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Chapitre III : Les Chronotopes de l ’exil 34

3- Analyse du chronotope dans le roman

L’exil est senti comme la plus bouleversante et la plus profonde expérience humaine qui est devenue un sujet majeur de la littérature. C’est une réalité historique qui a marqué des artistes, des écrivains, des scientifiques condamnés à fuir leur patrie.

Notre écrivain Nourredine Saâdi présente une Abla cherchant une nouvelle identité, un nouveau visage, une langue neuve pour se détacher et se libérer d’un passé lourd qui la hante toujours. Mais en vain, c’est l’errance.

Pour ces écrivains exilés, c’est une expérience douloureuse, car ils sont perçus comme des porte-paroles de groupe, ils sont chargés de représenter des personnages en souffrance placés dans un mal-être profond. Finalement, exil et quête sont ainsi liés, l’un déclenche et favorise l’autre.

3- Analyse du chronotope dans le roman 3.1 L’ANTIQUITAIRE DES PUCES

L’histoire commence chez un antiquaire des puces :

« C’est arrivé chez un antiquaire des puces- on aurait écrit : comme par un complot de la destinée. Devant une vitrine illuminée en plein jour de lustres vénitiens suspendus à des cordons tels des projecteurs au-dessus d’une scène de théâtre. Un décor d’objets disparates : des fioles aux formes extravagantes, des flacons de verre coloriés une bimbeloterie de figurines en porcelaine, reflétés sur un grand miroir poussiéreux au tain fané. Elle y surprit son visage, estompé, mouillé, et soudain entra. La porte de verre dépoli grinça, interrompant un éclat de rire, subitement coupé, elle se retrouva au milieu d’un amas de meubles négligemment rangé- des chaises renversées les unes sur les autres, une table recouverte de vieux livres- et ne put retenir un cri : adossé au mur trônait le lit » !1

L’espace où se déroulent de diverses actions comme le bar de Mme Jeanne ou tous les puciers se retrouvaient pour s’informer des affaires :

39 3.2 Le bar

« Jacques se dirigea comme chaque soir chez Jeanne. Il aimait retrouver la ses compagnons puciers pour s’informer des affaires, une partie de cartes ou de dés, un dernier verre ou le premier de la soirée selon son humeur ».1

« Puis elle se dérida en accueillant de nouveaux arrivants : Tiens, salut les pelloches, vous êtes bien chargés ce soir. »2

Dans ce bar Alain buvait de la bierre et aussi il bavardait avec madame jeanne. 3.3 L’atelier

Aussi l’atelier d’Alain que lui a loué la municipalité de Saint-Ouen :

« Le vieux Balbo décéda sans laisser d’héritier et son atelier fut dévolu à la municipalité de Saint-Ouen qui le loua à Alain sur recommandation de la DDASS. »3

« Il faut dire l’atelier d’Alain est un véritable musée des puces ».4

Dans cet atelier Alain garde tous qui est intéressant et plutôt antiquité il a meme une photographie agrandie de Nadar, un portrait de Gérard de Nerval, signé à la plume.Pour Alain cet endroit est une fierté c’est pour ca qu’il ammene avec lui des visiteur pour voir le trésor d’Alin baba.

3.4 Le foyer

Ensuite, il y a le foyer créé par l’Armée du Salut dans lequel Abla occupait une chambre. Elle passait la plupart de son temps dans la bibliothèque à lire « Elle avait découvert l’imposante bibliothèque et passait ses journées à lire ».5

Puis, Abla passait ses dernières nuits dans l’atelier d’Alain sur le lit à baldaquin où se passaient des moments d’intimité : « Le lit pourrait être le frère du tien, un orphelin, un solitaire… Aurais-tu songé que tu dormirais un jour dans ce lit ? Je te souhaite une bonne nuit. »6

1 Op.cit., La nuit des origins., p20.

2 Ibid,p18. 3 Ibid.,p45. 4Ibid., p44. 5Ibid., p21. 6Ibid.,p80.

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Nourredine Saâdi s’est montré, plus qu’un autre écrivain, sensible à la question des lieux. Quels que soient ces lieux, ils accèdent quelque part à l’universel.

3.5 Le manuscrit

Abla porte un manuscrit mystiquement universel et va rentrer dans ce monde cosmopolite qui existe réellement aux puces de Saint-Ouen. Ces dernières par leur disposition spatiale favorisent des rencontres « C’est arrivé chez un antiquaire des Puces- on aurait écrit : comme par un complot de la destinée la destinée. »1 Aussi les lieux mènent à une réflexion sur le passé : derrière Saint-Ouen, il y a Constantine, ville natale de l’auteur.

