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« On a décrit la ville comme l’habitat naturel de l’homme civilisé : c’est dans la ville que se sont développées la philosophie et la science, faisant de l’homme, non seulement un animal raisonnable, mais un animal sophistiqué. [...]. En effet, la ville et l’environnement urbain représentent la tentative la plus cohérente et, à tout prendre, la plus réussie pour transformer selon notre propre désir le monde dans lequel nous vivons. Mais, si la ville est le monde que l’homme a créé, c’est aussi le monde dans lequel il est désormais condamné à vivre. Ainsi, indirectement et sans avoir clairement conscience de la nature de son œuvre, en créant la ville, l’homme s’est recréé lui-même.

C’est en ce sens et à cet égard que l’on peut considérer la ville comme un laboratoire social »45.

Un rapport des Nations Unies, publié par le département des affaires économiques et sociales en 2014, montre que l’urbanisation s’accélère constamment et partout au monde. Plus de la moitié de population mondiale (54 % en 2014 selon l’ONU) vit aujourd’hui dans les zones urbaines46, contre 29,6 % en 1950 et le taux de l’urbanisation mondiale devrait atteindre 66,4 % en 205047. La tendance à l’urbanisation demeure forte dans les deux pays sur lesquels cette recherche porte pour l’étude comparative (79,5 % en France, soit 51 253 000 et 82,5 % en Corée du Sud, soit 40 778 000 en 2015)48, comme ailleurs.

Après sa naissance, la ville continue sans cesse à s’agrandir. Notamment, la révolution industrielle a historiquement accéléré l’urbanisation avec l’exode rural depuis le XVIII siècle. De plus, le développement de transports et des techniques innovantes, ceci a amené la mondialisation qui a accompagné la naissance des métropoles. La ville est devenue un « lieu des perfectionnismes technologiques, des grands gestes architecturaux, le territoire où convergent les flux croissants du

45 H. Coing, 1966, p. 235.

46 Pour définir les zones urbaines ou les villes, il y a des méthodes très diverses d’un pays à l’autre. Il faudrait donc pouvoir appliquer de manière systématique un critère unique afin de surmonter ces diversités. Les critères peuvent être fondés de façons diverses sur une ou plusieurs caractéristiques telles que les critères administratifs, un seuil minimal de population, la densité de population, la proportion employée dans les secteurs non agricoles, la présence d'infrastructures comme les routes pavées, l'électricité, l'eau courante ou les égouts et la présence d'éducation ou de services de santé. En respectant les données récentes de chaque institut national de statistique des pays, l’ONU se réfère à la fois à un concept de l’agglomération et à celui de la ville propre. De plus, pour cette recherche, toutes les données statistiques sur le taux d’urbanisation se réfèrent au rapport de l’ONU (F. Moriconi-Ebrard, 1991, p. 7 ; United Nations Department of Economic and Social Affairs / Population Division, 2015, pp. 4-6).

47 Tableaux A et B, United Nations Department of Economic and Social Affairs / Population Division, op. cit., pp 197-214.

tourisme urbain »49 dans tous les pays industrialisés. Pour le dire autrement, la majorité des ressources humaines et matérielles tend à se concentrer sur la ville. Malgré tout, elle est aussi devenue un lieu de concentration des problèmes. Il s’agit par exemple des formes de pauvreté liées à la migration des populations défavorisées et des formes d’insécurité 50 . Provenant des dysfonctionnements sociaux de la ville, ces problèmes deviennent souvent l’une des causes des conflits socio-urbains.

La France, comme d’autres pays occidentaux, connaît bien le processus d’urbanisation et de croissance urbaine engagé depuis l’époque de la révolution industrielle, mais aussi des problèmes sociaux émanant de ce processus. En effet, ce processus d’urbanisation lié à l’industrialisation a joué un rôle moteur dans l’histoire du développement économique et urbain. La migration vers la ville pendant le XIX siècle a produit le peuplement urbain et l’accroissement fort de la taille des villes. Puis, certains bourgs ont fait partie des agglomérations, « qui ont ensuite perdu leur caractère rural avec le développement spectaculaire de l’économie durant la période des "trente glorieuses"(1945-1975) »51. Cette croissance urbaine sans précédent s’est caractérisée par l’abondance de richesses et de services et, de même, par la concentration des conséquences négatives telles que les impacts culturels, la dégradation environnementale, la crise du logement, la disparité entre riches et pauvres, les inégalités territoriales, la ségrégation socio-spatiale, etc.

