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: Analyse contrastive

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 125-177)

Cette section a pour but de dresser un tableau contrastif global du discours rapporté en allemand et en français. La première section a fourni la description des divers éléments qui constituent le continuum de la représentation du discours. L’objectif est ici d’établir quelles sont les combinaisons de traits énonciatifs que propose chaque langue au travers des genres de DR qu’elle a formés. L’analyse contrastive se compose de trois parties successives : les séquences introductrices, le mode direct et le mode indirect.

Les séquences introductrices (chapitre 3) sont l’outil permettant d’intégrer explicitement un discours autre dans le discours actuel. Elles sont le lieu où la mise en relation des deux énonciations est représentée par un métadiscours. Elles sont sélectionnées et énoncées par l’énonciateur premier, mais peuvent faire entendre la voix de l’énonciateur second. Nous avons choisi de nous concentrer sur les stratégies permettant d’agir sur la voix de l’énonciateur second. Nous empruntons à Rabatel (2004a) le concept d’effacement énonciatif pour désigner la faible visibilité d’un énonciateur. En 3.1, nous rappellerons la définition de ce concept, pour ensuite l’étudier sur le plan sémantique en 3.2 et sur le plan syntaxique en 3.3.

Les formes directes de l’allemand et du français (chapitre 4) reposent sur des bases énonciatives similaires et véhiculent des valeurs discursives communes. Les formes indirectes (chapitre 5), en revanche, présentent beaucoup de différences. En 5.1, nous traiterons de l’indirekte Rede et du discours indirect et montrerons que les points de variations entre l’allemand et le français portent sur la problématique de la présence de l’énonciateur second. Quant aux discours non introduits, la première observation est celle d’une dissymétrie, l’allemand disposant de l’einführungslose indirekte Rede et de l’erlebte Rede, le français du discours indirect libre. Nous procéderons en 5.2 à la comparaison entre les deux discours indirects interprétatifs, l’ER et le DIL. Nous poursuivrons en 5.3 avec l’analyse de l’EIR. Nous chercherons d’abord en 5.3.1 les similitudes entre l’einführungslose indirekte Rede et les genres du français, pour nous interroger en 5.3.2 sur la proximité avec le discours indirect français elliptique et en 5.3.3 sur celle avec le conditionnel d’altérité énonciative.

3 Les séquences introductrices

Les séquences introductrices sont le lieu où l’énonciateur citant marque explicitement sa position de témoin et de relais d’une énonciation autre. Elles sont le lieu privilégié de son intervention sur une énonciation seconde. Ce lieu où il reconstruit une partie du contexte de l’énonciation seconde se prête à une analyse graduée de son intervention, au regard des informations choisies et filtrées par ses soins et, au final, de son inscription comme sujet d’énonciation dans le discours rapporté.

Nous avons étudié les séquences introductrices au travers du concept d’effacement énonciatif. Nous présentons en 3.1 ce concept qui désigne la faible visibilité d’un énonciateur dans un discours auquel pourtant il participe. Nous nous sommes placée sur le plan sémantique (3.1) et syntaxique (3.2) pour analyser les supports les plus saillants de la subjectivité de l’énonciateur rapporteur et de celle de l’énonciateur rapporté.

3.1 L’effacement énonciatif

Nous avons observé un des pôles sémantiques des introductions121, celui des verbes décrits comme des verbes « neutres », qui ne contiennent qu’un nombre de traits sémantiques réduit, voire minimal ; minimisant l’interprétation que livre l’énonciateur rapporteur, ils sont à interpréter comme le signe d’un effacement énonciatif. Il est apparu que d’autres éléments que les verbes introducteurs ont également cette caractéristique d’effacement énonciatif : so + énonciateur est également un outil par lequel l’énonciateur premier minimise les marques qui renvoient à lui comme source d’interprétation du DR. Sur le plan syntaxique, il apparaît que le type d’intégration permet de faire moduler la présence de l’énonciateur premier. La linéarisation de l’énoncé différente en l’allemand et en français amène différentes variations énonciatives.