Personnage mystique du roman, il désigne écriture et destinée. Ce manuscrit datant du XVIIe siècle, a été légué à Abla par son aïeul Sidi kebir Belhamlaoui Ben Ali (mystique musulman) « vous voyez cette inscription de colophon, c’est la dédicace et la signature de mon aïeul, Si KebirBelhamlaoui. Mille cent dix, votre XVII siècle… ».2

Ce manuscrit est un volume dans sa housse de velours, de formes oblongues, caractéristique du Maghreb, à la couverture de vieux cuir, aux feuilles en papier de soie. C’est du parchemin réservé aux originaux. Les caractères sont en rouge, vert, turquoise. C’est une calligraphie maghrébine qui change selon le verset, elle est plus fine, elle est sciemment irrégulière, une main de maitre, un travail si précieux, une merveille datant du onze chawal mil cent dix. C’est un document authentique, inestimable, un joyau, une merveille.

Abla l’utilisait chaque fois qu’elle voulait prier pour s’endormir ou lorsqu’elle sentait un malaise. C’est une prière qu’elle a appris toute gamine « Cette prière de

Moulay Abdessalem Ibn Mashich, nous l’apprenons par cœur, enfants de génération en génération ».3

Transmis de génération en génération, ce manuscrit symbole des ancêtres est une relique, un bien de famille, un bien culturel. Cette magnifique pièce est un ouvrage du XI siècle musulman.

1 Op.cit., La nuit des origines, p09.

2 Ibid., p 37.

41 3 .6 Le lit

Tout comme le manuscrit, le lit symbolise l’origine. Le lit étant l’endroit où l’on nait (la conception), meurt, il est semblable à celui qu’Abla avait laissé à Constantine « Elle demeura un instant figé, la main sur la bouche, bredouillante : pardonnez-moi, oui, bonjour, c’est ce lit, on dirait le mien ».1

Ce lit à baldaquin est bien d’époque, un oriental du XVIII Siècle, un style ottoman mis à la mode sous le Second Empire. Parait que Napoléon II en avait fait venir beaucoup pour ses palais après ses voyages en Algérie. Utilisé comme meuble de décoration ou alors pour certaines circonstances, noces, naissances, circoncisions, funérailles, ce lit en fer forgé a les pieds hauts perchés, des arabesques aux montants dorés, le ciel en coupole. Non seulement, il est beau, unique, original, mais aussi grand : « D’ailleurs, qui dormirait encore dans un tel navire ? »2

« Je ne sais pas ou tu pourrais fourguer un tel bateau. »3

À travers ces deux personnages clefs symbolisant et représentant l’origine, l’auteur va nous montrer comment vont se tisser des histoires entre des êtres et des choses, l’amour et la passion qu’éprouve Alain vis-à-vis d’Abla.

On ne peut parler de chronotope sans parler du titre « la nuit de origines » « La Nuit des origines, la nuit renvoie dans l’inconscient du lecteur à une tradition narrative orientale, les mille et une nuit, par exemple. La nuit symbolise le lieu de l’histoire, mais aussi celui de tous les fantasmes amoureux et les histoirescachées ».4

L’auteur a choisi ce titre pour continuer sa quête d’écriture sur l’identité et sa perte, sur l’errance du temps, le lieu de l’histoire et sur un passé ancré dans le réel.

En effet, nous sommes tous marqués par quelque chose qui est finalement la nuit de nos origines. Notre auteur a choisi ce titre puisqu’il lui permet de concrétiser dans la fiction et à travers un décor déjà existant les Puces de Saint-Ouen, un marché

1 Op.cit., La nuit des origines. p09.

2 Ibid,p 10.

3

Ibid., p 41

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cosmopolite, sa conception du monde idéal ou des gens venant de divers horizons se rencontrent dans un monde ou il n’y aurait pas de répétitions constantes des origines.

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En guise de conclusion, il semble juste de dire que cette œuvre est tellement richesse. En effet, différents enjeux coexistent, se mêlent et se démêlent au fil des pages, tissant ainsi une toile prolifique de tant de diversité, le partage entre deux langues, deux cultures, deux civilisations.

La Nuit des Origines, est un roman écrit par Nourredine Saâdi et publié en 2005 c’est le résultat d’une longue et profonde réflexion portant sur une question d’actualité qui se trouve au cœur de notre roman, celle de l’identité.

C’est à partir de son expérience personnelle, c’est-à-dire l’exil qu’il a vécu et de par ses observations du comportement dans la société, il montre à quel point la notion d’identité est complexe, dure et pénible.

