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Introduction :

Les sociétés savantes ont contribué à la connaissance du patrimoine régional. Nous avons vu qu’elles avaient joué un rôle essentiel dans la compréhension et la protection du patrimoine local1. Dès la première partie du XIXème siècle, la Société d’archéologie et d’histoire de la Charente-Inférieure, créée à Saintes en 1839 autour de l’abbé Lacurie, a permis de sauvegarder plusieurs édifices importants du département dont l’amphithéâtre et la crypte de l’église Saint-Eutrope de Saintes dans les années 1840.

Notre objectif est de comprendre comment la pratique – des architectes, des érudits locaux, des techniciens – a influencé la théorie et comment celle-ci, par un système de balancier, a fini par imposer des normes.

Les érudits locaux tels l’abbé Lacurie ont permis de perfectionner les méthodes de restauration sur les monuments. Les architectes parisiens puis les théoriciens de l’art comme Viollet-le-Duc, en France, ou John Ruskin, en Angleterre, vont quant à eux édicter un système de pensée pérenne.

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Bercé, F., « Les sociétés savantes et la protection du patrimoine monumental », Actes du 100e congrès national

3-1- Entre connaissance et transmission du patrimoine : enjeux critiques.

L’urgence patrimoniale décrite par Mérimée à partir des années 1830 a engagé la France dans une course effrénée qui nous a conduits naturellement vers un mode de pensée défensif à l’égard du patrimoine. Cela a finalement induit des débats qui parfois se sont avérés stériles sur le tout patrimonial2 alors même qu’à la même époque – à la fin des années 1990 –

d’autres avaient l’impression que l’Etat se défaussait de ses prérogatives patrimoniales. Dès lors, l’attitude sociale vis-à-vis du patrimoine constitue un premier point à étudier.

C’est donc en mettant en exergue ce postulat de pensée défensive que nous souhaitons débuter. La question patrimoniale a toujours été abordée à travers cette vision défensive et, de manière générale, de sauvegarde.

3-1-1. La question de la propriété au cœur du débat patrimonial :

Pendant la Révolution française, le questionnement patrimonial traduit à la fois une mutualisation des compétences héritées de l’ensemble du XVIIIème siècle et la prise de conscience face aux désordres liés à la nationalisation des biens de l’Eglise et de la noblesse3. Ainsi, la question traditionnelle du patrimoine familial et de sa transmission s’adjoint à la double interrogation sur la gestion de la propriété collective et à son devenir. Le patrimoine de la nation devient un signifiant dans un environnement dominé par les enjeux de la propriété privée. À cette même époque, la liberté individuelle, le droit de propriété et la question de la citoyenneté sont au cœur du débat prérévolutionnaire et révolutionnaire4. Le droit naturel imprègne alors la pensée occidentale au XVIIIème siècle5. Selon Locke, parmi tous les droits qui précèdent toutes les institutions humaines, la jouissance des biens en est le plus important. En effet, la propriété privée est nécessaire pour la conservation de la vie et l'exercice de sa dignité humaine. Il y a donc un droit de posséder tout ce qui est nécessaire à la subsistance.

2 Debray, R., (dir.), L’Abus monumental ?, Paris, Fayard, 1999, 439 p.

3 Voir notamment : Poulot, D., Une histoire du patrimoine en Occident, XVIIIe-XXIe siècle : du monument aux

valeurs, Paris, Presses universitaires de France, 2006, 192 p.

4 Furet, F., Ozouf, M., Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, Flammarion, 1988. Notamment

l’article de Marcel Gauchet sur les « Droits de l’homme », p. 686.

5 Voir notamment : Vienne J-M. (Edit.), Philosophie analytique et historique de la philosophie, Paris, Vrin,

Pour les Lumières, cet état de nature précède la formation de la société. Le droit naturel, selon Voltaire, est celui que la nature indique à tous les hommes6. Les droits naturels, que l'homme reçoit de la nature, sont des droits que le pouvoir ne peut lui ôter. Ils représentent une limite à la puissance de l'Etat. La Révolution dépasse donc cet état de nature. La société naît d'un accord passé entre les hommes soucieux de sortir de l'état de nature : le contrat social. C'est pour préserver leurs droits que les individus fondent, par le contrat social, la société politique.