121 Les études contrastives réalisées sur les séquences introductrices dont nous avons connaissance sont celles de Sabban (1978), analysant les différences distributionnelles de quelques verbes introducteurs allemands et français et celles de Dupuy-Engelhardt (1993). Toutefois, les travaux de cet auteur sont au départ une étude confrontative du champ lexical de l’acoustique en allemand et en français (Voir Dupuy-Engelhardt : La saisie de l’audible. Etude lexématique de l’allemand. Tübingen : Narr, 1990) et ne traitent pas spécifiquement de la représentation du discours. Cette lexicologie contrastive révèle une pléthore de verbes introducteurs acoustiques pour l’allemand et une proportion nettement moindre de verbes introducteurs acoustiques en français.

Le discours rapporté se définit comme la mise en relation de deux énonciateurs et de leurs situations d’énonciation. Les relations entre les deux énonciateurs sont variables et s’analysent par le biais du rapport entre les marques énonciatives - ou subjectivèmes dans la terminologie de Kerbrat-Orecchioni (2002) - imputables à l’énonciateur premier et celles imputables à l’énonciateur second. Nous empruntons à Rabatel (2004a) les notions de désinscription énonciative, aussi appelée effacement énonciatif, et conjointement celles d’inscription énonciative pour désigner le phénomène graduel qui « ne se limite pas aux marqueurs personnels et spatio-temporels, mais [qui] intègre toute forme de référence dont l’interprétation n’est plus opérée en fonction des données situationnelles » (2004a : 8).

Concernant le DR, l’effacement énonciatif se réalise au travers des marques et indices suivants :

- mode énonciatif indirect et direct

Un DR au mode direct réalise un effacement énonciatif de l’énonciateur premier au profit de l’énonciateur second, à qui l’énonciateur premier « laisse la parole ».

- verbes, lexèmes et syntagmes introducteurs

Les verbes introducteurs sont une intervention de l’énonciateur premier, qui peut graduer son intervention. Ainsi, le choix de dire / sagen semble réduire la subjectivité de l’énonciateur premier par rapport à tout autre verbe introducteur, et donc limiter son intervention dans le discours rapporté.

- mode verbal (en allemand) et concordance des temps (en français)

Lorsque le Konjunktiv II et la concordance des temps sont employés pour introduire une modalité critique, la position de l’énonciateur premier est renforcée par rapport à celle de l’énonciateur second.

- marques de littéralité à travers les lexèmes, la syntaxe (à l’oral à travers la prosodie) Les marques de littéralité, comme par exemple l’îlot textuel, renforcent la présence de l’énonciateur d’origine.

L’examen de l’inscription énonciative des énonciateurs n’est qu’une première étape dans l’analyse des valeurs discursives. Cette analyse des rapports énonciatifs permet ensuite, selon le type de contexte, de déduire quel est l’effet pragmatique visé. D’après Rabatel, « les effets pragmatiques qui découlent de l’effacement énonciatif dans les discours citants et cités » créent « trois postures qui entrent en jeu dans la construction interactionnelle des points de vue [...] :

- la coénonciation correspond à la coproduction d’un point de vue commun et partagé.

[...] Les phénomènes d’accord sur un PDV étant fragiles, limités, la coénonciation s’avère une forme sinon idéale de coopération, du moins très instable, fugace, vite remplacée par la sur- ou sous-énonciation [...] ;

- la surénonciation est définie comme l’expression interactionnelle d’un point de vue surplombant dont le caractère dominant est reconnu par les autres énonciateurs ; - la sousénonciation renvoie à l’expression interactionnelle d’un point de vue dominé,

au profit d’un surénonciateur. » (Rabatel 2004a : 9-10)

L’effacement énonciatif se traduit par différentes marques qu’il convient d’interpréter pragmatiquement dans le contexte, ces marques n’étant « pas univoques » (Rabatel 2004a : 12) : il y a certes une forte corrélation entre l’effacement énonciatif d’un énonciateur (plus exactement d’un locuteur) et sa position de sous-énonciateur, toutefois les marques qui attestent d’une présence de l’énonciateur premier n’indiquent pas nécessairement qu’il est en position de surénonciation, pas plus que leur absence ne signale automatiquement sa position de sousénonciateur. Par exemple, un énonciateur peut simuler un effacement énonciatif en usant de DD, mais en réalité s’approprier la parole d’autrui en exploitant la richesse de représentation que permet le DD.