Par ailleurs, plus spectaculaire que celle de la France, l’urbanisation de la Corée du Sud s’est caractérisée par le progrès intensif et fulgurant dans un temps court. Après la guerre de Corée (1950-1953), la Corée du Sud a connu une transformation physique du territoire avec le développement économique exceptionnel des années 1960-1980. Les gouvernements successifs à cette époque ne tenaient pas compte des impacts d’une telle urbanisation sur l’environnement naturel et social52. En outre, depuis la moitié des années 1990, l’urbanisation coréenne montre une tendance similaire à celle des pays développés occidentaux, surtout à celle des villes américaines53. Les centres villes se sont vidés des populations aisées et les plus pauvres, y compris des migrants étrangers, se sont concentrés sur ces centres délaissés. Résultant de l’étalement urbain excessif, ce phénomène amène aussi des problèmes de ségrégation que les pays développés occidentaux ont connus et vivent encore.

L’urbanisation a donc entrainé de nombreuses conséquences tant négatives que positives dans le processus de la modernisation du pays avec l’industrialisation. Les conséquences émanant de ce processus sont aujourd’hui devenues des problèmes majeurs que des politiques urbaines visent à résoudre dans presque tous les pays développés. L’intérêt porté à l’importance de la situation sociale a

49 C. Chaline, 2011, p. 3.

50 Ibid.

51 X. Golczyk, site internet « melchior », http://www.melchior.fr/etude-de-cas/les-problemes-sociaux-de-lurbanisation-lurbanisation-un-processus-createur-dinegalites

52 A. Gravel, 2007, p. 1.

fait apparaître une nouvelle forme de politique urbaine puisque d’autres politiques qui se sont focalisées sur la transformation physique au nom de l’urbanisation n’étaient pas susceptibles d’enrayer ces problèmes sociaux. En fait, la société française ne remarquait pas les « phénomènes d’immigration, d’ethnicité et d’interculturalité »54 jusqu’aux années 1960, alors que, depuis le milieu des années 1920, de nombreux travaux de l’école de Chicago se sont focalisés sur une nouvelle perspective, de sociologie urbaine, à propos de la ville et du fait urbain. Depuis les années 1970, les difficultés des banlieues ont émergé dans les médias, celles-ci qui sont devenues un problème de société. Beaucoup de recherches portant sur ces « territoires stigmatisés » ont alors été menées55. En répondant à ces situations, une nouvelle politique urbaine a été lancée portant le nom de « politique de la ville » en France. D’autre part, en Corée du Sud, l’objectif des politiques publiques, après la guerre de Corée, s’est prioritairement concentré sur le développement économique et la modernisation du pays. Ces politiques qui n’ont été réservées qu’à la « croissance » ont produit le développement économique et l’urbanisation pendant une période très courte. Pourtant, ce processus de croissance fulgurante a amené des problèmes présentant des similitudes avec ceux que les pays développés occidentaux avaient précédemment connus. Donc, les politiques urbaines coréennes ont commencé, depuis les années 2000, à s’y intéresser sérieusement. En conséquence, certaines politiques sont apparues pour résoudre des problèmes d’inégalités territoriales, pour répondre aux questions d’environnement et pour introduire un nouveau mode de développement social et urbain, la régénération urbaine56.

