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Étude 2 : ancrage temporel et mouvement référentiel dans le domaine des entités

en japonais L1, français L1 et français L2

40 L’objectif de cette étude qualitative est de comparer les moyens linguistiques permettant d’ancrer temporellement le récit et d’introduire, maintenir et changer la référence aux entités en japonais L1, r ançais L1 et r ançais L

5.1. Données narratives

41 Comme dans l’étude précédente, le support utilisé pour constituer le corpus est une histoire en images. Celle-ci est intitulée À la recherche du chat perdu 4. Le scénario, inspiré de Frog, Where Are You ? (Mayer, 1969), présente un enfant dont le chat disparaît et qui part à sa recherche. Sur son chemin, il croise diff érents protagonistes.

Elle a été dessinée par Miki Minato en 200 La simplicité de la trame narrative permet de comparer facilement dans les langues examinées les moyens d’ancrer temporellement le récit et d’assurer le mouvement référentiel dans le domaine des entités. Afi n d’augmenter la dimension communicative de la tâche, nous avons simulé en début de passation un tirage au sort d’une histoire parmi d’autres et fait en sorte que l’enquêteur ne voie pas le support imagé et doive deviner quelle histoire est racontée. En réalité, toutes les possibilités de tirage renvoyaient à la même histoire.

4. Ce support en images est en libre accès dans la base de données IRIS: https://www.iris-database.org/ .

5.2. Participant(e)s 5

42 Pour cette étude qualitative, nous comparons 12 récits provenant de trois groupes de narrateurs âgés de 20 à 25 ans : un groupe de quatre locuteurs du japonais L1 racontant en japonais L1, un groupe de quatre locuteurs du r ançais L1 racontant en r ançais L1 et un groupe de quatre locuteurs du japonais L1 racontant en r ançais L 5.2.1. Locuteurs du français L2

43 Les récits en r ançais L2 ont été recueillis auprès de quatre apprenantes de L1 japonais résidant au Japon et étudiant le r ançais à l’université. L’une de ces étudiantes a 21 ans, se trouve au milieu de sa quatrième année d’étude du r ançais (FRAL2-4) et déclare avoir eu plusieurs occasions de parler avec des étudiants r ançais dans son cursus universitaire. Les trois autres étudiantes ont 20 ans et sont en troisième année. Elles n’ont pas de contact avec le r ançais en dehors de la classe et n’ont jamais séjourné en France plus de deux semaines au moment de l’enregistrement.

Toutes ont commencé à apprendre le r ançais à l’université à l’âge de 18 ans et ont appris auparavant l’anglais au lycée.

5.2.2. Locuteurs du japonais L1

44 Les récits en japonais L1 ont été recueillis dans une université r ançaise auprès de quatre étudiants âgés de 21 à 24 ans qui vivent en France depuis quelques mois et dont la langue première est le japonais. Ils étudient tous par ailleurs le r ançais. La narration se déroule à l’université en face-à-face avec l’enquêtrice, la consigne donnée en japonais est : « racontez-moi l’histoire s’il vous plaît ».

5.2.3. Locuteurs du français L1

45 Les récits en r ançais L1 ont été recueillis auprès de quatre étudiants âgés de 20 à 25 ans dont la L1 est le r ançais et qui étudient et vivent en France au moment de l’enregistrement. La consigne est la même que dans les passations précédentes.

5.3. Analyses 6

5.3.1. Introduction, continuité, alternance référentielles et ancrage temporel en japonais L1

46 Dans les récits en japonais L1, il existe deux manières d’introduire la référence à l’entité impliquée dans une situation de trame. Une première manière consiste à

5. Ces données ont été recueillies dans le cadre d’un projet Sakura (partenariat Hubert Curien r anco-japonais) avec Fumiya Ishikawa (université de Yokohama à cette époque), Ako Nishimura (université de Shirayuri), Dominique Klingler (université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) et l’auteure. Une partie des données a été recueillie et transcrite par Dominique Klingler.

