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Modes de vie et

2.6 Accès à l’emploi

Environnement

socio-économique

Accès à l’emploi

Typologie de publics vulnérables

Contexte général

Sur le plan matériel, accéder à un emploi implique a priori, de tendre vers de meilleures conditions de vie. Cela suppose plus de facilités à obtenir un logement ou encore une augmentation du pouvoir d’achat.

En parallèle, l’insertion professionnelle est aussi synonyme d’intégration et de reconnaissance sociale. A ce titre, les politiques publiques déploient différents dispositifs (allègements des cotisations sociales pour les employeurs, incitations financières etc.) permettant de maintenir les personnes dans une certaine dynamique sociale. En complément, elles proposent des minima sociaux veillant à garantir un premier socle de ressources (ex : Revenu de solidarité active).

De manière générale, on distingue des mesures dites « actives » qui privilégient la reprise d’activité (prime à l’emploi, RSA activité…), la formation et le soutien à l’emploi (exonérations de charges…) et d’autre part, des mesures « passives » qui garantissent des revenus en cas de perte d’emploi telles que l’indemnisation chômage118.

Au-delà de mettre en évidence des difficultés inhérentes au marché du travail et à sa fluctuation, des études révèlent aussi un ensemble de facteurs périphériques contribuant à des inégalités d’accès à l’emploi. Il s’agit de freins qui empêchent de trouver un emploi ou même de s’engager dans une démarche d’insertion119. On retrouve ainsi des obstacles liés à l’adaptation à l’entreprise, au logement, à la garde d’enfants, à la santé, aux discriminations etc. mais surtout à la mobilité. Le parcours professionnel d’un individu à un autre est manifestement différent à âge égal, en fonction de ces critères.

On considère120 que près d’un français sur 4 (23%) dit avoir refusé un travail ou une formation, en raison d’un manque de mobilité. De même, 19% des français interrogés indiquent avoir déjà renoncé à se rendre à un entretien d’embauche ou dans un lieu dédié à la recherche d’emploi, par manque de transports.

L’Ile de France est une des régions les plus fructueuses en matière d’emploi, notamment des jeunes, avec l’ex-région Rhône-Alpes (respectivement 21,4% et 19,7%)121. Pour autant,

118 Vie publique, au cœur du débat publique. Favoriser l’accès à l’emploi. [en ligne]. http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/politiques-insertion/aide-emploi/

119 M.Boisson-Cohen. Lever les freins périphériques à l’emploi aux jeunes : priorités et leviers. 2016

120 Selon un sondage Elabe mené auprès de 1003 personnes, pour le compte du Laboratoire de la mobilité inclusive et cité par le journal Le Monde, en 2017.

121 Cour des comptes. « L’accès des jeunes à l’emploi, construire des parcours, adapter les aides ». Rapport thématique. [En ligne]. (2016) Disponible sur : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/164000630.pdf

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les transports demeurent pénalisants pour un ensemble d’usagers : 74% de ceux qui prennent le TER évoquent des difficultés régulières pour se rendre à leur travail et 66%

des usagers du métro et/ou RER.

Les difficultés d’accès à l’emploi touchent majoritairement les personnes les plus défavorisées socialement (personnes vivant dans un foyer avec moins de 1 000 euros par mois) aggravant de fait leur situation.

D’après les derniers chiffres de l’Insee, la ville de Clichy comptabilise un taux de chômage plus élevé que la moyenne départementale pour les 15-64 ans (14,6% contre 11,2%).

Effets du projet

Le développement d’activités tertiaires et commerciales, sur une surface d’environ 66 000 m², dans le quartier du Bac positionne ce projet dans une véritable logique d’implantation d’activité économique et par conséquent d’emplois. L’aménagement de surfaces de bureaux, d’activités industrielles ou de service ne permet pas de présager de la part qui sera consacrée à de la création d’emploi, puisque ces surfaces pourraient être mobilisés par des activités déjà existantes dans d’autres territoires.

