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II. 1 : EFFETS BIOLOGIQUES

II.1.3. Aide contre la malnutrition

Selon les chiffres de l’OMS, la faim et la malnutrition tuent plus que le SIDA, le paludisme et la tuberculose réunis. Elles touchent 30 % de la population mondiale et sont responsables de plus de 30 millions de morts par an. Ce ne sont plus les grandes famines

33 mais la malnutrition au quotidien qui tue. C'est un véritable problème de santé publique. L’OMS définit la malnutrition comme l'état pathologique dû à la consommation prolongée d'une nourriture ne fournissant pas l'ensemble des éléments nécessaires à la santé (24). La malnutrition entraîne des dommages physiques et mentaux, une augmentation de la mortalité et de la morbidité, une sensibilité aux maladies infectieuses, une destruction de cellules hépatiques, pancréatiques et cérébrales, une fatigue empêchant une vie active. Dans les pays en voie de développement, c'est le maigre apport en protéines qui entraîne la malnutrition. En effet les aliments végétaux ne sont que faiblement dosés en protéines (riz : 8 %, lentilles : 24 %, soja : 35 % mais spiruline : 70 %). La malnutrition est aussi caractérisée par un déficit en énergie, micronutriments et vitamines.

Cependant, la malnutrition n’est pas réservée aux PVD, les personnes défavorisées sont plus souvent atteintes de diabète, maladies cardio-vasculaires, maladies chroniques, cancers, hypertension artérielle et obésité et 40 à 80 % des personnes âgées en institution souffrent de dénutrition ou malnutrition contre 5 % à domicile (25).

Même si toutes les ONG telles que Médecins du Monde ou action contre le Faim, sont convaincues des apports bénéfiques de la spiruline contre la malnutrition, il existe peu d’études car les ONG n’ont pas assez de moyens pour les mener et les groupes pharmaceutiques ne sont pas intéressés par des compléments alimentaires destinés aux pays en voie de développement. C'est à partir de 1991 que le Pr Jean DUPIRE, alors qu’il est en voyage humanitaire à Bangui en République Centrafricaine, et qu'il réceptionne plusieurs tonnes de spiruline initialement destinées au Zaïre, il décide de l'utiliser pour des enfants malnutris. L'étude ne peut être publiée à cause de nombreux biais mais il observe une amélioration chez les enfants supplémentés par de la spiruline et des sardines (5). Voici les résultats de quelques autres études existantes réunies dans le tableau 5. Aucun de ces organismes internationaux, OMS, PAM, Action contre la Faim ou UNICEF ne recommande l'utilisation de la spiruline dans la lutte contre la malnutrition, en partie car les preuves scientifiques sont faibles et que son coût de revient est trop élevé (24). Certes, la spiruline a un intérêt nutritionnel mais qu'à des fortes quantités même chez un nourrisson malnutris, et l'apport énergétique est très faible. Mais les choses sont en train de changer, les pays africains développent la culture de la spiruline, la FAO depuis 2008 commence à reconnaître l’intérêt de la spiruline, et voudrait élaborer un guide pratique pour la production de cette dernière ou pour diversifier les cultures existantes.

Nombre de participants/ âge Posologie Durée de l'étude Résultats Ref. 56 / 6 à 24 mois (Niger)

10 g 14 jours Protéinémie et albuminémie ↑ de 30% avec des œdèmes, diarrhées et anorexies

↓ (7) 150 nourrissons de 9 mois (Bangui) 5 g/j+une sardine 9 mois

Durée récupération 38,6 j gain de poids 12,3 g/kg/j

(7) 150 g mais-soja Durée de récupération 50 j gain de poids

de 7,1 g/kg/j 52 adultes VIH+ malnutris Afrique subsaharienne 0,37 g/kg 1 mois puis 0,20 g/kg 2 mois

3 mois IMC ↑ significativement (p<0,001) avec une prise de poids moyenne de 4,8 kg (IMC 20,0 ± 4,7 au début puis 21,9 ± 5,7

après 3 mois), ↑ de la masse maigre

(26) 550 enfants (- 5 ans) (455 marasme sévère, 57 moyen, 38 kwashiorkor) répartis en 4 groupes de 170 Burkina-Faso Misola (731±7kcal) 2 mois + 20 g/j (27) Misola +spiruline (767± 5 kcal) (10 g spiruline)

+ 34 g/j prise de poids plus importante si la complémentation est plus calorique,

plus protéique 10 g Spiruline (748±6 kcal) +25 g/j repas traditionnels (722±8 kcal) +15 g/j 165 enfants de 3 mois à 3 ans, Burkina- Faso 5 g vs 5 g+sardine vs renutrition habituelle

3 mois Pas de différence entre les groupes sur la prise de poids, la prise de taille et la prise

de poids pour la taille même si les meilleurs résultats sont dans le groupe

spiruline-sardine

(28)

Tableau 5 : Tableau récapitulatif des études cliniques sur la malnutrition. (Marasme : carence énergétique, calorique ; Kwashiorkor : carence protéique sévère ;

Misola : 60% de mile, 20% de soja et 20% de graines d’arachide)

L'OMS confirme le potentiel de la spiruline et recommande de poursuivre les recherches. La Chine a fait le premier pas en déclarant la spiruline aliment d'intérêt national en 2009. Même si les études existantes manquent de méthodologie, la plupart sont réalisées sans groupe témoin, et la spiruline utilisée en compléments d'autres nutriments/aliments, leurs résultats restent positifs, il ne faut pas aller à l'encontre des démarches humanitaires qui utilisent la spiruline même si les résultats ne sont pas toujours concluants (ex de l'étude

35 avec 5 g/j au Burkina Faso). Au vu du nombre d'enfants nourris avec de la spiruline en toute innocuité, les agences internationales devraient se prononcer clairement sur l'utilisation de la spiruline dans la lutte contre la malnutrition après avoir effectué des études où le coût, la disponibilité et l’acceptabilité de la spiruline seront étudiés. Tout lobbying en faveur de la spiruline pourrait avoir des effets néfastes en détourant l'attention des décideurs et des organismes financiers vers des solutions viables et pérennes (farines enrichies dont la qualité et quantité nutritionnelle est contrôlée, et dont le prix est faible) plutôt que vers une solution très hypothétique qu'est la spiruline, même si certains de ses composants tel que la phycocyanine et ses propriétés immunostimulantes sont intéressantes dans la malnutrition où les enfants sont souvent atteints d'infections (29).