6. Afi n de rendre compte du mouvement référentiel (introduction, maintien et changement de la référence à une entité) dans les extraits narratifs analysés en japonais (L1) et r ançais (L1 et L2), nous avons distingué les énoncés de premier plan ou trame, notés {1}, {2}, etc., et ceux d’arrière-plan, notés {a}, {b}, etc. Les énoncés de trame répondent à la quaestio «Que se passe-t-il dans cette

référer à l’entité au moyen d’un SN suivi de la particule topique « wa », comme c’est le cas dès le premier énoncé en [11] ou dans les énoncés {2} et {3} en [9]. Une autre manière consiste à y référer au moyen d’un SN suivi de la particule sujet « ga » comme c’est le cas en {1} dans le récit [10] ou en {2} et {3} dans le récit [11]. Alors que le SN permet d’introduire la référence, les particules topique et sujet expriment des fonctions diff érentes : la particule sujet « ga » exprime une opération syntaxique de liage de l’entité et de la situation alors que la particule topique « wa » promeut l’entité au rang d’entité topique pour laquelle valent la situation de l’énoncé et potentiellement un ensemble plus vaste de situations dans sa portée.

47 Selon le statut de l’entité, sujet de l’énoncé ou topique discursif, la continuité référentielle (même entité, nouvelle situation) s’exprime diff éremment. Pour maintenir la référence à une entité introduite comme sujet dans l’énoncé précédent, il est nécessaire de référer à la nouvelle situation et à cette entité au moyen de

« SN + GA » ou « SN + WA », comme c’est le cas en [10] dans l’énoncé {2}. Pour maintenir la référence à une entité topique, la mention de la nouvelle situation suffi t car le maintien de la référence est implicite.

[9] JAPL1_1

{1} hajime ni etto hitori no ottokonoko chiisana début à euh un gen garçon petit {suite} to sono kaineko o ga ippiki imasu

garçon et ce chat suj obj un être

‘au début euh il y a un garçon un petit garçon et ce chat’

{2} futari wa ason-de imasu ga deux top jouer-susp être mais

‘les deux sont en train de jouer mais’

{3} ottokonoko wa hokanokoto ni sukoshi dake garçon top autre chose vers un peu seulement {suite} muchu ni nat-te i-ta aïda ni attirance vers devenir-susp être- pass pendant

‘le garçon, pendant qu’il était absorbé un instant par autre chose’

histoire?». Dans ces énoncés de trame, qui mettent en relation di érentes situations et di érentes entités ou protagonistes, nous avons souligné les moyens linguistiques qui réfèrent à la situation, essentiellement des syntagmes verbaux, et mis en gras les moyens linguistiques référant à l’entité ou aux entités topique impliquée dans la situation (nom, pronom, particules topique et sujet). Les gloses pour les énoncés en japonais utilisent les abréviations suivantes: top  = topique; suj  = sujet; obj  = objet; susp  = (forme verbale) suspensive; pass  = passé; ass  = (particule d’énoncé) assertive; interr  = (particule d’énoncé) interrogative; gen  = génitif; neg  = négation; cit = (particule d’énoncé) citative; nom = particule nominalisatrice; emph = (particule d’énoncé) emphatique.

48 Il est important de noter que l’entité saillante ou promue au rang de topique, n’est pas nécessairement le sujet syntaxique de l’énoncé. Dans le récit en [10] par exemple, la fuite et la disparition du chat sont deux événements qui impliquent le chat et sont mentionnés comme tels dans le récit au moyen de deux énoncés constitués d’un verbe fi nal et d’un sujet syntaxique exprimé par neko GA , ces deux énoncés sont toutefois précédés de l’entité saillante ottokonoko WA qui indique un contrôle logique de l’entité <garçon> sur les deux situations dans sa portée. En ce sens, « wa » détache bien une entité, ici <garçon>, d’un point de vue discursif, alors que « ga » intègre l’entité qui la précède, ici <chat>, sur le plan syntaxique.

[10] JAPL1_2

{1} ottokonoko chiisai ottokonoko ga i-te

garçon petit garçon suj être- susp

‘il y a un petit garçon’

{2} e: ma sono ottokonoko wa eh ben ce garçon top

{suite} etto neko ga (1s) e: (6s) j’ai mal compris l’histoire ((rires)) (6s) a!

euh chat suj (1s) euh (6s) j’ai mal compris l’histoire ((rires)) (6s) ah {suite}neko ga te i-te

chat suj ? être- susp

‘eh ben ce garçon euh son chat (1s) euh (6s) j’ai mal compris l’histoire ((rires)) (6s) ah il y a son chat’

{3} etto solekala neko ga i-naku nat-te shimat-ta euh ensuite chat suj être- neg devenir-susp regretter-pass {suite} mitaidesu ne

avoir l’air ass

‘euh ensuite on dirait que le chat a malheureusement disparu’

{4} solede etto okasan to ottosan kazoku ni puis euh mère et père famille à

{suite} neko doko it-ta no te kii-te it-te

chat où aller- pass emph cit demander- susp aller-susp

‘puis euh il va demander à sa mère et son père à sa famille où est donc passé le chat’

