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Adaptation de maillages

4.2.1 Généralités

La procédure d’adaptation peut être réalisée manuellement par l’utilisateur qui adapte son maillage en fonction des gradients de contraintes qu’il observe, des zones de concentra-tion de contraintes, des zones de singularités, ... (Voir à ce sujet l’applicaconcentra-tion industrielle proposée à la fin de l’exemple de la plaque trouée).

Lorsque le maillage sert pour résoudre plusieurs problèmes (plusieurs physiques par exemple), il se peut qu’il ne soit pas adaptable pour chacune des physiques. C’est un problème évoqué dans le chapitre sur les couplages thermo-mécaniques.

Les techniques qui semblent les plus prometteuses actuellement sont les techniques dites de maillage adaptatif automatique qui s’appuient sur un estimateur d’erreur pour construire un maillage adapté. Leur processus de fonctionnement est décrit sur la figure 2.

L’utilisateur demande une précision pour son calcul. Un premier maillage uniforme est généré. Une estimation d’erreur est effectuée ; elle conduit à la génération d’une carte

Solution adaptée

Génération d’une carte de taille pour atteindre une precision donnée

Maillage initial Résolution Indicateur d’erreur

Nouveau maillage

Fig. 2 – Processus d’adaptation de solution

de modification de taille des éléments. Cette carte indique au mailleur les réductions ou augmentations de tailles de maille à effectuer. Un nouveau maillageadapté est généré par le mailleur qui respecte la carte de taille. La solution finale peut être calculée.

Cette stratégie repose sur deux outils essentiels :

– un estimateur d’erreur fiable capable de calculer aussi bien une erreur globale (pour la comparer à l’erreur demandée par l’utilisateur) qu’une erreur locale (pour construire la carte de modification de tailles).

De tels estimateurs existent, on l’a vu, et commence à être implantés dans les codes de calcul industriels. Par contre, la relation qui lie une carte d’erreur à une carte de taille reste encore empirique.

– un mailleur sachant construire un maillage en s’appuyant sur une carte de tailles et surtout en la respectant.

De tels mailleurs existent en dimension deux seulement. Lorsque les modifications de tailles sont trop importantes, il peut être nécessaire de procéder à une étape intermédiaire utilisant un maillage adapté pour une erreur supérieure à l’erreur demandée, afin de limiter le travail de modification de taille demandé au mailleur.

En dimension trois, les mailleurs savent respecter des cartes de taille sur les frontières mais pas encore à l’intérieur du volume. On procède alors à un découpage de la structure de manière à générer des frontières internes sur lesquelles on impose la taille des mailles. Cette procédure de découpe est appelée méthode des octrees.

4.2.2 Adaptation globale

Adaptation directe La figure 3 présente le maillage initial sur un simple problème de flexion. Le maillage initial comporte 60 éléments triangulaires à six noeuds (soit 151noeuds). Un estimateur en relation de comportement [4] donne6.6%d’erreur pour ce maillage initial.

0.11 0.51 0.91 1.3 1.7 2.1 2.5 2.9 3.3 3.7 4.1 4.5 4.9 5.3 5.7 6.1 6.5 6.9 7.3 7.7 8.1 8.5

60 éléments – 151 noeuds – erreur globale 6.6%

Fig. 3 – Problème de flexion, déformée et contrainte équivalente de Von Mises

La figure 4 présente le maillage adapté pour une précision de 2%demandée par l’uti-lisateur (Source E. Florentin - LMT Cachan [4]). Elle présente aussi la carte des contri-butions à l’erreur. On constate que l’erreur est uniformément répartie sauf bien sur dans les zones de singularité à l’encastrement où il n’est pas envisageable d’espérer obtenir un maillage correct.

Maillage 299 elements P2, 666 noeuds

Erreur standard : 2.18

0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 x 104 −3 Contribution a l erreur relative NEW : 1.58

Fig. 4 – Carte d’erreur sur le maillage adapté en global

Adaptation en plusieurs étapes Lorsque le problème est plus compliqué, il se peut que le mailleur ne soit pas capable de respecter la carte de tailles. On réalise alors l’adap-tation en plusieurs phases. Par exemple, la figure 5 présente un cas d’optimisation de maillage qui a nécessité trois phases d’adaptation pour atteindre une erreur globale sou-haitée de 5% en partant d’un maillage initial avec 73% d’erreur (Source E. Florentin -LMT Cachan [4]).

73% 35% 14% 5%

Fig. 5 – Trois phases d’adaptation d’un maillage

4.2.3 Adaptation locale

Un très vaste sujet de recherche actuel est celui des estimations d’erreurs locales. On sait à l’heure actuelle qu’il est possible d’obtenir une précision donnée dans une zone d’in-térêt seulement tout en ayant une précision très inférieure (et donc un maillage grossier) dans le reste de la structure.

En reprenant l’exemple de la figure 3, on cherche maintenant à obtenir une précision de1% sur la zone entourée sur la figure 6.

Fig. 6 – Zone demandée pour une adaptation locale

La figure 7 présente le maillage adapté localement par un estimateur en relation de comportement (Source E. Florentin - LMT Cachan [4]). On constate que l’on obtient bien moins de 1% d’erreur dans la zone considérée alors que l’erreur peut dépasser les 10% dans le reste de la structure. L’erreur globale est de6.2%. Par ailleurs, le maillage contient moins de degrés de liberté (299noeuds) que le maillage adapté globalement pour 2%d’erreur (qui contenait 666 noeuds).

Maillage 130 elements P2, 299 noeuds

Erreur standard : 6.24

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 x 1011−3 Contribution a l erreur relative NEW : 4.61

Fig.7 – Carte d’erreur sur le maillage adapté en local

5 Conclusion

Nous avons présenté quelques résultats sur la convergence des la méthode de éléments finis. Il semble que les éléments utilisés dans les codes de calcul industriels passent les différentes formes du patch test.

En ce qui concerne l’estimation des erreurs, le problème est plus délisat et il y a moins de certitudes Il existe un certain nombre d’estimateurs qui sont toujours en cours de développement et de validation. Aucun d’entre eux ne se dégage pour l’instant en satisfaisant tous les critères de qualité énoncés dans ce chapitre : fiabilité, robustesse, simplicité, ...

Leur introduction progressive dans les codes de calcul va sans doute permettre de mieux appréhender les qualités et les défauts de chacun.

Si vous désirez en savoir (beaucoup) plus sur l’estimation des erreurs, nous vous invi-tons à assister ou à vous reporter au cours IPSI d’octobre 2002 [5].

Références

[1] Zienkiewicz O.C. et Taylor R.T. :The Finite Element Method Volume 1 : The Basics, 5th Ed, Butterworth-Heinemann, 2000.

[2] Zienkiewicz O.C. and Zhu J.Z., A simple error estimator for practical engineering analysis, Int. J. Num. Meth. Engng, 24, 337–357, 1987

[3] Babuska O.C. and Zhu J.Z., A posteriori estimates for the finite element method, Int.

J. Num. Meth. Engng, 12, 1597–1615, 1978

[4] Ladevèze P. et Pelle J.P.,La maîtrise du calcul en mécanique linéaire et non linéaire, Hermes-Lavoisier, 2001.

[5] Pelle J.P., Beckers P. et Gallimard L., Contrôle de la qualité des calculs éléments finis, Cours IPSI, 15–16 octobre, Paris, 2002.

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