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Études des têtes selon leurs segments et la structure segmentale du titre

II. Têtes transdisciplinaires et NSS dans le corpus

II.1 Sélection des têtes transdisciplinaires

II.1.3 Études des têtes selon leurs segments et la structure segmentale du titre

Nous avons ensuite étudié les variations des têtes transdisciplinaires entre trois sous-ensembles de notre corpus de travail : les titres monosegmentaux, les premiers segments des titres bisegmentaux, puis leurs seconds segments. Nous traitons les segments des titres bisegmentaux séparément pour essayer de déterminer d’éventuelles différences entre les deux. L’hypothèse d’une différence repose sur les modèles de titres données par Swales et Feak (1994) où chaque segment à un rôle particulier :

1. Problème : solution 2. Général : spécifique 3. Sujet : méthode 4. Majeure : mineure

D’autres auteurs ont étendu cette typologie comme Anthony (2001) avec cinq types ou Cheng et al. (2012) avec onze types, et à chaque fois, les deux segments ont un but sémantique différencié. Nous voulons savoir si cette différenciation sémantique se reflète par des différences dans les têtes transdisciplinaires émergeant des différents sous-corpus.

Pour les titres monosegmentaux, les têtes transdisciplinaires relevées sont au nombre de 81. Six seulement d’entre elles n’apparaissent pas dans les 94 têtes transdisciplinaires relevés sur tout le corpus. Les six têtes sont : contrôle, fonction, notion, temps, transformation et valeur. Les six appartiennent au LTES. Seuls les lemmes contrôle, temps n’appartiennent pas au LST. On peut noter que dans le corpus général, les têtes fonction, temps et valeur ont une valeur de médiane de 0,09 %,

transformation de 0,08 % et contrôle et notion de 0,07 %. En changeant le corpus sur lequel on fait nos

calculs, ces têtes passent en dessous ou au-dessus de notre seuil, fixé à 0,1 %, mais dans les deux cas, elles ont une valeur de médiane proche.

Pour le premier segment des titres bisegmentaux, nous relevons 63 têtes transdisciplinaires. Cinq têtes n’apparaissent pas dans les 94 précédemment relevées : compte, contribution, culture,

économie et identité. Dans le second segment, nous relevons 99 têtes transdisciplinaires et 19 têtes

n’apparaissent pas dans les 94 têtes transdisciplinaires relevés sur tout le corpus : condition, contexte,

définition, démarche, donnée, illustration, leçon, limite, mode, mythe, paradoxe, parcours, piste, problématique, réalité, revue, source, synthèse et voie. Si on dénombre toutes les têtes

transdisciplinaires relevées par l’étude du corpus et des trois sous-corpus, on obtient le nombre de 123. Le tableau (10) résume le nombre de têtes transdisciplinaires trouvées par corpus.

Corpus Nombre de têtes transdisciplinaires

Ensemble du corpus de travail 94

Titres monosegmentaux 81

Premier segment des titres bisegmentaux 63

Fusion des quatre listes 123

Tableau 10 : Nombre de têtes transdisciplinaires selon le corpus choisi

Pour le sous-corpus des seconds segments des titres bisegmentaux, on remarque que cinq têtes,

cas, exemple, étude, application et approche représentent 13 % des têtes du sous-corpus, il y a donc une

concentration remarquable sur un très petit nombre de têtes. Pour atteindre 13 % en cumulant les têtes les plus fréquentes dans le corpus général, il faut prendre 19 têtes. Individuellement, les occurrences des têtes cas, exemple, étude, application et approche représentent respectivement 4 % pour cas, 3 % pour exemple et 2 % pour les trois dernières des 95 282 occurrences de têtes du sous-corpus.

On remarque également une surreprésentation de certaines têtes dans le sous-corps des seconds segments par rapport au corpus général. Ainsi, cas ne compte que pour 1 % des têtes du corpus général contre 4 % dans le sous-corpus, et de même pour exemple avec 1 % dans le corpus général et 3 % dans le sous-corpus. Cette affirmation rejoint nos résultats de première année, où nous montrions que certains lemmes privilégiaient très fortement une position après le double-point, et donc dans un deuxième segment. 97 % des occurrences de la tête cas apparaissent ainsi dans un deuxième segment, 93 % des occurrences de la tête exemple suivent la même logique. Cette répartition montre bien l’application du schéma général : spécifique de Swales et Feak (1994). Haggan (2004) appelle cette opération un resserrement, « narrowing » (Haggan, 2004), sur l’objet de l’article. La juxtaposition de ces deux informations par le double point rend plus facile leur interprétation, soulignée par le choix d’une tête transdisciplinaire qui indique bien un point spécifique, un cas, un exemple, d’un concept plus large.