Cette doctrine touche un problème : comment concilier une vision individualiste de l'homme avec ses droits et libertés inhérents à sa nature, d'une part, et, d'autre part, une organisation sociale qui place les individus sous le pouvoir du ou des gouvernement(s).

À partir de ces éléments de réflexion, un large débat s'ouvre. Les points de vue divergent entre philosophes. Peu à peu émerge l'idée que l'homme est le titulaire de droits fondamentaux, essentiellement l'égalité et la liberté, et accepte de déléguer certains de ses pouvoirs aux Etats. Ainsi, selon Kant, « la nature humaine est bien telle que, dans la constitution des États, peut se réaliser le droit exigé par la raison »7. Il clarifie la notion de contrat social qui n’a rien d’un pacte signé à un instant donné car s’il fallait remonter à quelque convention historique, toute législation serait contestable et n’obligerait pas les générations suivantes, mais plutôt un fondement moral libre et universel.

Les débats révolutionnaires influencés par la prééminence de la propriété privée chère à Locke ont fait ressortir l’urgence de l’égalité et de la liberté comme valeurs indépassables8. À bien des égards, la question de la liberté s’oppose à la protection collective du patrimoine. Selon Locke la propriété privée est la condition nécessaire de l’émancipation et de la liberté9. L’homme est l’unique propriétaire de sa personne et de son travail. Locke définit la propriété des choses comme essentielle : elle n'est pas seulement requise pour subsister ; la propriété est une extension de la propriété de la personne. En ce sens, la propriété des biens a le même caractère inviolable que la personne humaine. Cette personne est conçue comme un rapport de soi à soi en tant que propriété. Chaque homme est donc le seul propriétaire de sa personne, de sa vie, de sa liberté et de ses biens.

6 Voltaire, Lettres philosophiques, Derniers écrits sur Dieu. Présentation par Gerhardt Stenger, Paris,

Flammarion, (rééd.) 2006, 486 p.

7 Kant, Théorie pratique, Paris, Vrin, 2000, 102 p., p.55. 8 Furet, F., Ozouf, M., op. cit.

9 Vienne, J-M, “Locke on real essence and internal constitution?”, Proceedings of the Aristotelian Society, Londres, XCIII, 2, 1993, p. 139-153.

Comme le note Colette Capitan, « c’est contraints et forcés que les révolutionnaires ont pris acte du fait que l’émancipation des individus, pour se concrétiser, passait par celle, prioritaire car déterminante, de la propriété. Ce préalable d’ordre matériel à l’exercice des droits politiques – la terre ou l’argent – induit la définition de la citoyenneté : le droit de

propriété est le fruit de l’industrie, le travail le signe de la liberté et de l’autonomie ; le droit au sol, le plus court chemin pour signifier la victoire révolutionnaire sur l’ancien système, confère donc les droits citoyens »10.

Le devenir des biens nationaux11 est un enjeu important dès les premières heures de la Révolution. La plupart sont vendus pour résoudre les problèmes financiers causés par la Révolution et un grand nombre subit les destructions révolutionnaires – le vandalisme rendu célèbre par l’abbé Grégoire. L'importance du phénomène induit une vive réaction, dès 1795, afin de lutter contre le vandalisme en se dotant de moyens relativement important12.

Ainsi, Alexandre Lenoir parvient à faire accepter à la constituante la réunion d’une sélection de tous les objets d'art provenant des biens nationaux. Ces objets sont confisqués aux différentes maisons religieuses et entreposés dans un même lieu pour éviter leur dispersion et leur destruction. Il se bat contre le vandalisme révolutionnaire mais parvient à sauver du saccage les statues et les gisants qu'il fait entreposer au couvent des Petits- Augustins. En 1795, il ouvre au public le musée des monuments français, dont il est nommé administrateur et le reste pendant une trentaine d'années.