{5} sono atto ni ma: kale wa neko sagashi ni dekakemasu ce moment à ben il top chat recherche à sortir

‘à ce moment-là ben c’est lui qui part à la recherche du chat’

{a} solekala etto sakanaya mitsuke-ta node ensuite euh poissonnier trouver- pass comme

‘ensuite euh comme il a aperçu un poissonnier’

{6} soko de sakana o kat-te là à poisson obj acheter- susp

‘il lui achète un poisson’

{b} ma: sono djibun no neko ni age o te ben ce soi-même gen chat à don obj cit

‘ben il le donnera à son chat’

{7} kangae-te i-te

réfl échir-susp être- susp

‘il se dit’

{c} sole demo nemone mada neko

cependant ? encore chat

{suite} mitsuk-ala-nai node trouver-arriver- neg parce que

‘mais comme il arrive pas encore à trouver le chat’

{8} sagashi-te imasu chercher- susp être

‘il le cherche’

{9} sole kala kinj o no hito ni ensuite voisinage gen personne à

{d} etto neko mi-mashita-ka neko mi-te euh chat voir- pass-interr chat voir- susp

{suite} kake-masen-deshita-ka to iu no o passer- neg-pass-interr appelé nom obj

‘euh vous avez vu un chat vous auriez pas vu passer un chat’

{suite} itsumo shi-te i-te

toujours faire-susp être- susp

‘ensuite à nouveau il a dit à une voisine’

{10} ma sono atto mitsuku-nai-te shima-te ben ce après trouver- neg-susp regretter- susp

‘ben après ça il le trouve malheureusement pas’

{e} neko ga mitsuk-ala-nakute chat suj trouver-arrive-neg

‘parce que le chat arrive pas à retrouver’

{11} sole kala ensuite

{f} ma ano djibun no mitsuke-ta node ben ce soi gen trouver- pass comme

‘ben comme il l’a trouvé’

{suite} sono siki suki-o ce amer aimer- obj {g} kat-ta

acheter- pass

‘qu’il a acheté’

{suite} sakana o djibun no neko ni age-te poisson obj soi gen chat à donner- susp

‘il donne à son chat ce présent le poisson’

{12} ma saigo hapi endo te iu kanj i ben à la fi n happy end appelé sentiment

‘et à la fi n on sent que c’est le happy end’

49 Le récit en [10] illustre bien ces deux principes fondamentaux, à commencer par l’introduction d’une entité au moyen de la particule topique « wa », ottokonoko WA en {2}, rappelée avec kale WA ( il – pronom tonique – WA ) en {5}, et le maintien de la référence au moyen d’énoncés dans la portée de cette entité topique. Tous les énoncés de {6} à {12} font référence au moyen des verbes fi naux et compléments à des situations qui impliquent l’entité topique. Aucun élément dans l’énoncé ne réfère à l’agent, c’est l’organisation discursive qui assure la référence.

[11] JAPL1_3

{1} shujinkou no ottokonoko wa e:: kazoku to neko to ishoni protagoniste gen garçon top euh famille et chat et ensemble {suite} sun-de i-mashta

habiter-susp être- pass

‘il y avait le protagoniste le garçon qui habitait ensemble avec sa famille et son chat’ 7 {2} alu toki ottokonoko ga sotto o

marcher pendant garçon suj dehors obj {suite} mit-te ’ru aïda ni

regarder-susp être pendant à

‘quand il marche pendant que le garçon regarde quelque chose dehors’

7. Dans la traduction, nous faisons le choix du passé simple pour rendre compte de l’usage tout au long du récit de la forme polie des verbes, par exemple au passé i-mashta au lieu de i-ta, masen à la forme négative.

{3} neko ga i-naku nat-te shimai-mashta chat suj être- neg devenir- susp regretter- pass

‘le chat malheureusement disparut’

{4} kazoku ni kii-te mo

famille à demander-susp même

‘même s’il demande à sa famille’

{a} dalemo neko no ikitake o shiri-masen personne chat gen endroit obj savoir- neg

‘personne ne sait la cachette du chat’

{5} e: sole de ottokonoko wa sotto ni neko o euh puis à garçon top dehors à chat obj {suite} sagashi ni

recherche à

{b} iku koto ni aller endroit à

‘où il est allé’

{suite} shi-mashta faire- pass

‘euh puis le garçon se rendit dehors à la recherche du chat’

50 Le récit en japonais L1 se caractérise par une double organisation des entités, discursive et syntaxique, qui correspond à deux niveaux d’organisation de la référence.

