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Transition entre ancien et nouveau manuel à l'Alliance française de Pristina

3. Présélection et analyse de manuels

3.2 Analyse d'Agenda

Agenda 1 est un manuel édité en 2011 par Hachette. Il propose un parcours d'apprentissage

centré sur l'apprenant et dont l'aspect visuel reprend le concept d'un agenda personnel. Il est divisé sous forme de « Jours », eux-mêmes composés de deux « Rendez-vous » qui présentent une histoire fictive avec des personnages récurrents dont où suit des épisodes de la vie quotidienne. La collection comprend trois manuels, qui vont jusqu'au niveau B1.

" Points forts

Le découpage novateur en Jours et en Rendez-vous est original et conduit les apprenants à s'immerger dans différents contextes de la situation quotidienne dans la double-page « à faire », dans laquelle ils réutilisent ce qu'ils ont vu précédemment dans la leçon. Le fait de suivre les aventures de personnages récurrents au fil d'une histoire permet de donner des repères dans la structure de l'ouvrage. Cette double-page est aussi l'occasion de s'entraîner dans une situation plausible de la vie réelle avant de passer à l'action par une tâche à réaliser dans le contexte réel de la classe.

Les évaluations proposées sont nombreuses et suffisamment variées. Il existe un bilan dans le guide pédagogique entre les présentations de chaque Jour qui prépare aux évaluations DELF du livre de l'élève. On y trouve aussi des grilles pour l'évaluation de la production orale et écrite, reprises du CECR, pour guider l'enseignant dans une démarche évaluative objective. Pour les apprenants, on trouve plusieurs outils destinés à les aider à mesurer leurs acquis. Le livre de l'élève offre une grille d'auto-évaluation avec des objectifs communicatifs et grammaticaux à valider. En cas de doute ou d'incompréhension, l'apprenant peut se reporter aux pages indiquées pour réviser la notion non acquise. Cette grille est parfois difficile à lire mais au moins elle donne des exemples pour aider l'apprenant à comprendre l'aspect concret sous lequel se trouve ses acquis (par exemple : « Parler de son corps : j'ai mal au dos »). Le cahier d'activités reprend le concept des descripteurs du CECR sous la forme d'énoncés du type « je peux » et l'apprenant coche la case qui lui correspond le mieux.

Le guide pédagogique propose une rubrique « Pour aller plus loin » après chaque exercice présenté dont on nous donne l'objectif et le déroulement. Cette rubrique donne des pistes d'exploitation supplémentaire par rapport au déroulement indiqué. Il offre la possibilité aux enseignants de développer davantage les activités. La rubrique « Erreurs prévisibles et remédiation » est intéressante parce qu'elle donne des clés pour expliquer les erreurs qui se présentent fréquemment. Le guide est plutôt détaillé, notamment pour les activités des pages jeux et les tâches du livre de l'élève. Il n'y a cependant pas vraiment d'activité complémentaire proposée (pistes vers d'autres documents ou des liens Internet).

Le livre de l'élève propose une large variété d'exercices. Il est notamment mis l'accent sur l'aspect ludique de l'apprentissage grâce aux pages « Culture Vidéo » et « Culture Jeux » que l'on rencontre à la fin de chaque Jour. De plus, on retrouve des jeux à faire en groupe, en classe, tout au long du manuel au milieu d'exercices plus classiques. Ils sont présentés dans les pages 201 et 202 du guide pédagogique. Il y a peu de documents authentiques mais beaucoup d'illustrations et de photos qui égayent le manuel et le rendent attractif dans sa composition.

" Points faibles

Le guide pédagogique est plutôt complet mais manque parfois de clarté notamment dans sa présentation. Par exemple, il n'y pas de référence aux pages du livre de l'élève, ce qui pousse l'enseignant à rechercher à chaque fois à quelle page correspondent les explications.