En revanche, l’occupation des RDC par des commerces, alimentaires ou non et de certains services (ex : hôtel, espace sportif et culturel ou éventuellement offre en santé) constitue une réelle opportunité de création de nouvelles activités et donc d’emplois. A ce stade, rien ne laisse présager de l’ampleur de cette offre, ni si elle profitera directement aux habitants du quartier (habitants actuels ou occupant de la résidence sociale par exemple) ou même de la ville. Par ailleurs, le type de logements créés dans le cadre de l’opération conduit à envisager que les nouveaux habitants seront probablement des actifs, réduisant la problématique d’accès à l’emploi pour ces personnes. A l’inverse, ces populations, potentiellement plus aisées pourraient éprouver des besoins en termes de services à domicile.

Mise à part quelques heures d’insertion prévues pendant la phase chantier, le projet ne matérialise pas a priori l’ambition de créer de l’emploi en direction des publics les plus éloignés de l’emploi (la mention du recrutement prioritaire des Clichois dans ces clauses d’insertion n’est pas connue).

Parallèlement, le projet propose une meilleure desserte du quartier par les bus et ainsi une éventuelle facilitation de la mobilité pour accéder à l’emploi. A ce stade, le quartier du Bac est desservi par trois lignes de bus dont une ligne TUC (pour Transport Urbain de Clichy) qui réalise gratuitement une boucle dans la ville, dont l'arrêt de métro mairie de Clichy (accès au métro). Toutefois, son passage reste peu fréquent, environ toutes les 40 minutes122. La gare de Clichy-Levallois est également relativement proche du quartier, puisqu’elle se situe à environ 700-800 mètres du triangle du Bac (15 minutes à pied environ). Elle est desservie par la ligne L (Paris Saint-Lazare ; Versailles Rive droite ; St Nom la Bretèche - Forêt de Marly ; Cergy le Haut) et la ligne J (Paris Saint Lazare ; Evreux ;

122 Site de la ville de Clichy.

70

Vernon ; Gisors). La gare de métro Mairie de Clichy (ligne 13) est à 16 minutes environ à pied (1,3 kilomètres) du triangle du Bac.

Effets sur la santé

Manifestement, l’emploi constitue un levier dans les relations sociales. Au-delà d’agir sur l’estime de soi et l’épanouissement personnel, il encourage l’intégration sociale et la participation à la vie de la Cité qui sont étroitement liées à l’état de santé général des individus. Ses vertus seraient ainsi associées à un plus grand accès aux soins, un meilleur rétablissement après un problème de santé, une santé mentale plus favorable et un bon maintien du niveau de santé générale. Des travaux sur ce sujet mentionnent qu’un individu au chômage connait un risque annuel de décès d’environ trois fois plus élevé qu’un actif du même âge123.

La période d’inactivité est en soi un véritable fléau dans la plupart des sociétés actuelles.

Sa part de responsabilité est notamment visible dans les troubles psychologiques, les périodes d’anxiété ou de dépression… voire même dans la prévalence des décès prématurés, comme le souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS)124. Une étude125 menée en 2006, auprès des bénéficiaires de l’ancien Revenu Minimum d’Insertion (devenu RSA) a mis en évidence une dégradation de la perception de la santé chez les personnes confrontées à des parcours professionnels instables voire à des conditions de travail pénibles. Dans les situations d’inactivité importante et subie, il est souvent remarqué une fragilisation de l’état de santé des personnes. Lorsqu’en raison d’une absence d’emploi, les conditions de vie se détériorent, on recense des retards de soins et de nombreuses pathologies telle que des affections buccodentaires, des maladies digestives, des conduites addictives ou encore un état dépressif.

