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2.2 Le d´etecteur ATLAS

2.2.5 Acquisition

Le syst`eme de d´eclenchement et d’acquisition des donn´ees d’ATLAS s’appuie sur trois niveaux de s´election en ligne repr´esent´es sur le sch´ema 2.11. Chaque niveau de s´election raffine les d´ecisions prises au niveau pr´ec´edent et applique des coupures additionnelles si n´ecessaire. Partant d’un taux de croisement de paquets de 40 MHz, soit un taux d’interaction de l’ordre de 109 Hz, le taux d’´ev´enements s´electionn´es pour enregistrement permanent doit ˆetre r´eduit jusqu’aux alentours de 100 Hz. Ceci n´ecessite un facteur de r´ejection d’environ 107 sur les ´ev´enements de biais minimum, repr´esentant l’essentiel de la section efficace in´elastique proton-proton qui est de l’ordre de 70 mb au LHC, tout en gardant une excellente efficacit´e sur les processus physiques rares recherch´es [40].

Le premier niveau de d´eclenchement [41] r´ealise une s´election initiale `a partir des informations du spectrom`etre `a muons et des calorim`etres. Pour le spectrom`etre `a muons, seules les chambres de d´eclenchement sont utilis´ees. Dans le cas des calo-rim`etres, une granularit´e r´eduite est employ´ee. Les objets recherch´es sont des muons, des ´electrons, des photons, des jets, des leptons τ se d´esint´egrant en hadrons ou une grande ´energie transverse manquante. Cette derni`ere est calcul´ee uniquement `a partir des tours de d´eclenchement des calorim´etres. Dans les cas des photons, des ´electrons, et des τ en hadrons, des coupures d’isolation sont aussi utilis´ees. Le taux maximal acceptable `a la sortie du d´eclenchement de premier niveau est de 75 kHz (possibilit´e de remise `a niveau jusqu’`a 100 kHz). Le taux estim´e est un facteur deux en dessous de cette limite. Le d´eclenchement de premier niveau permet d’identifier sans ambigu¨ıt´e le croisement de paquets mis en jeu. Grˆace `a la mise au point de processeurs d´edi´es, son temps de latence a ´et´e r´eduit `a 2 µs soit 500 ns de moins que les 2.5 µs stock´ees dans les m´emoires tampons de chaque sous d´etecteur. L’ensemble des donn´ees corres-pondant aux croisements de paquets s´electionn´es par le premier niveau sont transf´er´es vers des tampons de lecture (ReadOut Buffer, ROB).

32 L’exp´erience ATLAS

LEVEL 2 TRIGGER LEVEL 1 TRIGGER

CALO MUON TRACKING

Event builder Pipeline memories Derandomizers Readout buffers (ROBs) EVENT FILTER Bunch crossing rate 40 MHz < 75 (100) kHz ~ 1 kHz ~ 100 Hz Interaction rate ~1 GHz

Regions of Interest Readout drivers

(RODs)

Full-event buffers and

processor sub-farms

Data recording

Fig. 2.11: Diagramme du syst`eme de d´eclenchement et d’acquisition.

Le second niveau de d´eclenchement [42] peut acc´eder `a l’ensemble des donn´ees du d´etecteur via les ROB, si n´ecessaire avec les pr´ecisions et les granularit´es optimales. Cependant, il n’en utilise typiquement qu’une fraction de quelques pour cents corres-pondant aux r´egions d’int´erˆet d´efinies par le premier niveau. Concernant les muons, il dispose des informations des chambres de pr´ecision du spectrom`etre et du d´etecteur interne pour affiner le calcul de l’impulsion transverse, il peut de plus ajouter des crit`eres d’isolation en utilisant les donn´ees calorim´etriques de la r´egion entourant le muon candidat. L’identification des ´electrons isol´es b´en´eficie `a la fois de la granula-rit´e compl`ete des calorim`etres, de la n´ecessit´e de correspondance d’une trace de haute impulsion transverse dans le d´etecteur interne et des signatures fournies par les ra-diations de transition dans le TRT. Etant donn´ee la relativement haute probabilit´e de conversion des photons dans le d´etecteur interne, il n’est pas envisag´e de veto sur les traces pour leur identification. Ceci conduit `a un moins grand pouvoir de r´ejection puisque seule l’utilisation de la granularit´e des calorim`etres permet d’affiner la d´ecision du premier niveau. La s´election des τ se d´esint´egrant en hadrons b´en´eficie `a la fois de la fine granularit´e des calorim`etres pour l’identification d’un d´epˆot d’´energie hadro-nique isol´e et tr`es collim´e et du d´etecteur interne pour la correspondance d’une trace de haute impulsion transverse. Le deuxi`eme niveau de s´election n’apporte quasiment rien pour ce qui est des jets, la possibilit´e d’identifier les jets de quarks b ´etant en cours d’´etudes. Le calcule de l’´energie transverse manquante est affin´e grˆace `a la prise en compte des muons et au remplacement des tours de d´eclenchement saturant par