Le découpage original peut apparaître confus au premier abord, surtout si l'on est habitué à des conceptions plus classiques. Il nécessite un temps d'adaptation afin de bien prendre en main sa forme et son utilisation. La présentation des Rendez-vous est très voire trop structurée. En effet, les notions travaillées sont compartimentées. Il est parfois difficile de comprendre en quoi les exercices des différentes sections sont reliés les uns aux autres. Par exemple, p. 28/29, on retrouve les rubriques suivantes : « Présenter quelqu'un », « Compter de 70 à 100 », « Parler des professions » : chacune de ces notions est travaillée séparément, l'une après l'autre. C'est seulement dans la troisième double-page du Rendez-vous que sont rassemblées toutes les notions et qu'elles sont connectées entre elles. On peut dire que la progression est plutôt cloisonnée, même si certains points linguistiques sont revus plusieurs fois au cours du manuel. La deuxième double-page du Rendez-vous est consacrée exclusivement aux contenus grammaticaux : présentation explicite d'une règle suivie de plusieurs exercices d'application. On attendrait une plus grande souplesse dans la présentation des activités et ne pas devoir enchaîner d'abord les activités de compréhension et de découverte et ensuite les activités grammaticales. C'est à l'enseignant de faire l'effort ne pas suivre de manière linéaire le manuel sinon il peut y avoir un côté rébarbatif à faire l'ensemble de la grammaire d'un côté et à travailler le lexique de l'autre. Il doit alors adapter le manuel pour ne pas le suivre dans l'ordre mais mélanger les contenus afin de les rendre plus attractifs et cohérents dans leur introduction aux apprenants.

Le concept de l'agenda est audacieux mais pas forcément adapté au contexte culturel du Kosovo. En effet, il n'y pas de culture du rendez-vous au Kosovo où tout se décide au dernier moment. De plus, l'histoire fictive, dans les situations proposées, n'a pas toujours de rapport avec la réalité de la vie quotidienne de là-bas. L'apprenant se met en situation/en scène à travers l'utilisation d'un « je » fictif qui peut être déstabilisant, étant utilisé dans des situations de simulation avec des personnages imaginaires et non pas dans le cadre de la classe.

De même, les tâches proposées ne sont pas toujours convaincantes. Par exemple, on demande de créer le dépliant d'une exposition, de participer à un concours de chansons ou de dessiner un blason. Elles n'ont pas vraiment d'ancrage dans la réalité et demandent aux apprenants des compétences comme chanter ou dessiner qu'ils ne possèdent peut-être pas. Elles se trouvent au milieu de tâches plus classiques comme organiser un repas ou préparer un voyage qui sont facilement reproductibles dans la vie quotidienne.

Il y a peu de contenus interculturels, aucune page n'est complétement dédiée à la mise en œuvre de cette compétence.

" Conclusion

Le manuel Agenda 1 offre une approche originale dans sa présentation et dans sa conception. Cependant, cette originalité est à double tranchant puisqu'elle peut désorienter et nécessiter du temps pour s'y adapter. De même, la structure requiert de la préparation afin de varier l'ordre et le développement des contenus, qui sont présentés de manière plutôt cloisonnée. Le guide pédagogique est un repère intéressant pour l'enseignant qui peut s'y appuyer pour le déroulement de son cours. L'approche retenue de l'agenda ne correspond pas forcément à la culture éducative du contexte où il peut être utilisé.

Le manuel ne précise pour combien d'heures d'enseignement/apprentissage il a été conçu. C'est dommage car il est alors difficile de se baser dessus pour prévoir un planning prévisionnel de découpage progressif. L'équipe pédagogique devrait se mettre d'accord sur la manière de le diviser mais cela demande de pouvoir bien appréhender le tableau des contenus et de savoir ce qui peut être fait en une session de cours de 45 heures. C'est un gros travail de préparation qui demande du temps, ce que nous n'avons pas forcément dans notre contexte étant donné les délais impartis.