La protection des biens nationaux de l’Ancien régime a donc été une conséquence des événements qui ont conduit à la destruction de monuments. Pour ses défenseurs, la protection des biens nationaux dépassent la seule question de la propriété privée, il s’agit de transmettre et de témoigner des richesses passées de la nation française. En 1794, l’abbé Grégoire traduit ce changement de paradigme en insistant sur le fait que les monuments « doivent être protégés en vertu de l’idée que les hommes ne sont que les dépositaires d’un bien dont la grande famille a le droit de vous demander des comptes »13.

Pour Alexandre Lenoir, la valeur de l’art a des vertus éducatives et cela transcende la question du privé ou du public. L’art éduque mais aussi nous permet de mieux connaître

10 Capitan, C., « Propriété privée et individu-sujet-de-droits », L’Homme, 153, janvier-mars 2000.

11 Constitués à la faveur de la nationalisation des biens du clergé (octobre 1790), des émigrés (novembre 1791) et

de la Couronne de France (septembre 1792).

12 Nachin-Poirrier, C., Poirrier, P., « L’Etat et le patrimoine : deux siècles d’histoire », Mémoire et patrimoine,

septembre-octobre 2002, n° 1, p. 20-25.

l’histoire et le passé d’un peuple ; l’art est en quelque sorte national et sa conservation doit sans doute l’être aussi :

« La culture des arts chez un peuple agrandit son commerce et ses moyens, épure ses mœurs, le rend plus doux et plus docile à suivre les lois qui le gouvernent. L’assemblée nationale, pénétrée de cette maxime, après avoir décrété que les biens du clergé appartenaient à la chose publique, chargea son comité d’aliénation de veiller à la conservation des monuments des arts qui étaient renfermés dans ces domaines. […] Ces savants ainsi réunis formèrent une commission, nommée commission des monuments. Dès-lors on chercha des lieux convenables pour recevoir les trésors que l’on voulait préserver de la destruction. Le comité d’aliénation affecta la maison des Petits-Augustins pour les monuments de sculpture et les tableaux ; celles des Capucins, des Grands-Jésuites et des Cordeliers pour les livres, manuscrits, etc. La commission publia une instruction savante sur les moyens de conserver les objets précieux qu’elle se proposait de recueillir »14.

Toujours selon Alexandre Lenoir, la recherche et la sauvegarde des œuvres d’art du passé de la France sont nécessaires pour la pérennité de l’histoire de la nation. Comme il le soulignera à plusieurs reprises, c’est bien la nation française qui s’en voit renforcée à travers la restauration de ses traces et des étapes chronologiques que constituent ses œuvres d’art :

« La convention nationale donna aussi des preuves de son amour pour les arts, en rendant plusieurs décrets en leur faveur ; son comité d’instruction publique créa une commission composée de gens de lettres, de savants et d’artistes, pour veiller à la conservation des monuments des arts. Bientôt de cette réunion précieuse sortit un nombre considérable de mémoires, d’adresses et de rapports, qui portèrent la lumière dans les départements, et l’on parvint à arrêter le bras de la sottise, qui abattait les statues, déchirait les tableaux les plus précieux, et fondait les plus beaux bronzes. De l’abbaye de Saint-Denis, que le feu semble avoir incendiée du sommet des voutes jusqu’au fond des tombeaux, j’ai retiré les magnifiques mausolées de Louis XII, de François Ier, de Turenne, etc. O malheur ! Ces chefs d’œuvres de l’art avaient déjà éprouvé la fureur barbare. Une grande partie de ces monuments, qui attestaient la gloire de la nation, mutilés, et leurs ruines éparses dans un cimetière, étaient cachés sous l’herbe et recouvert de mousse. Ainsi, par un système désorganisateur, l’on voyait le chardon prendre la place du laurier, et couronner Charlemagne ou du Guesclin. J’en ai recueilli les restes précieux, que je puis restaurer. Déjà les tombeaux de François Ier et de

14 Lenoir, A., Description historique et chronologique des monuments de sculpture, réunis au musée des Monuments français, Paris, Levrault, 1803, p. 12.

