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Analyse des entretiens par la théorie enracinée

B. Méthodologie de recherche

7. Analyse des données

7.3. Analyse des entretiens par la théorie enracinée

• La réponse aux vingt-six questions du WHOQOL-BREF, questionnaire sur la qualité de vie mis au point par l’OMS7, avant la constellation, et cinq mois après la constellation.

Les résultats à ces vingt-six questions sont ensuite regroupés en quatre domaines (World Health Organization, 1998, p 106) – physique, psychologique, relations sociales, environnement. Nous notons l’évolution de ces domaines cinq mois après la constellation, en prenant comme point de référence une personne qui donnerait les scores maximum dans chacun de ces domaines. Cette information complète la perception que nous donne le client de son bien-être dans les entretiens.

7.3. Analyse des entretiens par la théorie enracinée

7.3.1. Les raisons du choix

Nous analysons les données à travers la méthodologie de « la théorie enracinée [dans les données] » élaborée par Glaser et Strauss (1967) et reprise par Strauss et Corbin (2004), particulièrement adaptée à l’émergence de concepts, à l’établissement d’hypothèses, et à l’analyse de cas telle que préconisée par Thurin.

La méthodologie de la théorie enracinée permet d’élaborer une théorie (ici pour nous la théorie du vécu du client) « qui dérive des données systématiquement récoltées et analysées à travers le processus de recherche » : il n’y a pas de théorie préconçue, la théorie émerge des données.

7 Cf section « Maladie, santé et qualité de vie » dans chapitre « Etat de la question »

Les objectifs de cette méthodologie sont les suivants :

• Permettre de construire plutôt que tester une théorie ;

• Fournir aux chercheurs des outils analytiques pour traiter des masses de données brutes ;

• Aider les analystes à prendre en considération des alternatives aux phénomènes ;

• Etre simultanément systématique et créatif ;

• Identifier, développer et relier les concepts constituant des composants de la théorie, à partir des données brutes.

Il s’agit de « mettre en sens » les données brutes pour comprendre ce qui se passe pour la personne, élaborer en fait une théorie du vécu de la personne et du changement de ce vécu, et découvrir des hypothèses sur la relation entre utilisation de la méthode des constellations systémiques et l’évolution d’un symptôme / d’une maladie chronique.

Cette mise en sens se fait en mettant en relation des évènements et des contextes, en trouvant la logique sous-jacente, et en conceptualisant les phénomènes que l’on voit par des catégories.

On appelle ce travail la « catégorisation ».

7.3.2. Ce qu’est une catégorie

« Une catégorie représente un phénomène, i.e. un problème, un enjeu, un évènement, fait significatif, large (ex : négociation d’un accord de paix) ou étroit (modification des perceptions de l’image corporelle). Le phénomène explique ce qui est en train de se passer.

Une sous-catégorie répond aux questions se rapportant au phénomène : quand, où, pourquoi, qui, quoi, comment, avec quelles conséquences, apportant au concept une plus grande puissance explicative, et permettant de relier les catégories entre elles.

Répondre à ces questions permet de contextualiser le phénomène, le « pourquoi » (i.e. le situer dans une structure conditionnelle), et à identifier le « comment », les moyens par lesquels une catégorie se manifeste (i.e. le processus). » (Strauss et Corbin, 2004, p. 157).

Dans le cas de notre recherche, un exemple de catégorie pourrait être l’existence de symptômes, avec comme sous-catégories, les types de symptômes, leur durée, leur intensité, la gêne de vie occasionnée.

La catégorie désigne directement un phénomène d’un certain point de vue (celui du chercheur), il en fait une définition. La catégorie fait part de l’expérience du sujet. Le travail d’analyse par catégorie va au-delà de la désignation du contenu et a pour objectif d’accéder directement au sens de ce qui se passe ; elle est à un niveau conceptuel plus important que la simple description (Paillé et Muchielli, 2003, chapitre 9).