2.2 Le d´etecteur ATLAS 33 les cellules associ´ees. Le second niveau permet de r´eduire le taux comptage `a 1 kHz. Son temps de latence d´epend de l’´ev´enement, il varie de 1 `a 10 ms. Apr`es la d´ecision, les donn´ees des ROB sont soit transmises au stockage associ´e au dernier niveau de d´eclenchement en cas d’acceptation, soit abandonn´ees en cas de r´ejection.

Le dernier niveau de s´election [42] adapte `a un environnement en ligne des al-gorithmes et des m´ethodes d’analyses de type hors ligne. Il utilise les informations d’´etalonnage, d’alignement, et de champ magn´etique les plus r´ecentes. Il r´eduit le taux d’acquisition `a 100 Hz. Les ´ev´enements passant cette s´election sont enregistr´es dans un syst`eme de stockage permanent. La taille d’un ´ev´enement ATLAS ´etant de 1 MB, ceci conduit `a un flot de donn´ees de 100 MB s−1 et `a un volume de stockage de 1 PB = 1015 Bytes par ann´ee de fonctionnement.

Chapitre 3

Le calorim`etre `a tuiles

scintillantes : Tilecal

3.1 Description g´en´erale

La calorim´etrie hadronique d’ATLAS est assur´ee dans la partie centrale par le calo-rim`etre `a tuiles scintillantes usuellement nomm´e Tilecal [38]. Il s’agit d’un calocalo-rim`etre `a ´echantillonnage utilisant du fer comme absorbeur et des tuiles scintillantes comme milieu actif. La lumi`ere issue des tuiles est transmise par des fibres optiques `a d´ecalage de longueur d’onde. Une des innovations du Tilecal est l’orientation des tuiles scin-tillantes qui sont plac´ees perpendiculairement `a l’axe du faisceau et donc plus ou moins parall`element `a la direction d’´emission des hadrons (voir figure 3.1). Ceci permet de positionner les fibres radialement, facilitant ainsi l’extraction de l’information lumi-neuse. En profondeur, les tuiles sont dispos´ees en quinconce pour garantir une bonne homog´en´eit´e de l’´echantillonnage en limitant la longueur de scintillateur parcourue par les particules des gerbes. Des simulations Monte-Carlo [43] ont en effet montr´e qu’une telle g´eom´etrie n’affecte pas la r´esolution en ´energie sur les hadrons ou sur les jets si le calorim`etre est plac´e derri`ere une ´epaisseur cons´equente de mati`ere. C’est le cas dans ATLAS puisque le Tilecal est pr´ec´ed´e du calorim`etre ´electromagn´etique et de la bobine du sol´eno¨ıde central qui constituent un total d’environ deux longueurs d’interaction. Le projet de recherche et d´eveloppement RD34 [44, 45] a prouv´e qu’un tel calorim`etre satisfait `a l’ensemble des exigences d’ATLAS grˆace `a la r´ealisation de prototypes et `a leurs tests avec des faisceaux d’´electrons, de pions et de muons.

Le calorim`etre `a tuiles consiste en un cylindre de 2.28 m de rayon interne et 4.25 m de rayon externe. Il se compose d’un tonneau central de 5.64 m de long (|η| < 1.0) et de deux tonneaux ´etendus de 2.65 m de long (0.8 < |η| < 1.7). Chacun de ces tonneaux est divis´e en 64 modules azimutaux. Un de ces modules est repr´esent´e sch´ematiquement dans la figure 3.1. Les tuiles scintillantes sont dispos´ees dans le plan R − φ et couvrent la largeur des modules en φ. Des fibres `a d´ecalage de longueur d’onde collectent

radiale-36 Le calorim`etre `a tuiles scintillantes : Tilecal Hadrons z r φ

Fig. 3.1: Sch´ema de principe du Tilecal.

