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Pour évaluer la STD en laboratoire, l’utilisation d’un paradigme est couramment utilisée. Il existe deux grands types de paradigmes : le paradigme sous forme de pulsations et le paradigme à stimulation tonique.

2.6.1 Paradigme sous forme de pulsations

Comme le nom le suggère, le paradigme sous forme de pulsations consiste à envoyer une série de plusieurs pulsations/stimulations à une fréquence généralement supérieure à 0,33 Hz. (Price 1972; Staud et al. 2003; Staud et al. 2008; Anderson et al. 2013). Ce type de paradigme permet de recruter les fibres C (Price 1972; Staud et al. 2003; Staud et al. 2008; Anderson et al. 2013). Le nombre pulsations peut varier d’un protocole à un autre. Certains utilisent une série de cinq pulsations nociceptives (Marouf et al. 2015; Neziri et al. 2011), d’autres dix pulsations nociceptives (Staud et al. 2006) et certains vingt pulsations nociceptives (Granot et al. 2006; Usichenko et al. 2018). Certains auteurs vont tester des stimulations de diverses fréquences telles que du 0,33, 0,66, 1 et du 2 Hz (Marouf et al. 2015; Staud et al., 2006; Usichenko et al. 2018). D’autres auteurs utilisent une seule fréquence de stimulation tels que Neziri et collaborateurs (2011), utilisant une fréquence de stimulation de 2 Hz et Granot et collaborateurs (2006), utilisant une fréquence de stimulation de 0,33 Hz. Les stimulations nociceptives peuvent être de source thermique, mécanique ou électrique (Staud et al. 2006; Marouf et al. 2015; Eckert et al. 2017). Il est important de mentionner que le paradigme sous forme de pulsations est énormément utilisé dans la littérature pour évaluer la STD (Staud et al. 2003; 2006; Anderson et al. 2013; Marouf et al. 2015; Eckert et al. 2017).

Stimulus thermique

Afin de créer une stimulation nociceptive thermique, plusieurs auteurs utilisent une thermode, soit une petite plaque chauffante (Tousignant-Laflamme et al. 2008; Anderson et al. 2013; Potvin et Marchand 2016; Eckert et al. 2017). Pour évaluer la STD, certains protocoles utilisent une température identique chez tous les sujets (Warbrick et al. 2009; Anderson et al. 2013) ; certains ajustent la température pour chaque individu afin d’éliciter une douleur d’intensité moyenne (Tousignant-Laflamme et al. 2008; Potvin et al. 2012). Afin d’envoyer une stimulation sous forme de pulsations, la température de destination et la fréquence de stimulation (généralement supérieure à 0,33 Hz) doivent être déterminées. Après avoir déterminé ces paramètres, une stimulation est envoyée afin d’atteindre la température de destination, puis redescend à la température de base de manière très rapide. En sélectionnant la fréquence de stimulation, cela permet de générer ce patron de manière répétée, de sorte que les participants perçoivent la stimulation sous forme de pulsations. Le niveau de douleur est demandé à des intervalles réguliers. Cette évaluation régulière de la douleur permet de colliger la perception de la douleur tout au long de la stimulation. En suivant cette évolution, cela permet de déterminer si une augmentation du niveau de douleur est observée, soit le patron attendu chez un sujet ayant une STD normale. À l’inverse, si aucune augmentation du niveau de douleur n’est observée, le sujet est considéré comme n’ayant peu de STD. Certaines de ces stimulations sont effectuées au niveau de l’avant-bras (Tousignant-Laflamme et al. 2008; Sirucek et al. 2020) (Tousignant-Laflamme et al., 2008 ; Sirucek et al., 2020) tandis que d’autres sont effectués au niveau de la paume de la main (Fillingim et al. 1998). Concernant les propriétés psychométriques, Kong et collaborateurs (2014) ont observé une fidélité test-retest élevée (coefficients de corrélation intraclasse entre 0,83 et 0.97) avec une stimulation thermique au niveau de la paume de la main chez une population saine. Naugle et collaborateurs (2020) ont obtenu des résultats similaires au niveau de la fidélité test-retest (coefficients de corrélation intraclasse entre 0,62 et 0,90) avec une stimulation thermique au niveau de la paume de la main chez une population saine.

Stimulus mécanique

Plusieurs dispositifs peuvent être utilisés pour créer des stimulations nociceptives mécaniques. Certains groupes utilisent un algomètre de pression (Cathcart et al. 2010; Nie et