7.3.3. Le processus d’analyse utilisé

Suivant la méthodologie de l’analyse par théorie enracinée, nous avons procédé à différentes étapes dans l’analyse :

7.3.3.1. Analyse par codage ouvert

1. Plusieurs lectures sont faites du questionnaire médical et social, et de l’entretien semi-structuré effectué avant la constellation, pour faire émerger des catégories relatives au vécu du client par rapport à sa maladie. Nous avons utilisé la fonction

« commentaire » du logiciel Word pour faire apparaître directement près du texte concerné nos mémos, et les catégories que nous faisions émerger, de façon à ce qu’un autre chercheur puisse comprendre facilement notre logique de pensée dans la catégorisation.

2. Plusieurs lectures sont faites de la transcription de la constellation, en nous concentrant sur les interventions du client dans la constellation, pour voir si des nouvelles données nourrissaient la catégorisation faite précédemment.

3. Plusieurs lectures sont faites de l’entretien semi-structuré effectué cinq mois après la constellation, pour faire émerger de nouvelles catégories, des nouvelles sous-catégories ou propriétés de sous-catégories identifiées avant et pendant la constellation.

Cela nous permet d’identifier ce qui a changé du point de vue du client depuis la constellation.

Voici un exemple de note d’une catégorie possible à partir de l’analyse de l’entretien de suivi de Mme Claire :

E VI 6c « J’ai l’impression que ça m’a un peu… je ne sais pas si c’est ça … ça m’a un peu détendue dans mes rapports avec les gens ».

Catégorie « changements », sous catégorie « relationnel », propriété « lâcher prise » (ou détente), dimension « niveau de pression »

Notons que le passage d’un phénomène en catégorie se fait quand il a acquis un trait suffisamment important de généralité, après saturation. La saturation se fait en accumulant propriétés et dimensions pour ce phénomène, et relève d’une décision de l’analyste (Paillé &

Muchielli , 2003, p 173)

7.3.3.2. Analyse par codage axial

Cette analyse a pour objectif de développer (par l’ajout de propriétés et de dimensions) et de relier les catégories entre elles, en vue d’élaborer une théorie du vécu du client et de la transformation de ce vécu. Cette analyse a déjà commencé pendant le codage ouvert. Elle est formalisée sous format de tableau Excel8, montrant le lien des catégories entre elles.

7.3.3.3. Modélisation du vécu du client

Cette modélisation, graphique, montre le lien entre les catégories principales (de nombreuses catégories s’y relient), les relations de causalité, les niveaux de détail reliant les catégories.

Elle montre aussi, par l’utilisation de la couleur (vert clair pour les changements arrivés depuis la constellation, et vert brillant pour ceux qui sont l’effet de la constellation pour le client), la transformation du vécu du client.

Nous allons sans doute trouver des catégories différentes pour chaque cas.

7.3.4. Quelques différences

Dans l’analyse par théorie enracinée, il faut aller rechercher le plus de données possibles, quitte à avoir un nombre d’entretiens différent par participant. Or ici, pour ne pas gêner le processus thérapeutique :

• Dans l’entretien semi-structuré avant la constellation, nous nous cantonnons aux questions du guide d’entretien, afin d’influencer le moins possible le client avant sa constellation

8 Disponible en annexe

• Le constellateur, de même, pendant l’entretien au début de la constellation, reste au niveau des faits et des émotions, et va peu dans le détail, afin de ne pas influencer cette fois-ci les représentants de la constellation

• Nous avons respecté la demande des constellateurs de ne pas aller solliciter le client avant le délai prévu de cinq mois, d’une part pour respecter le client et le travail intérieur qui se fait, et d’autre part pour avoir une comparaison non biaisée entre les différents cas, à un niveau national et international. Cependant, toute information qui viendrait spontanément du client vers nous ou le constellateur sera intégrée dans le corpus des données de recherche.

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