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Les bactéries sont des organismes vivants unicellulaires et procaryotes présents dans tous les milieux. La plupart d’entre elles possèdent une paroi cellulaire glucidique. Elles ont

une taille moyenne de 0,5 à 2 μm de large et 2 à 6 μm de long, parfois beaucoup plus

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En fonction de la technique de coloration de Gram, on distingue les bactéries Gram (+) et Gram (-) (Figure 23).

Figure 22 : Structure de bactérie a Gram positif et Gram négatif (Ramdani, 2016)

La première mise en évidence de l’action des huiles essentielles contre les bactéries a été réalisée en 1881 par Delacroix. Depuis, de nombreuses huiles ont été définies comme antibactériennes. Leur spectre d’action est très étendu, car elles agissent contre un large éventail de bactéries, y compris celles qui développent des résistances aux antibiotiques. Cette activité est par ailleurs variable d’une huile essentielle à l’autre et d’une souche bactérienne à l’autre (Guinoiseau, 2010).

Les HEs sont légèrement plus actives contre les bactéries positifs que gram-négatif. La membrane extérieure des Gram- est plus riche en lipopolysacharides (LPS) et en protéines que celle des Gram+ ce qui la rend plus hydrophile et ce qui empêche les terpènes hydrophobes d’y adhérer. Néanmoins, certains composés phénoliques de bas poids moléculaire comme le thymol et le carvacrol peuvent adhérer à ces bactéries par fixation aux protéines et aux LPS membranaires grâce à leurs groupes fonctionnels et atteindre ainsi la membrane intérieure plus vulnérable (Iazzouguen et Ouatah, 2012).

L’activité antimicrobienne des huiles essentielles est principalement liée à leur composition chimique, en particulier de leurs composés volatils majeurs. Etant donné la complexité de leur composition chimique, tout laisse à penser que ce mode d’action est assez complexe et difficile à cerner du point de vue moléculaire. Il est très probable que chacun des constituants des HEs ait son propre mécanisme d’action (Bazzine et Benzaid, 2019).

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Le mode d’action des HEs dépend en premier lieu du type et des caractéristiques actifs, en particulier leur propriété hydrophobe qui leur permet de pénétrer dans la double couche phospholipidique de la membrane de la cellule bactérienne ce qui entraine :

- L’augmentation de la perméabilité puis la perte des constituants cellulaire.

- L’acidification de l’intérieur de la bactérie, bloquant ainsi la production de l’énergie cellulaire et la synthèse des composants de structure.

- L’inhibition de la synthèse de l’ADN et de l’ARN des protéines et des polysacharides.

(Benaziza et Benhalima, 2017).

Figure 23 : Mode d’action des huiles essentielles (https://laboratoiredumani.fr/)

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Figure 24 : Principales localisations des sites d’action des constituants des huiles essentielles (Ziti-Freville, 2019)

Les HEs les plus étudiées pour leurs propriétés antibactériennes appartiennent aux Labiées : origan, thym, sauge, romarin, clou de girofle sont des plantes aromatiques à huile essentielle riches en composés phénoliques comme l’eugénol, le thymol et le carvacrol.

Ces composés possèdent une forte activité antibactérienne. Le carvacrol est le plus actif de tous (Labiod et Aouadi, 2016). L’efficacité antimicrobienne des huiles essentielles dépend de deux principaux paramètres : L’huile et sa composition chimique d’une part et le microorganisme d’autre part (Chaoui et Chegroune, 2019).

La plante Thymus vulgaris est douée de propriétés antimicrobiennes très appréciées, et

cela justifie son utilisation dans le traitement traditionnel comme un remède antibactérien (G. Yakhlef1 et al, 2011). Les huiles essentielles de Thymus vulgaris ont été testées contre un

panel de 21 souches bactériennes décrites dans le tableau (10).

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Tableau 10 : Activités antibactériennes de l’HE de Thymus vulgaris

Espèces cibles Références

D’après Cheurfa et al., 2013 l’huile essentielle de Thymus vulgaris atteste d’une forte activité antibactérienne vis-à-vis de cinq bactéries pathogènes (Escherichia coli, Bacillus cereus, Citrobacter freundii, Klebsiella pneumoniae et Staphylococcus aureus) responsables de gastroentérites. Les tests d’inhibitions ont été réalisés par la méthode de diffusion des disques et les résultats ont montré une forte activité antibactérienne de l’huile essentielle avec des diamètres variant de 22,00 à 45,00 mm. Ceux-ci suggèrent que l’utilisation de l’huile essentielle de thym permettrait de mieux protéger l’homme contre les bactéries responsables de gastroentérites.

