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Activité de trémors et déclenchement par le séisme de Maule

Les stations sismologiques Mexicaines ont détecté une augmentation de l’activité de trémors au moment du passage des ondes du séisme du Chili. Zigone et al. [in

prep.] ont étudié en détail l’activité de ces trémors. Les principales conclusions de

cette étude sont détaillées ici, et mises en relation avec les caractéristiques du séisme lent.

4.3.1 Déclenchement des trémors

La figure 4.8 présente les données enregistrées à la station sismologique courte période ATLI localisée au niveau du profil transversal des stations GPS, entre les stations IGUA et MEZC (voir figure 4.11). Les trémors sont bien visibles sur les données filtrées entre 2 et 8 Hz (en noirs) ainsi que sur l’enveloppe du signal (en violet). Les sismogrammes enregistrés à la station large bande UNM située dans la ville de Mexico (traces vertes et bleues) montrent les arrivées des ondes du séisme de

Maule. La comparaison des traces aux deux stations permet de mettre en évidence le déclenchement d’une activité de trémors au passage des ondes S, Love et Rayleigh. Dans les heures suivant le séisme de Maule, l’activité des trémors reste modulée par le passage des multiples des ondes de surface. Comme le montre la figure4.9) des périodes d’activitéss plus intenses de trémors sont associées au passage des ondes L2, L3 et R2, R3. Cette corrélation disparait ensuite et des périodes de forte activité de trémors (à 14h et 16h) sont enregistrées sans lien avec le passage des ondes. L’activité des trémors, initialement modulée par les variations de contraintes liées au passages des ondes devient ensuite indépendante de ces variations.

Dans les jours qui suivent le séisme, l’activité des trémors reste importante, comme le montre l’énergie du signal à la station ATLI (figure 4.10). Des épisodes de forte activité ont lieu plusieurs fois par jour dans les 4 jours qui suivent le séisme, alors que dans les 4 jours précédents, l’activité des trémors était quasi-nulle.

Figure 4.8: Comparaison entre les données enregistrées à la station courte période ATLI (filtrage entre 2 et 8 Hz, gamme de fréquence des trémors) en bleu et l’enregis-trement large bande à la station UNM sur les composantes transverses (trace verte) et verticale (trace bleue). L’enveloppe de la trace à ATLI est en violet. La trace en rouge correspond au filtrage passe-haut de cette enveloppe, qui montre clairement les variations dans l’activité des trémors. L’activité des trémors est clairement modulée par le passage des ondes sismiques. D’aprèsZigone et al.[in prep.].

Figure4.9: (A) Spectrogramme des données enregistrées à la station courte période ATLI pendant les 12 heures qui suivent le séisme. L’énergie libérée entre 2 et 7 Hz correspond aux trémors. (B) Enveloppe des données filtrées entre 2 et 7 Hz à la station ATLI. (C) Composante transverse de la station large bande UNM filtrée entre 100 et 1000 secondes. Les multiples des ondes de Love L2 et L3 sont identifiables. (D) Composante verticale de la station UGM. Les multiples des ondes de Rayleigh R2 et R3 sont clairement corrélés avec des fortes activités de trémors. D’aprèsZigone et al.

[in prep.].

Figure4.10: Energie des données entre 2 et 8 Hz à la station ATLI durant 9 jours. La ligne rouge verticale représente la date du séisme. On voit clairement l’augmentation de l’activité des trémors après le séisme. Les périodes de forte activité se poursuivent 4 jours après le séisme. D’aprèsZigone et al.[in prep.].

4.3.2 Localisation des trémors

Les trémors sont localisés avec les mini-réseaux G-GAP par formation de voies (beamforming). Ces analyses montrent que les trémors ont lieu initialement à la frontière entre les états de Guerrero et d’Oaxaca, dans une région où aucune activité de trémors n’avait été détectée auparavant. Ces trémors migrent ensuite vers le nord-ouest, dans une zone ou l’activité de trémors avait déjà été identifiée [Payero,

2008; Kostoglodov et al., 2010] (voir figure 4.11). Cette région de forte activité de

trémors est localisée juste au Nord de la zone de glissement pendant la seconde phase du séisme lent. Il est donc probable que le glissement lent soit la cause de la déstabilisation du milieu à l’origine des trémors.

102oW 101oW 100oW 99oW 98oW 97oW 17oN 19 oN ARIG CAIG OXIG PNIG TLI ZIIG APAX AMAC UNM Guerrero 20 22 24 26 28 time (minutes) Love waves Raileigh waves

(a) Trémors dans les minutes qui suivent le séisme

102oW 101oW 100oW 99 oW 98 oW 97 oW 17 oN 19 oN G G OXIG PLI G G XALI 10 12 14 16 18 Time (hours) CAI G PNI TLI ZIIG ATLI APAX AMAC UNM ARI

(b) Trémors dans les heures qui suivent le séisme

Figure 4.11: Localisation des trémors par formation de voies (points colorés). (a) trémors associés aux ondes de surface directes, l’échelle de temps est en minutes après 6h42 GMT (voir la figure4.8 pour les sismogrammes associés). (b) trémors dans les heures qui suivent le séismes (déclenchés par les multiples des ondes de surface et trémors indépendants). L’échelle de temps est en heure (voir a figure 4.9 pour les sismogrammes associés). Les contours rouges et bleu indiquent la localisation du glis-sement pendant le premier et second sous-évènement respectivement (contours issus de la figure4.3). Modifié d’aprèsZigone et al.[in prep.].

Ainsi,Zigone et al.[in prep.] ont pu mettre en évidence une activité importante des trémors déclenchée par le séisme de Maule. Initialement, cette activité est modulée par les passages des ondes (ondes de surface directes et multiples), puis dans les heures et les jours qui suivent le séisme, l’activité des trémors reste importante sans lien avec le passage des ondes. Deux types de trémors peuvent ainsi être distingués : les trémors déclenchés à court-termes, qui ont des durées courtes et sont modulés par le passage des ondes, et des trémors de durées plus longue, qui se produisent toujours dans la même région et sont liés à une déstabilisation du milieu, sans doute en lien avec le séisme lent.

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