Bien qu’étant un artefact créé par l’être humain, la ville est considérée comme une espèce organique selon l’école de Chicago. Cela veut dire que, comme le cycle de vie humaine, elle peut naître, croître et vieillir, voire tomber malade avec des problèmes sociaux et, dans certain cas, même mourir sous le nom de la désertification. Ce processus de mutation de la ville se déroule avec ceux qui sont directement liés à la vie des hommes. C’est pourquoi il faut agir sur la ville afin d’étudier et de répondre aux problèmes sociaux et urbains. L’analyse des politiques urbaines qui sont nées face aux problèmes socio-urbains dans deux pays concernés montre comment les gouvernements ont répondu aux situations ou problèmes de l’époque et, de plus, comment les politiques urbaines ont évolué tant sur le plan social que sur le plan physique. Cet aspect nécessite de prendre en compte les enjeux de l’intégration de la démarche participative, qui occupera le deuxième chapitre, dans le cadre politique sous le nom de l’institutionnalisation. En effet, émergés face aux problèmes sociaux et urbains auxquels les politiques urbaines tiennent à répondre, de nombreux mouvements sociaux (ou luttes

54 Y. Grafmeyer et I. Joseph, 2004, p. VII.

55 Ibid.

urbaines) sont considérés comme « toutes les formes d’actions citoyennes »57. Ceci serait aussi une forme de base de la participation.

I-1. Mise en œuvre du développement social urbain face aux situations conflictuelles

La plupart des pays se sont communément focalisés sur le développement quantitatif et la croissance physique de leurs territoires pendant la période d’industrialisation et d’urbanisation après la révolution industrielle. Malgré le développement remarquable, notamment dans les volets économique et urbain, cette approche a provoqué plusieurs problèmes concernant le volet social et la vie des populations. Les problèmes sociaux peuvent souvent déclencher des situations conflictuelles et même déterminer le succès ou l’échec de la politique d’un gouvernement58. Par conséquent, il était donc nécessaire d’intervenir. De nos jours, la majorité des gouvernements cherche d’abord à régler ce genre de problèmes dans le cadre de leurs politiques. Il s’agit de prendre en compte à la fois le volet urbain et le volet social lors de l’intervention sur la ville. Certaines politiques sont plus particulièrement réservées au social. La dimension sociale est relativement moins prioritaire en regard des dimensions économique et urbaine plus fortement prises en compte. Ce phénomène est observé dans plusieurs pays qui ont vécu la guerre au milieu du vingtième siècle.

Après la Seconde guerre mondiale, la société française a été confrontée à la crise du logement en raison de la pénurie de logements et de l’insalubrité de taudis59. La politique de reconstruction a donc été conduite par l’État dans les années cinquante et soixante60. Partout dans le territoire français, les opérations ont été lancées en construisant des logements sous la forme de barres et de tours dans une situation urgente. Ce sont les grands ensembles, conduisant à la fois à l’étalement urbain dans une périphérie des villes et à la résorption des bidonvilles aux centres villes. « Construits rapidement, sur des modèles standardisés et avec des matériaux peu coûteux, ils ne sont pas faits pour durer mais répondent à un réel besoin [...] »61. Ayant suscité de pleines polémiques depuis les années soixante, les quartiers de grand ensemble sont devenus un symbole de la crise urbaine à cause de la

58 Principalement axée sur l’amélioration physique des espaces urbains, la rénovation urbaine coréenne provoque des problèmes sociaux, tels que la difficulté de relogement et la déportation des populations précaires. Cela a souvent éclaté en un conflit à la suite de l’opposition des habitants aux projets de rénovation. Par exemple, certains projets de New town à Séoul ont été annulés et ont dû repartir de zéro, comme le cas du secteur de Changsin-Sungin. (Voir I-3.4. a) Les problèmes et limites des politiques existantes de rénovation urbaine.)

59 En raison de la construction insuffisante (1 900 000 logements édifiés entre 1919 et 1948, équivalent à 40 % à 45 % des logements construits en Grande-Bretagne ou en Allemagne pendant la même période) et de la faiblesse de rénovation des logements vétustés (par exemple, à Paris, 82 % des appartements sont dépourvus de salle d’eau, 55 % de W.-C. et 17 % d’adduction d’eau). « 500 000 logements sont considérés comme des taudis à démolir, 60 % en ville, 40 % à la campagne » (P. Peillon, 2001, pp 18-20).

