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Analyse des différences de productivité et de compétitivité dans le secteur des fruits et légumes

Main-d’œuvre employée dans les exploitations de fruits et légumes

2.3. Analyse des différences de productivité et de compétitivité dans le secteur des fruits et légumes

Pour étudier le lien entre le coût du travail (saisonnier) et la compétitivité des filières de fruits et légumes des pays étudiés, nous nous intéressons à la productivité des systèmes de production horti- coles et arboricoles, et plus particulièrement à la principale filière légumière française : la filière tomate.

Encadré 6 - Méthodologie

La productivité correspond au rapport entre la quan- tité de richesse produite et les moyens utilisés pour cette production (travail, capital, ressources en terres…).

La productivité du travail [valeur ajoutée nette par quantité de travail (VAN en €/ETP)] représente la richesse produite par travailleur. Comme la valeur ajoutée nette ne prend pas en compte les salaires, ce calcul permet de comparer la richesse produite par les travailleurs de différents systèmes de produc- tion sans tenir compte des différences de coût du tra- vail et du type de la main-d’œuvre (familiale ou non). La productivité du travail dépend donc seulement des facteurs de production sol-climat et des techno- logies de production et de commercialisation, qui per- mettent de rendre le travail plus ou moins efficace au regard de la valeur ajoutée créée.

Pour prendre en compte le coût du travail, on cal- culera la productivité du capital investi dans le tra-

vail ou « indice de productivité du travail » : il repré- sente la richesse créée par € dépensé en frais de main-d’œuvre. Cet indice indique la rentabilité de l’in- vestissement du capital en ressource de travail. La productivité en €/ETP et l’indice de productivité du travail permettent d’analyser la compétitivité des filières horticoles et arboricoles quant à l’utilisation de la ressource « travail ».

Nous calculons aussi la productivité du sol (VAN en €/ha) ainsi que le revenu des producteurs par ha (€/ha) afin d’analyser l’éventuelle influence de la dif- férence de coût du travail sur la richesse créée par hectare, sur le revenu des producteurs, donc sur la compétitivité relative de ces filières quant à l’utilisa- tion de la ressource « terre ».

Nous utilisons les données du Réseau d’Information Comptable Agricole (RICA) européen (moyenne sur 2000-2004).

Analyse des différences de productivité du travail

L’Europe de l’Ouest connaît des disparités importantes de productivité du travail dans le secteur des fruits et légumes.

Tableau 25 - Productivité du travail pour les Otex Horticulture et Arboriculture (moy. 2000-2004)

Surface Productivité Indice de Surface Productivité Indice de moyenne des du travail productivité moyenne des du travail productivité Pays exploitations horticole du travail exploitations arboricole du travail

horticoles (€ /ETP) horticole arboricoles (€/ETP) arboricole

(ha) (€/€) (ha) (€/€)

Allemagne 3,9 21 830 2,33 5,9 17 315 1,85

Espagne 3,2 18 555 1,48 3,4 14 030 1,12

France 2,1 21 085 1,42 9,0 19 370 1,31

Pays-Bas 4,9 36 450 2,10 8,7 30 940 1,79

Sources : Eurostat FSS (surfaces), RICA européen, traitement des auteurs (productivité)

Les niveaux de productivité du travail en Espagne sont les plus bas. En Allemagne et en France, les niveaux sont moyens, la productivité allemande horticole étant légèrement supérieure et la produc- tivité arboricole bien inférieure à celle de la France. Les niveaux de productivité du travail des Pays-Bas sont bien supérieurs à ceux des autres pays (plus de 30 000 € de valeur ajoutée par travailleur contre 20 000 € en France et en Allemagne). Même si la surface moyenne des exploitations horticoles en France est faible, la productivité du travail reste supérieure à celle de l’Espagne et de l’Allemagne.

Par contre, l’indice de productivité du travail salarié en horticulture est le plus élevé en Allemagne car le coût du travail y est beaucoup plus faible. La valeur ajoutée par euro dépensé en main-d’œuvre est supérieure à celle des autres pays. Cette analyse met en évidence que la stratégie de compétitivité de l’Allemagne dans le secteur des fruits et légumes repose en partie sur les faibles coûts de main- d’œuvre. Alors que les coûts de main-d’œuvre sont plus faibles en Espagne qu’en France et aux Pays- Bas, l’indice de productivité espagnol est égal voire plus faible que l’indice français ou néerlandais. L’avantage comparatif en terme de coût du travail ne parvient pas à compenser d’autres désavantages des systèmes de production espagnols. Les filières de fruits et légumes françaises semblent rester compétitives malgré une législation du travail moins favorable aux employeurs qu’en Espagne. Enfin, aux Pays-Bas, l’indice de productivité du travail est proche de celui de l’Allemagne, ce qui montre que les systèmes de production néerlandais parviennent à compenser le désavantage du fort coût du tra- vail et à rester hautement productifs par rapport à l’Allemagne. L’analyse de la filière tomate que nous ferons par la suite mettra en lumière comment les Pays-Bas compensent ce désavantage.

Analyse des différences de productivité du sol

La productivité du sol en horticulture et en arboriculture est bien supérieure aux Pays-Bas, mal- gré les coûts horaires de main-d’œuvre importants. Elle est la plus basse en Espagne où les coûts horai- res de main-d’œuvre sont parmi les plus bas. La productivité du sol en Allemagne est plus forte qu’en France et en Espagne, proche de la productivité néerlandaise en horticulture, indépendamment du mon- tant des coûts horaires de main-d’œuvre.

Tableau 26 - Productivité du sol dans le secteur des fruits et légumes

des quatre pays

Productivité du sol Productivité du sol de l’Otex horticulture de l’Otex arboriculture

(€/ha) (€/ha)

Allemagne 24 000 4 000

Espagne 9 500 2 000

France 12 000 4 000

Pays-Bas 28 000 15 000

Sources : RICA européen (moyenne 2000-2004), traitements des auteurs

Toutefois, le revenu final des exploitations horticoles est à peu près au même niveau pour l’Allemagne, la France et l’Espagne, entre 30 000 et 36 000 € par an37, et plus élevé aux Pays-Bas, où

il atteint 63 000 € par an. En arboriculture, le revenu moyen français est plus important que ceux de Allemagne et de l’Espagne (28 000 € contre 23 000 € et 13 000 €), dont les superficies moyennes d’ex- ploitation sont plus petites38.

L’accès à une main-d’œuvre peu chère en Allemagne et en Espagne semble être un déterminant important des niveaux de revenus des producteurs et de la productivité des systèmes mais cela n’expli- que pas la position dominante des Pays-Bas. Les différences de productivité sont sans doute détermi- nées par d’autres facteurs qui influencent les coûts de production, les rendements et le prix de vente obtenu par le producteur : les technologies de production, les variétés, les sources d’énergie, le type de serre, les techniques de commercialisation… Ces déterminants ont été analysés un peu plus en détail et sont présentés à travers l’étude du cas de la filière tomate en France, Espagne et Pays-Bas.

37. Source : RICA européen (moyenne 2000-2004), traitements des auteurs.

38. Les exploitations françaises de fruits et légumes sont en moyenne plus grandes qu'en Allemagne et en Espagne, si on inclut les cultures de plein champ (exclues des analyses précédentes).

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