51 Un autre cas de fi gure est l’alternance référentielle (nouvelle entité, nouvelle situation) et, par exemple, la promotion d’une nouvelle entité au statut de topique au moyen de « wa ». Dans le récit JAPL1_1 en [9], le premier énoncé pose l’existence de deux protagonistes, <chat> et <garçon>, en liant deux SN y référant et le verbe existentiel au moyen de la particule « ga ». L’énoncé {2} est une assertion qui promeut ces deux entités au rang de topique au moyen de « wa », futari WA ( les deux WA ), tandis que l’énoncé {3} opère un changement de topique, et de situation, avec le réemploi de la particule topicale précédée du nom ottokonoko (garçon). Les informations topicalisées varient mais le schéma organisationnel est le même d’un récit à l’autre.

52 En termes d’ancrage temporel, trois récits sur quatre sont ancrés au passé, l’exemple [11] faisant exception. Les formes verbales utilisées dans les récits sont, par rang de r équence :

‒ des formes passées, suffi xées en - ta ou -mashta (forme polie), comme shimat-ta ou i-mashta  ;

‒ des formes en - te dites suspensives r équentes en situation narrative, employées dans des énumérations d’événements, typiquement en cas de continuité référentielle, par exemple katte dans JAPL1_2 (exemple [10]) ;

‒ des formes progressives, constituées d’une forme verbale suspensive (V-te / de) et de l’auxiliaire iru ou imasu (forme polie) (être), au présent, ason-de imasu (s’amuse), ou au passé sun-de imash-ta (habitait) ;

‒ des formes de non-passé, dans les énoncés existentiels, typiquement les premiers énoncés de récits comme dans JAPL1_1 (exemple [9]) : chiisana ottokonoko to sono kaineko o ga ippii imasu .

53 Les concepts aspecto-temporels grammaticalisés en japonais et spontanément employés dans les récits observés sont, en dépit d’une consigne temporellement neutre, le passé et le progressif. On peut également noter sur le plan phonologique qu’en japonais la forme suspensive, que l’on peut aussi appeler narrative, utilisée à plusieurs reprises dans les récits analysés, se termine en [e], par exemple kat-te  [kat te], comme la forme du verbe lexical dans le progressif, dat-te  [dat te]. Ces formes verbales sont invariables en nombre, seule l’entité topique dans la portée de laquelle se trouvent ces verbes ou le sujet syntaxique lorsqu’il existe, permettent d’indiquer si une ou plusieurs entités sont impliquées dans la situation décrite par le prédicat verbal. Des adverbes temporels assurent aussi la structuration temporelle du récit : solede , solekala  ; ils sont utilisés en début d’énoncés, plus r équents dans certains récits, par exemple en [10], que d’autres, par exemple en [9] et [11].

5.3.2. Quelques dif érences de structuration informationnelle entre le japonais L1 et le français L1

54 En r ançais L1, l’analyse des quatre récits montre une organisation de l’information à la fois similaire et diff érente de celle observée en japonais L1 : d’un côté, comme en japonais, l’entité principale est introduite au moyen d’un SN, par exemple un ptit garçon dans le premier énoncé en [12], et faute d’introduction dans les énoncés suivants d’une autre entité au moyen d’un SN en position sujet, la référence à l’entité initialement introduite est maintenue dans les énoncés suivants, rappelée au niveau de l’énoncé au moyen d’un pronom personnel sujet.

[12] FRAL1_1 8

{1} hm dans la première image on peut voir un ptit garçon qui joue avec son chat {2} ensuite ya i ’s’retourne

{3} et on voit qu’le chat le chat part

8. L’objectif de notre transcription est de donner à lire et entendre le r ançais parlé. Elle se fait donc principalement au moyen de l’alphabet latin, et de l’alphabet phonétique international (API) lorsque la forme des mots s’éloigne de la forme normée et habituellement écrite. Une attention particulière est ainsi accordée aux élisions ou ajouts de voyelles ou consonnes, notamment dans le groupe verbal tel i’s’retourne ou donque . Pour cette présentation des récits en r ançais L1, nous avons simplifi é les conventions de transcription utilisées sous EXMARaLDA en ce qui concerne la prosodie: les pauses vides de di érentes longueurs ont été supprimées, seuls sont maintenus les pauses pleines ( euh , ba , hm ) et l’allongement syllabique noté :, ::, ::: selon la durée. Les signes paraverbaux sont notés entre deux parenthèses, par exemple: ((rires)).