A l’inverse, dans certaines situations extrêmes, l’emploi peut amener au syndrome de l’épuisement professionnel ou burn-out. Il s’agit d’un processus de dégradation du rapport que l’individu entretient vis-à-vis de son travail à travers trois dimensions : l’épuisement émotionnel (le travailleur ressent une fatigue extrême), le cynisme professionnel (le travailleur se détache complètement de son travail) et la diminution de l’accomplissement personnel au travail (le travailleur se sent dans une impasse). Ce processus se traduit par des manifestations : émotionnelles (hypersensibilité, tristesse…), physiques (troubles du sommeil, fatigue chronique…), cognitives (difficultés à réaliser certaines tâches, manque de concentration…), comportementales ou interpersonnelles (isolement social, agressivité…) et motivationnelles (baisse de

123 Costa G, Pickup l, Di Martino v. Commuting a further stress factor for working people: evidence from the European Community. I. a review. International archives of occupational and environmentalhealth. (1988) ; cité dans l’étude menée par Laporte A., Dubreuil M. (sous la dir.). Évaluation des impacts sur la santé de projets transport à Plaine Commune (93). Paris : Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France, Observatoire régional de la santé (ORS) Île-de-France (2014).

124 OMS, 2004 ; Burchell, 1994, cité dans « l’Etude d’impact en santé, Projet Zone d’activités régionales de Delémont (ZARD) », Phase II Etudes d’impacts sur la santé, préparée par Equiterre (2004).

125Frigul, N. « Les effets dissimulés du travail sur la santé des populations au chômage : le cas des contrats aidés dans le dispositif du RMI ».Revue Politix. [En ligne]. Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-politix-2010-3-page-133.htm

--motivation, de moral …). L’ensemble de ces manifestations témoignent d’une dégradation de la santé physique et psychique des individus, avec en particulier des troubles musculosquelettiques, des maladies cardiovasculaires, des troubles de santé mentale comme la dépression ou les tendances suicidaires ou encore le risque d’aggravation ou de rechute en cas de maladie chronique.

Enfin, le travail peut également constituer un facteur de risque notamment en termes d’accident du travail et / ou maladie professionnelle126. Les données fournies par la branche ATMP de la CNAMTS mettent en évidence de grandes inégalités de l’accidentologie en fonction du type d’activité. Le BTP, avec 60 accidents du travail pour 1 000 salariés en 2016 constitue le secteur d’activité le plus à risque (même s’il est également celui qui enregistre également les plus fortes baisses). Le secteur des services (47,4 AT pour 1 000), incluant les services à la personne est le deuxième secteur le plus sinistré et connait la progression la plus importante des AT en 2016. En troisième position, le secteur du commerce alimentaire connait une sinistralité encore importante, même si elle tend à diminuer.

Zoom sur les publics vulnérables

Les classes sociales défavorisées : les inégalités d’accès à l’emploi sont rapportées chaque année par l’INSEE dans son Tableau de l’Economie Française127. En 2015 comme en 2003 ou en 2010, les cadres étaient beaucoup moins touchés par le chômage que les ouvriers (respectivement 4% et 14.6%). De même, l’accès à l’enseignement supérieur détermine souvent l’accès à l’emploi. 16,8% des personnes ayant obtenu le Brevet des collèges, un CAP ou étant sans diplôme sont au chômage contre 6,3% pour les personnes ayant un niveau Bac +2 et 6,2% pour les diplômés de l’enseignement supérieur.

Les personnes en situation de handicap sont également plus touchées par le chômage : en 2011, seules 35 % des personnes de 15 à 64 ans reconnues handicapées sont en emploi, contre 64 % pour l'ensemble de la population selon les chiffres de l’INSEE.

126 CNAMTS, Tableaux de synthèse des statistiques nationales de la sinistralité 2016 de la branche AT-MP du

régime général, données 2016 (septembre 2017)

http://www.risquesprofessionnels.ameli.fr/fileadmin/user_upload/document_PDF_a_telecharger/etudes_statisti ques/livret_de_sinistralite/2016/Tableaux%20Synth%C3%A8se%20sinistralit%C3%A9%202016%20(n-2017-090).pdf

127 INSEE, « Tableau de l’économie française ». Chapitre sur le chômage. (2017).

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