Louis XII sont rendus à leur splendeur première ; heureux si je puis faire oublier à la postérité ces destructions de l’ignorance ! »15

Alexandre Lenoir, aidé en cela par les quelques députés intéressés par la question, a agit de manière méthodique en informant les préfets de ces enjeux et en les sollicitant afin qu’ils répertorient les monuments en danger. L’objectif est de connaître le patrimoine français et si possible d’exposer les plus beaux exemples de la sculpture pour en proposer une étude comparée :

Vers cette époque, le député Grégoire publia trois rapports contre le vandalisme : ces ouvrages intéressants furent envoyés dans les départements. Et de ce moment, je fus à même de faire rentrer dans le Musée beaucoup de monuments qui eussent été perdus dans nos provinces. Malgré les observations multipliées de divers artistes, j’ai constamment sollicité le transport des monuments du moyen-âge qu’ils regardaient inutiles aux arts. Cependant, à force de demandes réitérées, je suis parvenu à les obtenir ; et l’on peut juger maintenant de leur utilité, puisqu’ils forment les deux premiers siècles de ce Musée. […] Je suis parvenu à recueillir plus de quatre cents monuments de la monarchie française. Une masse aussi imposante de monuments de tous les siècles me fit naitre l’idée d’en former un musée particulier, historique et chronologique, où l’on retrouvera les âges de la sculpture française dans des salles particulières, en donnant à chacune de ces salles le caractère, la physionomie exacte du siècle qu’elle doit représenter, et de faire refluer dans les autres établissements les tableaux et les statues qui n’auraient aucun rapport, soit à l’histoire de France, soit à l’histoire de l’art français. »16

Le Musée des Monument français sera fermé en 1816 et Alexandre Lenoir devra restituer les œuvres au retour de la monarchie : soit à leurs propriétaires soit au musée du Louvre en 1824 et de Versailles en 1836. Ceci étant, l’art devient dès lors une cause nationale. La question de la propriété privée, sous-jacente, n’en demeure pas moins problématique et l’idée de produire des copies d’œuvres indisponibles – soit situées en province, soit appartenant à des propriétaires privés – se développe alors en Europe. Les moulages de sculptures se développent alors au cours du XIXème siècle afin de répondre à ce constat. La sculpture permettant de conserver in situ le monument tout en offrant la possibilité de proposer des grands lieux d’exposition muséographique répondant aux questionnements historicistes des théoriciens comme Viollet-le-Duc pour qui le contexte culturel géographique

15 Ibid. 16 Ibid., p. 14.

de l’œuvre importait moins que de la replacer dans le continuum historique17 des écoles stylistiques. Il en sera également question lorsque le Musée des Sculptures comparées incorporera d’importantes collections de moulages à partir de 1879 suite à l’engouement de Viollet-le-Duc pour ce type de protection.

Ainsi, le Musée de sculpture comparée s’est immédiatement focalisé sur les œuvres d’arts gothiques, une priorité de Viollet-le-Duc et une passion des antiquaires, offrant également une image nationale plus proche des visées positivistes de l’Etat républicain. Suite à l’exposition universelle de 1878 laissant vacant une galerie du Trocadéro, Viollet-le-Duc dispose enfin d’un lieu d’exposition à la hauteur de ses ambitions. Les sculptures exposées sont choisies afin d’illustrer l’art français : « le Musée de sculpture comparée employait la notion de style à la définition de l’art français, par l’inclusion des écoles régionales et l’exclusion des écoles étrangères »18.