{4} i s’retourne {5} et le chat est plus là

{6} donc i va d’mander à ses parents euh ba aussi sa ptite sœur

{a} qui sont visiblement en train d’regarder la télé ou qui sont dans l’canapé {b} où est le chat ?

{7} ses parents savent pas

{8} donque le ptit garçon le ptit garçon va décider d’aller l’chercher

55 D’un autre côté, contrairement à ce que l’on observe en japonais, le nom qui réfère à l’entité introduite est systématiquement précédé d’un article, indéfi ni, un petit garçon , et le SN est souvent introduit, soit par ce que Lambrecht (2000) appelle une construction relative présentative comme dans l’énoncé {1} en [15], c’est un petit garçon qui… , soit par une locution verbale de perception, par exemple on peut voir dans l’énoncé {1} en [12].

56 L’alternance référentielle ou la référence à une nouvelle entité est réalisée, dans la plupart des énoncés, au moyen d’un SN sujet. L’alternance référentielle est exprimée dans l’énoncé {4} du récit en [13] par la mention d’une situation nouvelle

<s’échapper> qui ne vaut pas pour l’entité topique introduite en {1} et reprise dans les énoncés {2} à {3}, mais pour l’entité <chat> mentionnée pour la première fois en {2} puis réintroduite en {5} au moyen du SN le chat en position sujet de l’énoncé.

[13] FRAL1_4

{1} donque on peut voir un p’tit garçon qui euh s’approche d’un chat {2} et qui :: lui parle

{3} euh il   se lève ensuite pour aller euh chercher quelque chose {4} et le chat en profi te pour s’échapper

{5} l’ptit garçon   s’retourne {6} et constate

{a} que le chat n’est plus là

57 Les diff érences observées entre le japonais et le r ançais tiennent avant tout aux propriétés morphosyntaxiques de ces langues, notamment aux catégories grammaticales obligatoires et à leur audibilité à l’oral. En r ançais, le maintien de la référence s’exprime au niveau de l’énoncé par un pronom personnel quasi obligatoire, suivi du verbe fl échi avec lequel il forme une unité prosodique – imet , is’dit , ivoit  –, qui indique le genre mais pas le nombre de l’entité précédemment introduite. En eff et, seul le pronom pluriel suivi d’un verbe à initiale vocalique

donne à entendre le nombre par la liaison – [i z ariv]  –, or il n’est pas utilisé dans les récits analysés. Le pronom sujet est le plus souvent un pronom personnel, il ou sa forme élidée i , ou bien un pronom relatif, qui , ou alors, plus rarement, une absence de pronom dans les énoncés coordonnés comme dans l’énoncé {6} en [13].

58 Une autre diff érence majeure entre le japonais et le r ançais concerne le position-nement médial du verbe dans l’énoncé et sa forme. En eff et, à l’exception des verbes invariables en nombre à l’oral – joue , retourne , voit  –, les formes verbales r équentes et « irrégulières » – va , met , dit , sort , etc. – sont accordées en nombre avec le sujet, ou plutôt le référent du sujet puisque ce dernier n’explicite pas nécessairement le nombre.

59 Une autre diff érence tient à la nature fl exionnelle du SN en r ançais qui exprime le nombre de l’entité impliquée dans le procès lorsqu’il est sujet. Dans le récit en [12] par exemple, l’énoncé {7} introduit un changement référentiel en insérant

<parent> comme nouvelle entité de référence au lieu de <garçon>. Le nom parents désigne cette nouvelle entité topique. Il est précédé du déterminant possessif ses qui exprime, avec la forme verbale [sav] , le nombre pluriel. Lorsque l’alternance référentielle s’accompagne d’une alternance en nombre, en r ançais, elle est exprimée non seulement lexicalement au moyen du ou des noms qui réfèrent à l’entité, comme en japonais, mais aussi, contrairement à ce qu’on observe en japonais, au niveau du

<parent> comme nouvelle entité de référence au lieu de <garçon>. Le nom parents désigne cette nouvelle entité topique. Il est précédé du déterminant possessif ses qui exprime, avec la forme verbale [sav] , le nombre pluriel. Lorsque l’alternance référentielle s’accompagne d’une alternance en nombre, en r ançais, elle est exprimée non seulement lexicalement au moyen du ou des noms qui réfèrent à l’entité, comme en japonais, mais aussi, contrairement à ce qu’on observe en japonais, au niveau du

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