• Aucun résultat trouvé

Albert Ferland, poète et artiste canadien, est né à Montréal, le 23 août 1872.

Il est l’un des fondateurs de l’« École Littéraire de Montréal », dont il fut secrétaire, de 1900 à 1903, et président en 1904.

Albert Ferland a collaboré aux « Soirées du Châ¬

teau de Ramezay » et aux principaux journaux et revues du Canada.

Il a publié, en 1893, « Mélodies poétiques », poésies ; en 1899, « Femmes rêvées, poésies ; en 1908, « Les Ho¬

rizons », livre premier d’un ensemble d’œuvres poé¬

tiques ayant pour titre « Le Canada chanté ».

Depuis, trois autres livres sont parus, « Le Terroir », et « l’Ame des Bois », en 1909, et, en 1910, « La Fête du Christ à Ville-Marie ».

Des critiques comme Auguste Dorchain, Mgr Paul Bruchési, Louis Fréchette, Félix Klein, l’abbé Ca¬

mille Roy, Adjutor Rivard, Mgr Archambeault, Er¬

nest Odan, Madeleine, Amédée Denault, John Rol- ley, le chanoine Brintet, Les Tiercelin, Jeanjaquet,

ALBERT FERLAND 85 Charles Fuster, etc., etc., ont dans les deux continents signalé « Le Canada chanté » à l’attention du public lettré.

Nous ne saurions mieux caractériser l’œuvre d’Al¬

bert Ferland qu’en rappelant quelques-unes des opi¬

nions qui furent émises sur elle par ces critiques auto¬

risés.

Parlant des « Poètes du Canada » l’auteur de « l’Art des Vers », Auguste Dorchain, disait dans « Les Anna¬

les », le 26 juillet 1908 :

« Voici, enfin, les tout récents poèmes de M. Albert Ferland, le Canada chanté... C’est un hymne au Ca¬

nada qu’il chante, d’un bout à l’autre du recueil, — hymne à ses bois, à ses villes, à ses horizons, à toute l’âme de son terroir. Je veux citer au moins cette pièce courte et parfaite, Terre Nouvelle ».

L’École de Montréal ne serait-elle pas, tout simple¬

ment, celle des poètes qui ont, plus que ceux de l’ɬ

cole de Québec, le souci de la perfection formelle ? Les vers de M. Ferland me le feraient croire : ils sont d’inspiration tout aussi canadienne que ceux des dis¬

ciples de Crémazie ; mais ils sont d’un artiste par la facture. En lui, tout au moins, les deux Écoles se concilient ».

M. Camille Roy écrivait dans « .l’Action Sociale », le 15 septembre 1909 : « Il est le poète des arbres ; le poète des érables, le poète des sapins et des bouleaux.

Souvent il agite sous l’œil du lecteur la feuille écarlate, sombre ou pâle de ces grands arbres de la forêt cana¬

dienne, et presque toujours il éveille les plus agréa¬

bles sensations. M. Ferland fait aimer nos bois, par¬

ce que tout le premier il a saisi le langage mystérieux, les voix murmurantes qui s’échappent et montent des puissantes ramures ».

Puis, dans « le Parler français », M. Adjutor Rivard, en octobre 1909 : « C’est notre « pelite patrie », le Ca¬

nada, ses horizons, son terroir, ses bois, que Ferland a entrepris de chanter. « Toujours la vision des Aïeux lui revient », et il dit les Anciens « qu’un rêve auguste faisait forts », les « laboureurs martyrs » im-

86 BIOGRAPHIES ET PORTRAITS

molant leur vie au sein des terres neuves, «les croyants qui semaient où chantent des cités », la Terre de l’éra¬

ble et sa beauté, les pins géants profilés sur le ciel, les clochers aux appels lointains, et aussi la prière « au Dieu des solitudes ».

E dans son anthologie « L'Année poétique, » le poète Charles Fuster, en 1909 :

« Dans le « Canada chanté », l’auteur, M. Albert Ferland, s’est fait le continuateur d’Hégésippe Mo¬

reau, de Briseux, et il chante sa patrie — la France d’outre-mer — en un langage extrêmement simple et musical. C’est aussi de la poésie rustique, à la Pierre Dupont. On ne saurait demander à un poète plus de sincérité, plus de santé vaillante et communicative ».