Une fois l’œuvre lue, achevée et comprise, nous avons l’impression d’avoir vécu avec les personnages du roman qui se noient dans la confusion et l’errance à la recherche de la quête d’eux même, d’avoir partagé avec eux leur exil, leurs problèmes, leurs angoisses, leurs errances, leur perte identitaire.

Grâce à l’autre côté de la Méditerranée, sur l’autre rive, au nord de Paris, aux Puces de Saint-Ouen, la Mecque de la brocante où vient s’échouer trois fois par semaine l’écume des civilisations.

Donc, ce marché reflète aussi le visage de l’Algérie, de la Médina de Constantine avec ses odeurs, ses senteurs, ses couleurs, ses épices et ses plantes aromatiques, ses tissus aux couleurs vives, ses bruits familiers…

À travers le roman La Nuit des Origines, Nourredine Saâdi, tel un musicien, compose une œuvre profondément métaphorique, un requiem littéraire qui chante une messe d’amour nostalgique, grâce à un style très personnel et un langage très poétique,

Notre roman est une histoire de conflit, de la double identité algérienne et française, c’est la recherche d’un moi perdu entre deux cultures, deux religions et deux appartenances. En effet, c’est une quête qui se termine par une perte totale de soi, d’une question qui n’a pas de réponse.

Conclusion

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Tout récit rapporte des événements en les inscrivant dans un cadre spatio-temporel, l’intrigue s’inscrit dans la durée à travers les passages narratifs, les passages descriptifs l’inscrivant dans l’espace.

L’étude de l’œuvre intégrale nécessite inéluctablement une réflexion sur les aspects tels l’espace, le temps, ce sont les deux composantes fondamentales du récit.

En effet, savoir où et quand se déroule une histoire permet de connaitre les mœurs de l’époque où se trouvent les personnages, de cette manière nous arrivons à cerner leur caractère. Dès le début, le chronotope est présenté dans la structure même du récit, il décrit en détail surtout spécialement parce que c’est le décor dans lequel les personnages vont évoluer et cela va influencer leurs actions.

Et enfin, un lieu et un temps donné peuvent suivant les codes propres au récit faire deviner au lecteur- spectateur l’action qui va s’y dérouler comme. La une visée symbolique, car une relation nait entre un personnage et l’espace romanesque dans lequel il a été installé.

Nous avons aussi remarqué tout au long de l’histoire que l’écrivain n’a employé ni futur simple, ni futur antérieur, car Abla et Alain, qui croient vivre dans le présent existent en fait tous les deux dans le conditionnel présent. Ils se cherchent en vain dans le passé, mais finissent par se consoler avec un passé composé et finalement, ils deviennent victimes du présent sans obtenir de futur.

Donc, selon notre constatation, le temps de narration n’a pas connu de développement puisqu’il n’y aura pas entre Alain et Abla un avenir, leur amour est difficile, sans succès. Cette passion amoureuse impossible pousse Abla vers le tragique et la perdition. Sans de véritables repères, Abla finit par se suicider.

L’espace et le temps sont deux éléments fondamentaux d’un récit, ils sont en étroite complémentarité dont l’auteur ne peut s’en passer.

Ce récit est porteur d’un message moral, social et explicite, il suscite l’intérêt du lecteur. Enfin, nous avons aussi partagé avec l’auteur et ses personnages le doute, le pessimisme dans lequel ils vivent, les pressions sociales qui s’exercent sur eux. Ce

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récit est riche de métaphores, d’effets sonores et visuels et de divers registres de langues. Nourredine Saâdi est également sensible à la peine des hommes.

On a notamment abordé sommairement la question du chronotope existant dans le roman La nuit des origines, il ya lieu de l’approfondir.

Corpus :

- Nourredine Saâdi , La Nuit des Origines, Editions Barzakh, Alger Septembre , 2005.

Ouvrages :

- Achour Cheurfi, l’Anthologie Algérienne, Édition Casbah, Alger 2007. - Alex Mucchieli, l’Identité, Paris, puf, collection « Que sais-je ? », 2003.

- Amine MAALOUF amine, les identités meurtrières, Édition Grassets Fasquelle, 1998.

- BARTHES, Roland et Alii, Poétique du récit. Édition, Seuil, Paris, 1977.

- BARTHES, Roland, Introduction à l’analyse structurale des récits, on

communication 8, Paris. Seuil, 1966.

- BARTHES, Roland. Le degré zéro de l’écriture. Édition, Seuil, Paris, 1972.

- Christiane Achour, Amina Bekkat, clefs pour la lecture des récits,

Convergences Critiques II, Édition du Tell Blida, 2002.

