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Partie 3 : Conseils au patient

V. Alimentation

S’agissant d’une pathologie touchant le tube digestif, une des premières questions des patients porte sur l’alimentation. Bien que son influence sur l’évolution de la maladie soit mal connue, elle ne semble pas déclencher l’inflammation de l’intestin, mais peut parfois accentuer les symptômes. Aucun régime alimentaire n’a prouvé son efficacité dans la prévention des rechutes de la RCH. Il n’y a donc pas lieu de faire de régime particulier en période de rémission. Au contraire, une alimentation diversifiée et équilibrée permet d’éviter les carences et de lutter contre la perte de poids. Cependant, certains aliments seront moins bien supportés par certains patients, chacun adaptera donc sa propre alimentation selon sa tolérance et sa sensibilité. Il peut être conseillé au patient d’établir un journal d’alimentation afin de repérer les éventuels aliments mal tolérés. (210) (211)

Ce n’est que dans les formes sévères de RCH qu’une alimentation particulière par nutrition entérale, avec ou sans sonde nasogastrique, pourra être mise en place. Cela peut même aller jusqu’à l’arrêt de l’alimentation avec une nutrition parentérale par perfusion, mais cela n’est mis en place que pour des cas très sévères avec dénutrition. (210)

Divers conseils pourront tout de même être donnés au patient concernant son alimentation, notamment en période de poussée. J’ai eu la chance de pouvoir assister à l’atelier d’éducation thérapeutique « Comment adapter mon alimentation ? » co-animé par Valérie Kail et Cécile Fontaine, diététicienne nutritionniste, atelier particulièrement intéressant qui m’a permis d’apprendre beaucoup de choses, dont certaines sont reprises ici. Notamment, il va falloir adapter son comportement alimentaire autour de quatre axes principaux :

• Quantité :

Il va être important de fragmenter les prises alimentaires quotidiennes. En effet, plus on apporte une grande quantité au tube digestif, plus il va devoir travailler. Il ne faut cependant pas se mettre à la diète et conserver une quantité nécessaire d’apports. C’est pourquoi, au

lieu de répartir la quantité journalière sur trois repas comme il est classiquement fait, on pourra la diviser en six. Concrètement, on conseille au patient de faire des assiettes plus petites lors des repas principaux, et d’ajouter des collations. Ces dernières peuvent être un œuf dur, du fromage avec un morceau de pain ou une biscotte, mais pas de gâteau. En effet, le plus important est de ne pas se dénutrir, mais également de ne pas entrer dans la malnutrition.

• Entourage :

Le cadre et l’environnement pour un repas sont également importants. Que ce soit chez soi ou au travail, même si le lieu n’est souvent pas un choix possible, il y a des facteurs sur lesquels on peut agir. Il faudra en effet privilégier un endroit calme, le moins stressant possible, avec des personnes apaisantes et agréables autour de nous.

• Mastication :

Mâcher est une étape essentielle que l’on a tendance à ignorer. En effet, une bonne mastication va permettre de prédigérer les aliments. De plus, c’est cette étape qui donne du plaisir lorsque l’on mange.

• Qualité :

Il faudra faire attention à tous les conservateurs et pesticides que l’on peut trouver dans certains aliments. Globalement, il est préférable d’éviter tous les produits transformés.

Adapter son comportement alimentaire est donc important et va permettre de soulager le tube digestif.

En ce qui concerne les aliments, un régime d’épargne intestinale sans fibres et sans résidus va être conseillé en cas de poussée afin de limiter les symptômes digestifs tels que la diarrhée, les douleurs abdominales et les ballonnements. En cas de diarrhée, il faudra éviter les fruits et légumes, notamment les crudités et légumes verts, mais également les aliments gras et produits laitiers qui sont souvent mal tolérés et accélèrent le transit. Il faudra plutôt consommer des produits laitiers sans lactose, des fromages à pâte dure dans lesquels la quantité de lactose est réduite, et plutôt privilégier les féculents, les viandes et poissons, ou encore les œufs durs. Les aliments sans fibres qui ne vont pas accélérer le transit sont à privilégier (riz, carotte, banane…) et les féculents complets ou aux céréales sont à éviter. En cas de diarrhée, il sera très important de bien s’hydrater.

Il faudra également être attentif à la notion d’air. En effet, l’air va entraîner des ballonnements et des gaz, et une dilatation du tube digestif due à la fermentation va avoir lieu. En cas de poussée, il faudra donc éviter les aliments contenant trop d’air et entraînant une fermentation. C’est le cas par exemple des choux et des légumineuses, connus pour cette action, mais également du pain qui, aéré, fermente. Il faudra alors privilégier les biscottes. De plus, l’air avalé peut être diminué en évitant de prendre des grosses bouchées, de boire à la paille, ou encore en limitant les boissons gazeuses. Il est conseillé d’éviter les eaux pétillantes, et de privilégier les eaux plates ou finement pétillantes.

Une fois que les symptômes de la phase de poussée diminuent, et que la phase de rémission s’installe, il faudra revenir à une alimentation équilibrée de façon progressive, en réintroduisant les aliments petit à petit afin de tester la tolérance. Si lors de la réintroduction d’un aliment des symptômes reviennent, il faut l’arrêter et le mettre de côté. Il est important de réintroduire un aliment à la fois et en petite quantité.

Le régime alimentaire en période de poussée et la réintroduction devront donc être bien expliqués au patient afin qu’il gère au mieux cette période difficile. Un tableau regroupant les aliments autorisés selon la phase dans laquelle le patient se trouve est présenté en Annexe 5 et pourra lui être remis afin de fixer toutes les choses dites. De plus, il faudra lui donner les clés pour modifier son comportement alimentaire, qui est tout aussi important que l’alimentation en tant que telle. Manger à heure fixe chaque jour est également un élément important à lui conseiller de mettre en place.

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