60 Dans cette période de reconstruction, « Rénovation urbaine des centres anciens et construction de grands ensembles modernes en périphérie constituent ainsi les deux faces de la politique urbaine de l’État gaulliste. » (R. Epstein, In : F. Desage, C. Morel-Journel, V. Sala Pala (dir.), 2014, p. 338).

ségrégation qui a résulté de la concentration des marges sociales. De plus, de nombreux mouvements sociaux, à partir de l’émeute dans le quartier de la Grappinière à Vaulx-en-Velin en 1979, ont provoqué le pouvoir public à modifier l’orientation des politiques urbaines. C’est l’avènement de la politique de la ville.

Quant à elle, la situation coréenne est plus remarquable en raison de la rapidité de l’urbanisation et de l’industrialisation. Les gouvernements coréens se sont consacrés au développement économique entre les années 1960 et 1980 afin d’échapper à la pauvreté, comme d’autres pays en développement. Ayant été l’un des plus pauvres pays dans les années 1950, la Corée du Sud a connu un grand succès économique et est même devenu membre du G20 (le Groupe des pays les plus riche du monde). L’objectif prioritaire de la croissance économique a produit non seulement la richesse du pays mais aussi des problèmes sociaux, l’écart entre les riches et les pauvres, l’inégalité territoriale, l’exclusion sociale etc. En outre, de nombreuses opérations de rénovation se sont déroulées dans une logique économique pour les promoteurs. Les promoteurs ont parfois évalué les impacts sociaux des projets établis mais n'ont pas intégré les facteurs sociaux dans la planification et la conception. C’est la cause des conflits urbains comme « l’accident de Yongsan » en 2009 à Séoul.

Le développement social et urbain sert à stabiliser et à développer les quartiers ayant un besoin particulier d’intervention en raison du chevauchement du déficit de planifications économique, sociale et urbaine. Les mesures de soutien se concentrent donc sur l'amélioration des conditions de vie et de travail de la population des quartiers concernés. Dans le cadre des politiques, il est important de trouver une solution pour l’équilibre entre l’urbain et le social. Depuis les années 1980, la France a développé une politique spécifique, la politique de la ville visant à revaloriser certains quartiers défavorisés et à réduire les inégalités sociales entre les territoires. En Corée du Sud, bien que certaines politiques urbaines, comme celle de New town, aient pour objectif de prendre en considération le volet social, la réalité montre qu’il passe toujours derrière les intérêts économiques.

Le développement social urbain est aujourd’hui un enjeu majeur des politiques urbaines, notamment celles de rénovation urbaine. Il vise en général les « efforts coordonnés des collectivités locales et de l’Etat pour organiser les actions et les moyens contribuant à résoudre la crise aiguë [...] »62. La France, comme les autres pays occidentaux développés, a connu la crise urbaine dans le processus de l’industrialisation et l’urbanisation. En Corée du Sud, la crise urbaine est aussi apparue au sein de l’époque de croissance économique et urbaine depuis les années 1960. Dans ce constat, la perception de la crise urbaine a incité le changement d’orientation du développement urbain passant du quantitatif au qualitatif. De même que la plupart des pays dans le monde entier, La France et la Corée du Sud reconnaissent l’importance de considération du volet social dans le domaine de

politique urbaine et tentent de trouver des réponses aux problèmes socio-urbains récurrents dans notre société.

