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Chapitre 2- Hypertension artérielle

D- Actions et implications rénales

Au niveau du rein, l’ET-1 est produite par les cellules endothéliales des capillaires, par les cellules épithéliales glomérulaires et mésangiales,62 par les fibroblastes et par les macrophages.29 Il y a production d’ET-1 dans la médullaire interne alors que les cellules épithéliales tubulaires comptent une forte concentration de récepteur ETB.46 Il a été

démontré que l’exposition des cellules tubulaires à des protéines perdues dans l’urine était un puissant stimulateur de l’ET-1 à ce niveau.134 L’ET-1 a deux actions directes sur le rein : une vasoconstriction rénale et une diminution de la réabsorption d’eau et de sel.62 Elle contracte de façon égale l’artériole afférente et efférente, provoquant du coup une diminution du flot rénal et de la GFR. On reconnaît à l’ET-1 un rôle dans l’homéostasie hydrosodée : elle préviendrait la réabsorption de sodium en inhibant la pompe Na+/K+ ATPase des tubules proximal et collecteur.62 Au demeurant, l’ET-1 pourrait également intervenir sur le système nerveux sympathique, mais cette potentialisation n’a pas été démontrée chez l’humain. Au même titre que l’AngII stimule sa synthèse, il a été établi que l’ET-1 active le SRAA suggérant une boucle de rétroaction positive entre ces deux facteurs dans certaines conditions pathologiques.46

En insuffisance rénale, les concentrations d’ET-1 plasmatiques sont augmentées de façon marquée. Dans cette condition de maladie rénale, il a été suggéré que l’augmentation plasmatique de l’ET-1 était inversement proportionnelle à la GFR et que cette augmentation pourrait être imputable au déclin de son élimination.46 Par ailleurs, chez les

patients hémodialysés, on rapporte une élévation du taux d’ET-1 plasmatique56,66 corrélant

l’élévation de la pression artérielle.66 Les études récentes effectuées au laboratoire12,26 ont démontré chez le rat néphrectomisé une production vasculaire et rénale accrue d’ET-1 jouant un rôle crucial dans le développement de l’hypertension artérielle et dans la progression de l’IRC. L’utilisation d’un bloqueur des récepteurs ETA freine la progression

de l’hypertension et le déclin de la fonction rénale, démontrant clairement l’implication de l’ET-1 dans ces processus pathologiques.12 Par ailleurs, confirmant le lien avec l’AngII, l’étude de Larivière et al démontre que le traitement de rats urémiques avec le captropril ou le losartan réduit la concentration de l’ET-1 tissulaire dans l’aorte et les artères pré- glomérulaires alors que seul le losartan diminue celle-ci dans le glomérule et l’urine.63

1.2.4- Transfert adénoviral de gènes

1.2.4.1- Généralités et fondements

La thérapie génique représente un outil permettant d’influencer l’expression de gènes spécifiques dans le but de compenser leur hypo ou hyperactivité.85,133 Le transfert d’un gène est rendu possible par de nombreux vecteurs qui peuvent être viraux ou non, et dont les plus utilisés sont les plasmides, les liposomes, les rétrovirus et les adénovirus.133 Les caractéristiques du vecteur idéal sont (1) d’infecter avec la même affinité les cellules qui sont ou non en mitose, (2) d’être facile à produire à large échelle, (3) de provoquer peut de réaction immunologique ou d’effets secondaires, (4) de pouvoir contenir de longues séquences nucléotidiques, (5) d’intégrer un génome sans influencer les autres gènes et (6) d’être spécifique à un tissu.58,85

Le vecteur adénoviral est considéré comme le plus efficace et le plus spécifique.68 Il permet une forte transduction cellulaire et peut être concentré dans des titres élevés ; au rebours, il induit une réponse immunitaire réduisant l’efficacité de l’expression génique et comme son contenu reste extra-chromosomique et ne s’intègre pas au génome de la cellule hôte, l’expression demeure temporaire.58,84,133

