• Aucun résultat trouvé

1. La prise en charge en médecine thermale

La médecine thermale est une « médecine de soin » et non pas une médecine de

diagnostic. Les patients sont adressés par leur médecin traitant « et viennent, en principe, avec

un diagnostic. »

Il s'agit d'une médecine de soin qui se base sur l'utilisation de l'eau thermal.

Le patient est vu lors d'une première consultation, pour la réalisation d'un

interrogatoire et d'un examen clinique, qui vont déterminer le programme de soin. « Il n'y a

pas de programme type, c'est vraiment en fonction des antécédents, de l'âge, des

contre-indications éventuelles »

Les soins comportent : les aérobains, l'hydroxeur, la piscine de mobilisation, les

douches au jet, l'application de boue thermale et des massages sous eau par un

kinésithérapeute.

2. Éducation / conseils donnés aux patients

Elle représente aussi un point important de la prise en charge. Le médecin thermal

considère pouvoir jouer un rôle dans l'éducation et la délivrance des conseils car il a plus de

temps

On a pas de mérite, on a simplement plus de temps. »

« Les gens se confient d'avantage, sans doute, ou nous disent des choses qu'ils n'ont

pas le temps de dire à leur médecin de famille. Je pense qu'on a un rôle de conseiller, au

niveau des postures, de choses que tout le monde sait plus ou moins mais qu'on applique pas

toujours. Il suffit de regarder les gens quand ils se déshabillent ou qu'ils se rhabillent, la

manière de lacer leur chaussure, c'est tout à fait significatif. On leur apprend un petit peu les

gestes basiques. »

3. Réticences

S'il n'a aucune réticence à travailler avec les autres professionnels, le médecin constate

que quelques « médecins ont beaucoup de réticences à travailler avec nous.(...) qui pensent

que la médecine thermale, comme elle est si peu enseignée à la faculté, est « si ça fait pas de

bien, en tout cas ça ne fait pas de mal. » Ce qui est un peu réducteur comme raisonnement ».

En décrivant les massages réalisés au cours de la cure, le médecin décrie la prise en

charge kinésithérapique réalisée en ville : « Donc c'est complètement différents de ce que l'on

pratique en ville, d'autant qu'en ville, il est bien difficile de trouver des kinésithérapeutes qui

massent. En général, il vous met sous une lampe, et masse 3 minutes... Ici le massage dure 20

minutes, ce qui n'est quand même pas négligeable. »

4. Communication interprofessionnelle

Les patients ne sont pas toujours adressés en cure thermale avec un courrier, alors que

le médecin souhaiterait recevoir de ses confrères quelques informations nécessaires pour la

prise en charge : « c'est toujours intéressant d'avoir une lettre, ne serait-ce que pour avoir les

pathologies (type diabète, problème cardiaque, etc), les antécédents, les traitements de

certains patients. (…) pourquoi on nous l'adresse, parce que les gens ne savent pas toujours

pourquoi ils viennent, ils disent qu'ils ont mal partout. De toute façon comme on fait un

examen global, on passe rarement à côté de quelque chose(...) Et aussi les pathologies

intercurrentes aussi, avec leur traitement (rarement connu par les patients) Ça nous limite

dans le programme de soin, parce qu'il est évident qu'on ne va pas infliger des soins trop

agressifs à des patients qui seraient déjà fragilisés. »

5. Résultats

Les examens réalisés au début de la prise en charge et à la fin de la cure permettent de

vérifier s'il y a une récupération fonctionnelle (indice de Schöber).

Le médecin considère que la cure donne de bons résultats.

« on a quand même quelques années de recul, et on voit les gens, notamment au

niveau des critères, pas purement subjectifs, de savoir est-ce qu'ils ont moins mal ou pas,

parce que c'est difficile à apprécier, l'échelle de la douleur, on sait très bien ce que ça vaut,

mais je pense au niveau de la consommation médicamenteuse, pour les actifs au niveau des

arrêts de travail, etc, on a des paramètres qui nous permettent de vérifier quasiment tous les

jours qu'effectivement la médecine thermale entraîne des bénéfices, y compris au niveau santé

publique, au niveau du cout, puisque les gens sont moins consommateurs. C'est une des seules

thérapeutiques qui permette, indirectement, de faire faire une économie à l'assurance

maladie. »

6. Implication

Le médecin note que les patients viennent en consultations avec beaucoup d'examens

complémentaires, et il l'explique par l'insistance des patients à réaliser ces examens.

« C'est pas la faute du médecin, parce que moi j'ai des patients qui change de

rhumatologue parce que tel rhumatologue n'a pas voulu lui prescrire une IRM. C'est

malheureusement dans la mentalité d'aujourd'hui, si vous faites pas, donc ça ne va pas. Alors

on essaie aussi de leur expliquer que la radio n'est pas forcément nécessaire, qu'un scanner

c'est pas anodin. Je pense qu'à discuter avec eux, on arrive des fois à les convaincre qu'avec

un scanner, ils n'auront pas forcément moins mal. Je crois qu'il faut rééduquer un petit peu les

patients, qui sont souvent un peu vindicatifs. Ils ont une gonalgie, c'est d'emblée une IRM,

alors que je pense que la première des choses ça reste encore l'examen clinique. Avec un bon

examen clinique, ça permet de cerner un peu les diagnostics et puis peut-être d'éviter de faire

des examens redondants. Parce qu'ils font des IRM, et 6 mois après ils en refont une autre.

C'est stupéfiant. »

« Ce sont surtout les patients qui sont vindicatifs, et qui ne se privent pas pour

critiquer leurs différents médecins. »

V. Discussion