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4. La post-édition

4.2 Évolution de la post-édition

D’après (Allen, 2003, p. 297), l’exploitation de la post-édition est strictement liée à l’adoption et à l’implémentation de techniques de traduction automatique dans les flux de travail. Depuis une vingtaine d’années, plusieurs facteurs ont contribué à l’intégration de la TA dans les marchés de la traduction et de la localisation, premièrement la pression exercée par la mondialisation et le multilinguisme. Avec l’expansion de leurs activités dans les quatre coins du monde, de grandes et petites entreprises ont ressenti la nécessité d’adopter une approche multilingue dans leurs méthodes de communication. Par

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conséquent, elles se sont tournées vers les possibilités offertes par le domaine des technologies de la traduction, à la recherche de méthodes plus rentables et efficaces. Comme l’explique (O’Brien, 2011, p.

1),

[r]ecent advances in machine translation technology have led to an increased implementation by organisations with large translation volumes and a broad range of target language requirements. Consequently, technical translators who work as in-house translators or, more commonly, as freelance translators for these organisations are increasingly asked to post-edit, as opposed to translate or revise human translations that are recycled through translation memory systems.

Les objectifs de cette intégration étaient, d’un côté, de maximiser la production et d’optimiser les communications entre les différents acteurs, et de l’autre, de limiter les coûts, garder les prix avantageux, ainsi que d’assurer la diffusion de la documentation technique au même moment dans de différentes parties du monde et, par conséquent, de la traduire dans plusieurs langues (Allen, 2003, p. 298). Par ces motifs, l’intégration de la traduction automatique et la post-édition du contenu représentait une solution rentable et convenante.

Un autre facteur clé qui a contribué à ce tournant dans le flux de travail est représenté par le changement dans les attentes relatives à la qualité de la traduction. Avant, l’objectif de la traduction était presque toujours la production d’un texte de haute qualité, impeccable au niveau syntaxique, grammatical et terminologique, ainsi que potentiellement destiné à la publication. Maintenant, la mondialisation a mis l’accent sur la rapidité des échanges des informations. Par conséquent, au lieu d’une qualité « parfaite », nous recherchons plutôt une traduction adéquate au but auquel le texte est destiné. Dans ce sens, l’assimilation (gisting) représente un phénomène intéressant : il s’agit d’une traduction automatique sommaire dont la finalité est de comprendre l’essence d’un texte, en laissant de côté les détails et les tournures stylistiques. L’une des premières réalisations des outils pour l’assimilation était la création du portail babelfish en 1997. Il s’agissait d’un logiciel de traduction automatique disponible gratuitement sur Internet, capable de fournir des traductions instantanées dans plusieurs langues, et finalement, de garantir l’accès à un contenu à un utilisateur pour lequel la langue de rédaction est inconnue.

Concernant le futur de la traduction automatique et de la post-édition, d’après (Krings & Koby, 2001, p.

10), « machine translation will continue to be used, and post-editing will continue to be a need » : comme nous l’avons déjà mentionné, un concept clé à retenir est le lien profond entre l’adoption de la traduction

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automatique et la diffusion de la post-édition ; ce lien se traduit inévitablement par une relation d’interdépendance dans le flux de travail.

En effet, d’après (Daems et al., 2015, p. 31),

[i]n recent years, machine translation (MT) and its subsequent post-editing have become more widely accepted in the translation industry. Especially when it comes to technical texts, machine translation has proven its worth, with companies like Autodesk reporting on productivity increases in comparison with human translation ranging from 20 to 131%, depending on the language combination and translator.

Comme nous le verrons, les avantages dérivants de l’intégration de ces deux fonctionnalités sont connus dans le marché de la traduction, spécifiquement en ce qui concerne l’impact sur la productivité. À ce propos, il est intéressant de citer l’étude conduite par (Zhechev, 2012) au sein de Autodesk6, société créatrice de logiciels basée en Suisse. Le but du travail était d’évaluer les effets de l’intégration de la traduction automatique dans le flux de travail, ainsi que de tester l’impact sur la productivité dérivant de cette combinaison. L’étude calcule les gains de productivité dérivant de la post-édition de segments traduits automatiquement versus des segments traduits par l’humain. D’après les résultats, il existe une corrélation significative entre le nombre d’éditions apportées par les traducteurs à la traduction « brute » - la distance d’édition - et le gain de productivité, par rapport à une traduction « de zéro ».

En conclusion, nous résumons les pistes de recherches actuelles en post-édition et traduction automatique :

[t]he main goal of postediting research is no longer finding out whether or not post-editing can be used, but rather finding out when it cannot be used, and how machine translation systems can be improved to better suit post-editors' needs (Daems et al., 2015, p. 31).

Comme nous pouvons le déduire, actuellement, les recherches en post-édition procèdent en parallèle avec celles en traduction automatique. En effet, nous pouvons observer un dialogue constant entre les deux disciplines, qui reflète leur lien dans le flux de travail : l’amélioration de l’une est toujours associée au progrès et à la facilitation de l’autre. Cet aspect revêt une importance centrale dans notre expérience.

6 https://www.autodesk.ch/fr (dernière consultation : 16/04/18)

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Nous passons maintenant à la description de différents niveaux de post-édition existants.