Benmadi et Abida, 2018 ont utilisés plusieurs techniques de mesures pour évaluer l’activité antibactérienne de l’HE de T vulgaris sur Escherichia coli dont : méthode de contact direct, méthode des disques, Concentrations Minimales Inhibitrices et Bactéricides (CMI et CMB). Tous les extraits à différentes polarités de Thymus vulgaris ont présenté, notamment à

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l’état pur des activités antimicrobiennes intéressants et proche de la gentamicine vis –à- vis d’E. Coli.

Selon Binate et Dikes, 2018 de grandes zones d’inhibition ont été constatées chez toutes les souches bactériennes testées avec l’extrait aqueux de T. vulgaris. Les diamètres des

zones d’inhibition varient de 14.20 à 22.30 mm. Les valeurs de la CMI varient aussi de 0.5 à 0.0009 %. La souche ayant présenté la valeur de CMI la plus faible est Escherichia coli (0.0009 %). A l’opposé, Klebsiella pneumonia, Listeria monocytogenes, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus, Bacillus subtilis et Serratia sp ont montrées les mêmes valeurs de CMI les plus élevées (0.5 %), suivie de : Proteus mirabilis et Salmonella typhimurium ayant toutes les deux les mêmes valeurs de CMI (0.25 %). Cependant, les souches extrêmement sensibles selon les diamètres de la zone d’inhibition sont : Salmonella

typhimurium (20.30 ± 0.24 mm), Serratia sp (20.30 ± 0.94 mm) et Proteus mirabilis (22.30 ± 1.00 mm).

L’huile de Thymus vulgaris témoigne d’une activité antibactérienne intéressante par rapport à la concentration utilisée (1,5µl) surtout contre la bactérie Staphylococcus aureus. En effet, S. aureus, souche hautement pathogène, présente une sensibilité élevée à cette huile.

Cette grande activité antibactérienne peut être reliée dans le cas de l’huile de Thymus vulgaris à la présence du thymol qui est majoritaire. Ce composé phénolique est en effet connu pour ses propriétés antimicrobiennes (Ettayeb et al., 2000).

Par ailleurs, des études réalisées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 1999) et d’autres auteurs (Dorman et Deans, 2000) ont montré que le thymol possède une forte activité antibactérienne contre de nombreuses espèces, y compris S. aureus, E. coli.

D’autres études ont indiquées que le thymol et le carvacrol possèdent un effet antimicrobien contre un large spectre de bactéries: Escherichia coli, Bacillus creus, Listeria monocytogenes, Salmonella enterica, Clostridium jejuni, Lactobacillus sake, Staphylococus aureus et Helicobacter pyroli (rahmouni, 2014).

D’après Dorman et al., 2000 l’huile essentielle de Thymus vulgaris a présenté une sensibilité plus importante contre E. coli et elle était moins active face aux deux entérobactéries Salmonella sp et Escherichia coli.

Cette résistance des deux souches n’est pas surprenante puisque la littérature rapporte la résistance aux agents antibiotiques de ce genre d’espèces isolées dans les aliments (El Ouali Lalami et al, 2013).

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Abdi et Arkam, 2016 ont montré que L’HE de T. vulgaris a exhibé une activité antibactérienne remarquable pour différentes souches bactériennes sauf pour P.aeruginosa avec un diamètre de 9mm qui se rapproche de celui de ciprofloxacine. Ils ont estimé que le thymol et le carvacrol sont les principaux composants de cette huile à présenter cette activité antimicrobienne. Ces mêmes auteurs ont démontré que ces phénols augmentent la perméabilité de la membrane cellulaire des bactéries et réduisent la force protomotrice et diminuent ainsi le taux intracellulaire d’ATP qui fournit l’énergie nécessaire aux réactions chimiques et métaboliques de la cellule.

Enfin et selon Boukrif et Boukabous, 2019, l’huile de cette espèce était active sur trois souches bactériennes (Escherichia Coli, Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa) avec des diamètres d’inhibition variant entre 24mm et 34mm pour l’extrait brut et 13 mm à 32 mm pour huile essentielle. Staphylococcus aureus était la souche la plus sensible en effet la concentration minimale inhibitrice de l’extrait Brut de Thymus vulgaris vis à vis de Escherichia Coli, est de 1/16, de Pseudomonas aeruginosa 1/32, par contre Staphylococcus aureus a présenté une CMI de 1/8.