ment la lumi`ere sur les deux cˆot´es des modules, chacun des deux bords de chaque tuile ´etant parcouru par une fibre optique. Les cellules sont d´efinies en η et en profondeur en regroupant les fibres en torons. Chaque toron est lu par un photomultiplicateur par l’interm´ediaire d’un guide de lumi`ere. A chaque cellule correspondent deux photomul-tiplicateurs, un pour chaque cˆot´e des modules, ce qui permet d’avoir une double lecture de l’information lumineuse. Le Tilecal est divis´e en trois sections longitudinales qui sont approximativement ´equivalentes `a 1.4, 4.0 et 1.8 longueurs d’interaction `a η = 0. Les cellules sont parfaitement projectives en φ mais seulement pseudo-projectives en η. La granularit´e transversale vaut ∆η × ∆φ = 0.1 × 0.1 dans les deux premiers segments et ∆η × ∆φ = 0.2 × 0.1 dans le dernier. La figure 3.2 montre l’agencement des cellules dans le plan R − z. Il faut cependant noter que chaque ensemble de cellules B i et C i du tonneau forme en fait une seule et mˆeme cellule BC i (i = 1 `a 8) correspondant au second segment longitudinal.

L’espace entre le tonneau central et le tonneau ´etendu, servant au passage des cˆables et des services des d´etecteurs internes au Tilecal, est partiellement instru-ment´e par le calorim`etre `a tuiles interm´ediaire (Intermediate Tile Calorimeter, ITC) qui se fixe sur le tonneau ´etendu (voir figure 3.2). Dans sa partie externe, l’ITC est constitu´e de deux cellules de conception identique `a ce qui a ´et´e vu pr´ec´edemment. Chacune d’elles a une dimension de 45 cm perpendiculairement `a l’axe du faisceau. Leur ´epaisseur est de 31 cm pour la plus externe et 9 cm pour l’autre. L’ensemble de ces deux cellules est commun´ement appel´e “plug”. Dans sa partie interne, ´etant

3.1 Description g´en´erale 37

Fig. 3.2: Les cellules du Tilecal.

donn´ees les contraintes spatiales, l’ITC n’est form´e que de plaques de scintillateurs qui servent `a ´echantillonner l’´energie perdue dans les mat´eriaux passifs de cette r´egion, en particulier dans les parois des cryostats. Entre le tonneau et le tonneau ´etendu du Tilecal (1.0 < |η| < 1.2), les deux scintillateurs, dits scintillateurs du “gap”, ont une ´epaisseur de 12 mm. Leur granularit´e transversale est de ∆η × ∆φ = 0.1 × 0.1. Encore plus `a l’int´erieur, entre le tonneau et le bouchon du calorim`etre ´electromagn´etique (1.2 < |η| < 1.6), l’´epaisseur des deux scintillateurs, appel´es scintillateurs du “crack”, est d’environ 5 mm. En outre, la granularit´e n’est que de ∆η × ∆φ = 0.2 × 0.1.

La production des signaux lumineux dans les tuiles scintillantes et leur collection vers les photomultiplicateurs par les fibres `a d´ecalage de longueur d’onde sont tr`es rapides. Le temps de mont´ee est de 5.5 ns et la largeur de 17 ns. La diff´erence de temps de transit de la lumi`ere entre les trois sections longitudinales est faible : de l’ordre de 2 ns. Les photomultiplicateurs sont aussi tr`es rapides. Ils ont des temps de mont´ee et de transit d’environ 1 ns et 2 ns respectivement. Un circuit de mise en forme transforme le courant de sortie des photomultiplicateurs en un signal uni-polaire d’une largeur `a mi-hauteur de 50 ns. Le courant d’obscurit´e des photomultiplicateurs est tr`es faible. Le bruit de fond ´electronique principalement dˆu au circuit de mise en forme est de l’ordre de 20 MeV par cellule.

Le Tilecal contient au total pr`es de 10000 photomultiplicateurs qui sont autant de voies de lecture. Sa masse environne les 2900 tonnes. Outre ses performances phy-siques, il sert de retour de champ au sol´eno¨ıde central et de support m´ecanique aux cryostats des calorim`etres `a argon liquide. L’´epaisseur totale du point d’interaction `a la structure externe du Tilecal est sup´erieure `a 11 longueurs d’interaction ce qui, vis `a vis du spectrom`etre `a muons, permet de r´eduire le bruit de fond dˆu `a la tra-vers´ee des particules bien en dessous du bruit de fond irr´eductible des muons issus de d´esint´egration.

38 Le calorim`etre `a tuiles scintillantes : Tilecal

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