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Évaluation par compétences en travaux pratiques

2.4.1

Eclairage sur quelques notions essentielles

Avant d’argumenter sur ce sujet, il convient d’expliquer quelques notions fondatrices de cette action. L’évaluation par compétences est une somme de notions très complexes et très pointues à mettre en application. Au préalable, au cours de la première partie, nous avons défini clairement les formes d’évaluations et leurs caractéristiques individuelles mais il nous reste cependant à éclairer le terme « Compétence ».

Un certain nombre de grands auteurs ont écrit de passionnants ouvrages sur le sujet. Non seulement en France, mais également nous avons pu voir que le Québec s’intéresse aussi à cette

pratique. En effet, GERARD SCALLON au travers de ses écrits définit la compétence comme « la

possibilité pour un individu de mobiliser de manière intériorisée un ensemble intégré de ressources en vue de résoudre une famille de situations problèmes » (SCALLON, page 105). Ses propos sont renforcés par le gouvernement québécois (2001, page 4-5), qui explicite que la compétence « est un savoir agir fondé sur la mobilisation et l’utilisation efficace d’un ensemble

de ressources ». MR SCALLON s’est intéressé à définir plus précisément les termes donnés par

l’université québécoise. Par conséquent, il décrit le savoir agir comme « la capacité de recourir aux acquis scolaires comme aux acquis issus de la vie courante » (page 105). Par ailleurs, pour lui, la mobilisation et l’utilisation efficace de ressources consiste à être habilité intellectuellement et à avoir accès aux contenus notionnels qui permettent de solliciter l’intérêt des élèves grâce à l’aide de ses pairs.

En conclusion, la compétence en cuisine est pour nous enseignants une notion majeure que l’on doit prendre en compte. Il est indispensable de faire la différence entre la notion de performance et la notion de compétence. Il est vrai qu’un élève performant dans une tâche sera peut-être peu habile à l’adapter à une situation différente que celle donnée initialement. En d’autres termes, il convient d’évaluer les élèves sur la capacité et le potentiel observable ou non qu’ils possèdent dans le but de répondre à un problème donné. En aucun cas, l’évaluation positive ne préconise une évaluation sur des techniques précises mais davantage sur des compétences généralistes qui permettront aux élèves de constituer un savoir-faire solide qui répondra aux exigences du métier.

2.4.2

Mise en place de l’action

Pour être au cœur de l’évaluation positive, nous devions mettre en place une nouvelle grille d’évaluation par compétences applicable en terminale baccalauréat technologique. Comme avant toute intégration d’un nouvel outil, il convient de passer par une phase explicative afin de permettre aux élèves de comprendre le but et le fonctionnement de cette démarche.

Comme décrit précédemment, l’évaluation positive ne doit en aucun cas être un acte isolé mais plutôt conjoint. Cette notion de réalisation conjointe prendra tout son sens dans le paragraphe suivant qui présentera la mise en place de la co-évaluation. L’évaluation par compétences consiste dans un premier temps à distribuer un livret technique aux élèves afin qu’ils puissent cocher ou non l’ensemble des techniques qu’ils assimilent ou non. Ce livret nous permet de faire un état des lieux qui positionne l’élève dans un acte bilanciel.

Une fois ces livrets recensés, il convient à l’enseignant de mettre en place l’évaluation par compétences. Celle-ci passe par la création d’une grille évaluative qui permet à l’enseignant « de juger » les travaux des élèves en les positionnant par compétences. Lors de sa mise en place l’élève retrouvera alors une certaine authenticité pour son évaluation.

Certains praticiens démontrent que l’évaluation par compétences peut s’observer uniquement dans l’action. C’est pourquoi, nous avons fait le choix de mettre en application celle-ci dans nos séances de travaux pratiques. Il était indispensable pour nous de prouver à travers cet argumentaire que deux notions pourtant semblables possèdent un sens complètement différent : l’évaluation et la notation. Pour beaucoup d’entre nous, la différence est moindre et évaluer un élève consiste à lui donner une note ce qui n’est pas forcément une règle ou une généralité. L’évaluation par compétences omet les notes et préconise une utilisation bienveillante de l’évaluation. Celle-ci dévoile que l’utilisation des notes chiffrées engendre très souvent des effets pervers non négligeables comme cité dans la première partie.

La mise en place d’une évaluation par compétences dans une classe de terminale doit se faire de manière succincte et brève. Au cours d’un TP de quatre heures, il est inutile de vouloir évaluer une dizaine de compétences. Cinq compétences suffisent. Certaines peuvent être redondances si elles sont considérées par l’enseignant comme prioritaires. Effectivement, nombre d’entre nous juge nécessaire de vouloir évaluer une quantité de techniques obtenir une évaluation crédible.

Mais à quoi bon ! Il est préférable d’informer l’élève chaque semaine sur une quantité restreinte de compétences qu’il pourra alors digérer jusqu’à la semaine suivante. A vouloir trop en faire, on ne centralise plus le savoir mais au contraire nous le noyons.

Il faut noter un point essentiel de ce processus : l’enseignant doit inévitablement définir au préalable des compétences claires et précises pour l’élève. Ce protagoniste sera averti une semaine à l’avance sur les compétences qui seront évaluées, avec un ensemble de vidéos pour l’aider à anticiper cette évaluation. Cet acteur est alors placé dans une situation d’apprentissage positive où chaque compétence est parfaitement exposée. Cela lui permet donc d’avoir une lecture verticale sur sa progression. Nous présenterons dans le tableau suivant une grille d’évaluation par compétences mise en place au cours d’une séance de travaux pratiques. Avant de présenter cette grille d’évaluation, il est important de faire le point sur ce type d’évaluation qui contrairement aux avis reçus permet une grande souplesse. Ce type d’évaluation formative permet en effet d’évaluer individuellement chaque élève au regard du travail qu’il fournit. Celle-ci est mise en application dans l’intérêt de l’élève et uniquement dans son intérêt car elle lui permet d’appréhender différemment chaque séance de travaux pratiques. En d’autres termes, l’élève ne travaille plus pour l’obtention d’une note mais au contraire dans le but de sa propre évaluation et d’une progression dans ses apprentissages. Qu’importe la note qu’il obtiendra (puisque l’annihilation de la note n’est nullement possible), l’importance est que cet étudiant puisse repartir de TP avec la sensation d’avoir appris sur ses propres erreurs.

Ce travail qui a été mis en place ne peut être pertinent que s’il est réalisé sur une année entière. Néanmoins, nous pouvons d’ores et déjà constater à travers l’ensemble des résultats obtenus en partie 2. Nous relevons donc une estime de soi qui évolue positivement au regard de la mise en place de cette démarche. Cela traduit que l’évaluation par compétences permet de motiver intrinsèquement ces élèves qui affirment être davantage sensibles aux remarques que l’enseignant peut apporter.

Grille d’évaluation par compétences – Classe de Terminale

Légendes pour les niveaux :

A : Acquis

ECA + : En cours d'acquisition plus ECA : En cours d'acquisition NA : Non-acquis

E

VALUATION

1

E

VALUATION

2

E

VALUATION

3

COMPETENCES GENERALES COMPETENCES OPERATIONNELLES NA ECA ECA+ A NA ECA ECA+ A NA ECA ECA+ A

Chapitre 3.

Mise en place de la co-évaluation