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4. Études sur des interventions de participation sociale d’accompagnement

4.3 Études sur l’expérience d’accompagnement de bénévoles ou d’accompagnateurs

Les études (n = 8) portant sur l’expérience de l’APIC de bénévoles ou d’accompagnateurs sont présentées dans cette section. Parmi ces huit études recensées, cinq concernaient le même échantillon d’accompagnateurs ayant déjà participé à l’APIC pour des adultes ayant subi un TCC (Lefebvre et al., 2013). Ces cinq études définissaient l’expérience de l’APIC d’après une perspective de santé mentale selon un devis qualitatif (Therriault et al., 2013; Therriault et al., 2015; Therriault et Samuelson, 2015; Therriault et al., 2016) ou une étude de cas (Garcia, 2016). Les accompagnateurs rapportaient vivre du plaisir et des bons moments pendant l’accompagnement (Therriault et al., 2016). Ils se disaient fiers lorsqu’ils constataient être utiles pour les accompagnés et que des changements positifs se mettaient en place pour eux, par exemple, lorsqu’ils développaient des nouveaux liens avec des pairs (Therriault et Samuelson, 2015). Certaines situations, plus difficiles, amenaient les accompagnateurs à vivre des défis. Ces défis étaient, entre autres, reliés aux accompagnés, par exemple, à leur milieu de vie (résistant aux changements), à leurs caractéristiques personnelles (ex : manque d’intérêt pour participer à des activités) ainsi qu’à l’absence d’objectifs clairs à l’égard de l’accompagnement (Therriault et Samuelson, 2015). D’autres défis appartenaient aux accompagnateurs, dont la manière d’aborder la fin de l’accompagnement avec les accompagnés, ainsi que les difficultés à établir leurs limites personnelles dans

cette relation (Therriault et al., 2013). Afin d’encadrer davantage l’accompagnement et de soutenir les accompagnateurs, Therriault et collaborateurs (2013) émettaient cinq recommandations: 1) trouver la bonne distance dans sa relation avec l’accompagné, 2) considérer l’ensemble des acteurs dans le processus, 3) mettre la personne et ses désirs au cœur de sa pratique, 4) accepter de ne pas tout savoir et 5) s’engager tout en reconnaissant la possibilité d’être transformé (Therriault et al., 2013).

L’étude de cas de Garcia (2016) traitait de l’influence de l’APIC sur la santé d’accompagnateurs âgés pour des aînés présentant des troubles de santé mentale ou des difficultés d’intégration sociale. À l’aide d’analyses de données secondaires de journaux de bord et d’entretiens semi-dirigés d’une recherche-action (Aubin et al., 2015), les accompagnateurs âgés (n = 3) exprimaient s’être sentis utiles dans l’aide apportée à l’aîné accompagné, mais mentionnaient avoir ressentis à quelques reprises de la peur, de la souffrance et de l’incertitude tout au long de leur accompagnement. L’APIC impliquait des défis importants et requérait un soutien et un encadrement permanents de l’équipe de recherche. Considérant l’échantillon restreint, les résultats polarisés entre les sources de plaisir et de souffrance ainsi que la spécificité de la population accompagnée, il importe de valider les résultats pour d’autres accompagnateurs âgés et d’explorer davantage l’influence de l’APIC.

Trois études s’intéressaient à l’expérience d’accompagnateurs auprès d’adultes et d’aînés dans la réalisation de leurs activités physiques ou sociales. D’après un devis qualitatif incluant des entretiens semi-dirigés, Stevens et collaborateurs (2015) portaient leur attention sur l’expérience de 30 mentors âgés de 50 ans et plus qui

accompagnaient des aînés pendant un programme d’exercices physiques de 24 semaines. Plusieurs thèmes étaient abordés avec les accompagnateurs, dont leurs motivations d’implication, leur relation avec l’accompagné, leur rôle de soutien ainsi que la gestion des rencontres. Les accompagnateurs rapportaient que leur principale raison d’implication auprès des aînés était de les aider à augmenter leur niveau d’activité physique. Les accompagnateurs développaient un fort lien relationnel avec les aînés, aimaient voir leurs progrès et appréciaient la gratitude manifestée à leur égard. L’expérience des accompagnateurs dépendait de la santé des aînés, de leur motivation à participer au programme d’exercice et de leur condition physique. En raison de ces éléments, les accompagnateurs se sentaient parfois moins utiles pour encourager les aînés à poursuivre leur programme d’exercices physiques (Stevens et al., 2015). Les auteurs ne fournissaient toutefois pas d’informations quant aux effets de l’accompagnement dans la vie personnelle des accompagnateurs.

Macleod et collaborateurs (2016) ont utilisé une approche participative et une enquête thématique narrative pour examiner les effets d’un programme d’arts créatifs conçu pour réduire les situations d’isolement social chez les aînés. Huit bénévoles âgés de 55 ans à 75 ans étaient jumelés à huit aînés en situation d’isolement âgés de 65 ans à 95 ans pendant dix rencontres à domicile. Lors de ces rencontres, les dyades créaient de l’art expressif, par exemple, à l’aide de la peinture, du dessin ou de la sculpture. Tout au long de l’accompagnement, les bénévoles développaient un lien de confiance ce qui facilitait l’expression des aînés en situation d’isolement par la création artistique. Selon les accompagnateurs, la

relation formée avec les aînés était l’un des aspects les plus importants du programme, dans laquelle développé un grand sentiment de gratitude. Les accompagnateurs se disaient fiers d’avoir co-créer une œuvre qui leur avait permis d’améliorer leurs habiletés créatives. La pièce créée véhiculait leur satisfaction à l’égard de leur vie et permettait une libre expression à travers de l’art subjectif (Macleod et al., 2016).

Enfin, une dernière étude qualitative (Wilson et al., 2013) explorait l’expérience de 14 accompagnateurs ayant soutenu 14 adultes avec une déficience intellectuelle dans la réalisation de leurs activités sociales. À raison d’une rencontre hebdomadaire pendant six mois, les accompagnateurs (M = 59,5 ans ± 7,8 ans) assistaient les adultes ayant une déficience intellectuelle dans leur intégration sociale dans la communauté, par exemple, en participant à un jardin collectif. Les accompagnateurs ont participé à des entretiens individuels semi-dirigés et, pour quatre d’entre eux, à un entretien de groupe. Les questions de l’entretien portaient notamment sur leur expérience d’accompagnement, leur formation, leur perception de leur responsabilité à l’égard des adultes ainsi que leur perception de leur participation, de leur socialisation et de leur intégration dans un groupe. Selon les propos rapportés, les accompagnateurs se sentaient accomplis dans leur rôle et se disaient satisfaits d’avoir pu contribuer à l’augmentation de la participation sociale des accompagnés et de leurs liens sociaux dans la communauté. Les accompagnateurs acquéraient des nouvelles connaissances sur les aspects de la vie d’adultes avec une déficience intellectuelle. Leur présence permettait aux accompagnés de se joindre, de participer et d’être inclus dans des activités dans leur

communauté. Le respect d’autrui, le désir d’aider les autres ainsi que la patience étaient identifiés pour qualifier les « bons » accompagnateurs (Wilson et al., 2013).