Dans notre recherche, nous nous concentrons sur les paramètres de l’effacement énonciatif et n’envisageons pas systématiquement la conséquence pragmatique en termes de sur- ou sousénonciation. Notre objectif est d’analyser les changements dans le rapport de forces énonciatives que provoque la traduction, et d’en chercher les causes. Nous concentrons notre étude de l’effacement énonciatif autour des séquences introductrices car elles sont un endroit stratégique où se rencontrent les voix.

Sur le plan lexical, nous avons relevé deux éléments de nature différente qui réalisent un effacement énonciatif : les verbes au sémantisme « primaire » et l’introducteur so. Les verbes que nous appelons « primaires » ne font que signaler l’acte locutoire, sans le caractériser. Ce sont sagen, machen, dire et faire et, sous un angle perceptif, hören et entendre. L’effacement énonciatif permis par les verbes primaires est encore plus marqué avec les syntagmes introducteurs de type so : en effet, nul verbe ne caractérise le DR, nulle interprétation ne semble avoir été opérée par l’énonciateur premier. So + énonciateur livre une image d’une énonciation source réduite à son contenu propositionnel et occulte les

caractéristiques de la situation de discours :

(105) Gerade die Geschwindigkeit, „die Beschleunigung des Prozesses der kreativen Zerstörung ist das Neue am marktwirtschaftlichen Kapitalismus von heute“, analysiert der amerikanische Ökonom Edward Luttwak, der dafür den Begriff des „Turbo-Kapitalismus“ prägte. Das „horrende Tempo der Veränderung“, so der gebürtige Rumäne, [...] wird zum „Trauma für einen Großteil der Bevölkerung“. (Martin und Schumann, Die Globalisierungsfalle : 250)

L’appartenance de so + énonciateur au champ du discours rapporté ne fait pas l’unanimité.

So est décrit par Behr (2002 : 171) comme « die kanonische Form der eingeschobenen oder nachgestellten RQA [Redequellenangabe] » des introducteurs averbaux de DR. En revanche, Gallèpe (2003 : 276) voit dans cet introducteur une forme périphérique du DR, car il relèverait des formes de « modalisation en discours second » (notion empruntée à Authier-Revuz, cf. 1.3.2), à l’instar de laut. Nous expliquerons en 3.3. pourquoi nous avons choisi d’intégrer so dans le champ du DR122.

3.2 Les verbes introducteurs primaires

Sagen est le verbe prototypique du dire. L’analyse componentielle de Marschall (1995 : 361ss), également valable pour dire, distingue : « sagen1 = äußern, minimal spezifiziert »,

« sagen2 = mündlich äußern, im Gegensatz zu schreiben, etc. » et « sagen3 = mitteilend äußern, gegenüber fragen ». Seul le premier de ses trois sens est sémantiquement neutre.

Sagen2 et sagen3 ne sont pas à considérer comme des verbes primaires, puisqu’ils spécifient la nature du discours.

La différence entre dire et faire d’une part, sagen et machen d’autre part, est sémantique, syntaxique et distributionnelle. Faire est un verbe introducteur qui indique que l’objet est le résultat du procès ; sans caractériser l’acte accompli (Sabban 1978 : 37) et sans comporter de trait du dire, il introduit un discours rapporté en présentant l’énoncé comme le produit d’un acte, comme le relève Gather (1994 : 201) : « der Äußerungsakt [wird] unter dem Aspekt der Handlung fokussiert ». D’après Gather (1994 :198-199), en outre, le français n’est pas la

122 Outre les verbes d’introduction primaires et l’introducteur averbal so, un autre moyen d’opérer sur la présence de l’énonciateur rapporteur consiste à lui substituer un sujet impersonnel, comme dans l’énoncé suivant : Als er dies alles in größter Eile überlegte, ohne sich entschließen zu können, das Bett zu verlassen - gerade schlug der Wecker drei Viertel sieben -, klopfte es vorsichtig an die Tür am Kopfende seines Bettes.

