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REALITES DU FONCIER A BATIR

7-AGGLOMERATION DE BENI METRANE :

9. AGGLOMERATION DE DJIMAR

Djimar est à l’origine une ferme agricole créée par les colons à la fin du XIX siècle. Ses terres qui s’étalaient dans la plaine alluviale de l’oued Ni étaient très fertiles. Elle était au centre d’un terroir très productif voué au maraîchage et à l’arboriculture. Avec le système de l’autogestion celle-ci est devenue un domaine autogéré, converti en un DAS (Ayadi Ahmed) puis démembrée en EAC et EAI.

Les populations qui s’y installèrent furent d’abord des membres du douar des Béni Maamar qui étaient précédemment établies dans sa périphérie immédiate.

A partir de l’été 1983 ce furent les montagnards de la région de Chahna qui s’installèrent (Béni Affer) fuyant les incendies de forêt.

Jusqu’en 1990 la localité de Djimar ne disposait que de 5 épiceries, 3 cafés, 2 restaurants, un terrain servant de stade, une mosquée et un marché de gros de fruits et légumes. Quant à l’habitat, il s’égrenait le long des routes ou bien il se construisait sur les parcelles agricoles derrière des rideaux de brise-vent ou de roseaux. Elle comptait 2 503 habitants en 1987 et ce nombre s’est élevée à 4930 en 2008

9.1. Analyse du cadre bâti

L’agglomération de Djimar a fait l’objet d’un instrument d’urbanisme en 1993 (PDAU) mais celui-ci ne consista qu’en une affectation des sols pour les équipements à réaliser (école, antenne APC, poste de la Garde communale, 27 locaux commerciaux). Ces derniers seront construits au centre de l’agglomération.

Le noyau central :

C’est en réalité le carrefour routier. Il est extrêmement réduit car il se présente comme une enclave qui coincée par la ferme et les terres agricoles au nord, par des terrains privés au sud,

commerces et les équipements précédemment cités. Dans ces conditions d’exiguïté, les constructions vont se réaliser au-delà de cette partie centrale. L’urbanisation de la plaine sera linéaire c'est-à-dire le long des routes et discontinue.

La direction sud :

Sur une distance de 3 kms environ jusqu’au lieu dit Boutalab et en longeant le CW N°135 menant à Chekfa c’est une succession de constructions qui occupe l’espace. Ce ruban est caractérisé par ses vergers et la faible densité de ses constructions. L’évolution et l’extension de l’habitat sont le résultat exclusif de la croissance naturelle car nous avons là une population socialement très homogène issue du même douar des Béni Maamar (les plus anciens de la région). La faible densité et la discontinuité des constructions s’expliqueraient par la nature juridique des terrains (domaniale).

La direction sud-est :

Sur une distance de 2,5 kms environ jusqu'à la grosse mechta de Lahmimra et le long d’une piste nous avons un ensemble de constructions qui occupent l’espace d’une manière originale. C’est un mitage de l’espace rural en saut de puce qui résulterait d’une logique tribale ou familiale mais aussi du statut juridique des terrains. A partir du noyau de Djimar jusqu'à Lahmimra nous rencontrons de petites concentrations d’habitations ou des mechtas qui se distinguent les unes par rapport aux autres par le statut juridique des terrains et l’origine géographique des habitants.

Ainsi à proximité immédiate de Djimar a été crée un lotissement privé dont la superficie des lots de terrain dépasse parfois les 1000 m². Celui-ci est le fait d’habitants sont tous originaires de Chahna qui ont quitté leur région à la suite des incendies de forêt de 1983.

Ce groupement communautaire a acheté sous seing prive des terrains appartenant à la famille Chiet dont la propriété est adjacente aux terres du domaine autogéré. Comme les transactions foncières sont informelles toutes les constructions sont illicites. La spontanéité et l’anarchie

caractérisent les constructions. Néanmoins c’est ce lotissement illégal qui va donner naissance à la vocation résidentielle de l’agglomération.

Plus loin et en s’éloignant de Djimar on rencontre un deuxième groupement appelé Tamrijt el Hanni. Il est plus ancien que le précédent et ses habitants originaires de la zone montagneuse voisine ont acheté des lots de terrain auprès d’un propriétaire terrien afin d’être à proximité du centre de Djimar qui est considéré comme un lieu d’animation pour toute la plaine de l’oued Sayoud d’une part et pour la zone montagneuse le surplombant notamment Rasersa, Lahfir et Toussel.

