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CHAPITRE IV : IDENTIFICATION ET ANALYSE CROISEE DE LA PERCEPTION DES

IV.2. Analyse croisée de la perception des acteurs ruraux en matière de pauvreté

IV.2.2. Perceptions de la pauvreté par les acteurs non institutionnels

IV.2.2.3. Les alternatives contre la pauvreté par les acteurs non institutionnels

A la question de savoir s’il est possible de sortir de la pauvreté, là du moins, une large majorité estime que c’est possible, comme le montre le graphique ci-dessous.

Graphique 2 : Possibilité de quitter l’état de pauvreté

MBANKANA NON NON 14% MAMPU 16% OUI 84% 86% OUI NON 11% FAYALA KINGALA-MATELE NON 25% OUI 89% OUI 75% Source : Focus-group, 2009

Chapitre IV : Identification et analyse croisée de la perception des acteurs ruraux institutionnels et non institutionnels en matière de pauvreté

Au regard de ces graphiques, les trois quarts des répondants affichent un optimisme quant à la possibilité de quitter leur état de pauvreté. Très peu, par contre, avancent un argumentaire très sceptique vis-à-vis de cette perspective, considérant pour certains que la pauvreté est un héritage naturel (les enfants des pauvres restent toujours pauvres et les enfants des riches seront encore plus riches que leurs parents), pour d’autres ce sont des considérations d’ordre métaphysiques comme la malédiction, la sorcellerie qui sont à la base de leur point de vue.

Lorsqu’on tient compte de l’avis des optimistes, comme le présente le graphique ci-dessous, là encore des divergences apparaissent en fonction du village considéré quand il s’agit de connaitre leurs points de vue sur la manière de sortir de cette pauvreté. Pour des raisons de clarté, les évocations les plus répétées des répondants ont été symbolisées par les lettres suivantes :

- A = le pourcentage des sceptiques - B = par la formation et/ou l’information - C = par une prise de conscience personnelle - D = par une AGR rentable

- E = autres (le transfert de fonds d’un autre coin du pays ou de l’étranger, le microcrédit, l’aide de l’Etat, tenter sa chance ailleurs, etc.)

Chapitre IV : Identification et analyse croisée de la perception des acteurs ruraux institutionnels et non institutionnels en matière de pauvreté

Graphique 3 : Les alternatives contre la pauvreté

Source : Focus-group, 2009

Au regard du graphique n°3, il se dégage qu’à l’unanimité des villages (au moins à 50% des répondants dans chaque village), une AGR rentable constitue le meilleur moyen d’extirper la pauvreté de leurs milieux. Autrement dit, dans les quatre villages les gens souhaitent avoir une activité qui leur permette de vivre dans leur milieu, faute de quoi, l’exode rural des plus vigoureux, particulièrement des jeunes, risque d’être une des alternatives pour « fuir » la pauvreté.

Un autre élément qui mérite attention est le fait de constater que pour Mbankana la nécessité de la formation n’est évoquée que par 1% des répondants. Ceci peut s’expliquer par le fait que ce village offre, comparativement aux autres, le plus d’opportunités de formation (agricole, médicale, études sur le développement rural) pouvant déboucher sur un emploi au niveau local tout comme en dehors du village. La chose principale déplorée ici est le manque de circulation des informations relatives à des opportunités ponctuelles (fourniture d’intrants, offre de microcrédit,…), informations qui ne circulent qu’auprès de quelques personnes. Pour ce qui est de Mampu (pour 6% des répondants) les seules formations au-delà des études primaires ne tournent qu’autour de l’activité agricole. Quant à Fayala (pour 5% des répondants), la demande de formation est recherchée essentiellement pour maintenir les jeunes (forces productives non négligeables) dans le village.

Chapitre IV : Identification et analyse croisée de la perception des acteurs ruraux institutionnels et non institutionnels en matière de pauvreté

On relève aussi de ce graphique qu’un travail de conscientisation, de sensibilisation, d’animation rurale est important pour une prise de conscience des personnes souffrant de pauvreté. La pauvreté n’étant pas une fatalité, il est nécessaire que chacun puisse identifier dans son mode de fonctionnement en société tout ce qui peut le maintenir dans la pauvreté ou l’empêcher d’améliorer son niveau de vie. Citons par exemple le refus de s’associer aux autres pour bénéficier des appuis des ONG, une vie inattentive vis-à-vis des dépenses inutiles/improductives, les mauvaises habitudes alimentaires sources de maladies et par ricochet source de dépenses et d’inactivité, etc.

Dans ce chapitre il a été question d’essayer d’effectuer une analyse croisée des perceptions de la pauvreté par les acteurs ruraux institutionnels et non institutionnels. Au regard de ce qui précède, il se dégage dans un premier temps que pour la première catégorie d’acteurs les évocations sont plus ou moins homogènes, facilement synthétisables et très proches de la position des institutions et organismes internationaux s’occupant des questions de pauvreté. Par contre, pour ce qui est des acteurs ruraux non institutionnels, c’est-à-dire les agriculteurs, une réalité s’impose : la perception de la pauvreté est fortement dépendante de l’image que l’on a par rapport à son environnement (physique et socioéconomique), par rapport aux regards de ceux qui partagent avec l’agriculteur un même environnement. Autrement dit, la perception varie selon qu’on se trouve dans un village où il y a un certain niveau de développement suite à certains facteurs tels que la présence d’ONG avec leurs infrastructures, moyens, personnel, etc., et où il n’y a aucune ONG.

Les différentes perceptions de la pauvreté en fonction des villages étant à présent connues, le chapitre suivant se propose de faire une comparaison des niveaux de vie entre les habitants de ces différents villages. Cela devrait permettre de voir si la présence, mieux, l’encadrement ou pas des ONG dans un village a une incidence significative sur les conditions de vie des exploitants agricoles.

CHAPITRE V : ANALYSE COMPARATIVE DE DIFFERENTES

SITUATIONS SUR LE PLAN ECONOMIQUE, SOCIAL ET CULTUREL

ENTRE VILLAGES INEGALEMENT COUVERTS PAR LES ONG

Le présent chapitre compare et analyse les différentes situations relevées par les enquêtes de terrain sur le plan économique, social et culturel entres les villages largement couverts et encadrés par des ONG et ceux qui ne bénéficient d’aucune assistance d’une quelconque ONG. La question fondamentale qui guide la réflexion à ce stade est celle de savoir si les ménages des villages couverts par des ONG vivent mieux que ceux de villages non couverts par des ONG. Pour ce faire, à partir des données des enquêtes, la comparaison entre les deux groupes de villages a été effectuée sur base des trois catégories d’indicateurs ci-après : la dotation en capital, l’accessibilité aux soins de santé, et quelques indicateurs du bien-être. La comparaison a été faite par le Test de χ² de Pearson (test d’égalité des proportions) ou par le test exact de Fischer lorsque le χ² n’était pas valide. Pour clore ce chapitre il sera question de faire une étude d’impact de l’encadrement des ONG sur le bien-être économique des ménages qu’elles encadrent.