„Gregor“, rief es - es war die Mutter -, „es ist drei Viertel sieben. Wolltest du nicht wegfahren?“ (Kafka, Die Verwandlung : 22) L’effacement énonciatif est double : l’identité de l’énonciateur cité est tue et, dans un même mouvement, la présence de l’énonciateur rapporteur est réduite. Dans le cadre de la fiction narrative, cela augmente l’illusion de fidélité du discours direct en créant une focalisation interne.

seule langue romane à employer le verbe [faire] comme verbe introducteur : cet usage se rencontre en italien, catalan, portugais, provencal, roumain, et seul l’espagnol fait exception.

(106) « Si ce n’est pas pitoyable ! » fit le socialiste, en haussant de dégoût les épaules. (Flaubert, L’éducation sentimentale : 139)

Faire ne peut pas introduire de DI. Selon l’analyse de Sabban (1978 : 38), l’absence de trait d’émission en est la cause. Le DD, à la différence du DI, contient des indicateurs de discours qui rendent non nécessaire la présence d’un trait émissif et son introduction par faire possible. Ces indicateurs sont d’après Sabban phonologiques, syntaxiques et graphiques ; nous ajoutons à cette liste d’indicateurs facultatifs un indicateur fondamental, à savoir la disjonction énonciative, absente par définition du mode indirect.

Concernant la différence distributionnelle avec dire, nous reprenons l’observation formulée par Gather. Ce verbe connaît non pas des restrictions d’emploi, mais des préférences. Faire s’emploie de manière privilégiée avec des DD et en incise ou postposition ; les énoncés sont surtout des interjections, des vocatifs, des exclamatives, des phrases incomplètes, des énoncés marqués affectivement. Concernant le genre de discours, Gülich (1978 : 90) relève qu’il n’apparaît pas dans les textes de presse, mais seulement dans les textes littéraires.

Machen attire également l’attention sur l’acte de discours, mais à la différence de faire ne se rencontre dans un usage standard que s’il introduit des onomatopées ou des interjections (Michel 1966 : 219 ; Sabban 1978 : 37), comme dans les exemples suivants :

(107) „Hm“, machte er, wandte sich grußlos ab und verschwand im Kassenraum (Arjouni, Ein Freund : 10) (108) „Scht! Scht!“, machten die andern Dirnen. (Storm, Der Schimmelreiter : 131)

Dans la terminologie d’Austin (voir 1.4.3.2), faire, peut introduire aussi bien des actes phonétiques que des actes phatiques, tandis que machen n’introduit que des actes phonétiques. La comparaison entre faire et machen révèle que machen est d’un emploi beaucoup plus limité que faire, ce dernier apparaissant alors comme une « romanische Eigentümlichkeit » (Maingueneau 2000 : 112 ; voir aussi Gülich 1978 : 89).

En plus de ces quatre verbes introducteurs primaires que sont sagen, dire, faire, machen, il existe dans un registre archaïque les verbes sprechen et parler. Employés dans des textes non archaïques, ils revêtent alors une connotation solennelle (exemples suivants de Der Schimmelreiter et de Buddenbrooks), éventuellement accompagnée d’une nuance d’ironie

(exemple suivant tiré de Die Klavierspielerin), et comportent dans ces cas une marque d’interprétation et d’appréciation de la part de l’énonciateur rapporteur qui n’en font plus des introducteurs primaires.

