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Évaluation
de
la
consommation
de
cocaïne
durant
l’accès
limité
à la
drogue



6 Le
choix
des
vitesses
d’injection


7.
 Évaluation
de
la
consommation
de
cocaïne
durant
l’accès
limité
à la
drogue


Dans un premier temps, nous voulions comparer les effets de la vitesse d’administration sur la consommation de drogue lorsque les rats avaient accès à la cocaïne par voie intraveineuse pendant un temps limité (1 h/session) avec un programme de renforcement à ratio fixe. En accord avec des données précédentes (Wakabayashi et al., 2010), la vitesse d’injection de la cocaïne n’a pas influencé la quantité de drogue consommée lorsque celle-ci était disponible durant de courtes sessions (1 h/session). De plus, ces observations concordent avec les résultats d’autres chercheurs, où la variation de la vitesse d’injection entre 5 et 100 s chez des rats s’auto administrant la cocaïne par intraveineuse en accès limité n’a pas influencée ni l’acquisition, ni le maintien d’un comportement de recherche et de prise de drogue, ni la motivation à travailler pour obtenir la drogue sous PR, ni le rétablissement d’un comportement de recherche de drogue suite à une période d’abstinence (Liu et al., 2005a, Crombag et al., 2008). Effectivement, nos résultats montrent que les rats s’auto administrant des injections rapides (5 s) ou plus lentes (90 s) consomment la même quantité de drogue lorsque les sessions d’auto administration sont limitées dans le temps.

Pourquoi est-ce que les rats s’auto administrant la cocaïne pendant une heure sous deux vitesses différentes montrent un patron de consommation similaire, où le niveau d’auto administration est peu élevé et stable? Chez les rats ayant un accès limité à la drogue, le patron de consommation reste stable, peu importe la vitesse d’injection. Dans ce cas-ci, le patron est caractérisé par la prise d’une injection à environ toutes les 4 minutes, laissant supposer qu’il n’y a pas eu de développement de tolérance ou de sensibilisation aux effets renforçateurs de la cocaïne. Cette absence de tolérance ou de sensibilisation aux effets renforçateurs de la drogue pourrait être due au fait que les animaux n’avaient pas été chroniquement exposés à la cocaïne une fois rendu à ce moment de notre étude. Cette hypothèse, par contre, semble peu probable pour deux raisons. Premièrement, des études chez les rats démontrent qu’une seule exposition à la cocaïne suffit pour provoquer la sensibilisation aux différents effets de la drogue. Par exemple, une seule exposition à la cocaïne permet d’engendrer une sensibilisation à la libération de dopamine découlant de la prise de cette drogue (mesurée par microdialyse in vivo) (Keller et al., 1992).

Deuxièmement, à une dose plus élevée (2.0 mg/kg/injection) une sensibilisation psychomotrice à la cocaïne, mesurée par l’augmentation de la locomotion, a été détectée chez les rats recevant une infusion i.v. de drogue rapidement (en 5 vs. 25 et 100 s) un jour seulement suivant leur première infusion (Samaha et al., 2004). Dans notre cas, ceci permet de supposer que les rats s’injectant des infusions de 5 s auraient pu devenir sensibilisés aux propriétés renforçatrices de la cocaïne et se seraient auto administré plus de drogue que ceux s’injectant la cocaïne en 90 s.

Une autre hypothèse pouvant expliquer pourquoi la vitesse d’injection de cocaïne n’influence pas la consommation de drogue lors d’un accès limité à celle-ci pourrait dépendre des mécanismes neuroadaptatifs provoqués lors des sessions d’auto administration limitées. De nombreuses modifications ont été identifiées dans le cerveau des rats ayant seulement eu un accès court (1 h) à la cocaïne et qui ont absents lors d’un accès plus long (6 h). Par exemple, l’auto administration de cocaïne chez des rats qui ont accès à la drogue pendant 1 h/session augmente les niveaux de transporteur de la dopamine DAT dans le cœur du noyau accumbens et dans le striatum dorsal (Ben-Shahar et al., 2006), diminue les niveaux de récepteurs dopaminergiques D2 dans la coquille du noyau accumbens 60 jours après la dernière session d’auto administration (Ben-Shahar et al., 2007) et augmente l’expression c-fos dans le cœur du noyau accumbens, le cortex préfrontal médial prélimbique et l’habénula latérale suite à une injection de cocaïne après 14 jours de sevrage (Ben-Shahar et al., 2004). Par contre, il se peut que ces modifications ne soient pas influencées par la vitesse de d’injection de la cocaïne. Si cela s’avère à être vrai, ceci pourrait expliquer pourquoi la consommation de cocaïne par les rats dans notre étude ne varie pas en fonction de la vitesse d’injection lorsque les animaux n’ont qu’une heure d’accès à la drogue. Des études subséquentes seront nécessaires pour examiner les différents effets provoqués par la vitesse d’injection de cocaïne en accès limité et ainsi déterminer les mécanismes de neuroadaptation impliqués.

Enfin, il faut mentionner qu’une consommation de cocaïne équivalente chez des rats ayant accès à une des vitesses d’injection différentes durant un temps limité porte un certain avantage. Dans notre cas, le fait que tous les animaux, peu importe la vitesse d’injection, s’auto administrent la même quantité de drogue indique que leur patron de consommation n’est pas affecté par le délai entre l’action de peser sur le levier et l’obtention de leur

injection de cocaïne. Ceci est important parce qu’il est bien connu qu’un comportement est mieux appris lorsqu’il est suivi immédiatement de sa récompense et donc l’infusion lente aurait peut-être pu affecter les propriétés renforçatrices de la drogue. Le fait que les rats des différents groupes s’auto administrent la même quantité de drogue écarte l’hypothèse où les animaux administrant des injections plus lentes seraient dès le début moins intéressés à appuyer sur le levier pour recevoir la drogue.

8.
Évaluation
de
la
consommation
de
cocaïne
durant
l’accès
prolongé