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Évaluation des risques autres que les risques de cancer

Partie II. Science et considérations techniques

10.2 Évaluation des risques autres que les risques de cancer

En plus d’évaluer le potentiel cancérogène du bromate de potassium chez les rats mâles, DeAngelo et coll. (1998) et Wolf et coll. (1998) ont également évalué le critère d’effet non néoplasique associé à l’accroissement de l’hyperplasie urothéliale du bassinet rénal. Comme on l’a précédemment décrit, des rats F344 et des souris B6C3F1 ont ingéré du bromate de potassium dans de l’eau potable à une concentration de 0, 0,02, 0,1, 0,2 ou 0,4 g/L pour des périodes

atteignant 100 semaines. L’hyperplasie urothéliale, observée chez les rats seulement, était

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bassinet rénal et les papilles. Cette augmentation a été signalée à une concentration de 0,1 g/L (6,1 mg/kg p.c. par jour), avec une NOAEL de 0,02 g/L (1,1 mg/kg p.c. par jour). Cette étude a présenté la plus faible valeur NOAEL publiée pour les effets non cancérogènes résultant de l’exposition à du bromate, et elle a donc été choisie pour calculer une VBS.

Santé Canada a utilisé les données sur l’hyperplasie urothéliale publiées dans les études de DeAngelo et coll. (1998) et de Wolf et coll. (1998) pour calculer les valeurs BMD en utilisant les concentrations équivalentes pour les humains d’après le modèle PBPK décrit à la section 8.5 et une approche par défaut (c.-à-d. sans modèle PBPK).

En utilisant le modèle PBPK, on a obtenu une BMD10 de 92,2 mg/L, ce qui représente une incidence accrue de 10 % des effets nocifs par rapport aux taux de fond. Une limite inférieure de l’intervalle de confiance à 95 % (BMDL10) de 49,7 mg/L, correspondant à la BMD10 pour ce critère d’effet, a été calculée. Les valeurs BMD10 et BMDL10 ont été calculées d’après des données obtenues sur les animaux seulement après le sacrifice final; toutefois, en utilisant les résultats pour tous les animaux présentés dans l’étude de Wolf et coll. (1998), y compris les sacrifices précoces et finaux, on obtient des résultats similaires. L’analyse a été réalisée à l’aide du logiciel BMDS (version 2.4 R70) de l’U.S. EPA, et un modèle log-logistique a été choisi, car c’est celui qui offre le meilleur ajustement pour l’analyse (U.S. EPA, 2013).

Pour calculer la VBS pour le bromate, on a sélectionné la dose à laquelle l’effet critique a été observé à une faible incidence (c.-à-d. 10 %) et on a appliqué des facteurs d’incertitude afin de tenir compte des différences entre les conditions des études et celles de l'exposition

environnementale des humains. Comme l’analyse PBPK donne des concentrations équivalentes pour les humains en milligrammes par litre, et que ces concentrations tiennent déjà compte de l’exposition pour un adulte d’un poids corporel moyen de 70 kg et consommant 1,5 L/jour d’eau potable, la VBS pour l’hyperplasie urothéliale induite par le bromate se calcule comme suit :

VBS = BMDL10 × FA FI = 49,7 mg/L× 0,8 1 000 = 0,0398 mg/L ≈ 0,04 mg/L (40 µg/L) (valeur arrondie) où :

• BMDL10 (49,7 mg/L) est la limite inférieure de l’intervalle de confiance à 95 % de la dose de référence (BMD10) calculée;

• FI est le facteur d’incertitude combiné ×10 pour la variation interespèces (compte tenu de l’incertitude dans le modèle PBPK – particulièrement en l’absence d’un modèle humain validé – , le volet toxicocinétique du facteur d’incertitude par défaut a déjà été appliqué), ×10 pour la variation intra-espèces et ×10 pour les lacunes dans la base de données au sujet de la toxicité développementale (absence d’étude à long terme sur la neurotoxicité pour le développement, absence d’une étude de toxicité développementale chez une seconde espèce et prédominance d’études chroniques chez les rongeurs mâles, les études chroniques chez les femelles étant limitées à une étude sur des rates et avec seulement

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deux groupes de doses [Kurokawa et coll., 1983] et absence complète d’études chroniques chez des femelles d’autres espèces);

• FA est le facteur d’attribution, qui désigne la proportion de l’apport quotidien de bromate attribuée à l’eau potable. Une valeur de 0,8 a été utilisée, car l’eau potable est la principale source d’exposition au bromate (Krishnan et Carrier, 2013), et que l’on s’attend que l’exposition au bromate par les autres milieux (air, sol, aliments et produits de consommation) soit négligeable.

Par conséquent, on obtient une VBS de 0,04 mg/L (40 µg/L) pour les effets autres que le cancer résultant de l’exposition au bromate dans l’eau potable en appliquant le modèle PBPK.

Aux fins de comparaison, l’approche par défaut, qui consiste à ne pas appliquer le modèle PBPK, a également été utilisée pour déterminer une VBS basée sur un critère d’effet autre que le cancer sous forme d’hyperplasie urothéliale :

AQT = BMDL10 FI = 1,03 mg/kg p.c. par jour 1 000 ≈ 0,001 mg/kg p.c. par jour où :

• BMDL10 (1,03 mg/kg p.c. par jour) est la limite inférieure calculée de l’intervalle de confiance à 95 % associée à la dose de référence pour le bromate chez le rat; et • FI est le facteur d’incertitude combiné ×10 pour la variation interespèces, ×10 pour la

variation intra-espèces et ×10 pour les lacunes dans la base de données au sujet de la toxicité développementale (absence d’étude à long terme sur la neurotoxicité pour le développement, absence d’une étude de toxicité développementale chez une seconde espèce et prédominance d’études chroniques chez les rongeurs mâles, les études chroniques chez les femelles étant limitées à une étude sur des rates et avec seulement deux groupes de doses [Kurokawa et coll., 1983] et absence complète d’études chroniques chez des femelles d’autres espèces).

La valeur basée sur la santé peut être calculée à partir de cet AQT : VBS = 0,001 mg/kg p.c. par jour× 70 kg× 0,8 1,5 L/jour ≈ 0,037 mg/L (37 µg/L) ≈ 0,04 mg/L (40 µg/L) (arrondi) où :

• 0,001 mg/kg p.c. par jour est l’AQT dérivé ci-dessus; • 70 kg est le poids moyen d’un adulte;

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• 0,8 est la proportion de l’apport quotidien de bromate attribué à l’eau potable, parce que l’eau potable est la principale source d’exposition au bromate (Krishnan et Carrier, 2013), et que l’on s’attend à ce que l’exposition au bromate par les autres milieux (air, sol, aliments et produits de consommation) soit négligeable; et

• 1,5 L/jour est le volume d’eau consommé quotidiennement par un adulte.

Par conséquent, on obtient une VBS de 0,04 mg/L (40 µg/L) pour les effets autres que le cancer résultant de l’exposition au bromate dans l’eau potable, calculée en utilisant l’approche par défaut.