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Canaux diphoton et dilepton au LHC

Sommaire

8.1 Introduction . . . 171

8.2 Analyse diphoton de CMS . . . 171

8.3 Analyse dilepton d’ATLAS . . . 175

8.4 Analyse dilepton de CMS . . . 178

8.5 Conclusion . . . 183

8.1 Introduction

Dans ce chapitre, nous résumerons les recherches de nouveaux phénomènes physiques

ef-fectuées par les expériences ATLAS et CMS dans les événements diphoton et dilepton. Dans

la section 8.2, nous discuterons l’analyse diphoton de CMS documentée dans la référence [81].

Nous aborderons les différents aspects de l’analyse et nous comparerons les résultats obtenus

avec ceux ATLAS. L’analyse des événements dilepton dans l’expérience ATLAS sera décrite

dans la section 8.3 et celle de CMS dans la section 8.4.

8.2 Analyse diphoton de CMS

L’étude des événements diphoton de haute masse invariante a fait l’objet de deux

publi-cations par la collaboration CMS. La première [158] utilise 36 pb-1 de données de collisions

proton-proton avec une énergie dans le centre de masse de 7 TeV. Ces données ont été récoltées

en 2010. La seconde [81] utilise 2.2 fb-1 de données de collisions proton-proton à la même

éner-gie. Ce lot de données correspond à environ la moitié des données de collisions proton-proton

enregistrées en 2011.

La stratégie de l’analyse est très similaire à celle de l’expérience ATLAS décrite en détail

dans le chapitre précédent. L’objectif est d’évaluer les contributions du Modèle Standard et de

décrire la distribution en masse invariante diphoton pour des événements avecmγγ>140 GeV.

L’échantillon de données est enregistré grâce à un système de déclenchement qui repère

deux candidats photon dans l’événement. Ces candidats photon doivent avoir une impulsion

transverse d’au moins 33, 55 ou 60 GeV en fonction de la période de prise de données. Dans

chaque événement, seuls les photons avec une impulsion transverse supérieure à 70 GeV sont

ensuite considérés. La recherche de vertex de conversion dans le détecteur de pixels permet

de séparer les photons convertis des électrons. La probabilité qu’un électron soit mal identifié

comme un photon a été évaluée à 3 %, assurant une contribution négligeable des processus

impliquant des électrons dans la région de signal. Pour réduire le taux de mauvaise identification

d’un jet hadronique comme un photon, un critère d’isolation est appliqué sur le photon.

Celui-ci, décrit en détail dans la référence [158], consiste en une combinaison d’un critère sur la

fraction d’énergie déposée dans le calorimètre hadronique, d’un critère sur la somme scalaire

des impulsions des traces dans la direction du photon et d’un critère sur l’énergie déposée autour

du cluster. De plus, un critère sur la forme de la gerbe électromagnétique est appliqué.

La production dans le Modèle Standard d’événements diphoton constitue le bruit de fond

dominant. Elle est déterminée en utilisant des échantillons de simulations. Le programme

Py-thia est utilisé pour générer des événements diphoton. La prédiction de Pythia est ensuite

corrigée pour prendre en compte les effets des ordres supérieurs de la théorie des perturbations

ainsi que les effets de fragmentation. Un facteur correctif dépendant de la masse invariante

diphoton est calculé en utilisant le rapport entre la prédiction de Diphox+2gammaMC et la

prédiction dePythia.

La production d’événements γ+jet et de multijets constitue également un bruit de fond

important. Comme dans l’analyse ATLAS, son estimation repose sur les données récoltées dans

des échantillons de contrôle. Un taux de mauvaise identification est défini comme le nombre

de candidats photon isolés divisé par le nombre de candidats non isolés. Ce taux est évalué

dans un échantillon de contrôle enregistré par un déclenchement du détecteur en présence d’un

photon mais les candidats utilisés pour la mesure du taux sont différents du photon utilisé

pour le déclenchement. Ceci est assuré par l’application d’un critère sur la distance R =

)

(∆η)2+ (∆φ)2) dans le plan (η,φ) entre le candidat responsable du déclenchement et ceux

utilisés pour la mesure du taux de mauvaise identification. Cet échantillon de contrôle est

dominé par des jets hadroniques. Cependant une contamination résiduelle de photons prompts

a été évaluée et prise en compte dans le calcul. Finalement le taux de mauvaise identification

varie de 7 % pour une impulsion transverse de 70 GeV à 2 % pour une impulsion transverse de

120 GeV. La modélisation du spectre de masse invariante des bruits de fondγ + jet et multijets

est effectuée en appliquant le taux de mauvaise identification à deux régions de contrôle enrichies

en chacun de ces bruits de fond. La première région contient un photon isolé et un ou plusieurs

photons non isolés et la seconde région inclut des événements sans photons isolés mais avec au

moins deux photons non isolés.

La modélisation du signal attendu pour les modèles ADD est effectuée avec la version 1.3.0

deSherpa. Comme dans l’analyse d’ATLAS, la prédiction deSherpaest corrigée pour prendre

en compte les effets d’ordres supérieurs. Le facteur correctif est de 1.7±0.1. Pour les modèles

RS, la modélisation est effectuée avec la version 6.424 de Pythia. Un facteur correctif variant

de 1.6 à 1.8 en fonction demγγ est appliqué pour tenir compte des effets d’ordres supérieurs.