Au début des années 1980 un programme d’habitat rural fut implanté en prolongement de ce groupement. C’est une cité de 30 logements destinée aux travailleurs de l’autogestion qui fut édifiée sur une poche de terrain domaniale. Elle constitue par la trame et la typologie de ses constructions d’un seul niveau, une remarquable greffe urbaine la distinguant des autres groupements.

Quant au groupement résidentiel de Lahmimra qui termine cette coupe il est caractérisé en revanche par une densité faible de l’habitat. Il se situe sur les premières hauteurs du piémont et ses habitants en sont originaires. La nature juridique de ses terrains est privée et dans l’indivision.

La direction nord-ouest :

Sur une distance d’un 1km jusqu’à la petite localité de Belalioui à proximité de oued Nil et en longeant un ancien tronçon de la RN N° 43 s’est développé l’habitat. Cette bande de constructions se répartit en 2 compartiments distincts.

-Le premier débute au niveau de l’ancienne voie ferrée désaffectée et prend en écharpe la zone d’ouest en est. Situé au nord de la route, il est d’une longueur de 500 m et d’une profondeur de 300 m environ.

Ce compartiment est limite par les terres à haute valeur agricole et de nature juridique privée. Les constructions sont celles des plus anciennes familles de la zone qui appartiennent à la

constructions est marquée par une faible évolution du cadre bâti ainsi que par l’absence totale de transaction foncière officielle (soldée par un acte notarié) ou même officieuse.

-Le deuxième se situe presque en face du précédent puisqu’il débute avec l’ancienne voie ferrée à l’est et se termine par l’oued Nil à l’ouest. Différemment du premier compartiment, celui-ci s’articule autour d’un groupement d’habitat réalisé au profit des travailleurs de l’ex DAS Ghediri.

Au départ il était doté d’une structure régulière des voies de circulation et ses constructions respectaient un alignement rigoureux. Cependant les extensions opérées anarchiquement tant sur les logements qui le composent que sur la cité elle-même, ont généré un espace bâti où la distinction entre la cité initiale et le secteur adjacent formé spontanément est difficile à saisir. En définitive, ces extensions de l’habitat ont abouti à un mitage de l’espace rural caractérisé par une consommation excessive du foncier. Et loin d’être dans une agglomération facilement identifiable par ses caractéristiques (trame de l’habitat, tissu, voies de circulation…) nous sommes plus en présence d’une série de petits conglomérats d’habitat disparates implantés en milieu rural.

9.2. Servitudes et nuisances

Les servitudes grevant l’espace périphérique de ce noyau sont nombreuses et sont constituées essentiellement par le réseau hydrographique (oued Sayoud et oued Toussel), la zone inondable, les routes ainsi que la vocation agricole des terrains.

En raison de l’exiguïté de l’assiette foncière du noyau central les services techniques ont été obligés de prendre possession illégalement le siège du DAS Ayadi et de démolir les hangars existants. Les nouveaux équipements, cités précédemment, sont érigés illicitement au regard de la loi : d’abord pour l’opération de démolition des bâtisses existantes (hangars hérités de la période coloniale) et ensuite pour l’opération de réalisation des nouvelles constructions. En effet la loi 90/29 relative à l’aménagement et l’urbanisme ainsi que les textes d’application y afférents conditionnent le droit de démolir ou de construire par le droit authentique de propriété.

Certes les EAC et EAI ont uniquement un droit de jouissance des terres attribuées dans le cadre de la restructuration du DAS Ayadi Ahmed en vertu de la loi 19/87 par contre la propriété des anciennes battisses et surtout leurs assiettes foncières leur appartient de plein droit en vertu d’actes administratifs dument publies et enregistres.

La situation juridique de ces équipements demeure toujours en litige et ne semble pas trouver son épilogue dans un proche avenir. Un contentieux s’est crée. Si l’affectation des terrains pourra être justifiée par son caractère d’utilité publique par contre l’indemnisation des hangars démolis sera difficile à effectuer ainsi que la régularisation juridique de ces équipements.

Photo n°12

Djimar : Les restrictions environnementales n’ont pas diminue l’occupation illicite, irrationnelle et spontanée du foncier.