- Christiane Achour, Simone Rezzoug, Convergences Critiques, Introduction à la

lecture du littéraire, Editions l’office des publications universitaires, Alger, 2005.

- Gérard Genette, Seuils, Paris, Edition. Du Seuil 1987. - Gérard Genette : Figures III, Seuil, Paris 1972.

- Jean Déjeux, La littérature algérienne contemporaine, 2ème Édition, 18e mille, Que sais-je ? Puf, France 1979.

- Mostafa Lacherf, Les ruptures et l’oublie, Édition Casbah, Essai d’interprétation des idéologies tardives de régression en Algérie, Alger 2004. - Pascal Lorot et François Thual, Géopolitique, Edition Montchrestien, Paris

1997.

- Ricardou Jean, Naissance d’une fiction, Nouveau roman : hier, aujourd’hui, 1972.

- SALHA, Habib. In La réception du texte magrébin de langue française. Édition. Cérès, Tunis, 2004.

- Yves Reuter, Introduction à l’analyse du roman, 2ème Édition, entièrement revue et corrigée, NATHAN Université, Lettre sup. 2003.

- Achour Cheurfi, Écrivain Algérien, Dictionnaire biographique, Éditions Casbah, Algérie 2004.

- Dictionnaire encyclopédique pour tous, Petit Larousse en couleurs librairie Larousse1980.

- Dictionnaire scolaire, Le Robert Junior Illustré, Paris 1993.

- Larousse livre de Bard, Conjugaison, Edition Larousse, France Mai 2004. - Le Petit Larousse, Dictionnaire encyclopédique, Editions Larousse, Belgique

Mai 1996.

- Yves Lacoste (Des idées géopolitiques plus ou moins antagonistes, Édition Dictionnaire précité, 1998.

-

Périodiques :

- Wacyni Laredj, Jeudi 06Avril 2006, « rubrique ARTS et lettres, propos recueillis ». Journal el Watan.

- Denis Brahimi, Jeudi 15 mars 2007, « rubrique le soir des livres, propos recueillis ». Journal le Soir d’Algérie.

- Bchir Agour, Jeudi 15Mars 2007, « rubrique le soir des livres, propos recueillis ». Journal le Soir d’Algérie.

Références sitographiques :

- Abdelhak Serhane, 1987 :21.cité par Fouad LAROUSSI. Écrire dans la langue de l’autre ? Quelques réflexions sur la littérature francophone du Maghreb, htt p : // www.univrouen.fr /dyalang/ glottepol.

- Aurélia KLIMKIEWISCZ, « Le brouillon de l’exilé », in Salah

BASALAMAH, «Les nouvelles figures de l’exil »,

http://www.poexil.umontreal.ca/events/colloqfiguresexilsynop.htm.

Thèses consultées:

- Abdelkader Kourdouli et Abdelkrim Hadj « L’impact de l’espace sur le temps et les personnages dans cette aveuglante absence de lumière de Tahar Bendjelloum », sous la direction de Mr Larbi Benali, 2005-2006.

- Mokhtaria Sadou et Janid Makhlouf, « Le passage de l’humain à l’inhumain dans à quoi rêve les loups ? » De Yasmina Khadra, sous la direction de Mr Benali, 2005-2006.

Ouvrages de méthodologie :

- Florence Le Bras, Les règles d’or pour rédiger un rapport, un mémoire, une

thèse, Édition Marabout 2004.

Ahmed Taleb, Méthodologie de préparation des mémoires et des thèses guide du chercheur,

page

Introduction ……….. 07

Chapitre I : Autour de l’oeuvre 11

1- Le contexte socio-historique de l’œuvre ………. 10

1.1- Présentation de l’auteur ……… 13

1.2- Le résumé de l’œuvre ………... 14

1.3- Un fin tragique………...……… 15

2- La quête identitaire………... 16

Chapitre II : Structure et instances narratives 20

1-La structure du roman ………... 22

2-Les différents constituants du récit ………... 24

2.1-Narrateur/ Auteur ………... 24

2.2- Narrataire/ Lecteur ……… 26

2.3- Récit / narration ……… 28

3- Le temps ……….. 31

3.1- Le temps de la fiction ………... 31

3.2- Le temps de la narration ………... 32

Chapitre III : Les Chronotopes de l’exil 34

1- le chronotope………... 35

2- L’exil ………... 37

2.1- Qu’est-ce l’exil ?... 37

3.1- marché aux puces………. 38

3.2- Le bar………. 39

3.3- L’atelier ……… 39

3.4- Le foyer ……… 39

3.5- Le manuscrit ………. 40

3.6- Le lit ………. 41

Conclusion………. 44

résumé

Bibliographie

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