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Cités et Gouvernements Locaux Unis n’existe que par et pour ses villes membres. L’organisation représente à la fois les cités, « une communauté humaine et la forme constitutionnelle qu’elle adopte, les hommes rassemblés dans les limites civiques d’une même vie commune et l’ensemble des institutions auxquelles ils ordonnent cette existence commune » (Lévy, Lussault, 2003) et les gouvernements locaux. J. Lévy et M. Lussault parlent dans leur dictionnaire de « gouvernements urbains » ayant trois dimensions : I/ démocratie représentative, participation politique des citoyens ; II/ fourniture de service et de biens collectifs, définition et mise en oeuvre des actions publiques ; III/ légitimation de la gestion territoriale de l’Etat avec différentes fonctions dont celle urbaine. Le même dictionnaire parle aussi d’«Etat local» pour se référer aux gouvernements locaux. Ces définitions de « cités » et « gouvernements locaux » illustrent ce qu’est la ville aux yeux de CGLU.

Par conséquent, se demander en quoi les espaces publics sont-ils important pour CGLU revient donc à se demander pourquoi les espaces publics importent-ils aux villes ?

Historiquement, l’espace public est regardé dans la ville grecque comme lieu urbain civique, il est plus tard considéré comme élément fort inspirant la planification urbaine avec une forte valeur paysagère (Ananiadou-Tzimopoulou, Yérolympos et Vitopoulou, 2010). Il faut attendre les années 70 pour que l’espace public soit reconnu comme un enjeu à la fois urbain et social dont le succès se mesure aux usages (Fleury et Tonnelat, 2012). Il est aujourd’hui considéré comme étant un élément essentiel de la pleine réalisation du droit à la ville (Waterkeyn, 2015) mais aussi facteur d’attractivité et de compétitivité pour les villes. Ce regain d’intérêt pour les espaces publics, qui pendant une période n’étaient envisagées que d’un point de vue technique et fonctionnel (mobilité), va de pair avec les nouveaux modes de production de la ville (Fleury et Tonnelat, 2012). La participation et la concertation sont aujourd’hui pour beaucoup de villes, notamment occidentales, des outils inévitables de planification urbaine (Ibid).

Ils sont important pour les villes car ils peuvent permettre de trouver un équilibre entre «l’Etat, le marché et le bien commun»21. Le marché essaie de privatiser les espaces publics avec l’essor des constructions de centres commerciaux par exemple. « CGLU lutte contre la privatisation de l’espace public et se bat pour que l’espace public soit utilisé dans les politiques publiques et c’est ça le bien commun » (entretien avec J.Roig réalisé le 15/06/2016). Les espaces publics ont des effets sur les aspects sociaux, économiques, culturels et les politiques d’une ville. Ils sont à la fois le lieu où s’éprouve la loi, où s’écrit l’histoire, s’organisent les déplacements et favorisent la distribution des parcelles et les relations entre

les hommes (Cabanieu, 2001). La complexité de l’espace public et son holisme sont deux caractéristiques qui font de l’espace public un reflet des enjeux de la ville et devrait, pour J.Cabanieu, être une priorité pour beaucoup de communes. Il explique aussi que le gouvernement local, propriétaire du domaine public, est dès lors légitime pour agir sur les lieux qui le composent, et pour investir, règlementer, fiscaliser, contrôler, entretenir, etc.

A priori, selon Lévy et Lussaut en 2003, l’approche contemporaine vise à associer l’espace public à l’idéal-type de l’agora grecque, comme point-origine et matrice de tout espace public. Par conséquent, on lui associe également un caractère politique et démocratique dans lequel le citoyen peut s’exprimer librement et peut confronter ses opinions. Pour Isaac Joseph, l’espace public a une équivocité entre le sens spatial urbain (espace qui permet la circulation) du terme et le sens politique (espace qui permet le débat) (Clot-Goudard et Tillous, 2010). Il se caractérise tout d’abord par son statut public et peut se définir comme étant tout espace n’appartenant pas à une personne morale de droit privé (Lévy et Lussaut, 2003) :

• Privé versus public : Permet de définir le statut juridique et institutionnel d’un espace et ainsi caractérise la légitimité des pratiques et des usages des acteurs au regard de toute la société.

• Intime versus extime : L’intime n’est pas réductible au privé car peut aussi se manifester dans l’espace public. L’extime est la relation et les interactions qui peuvent se manifester par des gestes, des attitudes, des paroles, des regards, etc., que nous avons avec le monde extérieur. • Individuel versus social : Permet d’aborder les normes sociales.

L’ONU-Habitat définit l’espace public comme étant un bien commun urbain22. Pour N. Buclet23, le bien commun doit remplir les besoins de chacun et être utilisé par tout le monde. A cette définition, il ajoute la notion d’équité qui consiste à lutter contre les inégalités et inclure tout le monde sur les espaces publics dont les personnes les plus défavorisées24. CGLU associe par ailleurs l’espace public aux services publics25. Historiquement, les services publics seraient nés d’un problème de gestion du bien commun (Buclet, 2015). L’eau, l’électricité, la gestion des déchets, au même titre que la justice ou encore l’armée sont tous des services publics. Ils sont tenus de fonctionner de manière régulière et continue dans des conditions égales et ils sont gérés par une autorité politique compétente26. Pour CGLU, l’organe le plus a même de s’occuper des espaces publics est le niveau local. Pourtant, aujourd’hui l’encadrement législatif reste relativement lâche et les acteurs de l’aménagement tentent chacun dans leur territoire, avec des résultats souvent mitigés, d’inventer des techniques ad hoc qui favorisent l’implication des habitants tout en préservant les prérogatives décisionnelles des élus et la légitimité technique des services municipaux (Fleury et Tonnelat, 2012).

22 ONU-Habitat. Global Public Space Toolkit. Disponible en ligne : http://unhabitat.org/wp content/uploads/2015/10/ Global%20Public%20Space%20Toolkit.pdf

23 Cours de fonction de la ville, IUG, promotion 2014-2015.

24 CGLU Secrétariat Mondial. Public Space Thinkpiece. Keynote Pietro Garau. 04/2016. URL : https://www.uclg.org/ sites/default/files/uclg-public_space-think_piece.pdf

25 Cadre politique des espaces publics de CGLU, 2016

26 ONU-Habitat. Global Public Space Toolkit. http://unhabitat.org/wp content/uploads/2015/10/Global%20Public%20 Space%20Toolkit.pdf

b. L’espace public un levier d’action urbain social, économique

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