et la diffusion de l’information,

l’identification des besoins des lecteurs/formation/évaluation (Belgique), la

diffusion des pratiques (plate-forme commune XML, Open source, métadonnées).

Partie 2 : profils de la numérisation en Europe : acteurs et réseaux

activités nationales visibles (et accessibles grâce aux inventaires nationaux à

l’image de la France), au multilinguisme, à l’interopérabilité, à des critères

communs de qualité des sites et contenus, et enfin à l’adoption de standards

européens et internationaux.

2.1.3

Les concepteurs : le domaine de la recherche et développement

Les concepteurs relèvent soit d’un laboratoire autonome, qu’il soit public

(éventuellement universitaire) ou privé, soit des laboratoires intégrés aux

institutions culturelles.

L’intervention des entreprises privées dans le domaine de la recherche en

numérisation est aujourd’hui en plein ralentissement. Après avoir massivement

investi dans les année 1990 dans le domaine, notamment dans les OCR, le secteur

privé s’en est depuis quelque peu retiré, à l’image de la firme XEROX pendant

longtemps très en pointe dans le domaine, du fait d’une rentabilité économique très

fragile.

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