• Aucun résultat trouvé

2. ANALYSE DES BESOINS: ASPECTS QUALITATIFS ET QUANTITATIFS

2.3. Immersion

2.3.2. Analyse

J’ai présenté dans cette partie, une synthèse des discussions avec les professionnels de la réadaptation de cette clinique et les patients. Comme nous venons de le voir, les capacités visuelles des malvoyants ne sont pas sollicitées dans un contexte de mobilité. Il peut techniquement être réalisé une assistance visuelle des malvoyants, comme cela est présenté dans la section 1 du chapitre 3. Je vais donc présenter une synthèse des besoins des malvoyants et les recommandations des professionnels pour le développement d’une aide visuelle.

Tout d’abord du point de vue physiologique, il est important d’après les professionnels interrogés, de laisser le patient chercher l’information, car il faut garder les mouvements oculaires libres. En effet, si l’affichage n'est pas réalisé dans de bonnes conditions, le patient pourrait alors limiter ses mouvements oculaires afin que les informations se posent dans son champ visuel ; et à terme ne plus faire de mouvements oculaires. Il va ainsi perdre une partie de sa capacité à réaliser les mouvements oculaires qui lui seront pourtant utiles lorsque le système d'aide ne pourra pas lui apporter un soutien.

De même, certains des professionnels interviewés ont indiqué qu’il faudrait afficher les informations leur permettant d'extraire plus facilement les indices visuels utilisés, à savoir, les contours, les contrastes et les couleurs :

 pour les malvoyants avec une atteinte de la vision périphérique, il serait intéressant de réduire l'image afin de mettre le plus d'informations possibles dans le champ fonctionnel sans le saturer et en tenant compte de l'acuité résiduelle de la personne,

 pour les malvoyants atteints de dégénérescence du centre de la rétine, il faudrait réaliser un grossissement et/ou une modification des contrastes afin que la zone périphérique de la rétine puisse néanmoins transmettre des informations utiles.

Certains professionnels ont également indiqué qu’il est important de laisser le malvoyant maitriser l'aide technique et de ne pas faire une aide technique qui remplace le malvoyant. Le

67

patient serait perturbé lorsque celle-ci ne pourra pas lui être utile. De plus, cela lui impose de rester actif et de garder le contrôle de la situation.

Pour les professionnels de la psychomotricité et les instructeurs en locomotion, il est important qu’une aide visuelle permette de conserver l'équilibre et ne perturbe pas les autres sens. Il est également important que ce type d’aide se répartisse sur la personne sans créer de gêne, de déséquilibre. Le poids doit être le plus faible possible et être réparti de manière équilibrée afin de ne pas modifier les sensations que le malvoyant a appris à percevoir avec son corps. Il est donc primordial d’avoir un bon positionnement des informations affichées par rapport à la scène, et d’utiliser le son avec modération, car le patient sollicite les indices sonores pour conserver son équilibre.

Les malvoyants ont exprimé, tout comme les professionnels, des besoins : de simplicité d'utilisation des aides existantes, telles que les loupes et télé-agrandisseurs ; d'obtenir des images agrandies plus simples ; et surtout d’améliorer les outils actuels afin de leur fournir des « contrastes mieux détectés ». Autrement dit, les patients souhaitent des images « nettoyées » et des contrastes affichés correspondants aux contours des pièces ou des éléments importants de la scène.

Il est souvent nécessaire pour les malvoyants d'avoir une loupe ou une loupe électronique, un télé-agrandisseur à proximité. Au regard du poids et de la taille de ces appareils, il n'est pas facile de les réunir tous ensemble à proximité en permanence. Certains professionnels suggèrent d’intégrer une loupe dans un dispositif portable dans le but de réduire le nombre d’équipements à utiliser ou à transporter par le patient.

Lors de discussions avec les malvoyants, ceux-ci ont exprimé des besoins afin de :

 Regarder à l'extérieur.

 Reconnaitre des personnes : qu'ils rencontrent, croisent, afin de les identifier. En fonction des malvoyants, certains souhaitent soit une solution automatique de reconnaissance de visage, soit pour un rehaussement des visages permettant au patient de réaliser la reconnaissance lui-même.

 Identifier les couleurs : d'un objet, comparer deux couleurs pour réaliser par exemple des tâches de la vie courante, telles que choisir des vêtements assortis.

 Augmenter les contrastes : afin de mieux différencier des objets, de bricoler, marcher, différencier le bord des marches, différencier le bord des lettres sans les ombres.

68

 Augmenter ou diminuer la luminosité des images afin de compenser la luminosité de l’éclairage ambiant.

 Interagir et utiliser les appareils grand-public lorsque cela est possible, tels que Ipad, ordinateur, smartphone, via un clavier adapté (clavier azerty grossi ou clavier braille) et une mise en forme de l'écran (tel que les couleurs, le grossissement), ce qui leur permet de bénéficier de toutes les applications source de contenus, d’informations disponibles.

 Regarder la télévision : avec un grossissement ou avec modification des contrastes et des couleurs, sans perturber l'image pour toutes les personnes qui regardent la télévision avec eux. Il est également souhaité que cette fonctionnalité n’occasionne pas de problème de décalage du son par rapport au son du téléviseur.

 Interagir vocalement avec le dispositif sans saturer le sens auditif qui est utilisé pour maintenir l’équilibre et analyser l’environnement.

Certains malvoyants ont expliqué ne pas utiliser d’aide dans certaines situations de peur du regard des autres personnes envers leur problème de vue. Je peux notamment citer le cas des jeux de cartes avec un groupe d’amis où certains n’osent pas sortir une loupe ou un éclairage adapté pour jouer. Cela a déjà été souligné dans l’étude de Shinohara et Wobbrock [173], où il a été mis en évidence que certains patients n’utilisent pas les aides à disposition du fait du regard des autres personnes sur leur handicap.

Toutes ces informations sont très importantes pour réaliser, concevoir un dispositif d’assistance visuelle qui peut être accepté par les malvoyants dans la mesure où il répond à leurs attentes. En effet, la prise en compte de leurs besoins que ce soit en terme d’ergonomie, de poids, d’usage, de simplicité d’usage et de respect des besoins physiologiques, est très importante pour le succès d’une aide visuelle. Ces informations ont donc été prises en compte lors des développements relatifs au chapitre 3 concernant les développements algorithmiques et au sein du chapitre 5 relatif au développement d’un démonstrateur mobile.

69

3. Image et contours pour