• Aucun résultat trouvé

2. La démographie médicale vosgienne

2.2. Les évolutions démographiques récentes

2.2.1. Généralités

Le bilan des entrées/sorties (7) des inscriptions au tableau de l’Ordre des

médecins des dernières années démontre une diminution des effectifs des médecins généralistes dans tous les départements lorrains. La Meurthe-et-Moselle est le département de France qui enregistre la plus forte baisse d’effectif. Toutefois, pour l’année 2008, le bilan national recense plus de médecins généralistes entrants que sortants (2434 contre 2272). Mais au niveau local, on ne constate pas d’augmentation des effectifs, notamment en Lorraine. Ceci confirme les grandes variations de répartition des professionnels à travers le pays, malheureusement souvent aux dépens de régions peu attractives. Les médecins généralistes représentent 46 % des nouveaux inscrits au tableau de l’Ordre des médecins.

Dans le département des Vosges, on note une stabilité du nombre de médecins généralistes entre 2008 et 2009. Mais la tendance est à la baisse ces dernières années puisqu’entre 2006 et 2007, on enregistrait une diminution de 3 %, puis encore de 2 % entre 2007 et 2008.

Selon le CDOM9 des Vosges, depuis l’année 2000, on comptabilise 48 installations de médecins généralistes libéraux dans le département. Selon une parité quasi parfaite puisque 23 praticiens sont des femmes et 25 sont des hommes. Mais en 2008 et en 2009, on note deux fois plus de femmes que d’hommes qui s’installent, alors que c’était l’inverse auparavant.

9

33

Figure 7 : Nombre de médecins généralistes libéraux installés dans le département des Vosges depuis l'année 2000

2.2.2. Les grandes tendances démographiques

Des « grandes tendances » démographiques se dégagent du bilan annuel

effectué par le CNOM.

La féminisation de la profession se confirme et se pérennise. Il suffit de

comparer la pyramide des âges des médecins entrants et sortants du tableau de l’Ordre des médecins pour s’en rendre compte.

Figure 8 : Comparaison du profil démographique des médecins nouvellement inscrits à l'Ordre des médecins en 2008 et ceux partis à la retraite en 2008 (statistiques nationales)

Médecins nouvellement inscrits à l’Ordre en 2008

Médecins partis en retraite en 2008

Source : CNOM, atlas de la démographie médicale 2009

0 1 2 3 4 5 6 7 8 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Source : Conseil départemental de l'Ordre des médecins des Vosges

213 182 222 290 1413 154 80 106 146 239 1844 277 ≥ 50 ans 45 - 49 ans 40 - 44 ans 35 - 39 ans 30 - 34 ans < 30 ans Femmes 33,5 ans 52 % Hommes 36 ans 48 % 70 154 1 305 756 26 9 30 352 393 20 ≥ 75 ans 70 -74 ans 65 - 69 ans 60 - 64 ans < 60ans Hommes 66 ans 74 % Femmes 64 ans 26 %

34 Ce phénomène démographique entraîne une profonde mutation de l’organisation professionnelle puisque l’on constate que l’exercice salarié est préféré par les femmes (plus d’une femme sur deux contre un homme sur trois, alors qu’une femme sur trois travaille en libéral contre un homme sur deux).

De nombreuses études montrent un temps de travail différent entre les femmes et les hommes. D’après une étude de la Drees10 (8), toutes choses égales par ailleurs, les femmes travaillent en moyenne 6 heures de moins par semaine que les hommes. De plus, les femmes privilégient plus que les hommes l’activité à temps partiel, ce qui diminue d’autant plus leur durée moyenne de travail hebdomadaire puisque ces facteurs se cumulent. Toutes ces tendances sociodémographiques sont donc à prendre en compte pour établir les perspectives d’avenir de la démographie médicale.

Le salariat est le mode d’exercice le plus apprécié par les nouvelles générations

de médecins (7). Cette tendance, comme nous venons de le voir, est naturellement portée par le phénomène de la féminisation de la profession, mais pas seulement. En effet, les jeunes praticiens hommes nouvellement inscrits à l’Ordre des médecins se portent également en majorité vers ce mode d’exercice (à 30 % contre 5 % pour le libéral en 2009). Le salariat est une sécurité pour le praticien, d’autant plus pour les femmes qui peuvent bénéficier des avantages sociaux (horaires fixes, semaine de 35 heures, congés de maternité…).

Le salariat a également une répercussion sur le temps de travail. D’après

l’étude réalisée par la Drees (8), le temps de travail moyen des médecins libéraux est plus important que celui de leurs homologues salariés (de 4 heures par semaine environ). Le travail salarié peut également procurer une certaine confiance dans la régulation et l’aménagement du temps de travail des médecins s’engageant dans ce mode d’exercice (bénéfice des journées de récupération, des semaines de vacances,…). C’est un mode d’exercice compatible avec un travail d’équipe

10

35 permettant un soutien entre professionnels, notamment pour l’aménagement des horaires de chacun.

Tout cela peut en effet contribuer à l’attrait des jeunes praticiens pour ce mode d’exercice. Il faut impérativement en tenir compte pour envisager des solutions adaptées à la problématique de la démographie médicale.

Figure 9 : Comparaison du mode d'exercice chez les médecins nouvellement inscrits au tableau de l'Ordre en 2009 et les médecins partis à la retraite en 2008

Médecins nouvellement inscrits

Médecins partis en retraite

Source CNOM, atlas de la démographie au 1er janvier 2009

Il est intéressant de noter que selon une étude réalisée par I. KAHN -BENSAUDE, ce sont ces modes d’exercice (travail à temps partiel et salariat) qui sont le plus souvent envisagés par les étudiantes en faculté de médecine (9).

Les remplaçants sont de plus en plus nombreux. En 2008, le CNOM a comptabilisé plus de 10 000 remplaçants, ce qui représente une augmentation de 5,5 % en un an. L’âge moyen des remplaçants est de 46 ans et cet effectif n’échappe pas au phénomène de vieillissement des professionnels.

Salarié 67 % Libéral 10 % Divers/ Mixte 1 % Remplaçant 22 % Salarié 16 % Libéral 73 % Hospitalier 12 %

36 Il nous est paru important de prendre en considération cette tendance à la hausse du nombre de remplaçants. En effet, alors que la densité médicale diminue nettement, les médecins peinent à s’installer définitivement. Cela ne peut que contribuer à déstabiliser une démographie médicale déjà en équilibre incertain.

Pour pallier cette pénurie médicale, les autorités publiques ont fait appel à des

médecins de nationalité européenne et extra-européenne. Longtemps considérés

comme une solution temporaire, ils n’en sont pourtant pas une, au contraire. Lorsqu’on analyse le lieu d’exercice de ces médecins, on s’aperçoit qu’ils exercent en majorité dans les régions du Sud de la France et en Ile-de-France ! Des régions déjà considérées comme « surmédicalisées ». La répartition de ces médecins sur le territoire métropolitain suit les mêmes règles que pour leurs homologues français. Ce phénomène ne peut qu’accentuer l’inégalité de répartition des professionnels sur le territoire.

A noter que la répartition de ces médecins est aussi inégale en Lorraine. Bien que l’effectif de ces praticiens étrangers soit supérieur à la moyenne nationale dans notre région, ce sont les départements des Vosges et de la Meuse qui sont laissés pour compte, avec un effectif inférieur à la moyenne. Cette répartition ne peut que pérenniser les inégalités locales déjà en place.

Documents relatifs