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Analyse des faiblesses et contraintes actuelles du système semencier formel

CHAPITRE 4 : ANALYSE DU SYSTEME SEMENCIER FORMEL DU RIZ

4.5. A NALYSE DES PERFORMANCES ET FAIBLESSES / CONTRAINTES ACTUELLES DU

4.5.2. Analyse des faiblesses et contraintes actuelles du système semencier formel

Malgré le soutien de l’Etat, le secteur semencier formel éprouve beaucoup de difficultés à assumer pleinement et efficacement ses fonctions. Ces faiblesses sont de plusieurs ordres : organisationnel, communicationnel, financier, infrastructurel, capacités des acteurs, etc.

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Mauvaise connaissance du marché des semences

Les besoins en semences ne sont pas régulièrement recueillis et synthétisés pour faciliter une bonne planification de la production de semence. Les demandes exprimées ne sont pas des commandes fermes. Par le passé, cette situation a conduit les initiatives des associations de producteurs et des entreprises semencières à la faillite. Elle explique aussi les fréquentes ruptures de stock de semence des variétés les plus sollicitées par le marché. Avec une plante auto- pollinisante, comme le riz, il n'y aura pas une demande régulière de semences, parce que les producteurs peuvent utiliser une partie de leur récolte comme semence (Niangado, 2010).

La prépondérance des structures administratives dans la filière des semences du riz

Les acteurs du secteur public ne fonctionnent pas souvent dans une logique de rationalité économique. L’absence d’entreprises semencières privées hypothèque le dynamisme de la filière. Ce sont les entreprises privées qui font la force du secteur semencier en Afrique du Sud et au Kenya. Le partenariat public-privé ne se réalisera que si les responsabilités et profits sont clairement partagés. Le privé vise ses intérêts et l’Etat vise l’atteinte des objectifs de développement. Il y a là des opportunités de partenariat qui peuvent se bâtir autour de valeurs partagées.

La mauvaise circulation de l’information et l’absence de communication au sein de la filière

Beaucoup de décisions sont prises aux niveaux politiques et administratifs sans concertation réelle avec les vrais acteurs de la filière. Par exemple, la fixation des prix de cession des différentes catégories de semences végétales se fait sans les représentants des producteurs semenciers. Le marketing autour des semences ne se développe pas. Les informations sur la disponibilité des semences, les points de vente, les caractéristiques et les itinéraires de production des nouvelles variétés ne circulent pas. Les producteurs ne sont pas bien informés des variétés les plus marchandes.

L’absence d’un système efficace de financement de la production puis de la distribution des semences de qualité

Il est démontré plus haut (paragraphe 2.2.2) que la production de semences nécessite plus d’investissements. Mais malgré que la SONAPRA rachète toute la production de semence certifiée, aucun mécanisme ou produit financier ne s’est développé en faveur des multiplicateurs de semence.

Les disfonctionnements du système semencier formel

Le retard (2 à 4 mois) accusé par la SONAPRA dans le paiement des semenciers constitue un motif de découragement de ces acteurs clés du système. Ainsi s’observent des retards de mise à disposition des semences certifiées pour les producteurs de riz de consommation.

Les fraudes

Les fraudes dans les procédures de certification et aussi de mise à disposition des semences constituent une faiblesse importante qui gangrène tout le système

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semencier formel et le discrédite. Appâtés par le gain facile, des agents pourtant assermentés se livrent parfois à des fraudes qui affaiblissent tout le système. Les immixtions des responsables politiques et administratifs pour influencer le fonctionnement normal du secteur sont aussi à signaler dans cette rubrique.

L’insuffisance de la production de semence

La production nationale des semences certifiées des variétés améliorées ne couvre pas encore les besoins réels des producteurs. Cette production couvre environ la moitié de la demande potentielle. L’autre aspect est que la demande et l’offre ne sont pas concordantes autour des variétés de semences.

Les faiblisses du système de certification

La non-décentralisation de la structure de contrôle et de certification. La DPQC ne dispose, en effet, que d’un seul laboratoire situé à Cotonou vers lequel tous les échantillons doivent parvenir. Ainsi, le personnel et les moyens de fonctionnement sont très limités et ne lui permettent pas d’assumer efficacement ses attributions.

L’insuffisance des infrastructures

Le faible développement des infrastructures de production, de conditionnement, de stockage/conservation et de distribution des semences végétales. Au Bénin, les magasins de stockage de semences sont en nombre limité et servent aussi à stocker les engrais minéraux et les produits phytosanitaires.

La faible capacité d’action et de décision des acteurs de la filière

Les capacités techniques et managériales font défaut et nécessitent des actions vigoureuses pour améliorer les performances du fonctionnement du secteur semencier formel.

4.6.

Conclusion partielle

Depuis les indépendances, le système semencier formel au Bénin a été dominé par le secteur public sauf pendant la période d’ajustement structurel et des politiques libérales (1990-2007). Une multitude d’acteurs interviennent avec des attributions différentes. Il existe un déficit de confiance entre ces acteurs. Le secteur ne fonctionne pas comme une véritable chaîne de valeur au service du client final qui est ici le producteur de riz de consommation et les utilisateurs finaux des grains. La présence et les fonctions de certains acteurs sont parfois peu connues par leurs pairs.

Les producteurs semenciers sont généralement des responsables des organisations de producteurs du riz. Ils sont responsables aux niveaux villageois, communal, départemental ou national. Il existe également quelques entreprises semencières privées. C’est l’Etat et les services officiels qui s‘investissent dans ce secteur même si une part belle est faite au partenariat public-privé dans le document officiel de politique semencière. Dans un environnement de main mise de l’Etat, les entreprises privées ont du mal à s’établir et à prospérer durablement.

Les analyses financières révèlent une différence significative (100 000 Fcfa soit 150 Euro) entre les coûts de production de semences et de riz de consommation quel que soit le système de production. Ce surplus d’investissement est compensé par une

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amélioration des rendements et les prix de vente des semences. La multiplication de semences est deux fois plus rentable que la production du paddy dans les systèmes de riz de bas-fond et de riz irrigué, et l’est trois fois plus dans le système pluvial.

Du point de vue des producteurs, le système semencier formel du riz au Bénin n’est pas performant. Malgré le soutien de l’Etat allant jusqu'à la gratuité des semences, le secteur semencier formel éprouve beaucoup de difficultés à assumer pleinement et efficacement ses fonctions. Plus de la moitié des producteurs de riz continue de s’approvisionner en semences à travers le système semencier informel ou paysan. Notre hypothèse de départ est ainsi confirmée. Le système formel ne répond pas aux attentes des petits producteurs de riz du Bénin.

Le système semencier informel apporte-t-il des solutions plus appropriées pour l’accès des petits producteurs aux semences de qualité ?

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