Néanmoins, il faut prêter attention ne pas faire de contresens en interprétant ce schéma sémantique. Si les exemples (21) et (22) présentent bien, dans leurs premiers segments, le concept général suivi, dans leurs seconds segments, d’un exemple spécifique, le (23) l’inverse. L’exemple (21) utilise l’exemple de alors que l’exemple (23) utilise un exemple de. La détermination de la tête oriente donc l’interprétation du schéma. L’exemple (22) utilise une troisième association qui juxtapose, via une virgule, un exemple, avec le point spécifique et montre bien que s’appuyer seulement sur la détermination ne suffit pas pour interpréter ce schéma.

(21) La cohésion ‘to-textuelle' de l'oral : l'exemple d'une interview de Jean-Claude Van Damme (22) Ressources lexicales pour une sémantique inférentielle : un exemple, le mot quitter

(23) L'internet des mouvements transgressifs : un exemple de “transnationalisation” des identités militantes.

Une dernière étude possible est, au lieu d’étudier d’un côté les têtes du premier segment et de l’autre celle du second segment des titres bisegmentaux, d’étudier les couples de têtes ainsi formés. On forme ainsi des couples ordonnés de la forme (tête premier segment, tête second segment) et on peut, pareillement qu’une tête seule, calculer une fréquence relative sur l’ensemble des titres bisegmentaux.

Seuls cinq couples ont une médiane différente de zéro : (de, exemple), (rôle, cas), (approche,

cas), (apport, exemple) et (effet, cas). Nous rappelons que les titres bisegmentaux peuvent avoir une

tête non nominale, verbe ou préposition, d’où l’apparition de la préposition de dans ce classement. La préposition de étant la plus fréquente, il est logique qu’elle apparaisse dans les couples les plus

fréquents. Notre étude portant essentiellement sur les têtes nominales, nous ne retenons que les trois derniers couples. Les exemples (24), (25) et (26) montrent respectivement les couples (rôle, cas), 60 titres, (apport, exemple), 37 titres, et (effet, cas), 36 titres.

(24) Le rôle des confréries durant les premières années de la proscription du catholicisme : Le cas du fief de Shimabara

(25) L'apport des archives privées à l'histoire politique : l'exemple de Louis Costa, le notaire rouge (26) Les effets pervers de la solidarité: le cas des femmes seules avec enfants

Du fait des têtes transdisciplinaires du second segment, cas et exemple, nous retombons sur le schéma de Swales et Feak (1994) général : spécifique.

Nous avons donc identifié 94 têtes transdisciplinaires dans notre corpus de titres, à la fois très fréquentes et ayant un très faible contenu sémantique. Nous avons identifié également des têtes transdisciplinaires émergeant si l’on ne considère que les titres monosegmentaux, le premier ou le second segment des titres bisegmentaux comme cas ou problème. Dans notre travail de première année, nous avions déjà souligné cette répartition, en faveur d’une position post-double-point, de certains lemmes assimilés à nos têtes. N’importe quel concept peut avoir des exemples ou des cas : la très forte capacité référentielle de ces deux lemmes n’est possible que parce qu’ils dénotent uniquement une relation, de l’entité qu’il référencie envers une autre, sans donner plus d’information sur leurs référents. Partant de ces deux cas exemplaires étudiés en première année, nous avons souhaité étendre notre recherche de noms fréquents avec un faible contenu sémantique à l’ensemble des têtes d’un titre, en particulier les têtes transdisciplinaires. Ces deux caractéristiques de fréquence et de sous-spécification rapprochent les têtes transdisciplinaires d’une classe d’emploi des noms, les noms sous-spécifiés, très fréquente dans le discours académique (Flowerdew et Forest, 2015).