3-1-2. Les actions et pratiques discursives dans la protection de l’architecture au XIXème siècle :

Au-delà de ces pratiques nouvelles de conservation et d’entretien du patrimoine bâti se joue une théorisation de la question architecturale. La deuxième moitié du XIXème siècle est dominée par la figure de Viollet-le-Duc qui prône la restauration stylistique, consistant à redonner au monument une unité stylistique. Il définit la restauration en ces termes : « restaurer un bâtiment n’est pas le préserver, le réparer ou le reconstruire, c’est le replacer dans un état complet qui a pu ne jamais exister à une époque donnée ». Ses conceptions rationalistes de l'architecture, ses déductions personnelles l'amènent parfois à prendre des initiatives dans la réfection d'un monument, comme la suppression ou le rajout d'éléments, selon l'époque de construction considérée comme la plus caractéristique comme pour Vézelay ou Notre-Dame de Paris, qu’il a restauré en éliminant par exemple le portail du XVIIIème

siècle. Une telle position est originale mais fortement critiquée, notamment par John Ruskin qui va opposer à la restauration du patrimoine qu’il voit brutale et définitive, la conservation qu’il veut douce et accompagnatrice. En effet, il perçoit le monument comme un ensemble

17 Souiah, K., « La mise en valeur du patrimoine dans l’aménagement de l’espace : la maîtrise d’ouvrage en bute

à la préservation du continuum historique », 2ème Journées européennes de la recherche architecturale, urbaine

et paysagère (EURAU 2005), école d’architecture et de paysage de Lille (23-25 novembre 2005).

18 Flour, I., « Style, nation, patrimoine : du musée de sculpture comparée au musée des monuments français

(1879-1937)) » in Némery, J.-C., Rautenberg, M., Thuriot, F., (dir.), Stratégies identitaires de conservation et de

organique qu’il faut soutenir et restaurer le moins possible. Il préconise même la non- restauration en privilégiant – avec William Morris – l’authenticité et la valeur du temps qui passe. Selon eux, on est en droit d’estimer que les autres phases qu’a connues le monument peuvent avoir un intérêt.

Ce sont schématiquement les deux manières d’aborder la protection du patrimoine : la restauration ou la conservation. Ce débat va se poursuivre durant la majeure partie du XXème

siècle. L’enjeu sera de tenir compte des problématiques nouvelles abordées par la recherche architecturale d’une part – férue de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux – et de tenir compte des interrogations suscitées par les théoriciens de l’art et des associations de sauvegarde du patrimoine plus en clin à privilégier l’identité du bâti.

3-1-2.1. Viollet-le-Duc et le renouveau de l’architecture :

Afin de comprendre ce débat, il faut se plonger dans l’œuvre séminale de Viollet-le- Duc, le Dictionnaire raisonné de l'architecture française19. Dans cet ouvrage, il écrit un

article devenu célèbre sur la notion de restauration. Pour lui, « ce mot et cette chose modernes »20 impliquent une vision de l’architecte qui la pratique. En effet, selon lui, « ce n'est qu'à dater du second quart de notre siècle qu'on a prétendu restaurer des édifices d'un autre âge, et nous ne sachions pas qu'on ait défini nettement la restauration architectonique. […] Nous avons dit que le mot et la chose sont modernes, et en effet aucune civilisation, aucun peuple, dans les temps écoulés, n'a entendu faire des restaurations comme nous les comprenons aujourd'hui »21.

Pour en avoir le cœur net, l’auteur s’attèle à une étude comparative géographique et historique des pratiques conservatrices. Il décèle plusieurs attitudes à l’égard des monuments anciens qui ont en commun de toutes différer de la restauration à la française. Il en veut pour preuve, le terme en lui-même n’existerait que dans la langue française ; en latin, on restitue : instaurare, reficere, renovare, ne veulent pas dire restaurer, mais rétablir, refaire à neuf. Les méthodes de la restauration à la française diffèreraient également des pratiques anciennes ou

19 Viollet-le-Duc, E., Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, Paris, Bance et

Morel, 1854-1868.

20 Ibid., article « restauration ». 21 Ibid.

ayant court dans d’autres pays. En Asie, lorsqu'un temple ou un palais subit les dégradations du temps, on en élève un autre à côté. On ne détruit pas pour cela l'ancien édifice : « on l'abandonne à l'action des siècles, qui s'en emparent comme d'une chose qui leur appartient,

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