I-1.1. Les conflits urbains comme révélateurs de tension urbaine

La ville a parallèlement connu son développement et de nombreux problèmes qui en résulte depuis sa naissance. Dans l’histoire humaine, elle est devenue un pôle de développement social en contribuant à lier des villages, à offrir des espaces publics, à attirer des populations, voire à fonder l’Etat dans le sens moderne. En revanche, il apparaît que la croissance urbaine a modifié certains problèmes sociaux comme ceux liés au chômage, à la pauvreté ou au logement, à l’éducation, à l’environnement, à la sécurité, à la délinquance, etc. Ces problèmes ne sont pas limités à la ville mais concernent aussi le territoire entier. Des formes spécifiques de problèmes s’observent dans le processus de la rénovation urbaine. Il s’agit de problèmes de relogements, d’expulsion voire de déportation63 (dans le cas de la Corée du Sud). Dans ce sens, l’accumulation des problèmes urbains devient la tension latente qui pourrait éclater sous forme de conflit. Les problèmes socio-urbains apparaissent dans le monde entier et il est impossible d’empêcher parfaitement ces problèmes. Ils peuvent donc refléter la société urbaine ou la vie urbaine même si cela est estimé négatif. « L’absence de conflit ne résulterait donc pas d’une société paisible et régulée, mais surtout d’une société où la prise de parole ne serait pas possible, dangereuse »64.

De nos jours, le conflit est fréquemment apparu comme une conséquence relationnelle entre un individu et un autre ou entre un individu et un groupe d’individus ou entre un groupe d’individus et un autre. Surtout, de nombreux projets urbains peuvent se déclencher en laissant éclater des mécontentements. En effet, le conflit existe sous diverses formes dans tous les domaines de société moderne. Il y a encore une distinction à établir entre le conflit manifeste et le conflit latent mais il est effectivement pris en compte comme cible à gérer dans notre société. De fait, si le conflit résulte de faits urbains, on pourra dire qu’il s’agit d’un conflit urbain. Certain nombre de chercheurs a commencé à s’intéresser aux conflits urbains et leur nombre a continué à grandir. Car les travaux sur les conflits urbains pourraient appréhender « l’évolution des rapports entre les sociétés urbaines et

63 En Corée du Sud, il n’y a pas de moyens institutionnalisés dans le cadre de rénovation urbaine pour que les locataires qui se plaignent de l’indemnisation insuffisante contestent sur la procédure opérationnelle d’un projet. Enfin, les locataires sont soumises à la pression de déportation sans mesures nécessaires en matière de migration et de subsistance avec la faible indemnisation liée à la sous-estimation de leur investissement d’installation commerciale et du fonds de commerce (Séoul (ville de) et Institut de Séoul, 2017, p. 75).

leur milieu de vie »65. Ainsi, certaines questions se posent à propos des conflits urbains : qu’est ce que la notion de conflit (urbain) ? Comment un conflit urbain peut-il être catégorisé ? Est-ce que le conflit urbain peut influencer directement la transformation urbaine et sociale lors d’une intervention urbaine ?

a) L’identification des conflits dans de nombreux domaines

On connaît tous dans notre quotidien des situations conflictuelles, soit manifestes soit latentes. Comment peut-on comprendre un conflit ou une situation conflictuelle dans notre société ? Lorsqu’on entend le mot « conflit », on évoque généralement un sens négatif. Pourtant, celui-ci peut aussi avoir des aspects positifs, qui devraient être un élément productif pour une société en mouvement. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de connaître et de comprendre la notion et le concept de conflit. En général, il n’est pas facile de définir clairement le terme de conflit. C’est-à-dire qu’il peut être défini et interprété de façons diverses selon les domaines de recherche et les chercheurs concernés qui s’intéressent à la question. Une partie de la confusion liée à cette notion est créée par les chercheurs eux-mêmes66.

Dans l’aire de la culture occidentale, surtout latine, le mot de conflit vient du latin « conflictus », dérivé de « confligere » qui est composé du préfixe con- (ensemble) et de fligere (frapper ou heurter)67. Il correspond étymologiquement à la situation de se heurter ou de se frapper. Dans ce sens, la notion de conflit signifie une « lutte armée, combat entre deux ou plusieurs puissances qui se disputent un droit ou une violente opposition de sentiments, d’opinions, d’intérêts »68. D’autre part, dans l’aire de la culture orientale, surtout chinoise, le conflit est traduit en 葛藤 (gal deung) composé de la racine de « pueraria montana (葛) » et de la tige de « glycine floribonde (藤) ». C’est une figuration de l’enchevêtrement des racines ou des tiges de deux plantes69.

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