De leur côté, les vecteurs rétroviraux s’intègrent à l’ADN de la cellule hôte, permettant une expression à long terme.133 Parce qu’ils n’ont d’affinité que pour toutes les cellules en mitose, ce sont les vecteurs de choix dans le traitement de cancers.85

Le transfert adénoviral implique la création de virus : une délétion permet de retirer le gène contrôlant la réplication virale, puis une cassette d’expression comprenant le gène d’intérêt précédé d’un promoteur puissant est insérée à cet endroit par recombinaison homologue.68 Les virus sont déficients en réplication, mais préservent leur aptitude à pénétrer dans les cellules cibles et y transférer leur matériel génétique. Le transfert de gènes constitue une approche expérimentale de choix pour étudier le rôle de gènes individuels dans la physiologie vasculaire et pourra éventuellement permettre le développement de thérapies géniques.124

1.2.4.2- Distribution vasculaire in vivo

La distribution vasculaire in vivo du transfert adénoviral de la β-galactosidase a été étudiée dans des artères de mouton. Le gène transfecté a été localisé au niveau de l’intima et de l’adventice alors qu’il était totalement absent de la média, laissant croire que la membrane basale constitue une barrière anatomique imperméable aux adénovirus.92 L’auteur de l’étude explique l’atteinte de la couche la plus externe des vaisseaux via les vasa vasora.92 Pour sa part, l’étude de Lee et al68 démontre une expression proportionnelle à la dose d’adénovirus employée qui est maximale à 7 jours et qui décline après 14 jours. D’autres recherches ont montré que l’expression maximale de la protéine d’intérêt est obtenue après 3-4 jours et qu’elle est nettement diminuée mais toujours détectable après 14 jours.36,75

De surcroît, Schulick et al ont démontré que l’expression maximale du gène dans les cellules endothéliales de carotides de rats était obtenue avec une solution 1×1010 à 1×1011 pfu/ml d’adénovirus mise en contact avec un segment de la paroi artérielle pendant 20 minutes.105 La coloration au X-gal révélait alors qu’environ 35% des cellules endothéliales exprimaient le gène d’intérêt.105

1.2.4.3- Applications cardiovasculaires

De nombreuses études cardiovasculaires utilisant différents modèles d’hypertension chez l’animal ont démontré l’efficacité du système adénoviral ; nous en aborderons ici quelques- unes. Wang et al ont obtenu dans un modèle expérimental d’HTA réno-vasculaire avec clip rénal une baisse significative de la pression artérielle pendant plus de trois semaines, une correction de l’hypertrophie et de la fibrose cardiaque de même qu’une atténuation des dommages rénaux par l’injection d’un adénovirus exprimant le gène de l’adrénomédulline, un peptide vasodilatateur et natriurétique.127 Dobrzynski a utilisé le même adénovirus chez des rats DOCA (deoxycorticosterone acetate-salt hypertensive rats) qui résulte en une baisse prolongée de la pression avec un maximum de 41 mmHg survenant 9 jours après la transfection.24 L’analyse histopathologique des reins révélait une réduction significative de la sclérose glomérulaire, des lésions tubulaires et de la fibrose interstitielle.24

Par ailleurs, Mitani et al prouvèrent que le transfert adénoviral du gène klotho – un peptide exprimé dans le rein et qui supprime plusieurs phénotypes du vieillissement – améliorait la

fonction rénale et freinait les lésions tissulaires induites par l’infusion d’AngII.75 Des résultats semblables sont obtenus avec le transfert adénoviral du gène kallikréine dans un modèle de néphrectomie subtotale 5/6 où la réduction maximale de la pression artérielle de 37 mmHg est enregistrée après une semaine.130 Dans cette étude, l’auteur rapporte une expression maximale de la protéine au jour 3 et ce niveau revient à la normale après 21 jours ; les effets sur la pression artérielle durent quant à eux jusqu’à 5 semaines.130

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