Enfin, nous remarquons dans les nombreux articles que l’œuvre du poète a inspirés cette appréciation pa¬

rue dans « La Roumanie » de Bucharest, sous la signa¬

ture de Jeanjaquet, le 13 octobre 1910 : « Il y a de bons et de beaux vers dans « Les Horizons ». Fer¬

land est avant tout un poète sain qui sent très bien l’âme de son pays, qu’il aime avec une franchise peut- être un peu bardique mais où il y a, en dehors d’une certaine force, un accent littéraire qui a la qualité de n’être pas trop de la littérature.

Je ne pense pas que Louis Fréchette ait mieux ex¬

primé son amour pour son pays qu’il a également chanté avec, toutefois, cette note d’extase en moins que je trouve au fond de quelques vers de Ferland.

Le poète des « Horizons » comprend et aime la na¬

ture. C’est ce qui fait que ses vers ont un parfum de terroir souvent émouvant. Nous avons eu Bri- zeux pour chanter en vers bien faits, sentis mais trop souvent ternes, sa Bretagne bien-aimée ; nous avons Fabiéqui a admirablement dit ce qui lui tenait aux en¬

trailles de cette terre du Rouergue dont il est origi¬

naire, mais ces deux poètes n’ont pas au même degré que le poète canadien, l’expression lyrique ».

Et ces lignes sincères du poète Louis Tiercelin, dans

« L’Hermine » :

Patrie, La Terre Canadienne, Un soir de Juin, Le

ALBERT FERLAND 87 Retour des Corneilles, Os-raké, Terre nouvelle, sont des poèmes qui ne pouvaient être écrits que par un Ca¬

nadien et qui sont caractérisTques de cette Nouvelle- France. Ce que j’aime surtout, c’est la Poésie des feuilles, plus encore, Arbres blancs et surtout, Prière des Bois du Nord, qui témoignent non plus seulement d’un amour vague et comme littéraire du pays natal, mais d’un véritable culte pour les arbres et par où M. Ferland s’avère un grand ami de la nature en ce

qu’elle a de plus doux et de plus noble.

Ces plaquettes sont illustrées par l’auteur de très subtils dessins à la plume qui achèvent la sensation commencée dans les poèmes.

Cette sensation est toute de douceur, de noblesse, d’amour et de foi.

Douceur du poète, qui se plaint de l’indifférence de la « terre ingrate où chanta Crémazie » ; noblesse du poète qui réclame « la terre vierge à ceux que le rêve accompagne » ; amour du poète pour son pays aux beaux arbres qui lui inspirent ses chants les meilleurs ; foi du poète, qui rayonne de tous ses vers et qu’il a exprimée très heureusement en empruntant l’âme d’un Huron.

Un quatrième livre nous est annoncé, qui continue¬

ra ce poème de foi, d’amour, de noblesse et de douceur, par lequel ce poète restitue en hommage à son pays les heureux dons qu’il a reçus de lui ».

Ces citations démontrent assez combien le talent de M. Ferland est apprécié des lettrés.

M. Ferland figure dans le premier volume de « Tou¬

tes les Lyres », belle anthologie des poètes contempo¬

rains publiée par Gastein-Serge, à Paris.

Avant de clore cette biographie-cri Tque, nous som¬

mes heureux de saluer le poète du Canada comme son biographe d’outre-mer, et dire de lui, avant M. de Butler, un Français de chez nous :

« Salut au talent délicieux, au vibrant patriotisme du jeune et charmant barde qui chante avec une dé¬

votion si ardente la terre de ses aïeux, avec ses souve¬

nirs, ses merveilles, ses espérances ».

88 BIOGRAPHIES ET PORTRAITS

Tous aimeront à entendre la musique de ses vers si purs et si hautement inspirés ; tous voudront boire à cette source à la fois religieuse et patriotique ».

Englebert Galèze

ŒUVRES DE ALBERT FERLAND:

FEMMES RÊVÉES. Poésies. 1 vol. in-16°.

LE CANADA CHANTÉ. Poésies. 3 vol. in-8°.

LA FÊTE DU CHRIST A VILLE-MARIE. Poésies. 1 vol.

in-8°.