• Aucun résultat trouvé

2. SYNTHESE DE L'OCCUPATION AMERINDIENNE EN GASPESIE

2.1. Préhistoire

Toute la séquence culturelle préhistorique du littoral nord de la Gaspésie, et par extension pour l'ensemble du territoire gaspésien repose essentiellement sur les travaux archéologiques menés par Benmouyal (1981) entre Les Méchins et Marsoui.

L'analyse des collections lithiques et des données géomorphologiques lui permirent d'inférer l'existence de deux périodes importantes de l'occupation préhistorique de la région soit: la période du Paléo-indien récent (c. 9000-c.6000 A.A.) et la période de la Tradition gaspésienne (c. 5000-c.1300 A.A.).

2.1.1. Paléo-Indien

Vers 9800 A.A., les derniers vestiges glaciaires disparaissent de la Gaspésie et il fallut probablement quelques siècles pour permettre à la végétation et à la faune de coloniser le territoire. Les contraintes environnementales causées par la déglaciation et les premiers indices culturels permettent de situer hypothétiquement l'âge d'une première occupation humaine vers 9000 A.A.

A cause de son intégrité stratigraphique et de la qualité des objets-témoins, le site de référence pour la période du Paléo-Indien récent est celui de Sainte-Anne-des-Monts (DgDo-4) juché sur la terrasse de 38 à 45 mètres. L'assemblage du site comprend de longues pointes sans cannelures dont les bords sont parallèles et la base convexe. Ces pointes ont été retouchées bifacialement par pression. La culture matérielle se compose également de forets, de bifaces de formes et de dimensions variées ainsi que d'outils sur éclats retouchés de façon marginale.

20

Fkacie

Les grattoirs sont absents du site. La matière première utilisée, disponible au site et à proximité, inclut plusieurs variétés de chert, du quartzite et du pyrite de fer.

Des outils similaires ont également été recueillis sur d'autres sites attribués à la même période culturelle. Les pointes et les autres types d'outils présentent une plus grande variété morphologique. La fréquence relative des différentes catégories varie également d'un site à l'autre. Ces variations peuvent être attribuables à des forces évolutives, à des mélanges possibles avec du matériel plus récent, à la spécialisation des établissements et parfois à la faible taille des échantillons.

L'estimation chronologique de cette manifestation préhistorique ne repose que sur une seule date au C14: 5960 +100 A.A.

(QU-347). Il semble que cette date entre en contradiction avec les estimations beaucoup plus anciennes (s'échelonnant entre 10000 et 8000 A.A.), s'appliquant à des sites de la région des Grands Lacs et du St-Laurent. De plus, cette estimation ne correspond pas avec les données chronologiques (10000-12000 A.A.) concernant l'émersion des terrasses marines sur lesquelles ont été érigés les sites (Dumais, 1985:146).

Malgré cet écart chronologique, Benmouyal considère cette datation comme probable et elle marquerait la fin de la période paléoindienne en Gaspésie. Son argumentation (Benmouyal, 1981:

272-275) s'appuie sur:

(1) L'échantillon daté était en association culturelle non équivoque et reposait sous une couche protectrice de silt.

-11'heCDei

La localisation des sites paléoindiens sur les hautes terrasses marines n'implique pas nécessairement leur association directe avec un rivage marin au moment des occupations.

Ces sites élevés auraient été choisis par les groupes humains afin d'observer leurs proies, pour se protéger contre les vents dominants et pour se trouver à proximité des affleurements de chert présents derrière la terrasse de 45 mètres.

L'estimation chronologique de sites paléoindiens de la région des Grands-Lacs ne repose que sur un nombre limité de datations absolues; les datations géomorphologiques étant davantage utilisées.

Benmouyal (1981:275) émet l'hypothèse que des populations du paléoindien récent auraient pu persister plus longtemps dans la péninsule gaspésienne que dans les autres parties du nord-est américain à cause de sa relative isolation et de son environnement particulier.

L'hypothèse d'un isolat paléoindien en Gaspésie persistant jusque vers 6000 A.A. ne fait toutefois pas l'unanimité. Dumais (1985:147) estime que cette hypothèse est difficilement acceptable compte tenu de la nature des traditions culturelles établies à cette époque dans les régions du Haut Saint-Laurent, de la Côte Nord/Labrador et de la Nouvelle-Angleterre. La diffusion de caractères culturels implique qu'il existait des réseaux de circulation d'information et peut-être même de marchandises dans la région du golfe de l'estuaire du

22

FA.B. àkeci)e

Saint-Laurent et de la côte Atlantique. Il est difficile d'entrevoir à l'intérieur de cette grande sphère d'interaction la possibilité que des paléoindiens gaspésiens établis sur la côte sud du grand axe de circulation que représente la vallée du Saint-Laurent eussent été imperméables à de telles influences.

A plus de 800 kilomètres vers l'ouest, un assemblage d'objets-témoins semblables à ceux de Gaspésie a été trouvé sur l'île Thompson dans le Haut Saint-Laurent. L'examen pétrographique d'un spécimen géologique (chert) de Sainte-Anne-des-Monts et du spécimen archéologique du lac Saint-François suggère la possibilité d'une association. Les implications sont considérables et suggèrent la mobilité de groupes humains sur le Saint-Laurent à l'aide d'embarcations (Wright, 1982:196). Toutefois, on ne connaît pas encore la distribution géographique de cette variété de chert et elle pourrait s'étendre beaucoup plus à l'ouest (Benmouyal, 1981:276).

2.1.2. Tradition gaspésienne

La tradition paléoindienne se serait développée in situ pour faire place à une longue période culturelle de près de 5000 ans, appelée la Tradition gaspésienne.

L'importance du caractère régional de ce développement culturel et la particularité de ses vestiges archéologiques par rapport aux assemblages archaïques connus des régions avoisinantes justifient cette appellation (Benmouyal, 1981:254).

Cette période culturelle est représentée par relativement peu de sites archéologiques. Néanmoins, elle fut divisée en deux sous-périodes: la Tradition gaspésienne ancienne (c.5000-c.3000 A.A.) et récente (c. 3000-c.1300 A.A.) (Ibid: 280-289).

11,

1

Documents relatifs