al. 2009), un dispositif permettant d’identifier la pression appliquée sur une région (Kinser et al. 2009). Pour évaluer la STD, une série de plusieurs stimulations mécaniques sont appliquées avec la même pression sur une région précise. Certains protocoles utilisent une pression qui correspond au seuil de douleur à la pression, c’est-à-dire un niveau de pression permettant d’engendrer une douleur de 1/10 (Nie et al. 2009; Arendt-Nielsen et al. 2010). Le niveau de douleur est demandé à chaque stimulation mécanique. Comme pour le stimulus thermique, l’évaluation régulière de la douleur permet de suivre la perception de la douleur tout au long de l’expérimentation. En suivant cette évolution, cela permet de déterminer si une augmentation du niveau de douleur est observée à la fin de la série de stimulations, soit le patron attendu chez un sujet ayant une STD normale. À l’inverse, si aucune augmentation du niveau de douleur n’est observée, le sujet est considéré comme n’ayant peu de STD. Certains auteurs utilisent comme dispositif le Neuropen (Bordeleau et al. 2019) et d’autres produisent leur propre dispositif afin d’évaluer la STD (Staud et al. 2003). Les stimulations mécaniques se font généralement au niveau de l’avant-bras (Staud et al., 2003), des trapèzes (Cathcart et al. 2010), des genoux (Lewis et al. 2012), des quadriceps (Olesen et al. 2013), et même en dessous du pied (Bordeleau et al. 2019). Concernant les propriétés psychométriques, Graven-Nielsen et collaborateurs (2015) ont observé une fidélité test-retest bonne à élevée (coefficients de corrélation intraclasse entre 0,60 et 0.90) avec une stimulation mécanique au niveau de l’avant-bras à l’aide de l’algomètre de pression chez une population sans douleur. Mailloux et collaborateurs (2021) ont obtenu une fidélité test-retest excellente (coefficients de corrélation intraclasse entre 0,89 et 0,97) avec une stimulation mécanique au niveau de la main chez une population saine à l’aide de l’algomètre à pression.

Stimulus électrique

Afin de créer des stimulations nociceptives électriques, plusieurs auteurs utilisent un stimulateur électrique à courant constant (Randoll et al. 2017; Marouf et al. 2015; Bordeleau et al. 2019). Celui-ci est un simple dispositif permettant d’envoyer une série de stimulations électriques de manière contrôlée par un ordinateur (Randoll et al. 2017). Le stimulateur est aussi relié à des électrodes permettant de stimuler une région cible. Pour évaluer la STD, certains auteurs utilisent une approche électrophysiologique comme le réflexe de retrait nociceptif, aussi appelé le réflexe RIII (Jure et al. 2019; Marouf et al. 2015) ; d’autres utilisent

une approche davantage psychophysique (Pedersen et al. 1998; Randoll et al. 2017). Une approche psychophysique repose sur la perception de l’individu suite à des stimuli reçus. Concernant l’approche avec le réflexe RIII, le but de cette procédure est de déterminer le seuil de douleur électrique (soit le courant nécessaire permettant de créer une douleur de 1/10), tout en permettant de déclencher un réflexe de flexion du biceps fémoral enregistré à l’aide d’un électromyogramme (Marouf et al. 2015). Ce seuil de douleur électrique est aussi appelé seuil de réflexe RIII. Ce seuil est ajusté généralement à 120 % afin d’envoyer une série de stimulations électriques à différentes fréquences (Marouf et al. 2015; Rustamov et al. 2016). Quant à l’approche psychophysique, cette procédure est généralement semblable à l’approche avec le réflexe RIII. Le but de cette procédure est de déterminer le seuil de douleur électrique afin d’envoyer une série de stimulations électriques. Dans les deux approches, le niveau de douleur est demandé à chaque stimulation électrique. Comme dans le stimulus thermique et mécanique, l’évaluation régulière de la douleur permet de suivre la perception de la douleur tout au long de l’expérimentation. En suivant cette évolution, il est possible de déterminer si une augmentation du niveau de douleur est observée tel qu’attendu chez un sujet ayant une STD normale. Couramment, les stimulations électriques nociceptives sont envoyées au niveau du nerf sural (Serrao et al. 2004; Jure et al. 2019; Marouf et al. 2015; Bordeleau et al. 2019). Concernant les propriétés psychométriques, Biurrun et collaborateurs (2011) ont observé une fidélité test-retest bonne à élevée (coefficients de corrélation intraclasse entre 0,76 et 0.90) à l’aide du réflexe RIII chez une population atteinte de douleur chronique lombaire. Aucune étude n’a pas été trouvée chez une population saine.

2.6.2 Paradigme à stimulation tonique

Le paradigme à stimulation tonique consiste à envoyer une stimulation constante pendant un temps précis (Tousignant-Laflamme et al. 2008; Suzan et al. 2015). Cette approche semble essentiellement utilisée avec des stimulations thermiques. Ce paradigme semble moins utilisé dans la littérature que le paradigme sous forme de pulsations. Certains auteurs suggèrent qu’un paradigme sous forme de pulsations pourrait être davantage efficace pour évoquer de la STD (Staud et al. 2006; Eckert et al. 2017). D’autres auteurs affirment que les deux types de paradigmes sont équivalents (Granot et al. 2006).

Stimulus thermique

Malgré le fait que le paradigme à stimulation tonique semble moins répandu que le paradigme sous forme de pulsations, celui-ci présente certains avantages. Notamment, le paradigme tonique permet de mimer davantage une douleur en contexte clinique, de sorte que ce paradigme devient une procédure davantage intéressante. Comme le paradigme sous forme de pulsations, le principe reste le même. Par contre, au lieu d’avoir des pulsations thermiques, une stimulation continue à une température fixe est appliquée sur la peau. Le participant est invité à évaluer sa douleur tout au long de la stimulation. Les stimulations thermiques sont effectuées généralement au niveau de l’avant-bras (Tousignant-Laflamme et al. 2008; Suzan et al. 2015), mais certains auteurs utilisent la main (Vierck et al. 1997; Staud et al. 2006). À notre connaissance, aucune étude n’évalue les propriétés psychométriques d’une stimulation tonique thermique.