(109) Als er nach Hause kam, ergriff Elke seine Hand :

„Was hast du, Hauke?“ sprach sie, als sie in sein düstres Antlitz sah; „es ist doch kein neues Unheil ? [...]“ (Storm, Der Schimmelreiter : 128)

(110) Mit einem letzten, sehr langen Schritte trat er heran, indem er mit dem Oberkörper einen Halbkreis beschrieb und sich auf diese Weise vor Allen verbeugte.

„Ich störe, ich trete in einen Familienkreis“, sprach er mit weicher Stimme und feiner Zurückhaltung.

„Man hat gute Bücher zur Hand genommen, man plaudert... Ich muß um Verzeihung bitten!“ (Mann, Buddenbrooks : 93)

(111) Ich habe das Gefühl, daß Sie Ihren Körper verachten, nur die Kunst gelten lassen, Frau Professor.

Spricht Klemmer. (Jelinek, Die Klavierspielerin : 69)

Outre les verbes neutres d’émission et de perception qui introduisent le discours sans le caractériser, l’allemand dispose des verbes lauten et heißen, appelés par Marschall (2001 : 599) « verbes d’identification ». Ni émissifs ni perceptifs, ils spécifient le « libellé de la matière langagière » du discours (Angabe des Wortlauts , Marschall 2001 : 599). Lauten désigne le libellé d’un texte, produit d’une énonciation. Il implique nécessairement le Wortlaut exact. Heißen désigne le libellé d’une énonciation, sans nécessairement le faire de manière littérale (Marschall 1995 : 362). Pragmatiquement, l’emploi de heißen, accompagné du sujet impersonnel es, marque un effacement énonciatif de l’énonciateur rapporteur. Es heißt est une introduction qui permet de ne pas nommer la source et de ne pas caractériser la valeur communicative (In dem Vertrag heißt es ausdrücklich, dass ... ; Damals hieß es, der Krieg würde nicht lange dauern). L’énonciateur rapporteur semble s’effacer derrière le discours qu’il cite, en DD comme en DI. Les intentions de l’énonciateur rapporteur, fictives comme réelles, varient selon les situations de discours (neutralité, absence de répétition de l’identité de l’énonciateur second, ignorance de son identité, …).

Bilan des verbes primaires

3.3 L’introducteur averbal so 3.3.1 Caractéristiques de so N

So + énonciateur introduit un énonciateur soit nouveau, soit déjà cité dans le texte (cette deuxième possibilité n’apparaissait pas dans le corpus de Behr 2002 : 172), et apparaît aussi bien en DI qu’en DD.

(112) [Horgan] hörte den Jeep. Doch niemand erschien; Dalla Rosa, Butterworth und Pacquin gingen sofort in die Kammern. [...] Aber weshalb legte sich Butterworth hin? Notierte er wieder? Er schreibe wohl an einem Brief-Roman, so McEllis. Horgan bezweifelte das. (Kirchhoff, Infanta : 222)

(113) Sogar der Wiener Erzbischof Christoph Schönborn [...] mischte sich in die Debatte ein. „Wenn zwei der weltgrößten Chemiekonzerne fusionieren“, so Schönborn, „obwohl es beiden wirtschaftlich bestens geht, und dabei 15000 Arbeitsplätze ‘freisetzen’, so ist das nicht ein Sachzwang, den der allmächtige Gott ‘Freier Markt’ dekretiert hätte [...].“ (Martin et Schumann, Die Globalisierungsfalle : 180)

La position syntaxique de so est conditionnée par la situation de discours. Dans un registre standard et écrit, so apparaît en incise ou en postposition ; l’antéposition cataphorique n’est possible qu’en situation de discours oral, dans les syntagmes du type und er so, comme l’a montré Golato (2000). Son corpus de discours filmé montre que ce type d’introducteur permet fortement de théâtraliser le DR (exemple 114) - et également de mettre en scène des attitudes sans paroles (exemple 115).

* So McEllis, er schreibe wohl an einem Brief-Roman.