La figure 8.1 illustre le spectre de masse invariante diphoton observé dans les données. Les

prédictions des différents bruits de fond sont également représentées ainsi que deux exemples

de signaux (un pour chaque classe de modèle). La table 8.1 résume le nombre d’événements

observés dans les données ainsi que le nombre d’événements attendus pour les différents bruits

de fond. Dans chacun des quatre intervalles de masse invariante considérés, on note un bon

accord entre la prédiction attendue du bruit de fond total et le nombre d’évenements observés.

Figure8.1 – Distribution de la masse invariante diphoton observée dans les données de

l’expé-rience CMS. Les histogrammes bleus représentent les différentes composantes du bruit de fond

prédit. Les histogrammes en pointillé représentent des exemples de signaux attendus pour les

modèles ADD avec MS = 3 TeV (en rouge) et RS avec mG = 1.75 TeV et k/MP l = 0.05 (en

bleu).

Processus Intervalle de masse invariante diphoton [TeV]

[0.14,0.2] [0.2,0.5] [0.5,0.9] >0.9

Multi-jets 15±6 17±7 0.2±0.1 0.003±0.001

γ + jet 102±15 124±18 2.5±0.4 0.19±0.04

Diphoton 372±70 414±48 16.9±3.2 1.3±0.3

Somme des 489

±73 555±81 19.6±3.2 1.5±0.3

bruits de fond

Données 484 517 16 2

Table 8.1 – Nombre d’événements observés et attendus pour les différents bruits de fond par

intervalle de masse invariante diphoton.

Si l’on calcule, dans les deux premiers intervalles, la puretéP comme le nombre d’événements

diphoton sur le nombre total d’événements attendus, on obtient :

P = 372 + 414

La même quantité peut être calculée dans le cadre de l’analyse d’ATLAS en utilisant les

deux premiers intervalles de la table 7.7. On obtient une pureté P70 %. Les échantillons

utilisés par ATLAS et CMS ont donc sensiblement la même composition.

Pour contraindre les paramètres des modèles RS, une approche similaire à celle de l’analyse

d’ATLAS est utilisée. Le produit σ×B(Gγγ) est contraint en fonction de mG. L’analyse

est effectuée en utilisant la technique semi-fréquentiste CLs [159, 160]. Pour chaque valeur de

mG testée, les contributions du bruit de fond et d’un hypothétique signal sont comparées aux

données dans une fenêtre en masse invariante diphoton centrée sur la valeur demG considérée.

La table 8.2 résume les limites imposées avec 95 % de niveau de confiance sur mG pour

différentes valeurs de k/MP l. Si l’on compare ces résultats à ceux d’ATLAS dans la table 7.20,

on note que les limites de CMS sont systématiquement inférieures. Ceci est conforme à nos

attentes puisque l’analyse d’ATLAS utilise un échantillon de données2.5 fois plus important.

Cependant la comparaison des résultats de CMS avec ceux publiés par ATLAS avec seulement

2.2 fb-1 [130], montre que ceux-ci sont similaires. Par exemple pour k/MP l = 0.1, la limite

inférieure sur mG est de 1.84 TeV pour CMS et de 1.85 TeV pour ATLAS.

k/MP l 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0.06 0.07 0.08 0.09 0.10

mG [TeV] 0.86 1.13 1.27 1.39 1.50 1.59 1.67 1.74 1.80 1.84

Table 8.2 – Limite inférieure obtenue par l’expérience CMS avec 95 % de niveau de confiance

surmG pour différentes valeurs dek/MP l.

Pour contraindre les paramètres des modèles ADD, une expérience de comptage dans la

régionmγγ> 900 GeV est effectuée. La limite sur le nombre d’événements de signal dans cette

région est ensuite traduite en une limite sur MS. Comme dans le cas de RS, la limite est

calculée en utilisant la technique CLs. On note que les limites d’ATLAS (c.f. table 7.18 ) sont

systématiquement supérieures sauf pour le scénario HLZ n = 2. Cependant avec une région de

signal similaire à celle de CMS, c’est à dire mγγ > 901 GeV au lieu de mγγ > 1217 GeV, la

limite d’ATLAS devientMS = 3.57 TeV pour le scénario HLZ n = 2 en considérant un facteur

correctif de 1. Cette limite est meilleure que celle obtenue en utilisant la région de signal par

défaut.

Facteur GRW Hewett HLZ

Correctif Neg. Pos. n= 2 n= 3 n= 4 n= 5 n= 6 n= 7

1.0 2.94 2.28 2.63 3.29 3.50 2.94 2.66 2.47 2.34

1.6 3.18 2.41 2.84 3.68 3.79 3.18 2.88 2.68 2.53

Table 8.3 – Limite inférieure obtenue par l’expérience CMS avec 95 % de niveau de confiance

surMS pour différents formalismes du modèle ADD.

Pour conclure, les analyses des expériences ATLAS et CMS dans le canal diphoton sont

très similaires. Dans les deux cas, l’estimation du bruit de fond repose sur la simulation pour le

bruit de fond irréductible alors que le bruit de fond réductible est estimé en utilisant les données

dans des échantillons de contrôle. Lorsque l’on compare des analyses utilisant une quantité de

données similaires, les contraintes sur les modèles ADD et RS sont similaires entre ATLAS et

CMS.

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