* So Schönborn, „wenn zwei der weltgrößten Chemiekonzerne fusionieren, obwohl es beiden wirtschaftlich bestens geht, und dabei 15000 Arbeitsplätze ‘freisetzen’, so ist das nicht ein Sachzwang, den der allmächtige Gott ‘Freier Markt’ dekretiert hätte [...].“

(114)

1 R : und er so : (R looks to left, right, left, but not at A or T) joa und ich wollt mal gucken ob 2 R : ihr probleme habt und .hh

3 R (S shrugs shoulders) weil ihr seid hier langsam gefahrn und : 4 R : ne ? [so :. wo wollt] ihr denn hin ?

5 S : (S throws head back) [he ho ha ha]

6 (.) (Golato 2000 : 43) (115)

1 R : das hat mir tobias alles gesacht also

2 R : ich war echt (R spreads hands freeezes in position) so .ähh[hhh 3 T : [ich schlief ich

4 T : sach fahr rechts ran, ganz ruhich (Golato 2000 : 44-45)

So ne permet pas uniquement de rapporter un DD ou DI en l’accompagnant de la seule mention du nom de l’énonciateur originel. Il intervient également dans des séquences introductrices verbales123:

(116) „Ja, lieber Albert“, so begann er, „ja, es betrübt mich, daß Ihr Ehrgeiz nicht auf etwas Besseres geht, als auf eine Laufbahn in den Gewerkschaften.“ (Breitbach, Das blaue Bidet : 214)

So + locuteur et So + verbe introducteur sont deux emplois d’un même adverbe phorique

« de manière » (Métrich et al. 2002 : 111). La différence réside dans le fait que so est indispensable dans so + locuteur, tandis qu’il fonctionne comme élément facultatif de cohésion dans so + verbe introducteur124 :

* „Wenn zwei der weltgrößten Chemiekonzerne fusionieren“, Schönborn, „obwohl es beiden wirtschaftlich bestens geht, und dabei 15000 Arbeitsplätze ‘freisetzen’, so ist das nicht ein Sachzwang, den der allmächtige Gott ‘Freier Markt’ dekretiert hätte [...].“

„Ja, lieber Albert“, begann er, „ja, es betrübt mich, daß Ihr Ehrgeiz nicht auf etwas Besseres geht, als auf eine Laufbahn in den Gewerkschaften.“

3.3.2 Les emplois de so N

So permet de ne pas décrire l’acte illocutoire réalisé. Il efface l’élément illocutoire de la situation d’énonciation seconde à des fins différentes, qui peuvent se combiner :

- en privant la représentation de l’acte de l’aspect illocutoire, l’aspect locutoire est mis en relief. L’emploi de so N met en valeur le contenu propositionnel ;

- l’emploi de so N permet à l’énonciateur de faire acte de neutralité. Ces deux premiers emplois se rencontrent particulièrement dans les textes de presse (Behr 2002 ; Katelhön 2005 : 101) ;

- lorsqu’un discours a déjà été introduit, so N permet de réitérer le marquage de la source d’énonciation en évitant la répétition ou la variation du verbe introducteur.

Notre corpus montre que c’est un emploi qui n’est pas systématique de so N et qu’il peut être employé pour introduire une première fois un énonciateur.

123 Ce type de so est à distinguer du so décrit comme un « adverbe connecteur » par Métrich et al. (2002), qui relie non pas un DR et sa didascalie, mais deux propositions. Il est illustré par l’exemple suivant : « Wenn die Greisin heute behauptet, sie hätte früher ausgesehen, wie ich inzwischen aussehe, was ich für eine glatte Lüge halte, so behaupte ich dagegen, daß ich aussehe, wie Oma Hela ausgesehen hat, ganz früher und ganz

123 Ce type de so est à distinguer du so décrit comme un « adverbe connecteur » par Métrich et al. (2002), qui relie non pas un DR et sa didascalie, mais deux propositions. Il est illustré par l’exemple suivant : « Wenn die Greisin heute behauptet, sie hätte früher ausgesehen, wie ich inzwischen aussehe, was ich für eine glatte Lüge halte, so behaupte ich dagegen, daß ich aussehe, wie Oma Hela ausgesehen hat, ganz früher und ganz

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